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Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 131 – L’enquête de Léonard
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Chapitre 131 – L’enquête de Léonard

Stoen, Royaume de Loen, Comté de Chester Est…

Audrey, qui avait quitté le manoir, s’installa dans une villa. Après avoir pris part à des réunions sociales avec les nobles locaux, elle envoya un domestique retirer une certaine somme à la banque Varvat.

La jeune femme n’avait plus à s’inquiéter. Elle pouvait facilement payer ses 2 000 Livres de dettes envers le Béni du Fou ainsi que les 1 800 qu’elle devait au Monde pour la caractéristique du Psychiatre.

Quinze minutes plus tard, Audrey ouvrit la porte de sa chambre à coucher et jeta un coup d’œil à sa servante Annie qui surveillait les domestiques tandis qu’ils vaquaient à leurs occupations. Elle regarda le golden retriever assis près du mur et sourit. Les yeux brillants, elle demanda en baissant la voix :

– « Susie, tu vas recevoir un cadeau d’ici peu. T’en réjouis-tu ? »

Autrefois, la jeune femme aurait certainement dit « Susie, ton cadeau est ici », faisant ainsi comprendre à sa chienne qu’elle trouverait l’objet dans la pièce. Sinon, il était très facile pour Susie, qui avait étudié les bases de l’occultisme, de deviner que sa maîtresse avait eu recours à la magie rituelle.

Mais en le disant ainsi, Audrey avait très bien pu recevoir une mystérieuse lettre ou des nouvelles dans sa chambre confirmant que le cadeau était sur le point d’être livré. Il y avait énormément de possibilités.

Susie, qui pouvait lire la joie et la sincérité au plus profond du cœur de sa maîtresse, ouvrit inconsciemment la gueule, espérant brasser l’air pour produire une voix. Elle aurait voulu s’enquérir du cadeau, mais sentant qu’Annie, la femme de chambre, approchait, la chienne, prudente, renonça.

Redevenant un animal ordinaire, elle remua lentement la queue pour exprimer sa joie et son impatience.

Après avoir trouvé un prétexte pour sortir, Audrey se rendit dans un « laboratoire de chimie » qu’elle s’était spécialement aménagé. Elle déposa sur la table la caractéristique du Psychiatre et les ingrédients complémentaires.

S’éclaircissant la voix, elle se redressa et joua avec enthousiasme le rôle d’un professeur.

– « Susie, tu te souviens du processus de fabrication des potions ? »

– « Woof, je m’en souviens ! » aboya la chienne, toute joyeuse car elle avait deviné quel était son cadeau.

– « Essaie donc de la concocter toi-même », ajouta Audrey.

Susie regarda ses pattes et se tut brusquement.

Audrey en fut décontenancée et un bref silence s’installa.

Quelques secondes plus tard, avant que le golden retriever n’ait pu parler, Audrey lui couvrit le museau qui n’exprimait rien d’atypique et eut un petit rire :

– « Très bien, Susie, ne dis rien. Je sais ce que tu cherches à exprimer : Tu n’es qu’une chienne, et donc tu es incapable de concocter la potion, c’est bien cela ? »

Quel embarras… Pensa la jeune femme qui, quoi qu’extérieurement elle arborât une attitude charmante et gracieuse, se cacha mentalement le visage.

– « Woof ! » fit Susie en hochant vivement la tête.

Audrey en profita pour se retourner. Elle eut tôt fait de concocter la potion du Psychiatre.

Elle avait interrogé la chienne et appris que celle-ci avait fini d’assimiler sa potion depuis le mercredi.

Moins de deux mois… C’est en grande partie parce que Susie passe inaperçue. Elle peut courir partout dans le manoir ou la villa et écouter aux portes, ce qui lui permet de lire les vraies pensées des servantes… C’est bien aussi. Elle me fera toujours part de ces bribes d’informations. Sans elle, je n’aurais pas connu les côtés sombres de bon nombre de gens qui paraissent normaux et gentils d’habitude…

Audrey versa la potion dans un bol qu’elle posa sur le sol.

