Des roches et de la terre furent projetées partout, et l’endroit où Leylin venait de se tenir se transforma immédiatement en une fosse géante dans le sol.

‘Extrêmement rapide, avec une grande force. Comme on peut s’y attendre d’une créature défensive contaminée par la force du rêve…’ Leylin évalua le mille-pattes avec indifférence depuis le bord de la fosse.

« Humain, tu m’as provoqué ! Moi, Zelos le Troisième, je vais te faire payer le prix ! » cria le mille-pattes géant. Un visage après l’autre se détacha de son corps, chacun se transformant en une étrange figure humanoïde.

« Je vais être honnête. Tu es bien plus facile à gérer qu’un Cauchemar qui utilise habilement la Force du Rêve ou qu’un piano ambulant qui ne peut être traité par la magie normale. » Terminant cette déclaration sérieuse, Leylin pointa le Bâton du Dragon Rouge vers le mille-pattes.

« Brûlure d’Âme ! »

Une puissante aura draconique jaillit du bâton. L’âme du dragon rouge semblait endurer une force torturante sur la pointe du bâton. Elle rétrécit et son esprit se flétrit considérablement.

Une vague d’énergie rouge jaillit à l’extrémité du bâton, se transformant en un dragon rouge d’âge mûr.

Ce monstre qui était apparu si soudainement avait atteint une force légendaire, et un coup de ses énormes griffes de dragon fit voler le mille-pattes. Ensuite, ce dragon légendaire cracha son souffle de dragon !

*Bang ! Bang ! * Le sol trembla continuellement, et même la brume rouge sombre dans l’air fut considérablement dispersée. L’énorme fantôme de dragon rouge se dissipa, laissant derrière lui l’empreinte géante d’un monstre mille-pattes sur le sol.

Le monstre avait l’air très malheureux et les créatures de masque invoquées avaient été complètement exterminées. Même l’armure qu’il portait semblait avoir été endommagée.

« Ow… Comment la puissance du monde normal pourrait-elle nuire à Zélos le Troisième ? » Le monstre mille-pattes avait été déchiré en deux, son plastron brisé en morceaux. Son noyau d’énergie rouge feu était même exposé, mais le masque sur son crâne ne montrait pas le moindre signe de souffrance. Il continuait d’absorber des traces de brume rouge sombre qui réparaient la carapace endommagée.

« Bien sûr, la puissance du monde ordinaire ne peut pas nuire aux créatures de rêve, mais que se passerait-il si la force du rêve était également utilisée ? » Bien qu’il ait vu que la créature était rapidement restaurée, un sourire de réussite passa tout de même dans les yeux de Leylin.

« Sort arcane de force onirique – Lame du Vide ! » Une force inconnue fit se condenser le brouillard rouge sombre, le transformant en un arc de lumière.

« Si l’on veut percer la première couche de la Forêt des Cauchemars, il faut faire un sacrifice à Sibylle ! » Après deux ans d’analyse lente et tâtonnante, Leylin avait développé une compréhension exceptionnelle de la couche superficielle de la Forêt des Cauchemars.

« Mille-pattes géant, deviens mon sacrifice ! » La lame de lumière rouge sombre s’envola de ses mains et traversa proprement le noyau rouge exposé de la créature mille-pattes.

D’énormes fissures apparurent à la surface du noyau. Un son strident retentit alors qu’il explosa bruyamment, se brisant comme du verre.

Les gémissements et les hurlements de nombreux esprits lésés parvinrent à l’oreille de Leylin tandis que des âmes confuses s’échappaient des blessures du monstre mille-pattes. Ces âmes prenaient la forme de natifs de la forêt, et quelques pirates à l’air familier s’y mêlaient.

« Ouvrez le chemin avec les âmes, le sacrifice de la Sibylle ! » Les mains de Leylin esquissèrent de nombreuses runes à la vitesse de l’éclair tandis qu’il psalmodiait des mots anciens à voix haute.

Une couche d’énergie suffocante balaya la forêt. De nombreuses âmes furent rassemblées et devinrent un passage magnifiquement éclairé.

« Le sang d’une sorcière, une aile de corbeau sombre et la matière noire des rites sacrificiels de Manter… Les conditions sont remplies ! »

Un bruit de tonnerre étouffé vint d’en haut alors que les actions de Leylin semblaient avoir donné lieu à une réaction en chaîne. Des éclairs violets couvrirent le ciel !

*Ka-cha ! Bang ! Le passage des âmes se précipita en un éclair, et un énorme tunnel sembla apparaître dans le sol. Le sol se mit à gronder comme si un tremblement de terre de 8 points avait été déclenché.

« Est-ce un succès ? » La silhouette de Leylin émergea de la fumée et de la poussière. Il fit un geste de la main, et un ouragan rouge foncé balaya immédiatement la poussière pour révéler un paysage dévasté.

Le monstre mille-pattes géant et le réseau de sorts de tout à l’heure avaient disparu sans laisser de trace. La terre semblait s’être fissurée, révélant une crevasse d’une profondeur insondable.

« La puissance du verrou a été brisée, révélant l’entrée des couches inférieures, » Leylin sauta dans la crevasse sans la moindre hésitation. Les ténèbres turbulentes en dessous l’engloutirent comme s’il avait sauté dans la bouche d’un monstre géant.

L’air sifflait bruyamment à ses oreilles, et des points fluorescents clignotaient constamment dans l’obscurité, comme des lucioles.

« Mes recherches indiquent que l’héritage du Sorcier du Cauchemar comporte trois verrous au total. Les verrous les plus élevés sont plus proches du Monde des Dieux…

Les créatures de la Forêt des Cauchemars étaient plus grandes que celles du monde normal. Plus on s’enfonçait dans la forêt, plus la force onirique était contaminée. Même les lois commençaient à se déformer à un moment donné.

Leylin avait déduit que le troisième niveau de la serrure n’aurait pas de constructions telles que le temps et l’espace, étant plutôt un simple assemblage de pensées et de concepts. Après tout, il n’était pas difficile pour la force du rêve de contorsionner l’espace-temps à son maximum.

« Quoi qu’il en soit, je dois au moins voir les restes de cet ancien Sorcier du Cauchemar… »

Leylin sentit soudainement une sensation étrange provenant du sol solide. Il resta ancré sur place.

« Pas du granit… mais des planches d’acajou ? » Leylin leva la tête, et la lumière du soleil illumina doucement la pièce dans laquelle il se trouvait. Des points de poussière pouvaient être vus flottant dans l’air, rendant l’endroit brumeux.

« Petit Ardin ! Le grand sorcier Poffert est ici pour recruter un apprenti ; tu dois réussir cette fois-ci ! » Une dame à l’expression gentille et douce se tenait devant Leylin, et son mari sirotait un café en lisant le journal. Elle donna un œuf poché à un garçon aux cheveux roux en lui donnant des instructions.

Qu’est-ce qui se passe ? Les sourcils de Leylin se froncèrent et il sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il tenta de réagir, mais se rendit compte qu’il avait perdu toute énergie. Il n’était plus qu’un observateur spectral, forcé de fixer la scène.

Paysage des rêves ! Je suis dans le paysage des rêves ! C’est le deuxième étage de la serrure, d’innombrables mondes de rêves fantastiques !’ Leylin fut soudainement illuminé.

‘Il doit s’agir des souvenirs de jeunesse du Magicien des Cauchemars…’ Leylin regarda maintenant le petit garçon assis sur une chaise haute et dévorant un repas à la hâte. Ses jambes se balançaient sur le sol en tremblant, donnant une impression comique.

« Je sais, maman ! Le garçon aux cheveux roux promit et commença à finir rapidement son repas.

« Quand je t’enverrai chez le sorcier plus tard, tu devras te souvenir d’être toujours poli ! Chérie, pourquoi ne lui dis-tu pas quelques mots à ton tour ? La femme jeta un regard noir à son mari.

Ce n’est qu’à ce moment-là que le défunt mari a levé la tête du journal, affichant une expression perplexe : « Oui, tu peux le faire ! »

« Ah, la grâce des dieux ! Sauvez-moi, je n’en peux plus. Ne sais-tu pas combien cette journée est importante pour le petit Ardin ? » L’épouse semble s’éloigner.

« Je sais, je sais ! Ce n’est que Poffert, n’est-ce pas ? J’ai déjà… » L’homme d’âge mûr se remémore le passé.

« Arrêtez de vous vanter de ces aventures que vous prétendez avoir vécues. Quoi qu’il en soit, vous n’êtes qu’un inspecteur sur les routes de la ville… » Il était évident que la femme ne croyait pas un mot de ce que disait son mari.

« J’ai fini de manger ! » Ardin repoussa son assiette en se levant.

« Oh ! Attendez… Du lait ! Ton lait ! » La femme l’appela derrière lui.

Ardin courut très vite, laissant bientôt sa mère au loin alors qu’il quittait la simple maison.

Une explosion se produisit soudainement, et des flammes ardentes envahirent la scène. Des éclats d’obus frôlèrent le visage d’Ardin, laissant derrière eux une blessure en forme de croix.

Leylin avait l’impression de regarder un film, incapable d’aider dans un moment de tragédie.

Non ! Si je me donne à fond, je pourrais peut-être…’ Les flammes engloutirent Leylin, mais n’affectèrent en rien son corps. Un fantôme de Targaryen apparut tandis qu’une puissance dévorante terrifiante prenait forme dans la paume droite de Leylin. Il attrapa un verre brisé.

Il sentit immédiatement une force immense, comme s’il s’agrippait à la griffe d’un dragon. Le monde entier commença à trembler comme s’il rejetait son existence.

Même s’il s’agit d’un rêve, je ne peux rien y faire… Le souvenir est trop vif…’ Leylin commença à réfléchir à la situation.

……

Peu après, le tremblement du monde s’arrêta et le vide se mit à tourbillonner.

« Hé, petit ! Es-tu réveillé maintenant ? » La scène changea lorsque le petit Ardin ouvrit les yeux et se frotta le visage. La douleur aiguë provoquée par le contact lui fit inspirer une grande bouffée d’air.

« Ne regarde plus, tu es défiguré maintenant… Hehe… Pas mal, tu es à mon goût… » Une voix ancienne s’exprima avec une pointe de moquerie, comme si elle contenait tout le mal du monde. Elle ferait reculer les gens de peur.

Le petit Ardin leva la tête, et ne vit que les ténèbres devant lui, alors qu’il venait de prendre forme humaine.

« Huehuehue… Je te donne une chance à cause de ton père. Si tu parviens à survivre, tu deviendras le disciple du Sorcier du Cauchemar… » Les ténèbres disparurent après que la silhouette noire ait parlé, révélant une meute de loups gris affamés qui regardaient le petit garçon avec avidité.

Leylin avait appris sa leçon cette fois-ci, et se contenta d’observer froidement la lutte entre le petit Ardin et les loups. Son regard était indifférent, avec seulement une lumière occasionnelle provenant de la puce d’I.A..

« Ce devrait être un petit monde proche du paysage des rêves. De plus, la façon dont ce Mage choisit ses élèves est plutôt sauvage… » Leylin savait que lorsqu’il était encore un humain, il n’avait aucune chance de faire face à ces créatures.