Elle regarda Susie qui s’était approchée et commençait à laper le breuvage, incapable de réfréner l’impatience qui l’habitait.

Susie pourrait devenir instable sous l’influence de la potion.

Mais ce n’est pas grave. Miss Audrey la Psychiatre est prête et peut à tout moment recourir à l’Apaisement. Je préfère le terme de Psychanalyse. C’est plus professionnel.

La jeune femme, qui fixait gravement l’animal de ses beaux yeux émeraude, s’aperçut que ses pupilles, peu à peu, s’estompaient et devenaient verticales. Des écailles d’or sombre semblaient pousser sous son épaisse fourrure et son énergie spirituelle irradiait vers l’extérieur comme pour s’entremêler à tout l’espace de la villa.

Audrey, qui était un peu nerveuse, se calma et scruta l’état de Susie. Si quelque chose d’anormal arrivait à sa chienne, elle recourrait immédiatement au pouvoir Transcendant de Psychanalyse.

Soudain, la voix de l’animal retentit à ses oreilles.

– « C’est fait, Audrey ! »

Durant un moment, la jeune femme ne sut que répondre.

Daisy rêva qu’elle retournait dans le Quartier Est, dans le vieil appartement où elle avait vécu des années durant.

Elle poussa la porte et vit Liz, sa mère, ainsi que sa sœur Freja qui faisaient consciencieusement la lessive.

Daisy, quant à elle, était chargée du repassage. Ravie, elle s’apprêtait à les rejoindre lorsqu’elle entendit frapper à la porte.

Tournant la tête, elle aperçut un jeune homme vêtu d’un uniforme de policier à carreaux noirs et blancs.

L’agent avait les cheveux noirs, les yeux verts et le visage un peu flou. Il tenait à la main un carnet de notes et un stylo plume.

– « Concernant l’affaire Capim, y a-t-il quelque chose que vous ne nous auriez pas dit ? ».

– « Rien d’important », répond Daisy, un peu confuse.

Le beau policier baissa les yeux sur son carnet :

– « C’est bon. Je vous écoute. »

Daisy regarda les vêtements suspendus avec l’impression d’avoir oublié certaines instructions.

Elle lui rapporta honnêtement toutes sortes de futilités puis finalement, lui dit :

– « … Lorsque j’ai été enlevée, ma mère et ma sœur ont engagé un détective privé pour me rechercher. Il s’appelle M. Sherlock Moriarty. C’est un homme bien. Bien qu’il ne m’ait pas retrouvée directement, il a ensuite contacté un journaliste pour m’aider à obtenir un dédommagement sur l’argent de la fondation… »

L’officier aux cheveux noirs et aux yeux verts releva la tête, jeta un coup d’œil à la jeune fille et eut un sourire chaleureux.

– « Très bien. Je suis très satisfait de votre réponse.

« Vous rappelez-vous à quoi ressemblait ce détective privé ? »

Daisy acquiesça et sans surprise, vit Sherlock Moriarty debout à côté d’elle.

Le détective portait une épaisse barbe et des lunettes à monture dorée. Il était presque trait pour trait comme dans ses souvenirs.

Le policier détailla plusieurs fois l’image, puis disparut brusquement sans que Daisy s’en aperçoive. Pour une raison étrange, sa mère et sa sœur avaient également disparu.

Elle parcourut tout le Quartier Est à la recherche de ces visages familiers, mais sa tristesse et sa déprime étaient telles qu’elle se réveilla. À la vue du sombre plafond du dortoir de son école, elle resta là, hébétée durant quelques secondes.

Sans un bruit, elle se tourna et enfouit à demi son visage dans l’oreiller.

Sur les bords de celui-ci, une tache humide s’étendit peu à peu.

La personne qui était entrée dans le rêve de Daisy n’était autre que Léonard Mitchell. Bien que son enquête sur les points communs entre les deux affaires fût supposée lui donner le temps de s’occuper de ses propres questions, il n’avait pas oublié le superficiel et finalement, avait mis le doigt sur un problème.

Tant dans l’affaire Lanevus que dans l’affaire Capim se sont manifestés un détective privé nommé Sherlock Moriarty et son ami, le reporter Mike Joseph… Même s’ils sont restés en marge, c’est une direction pour l’enquête. Hey, ce Sherlock Moriarty me semble quelque peu familier. De quel fugitif s’agit-il ?

Léonard se remémora ce qu’il avait vu en rêve, puis enfila son gant rouge et se rendit dans les sous-sols de la cathédrale Saint-Samuel.

Au moment où il saluait Soest, le capitaine de l’équipe, il vit s’approcher un coéquipier qui lui tendit deux minces feuilles de papier.

– « Voici toutes les informations concernant l’homme aux yeux rouges de l’Église de la Moisson.

– « Merci. Voulez-vous que nous déjeunions ensemble ? » demanda Léonard avec un sourire.

Le Faucon de Nuit haussa les épaules :

– « Non, tant que vous cessez de me faire faire des cauchemars. »

– « Marché conclu », répondit aimablement Léonard en prenant le dossier.

Il resta là, peu pressé de s’asseoir, et le parcourut nonchalamment.

« Emlyn White. Un vampire. Actuellement sous la juridiction de l’Église de la Terre Mère… Il avait disparu un certain temps et ses parents ont engagé des détectives privés pour le retrouver. Grâce à un certain M. Stuart, cette affaire a finalement été résolue par le célèbre détective Sherlock Moriarty. »

Le sourire de Léonard se figea peu à peu et il prit un air grave.

Sherlock Moriarty ? répéta-t-il en lui-même.

Klein, qui n’était pas pressé de trouver une occasion de jouer véritablement la comédie, visita la ville portuaire d’Oravi avec l’esprit d’un touriste. Un bref et rare moment de détente dans sa vie tendue.

Cette ville comptait principalement des immigrants de Loen. La cuisine était assez similaire à celle de la côte Est du royaume, à la différence près qu’on y trouvait des fruits rares et toutes sortes de fruits de mer. C’était d’ailleurs une spécificité du lieu.

Riche en ressources naturelles, l’endroit se situait sur un point stratégique des routes maritimes sûres. Les gens y vivaient plutôt bien et même les fermiers de banlieue parvenaient à faire des économies grâce à leurs vergers.

Cela ne signifiait pas qu’il n’y avait pas de pauvres ni de classe inférieure à Oravi. Cette classe était principalement composée d’anciens esclaves, le parlement de Loen ayant depuis longtemps aboli l’esclavage.

Après avoir mangé un fruit juteux et sucré, Klein regarda le ciel qui s’assombrissait. Il tourna au coin de la rue et entra dans un bar nommé Le Sweet Lemon.

Il s’agissait d’un lieu de rencontre réputé pour les aventuriers d’Oravi. Le jeune homme avait l’intention d’y acheter les deux derniers ingrédients complémentaires du Maître Marionnettiste : l’écorce de dragonnier, relativement commune, et l’eau de la Source D’Or de Sonia.

Le bar était relativement animé. Réunis autour du ring de boxe, de nombreux clients brandissaient leurs verres et acclamaient bruyamment. Assis aux tables voisines, des gens qui avaient tout l’air d’aventuriers commentaient à voix basse toutes sortes de rumeurs.

Klein se faufilait vers le comptoir lorsqu’il entendit soudain prononcer son nom.

– « … Je suis Gehrman Sparrow. Vous devriez le savoir. J’ai en ma possession une carte au trésor et j’ai besoin d’embaucher des assistants. Non pas que j’aie peur, mais je ne peux pas transporter seul autant de richesses… »

Dans un coin de la salle, un homme d’une trentaine d’années aux yeux verts, un verre à demi rempli à la main, s’entretenait avec deux hommes et deux femmes. Nul ne savait s’il s’agissait de marchands ou d’aventuriers.

Vous aussi vous vous appelez Gehrman Sparrow ? Une carte au trésor ? Comment se fait-il que cela ait tout l’air d’une escroquerie ?… Serait-on déjà au courant, ici, que j’ai tué Langue de Serpent à Bayam ? Cela a probablement été communiqué par télégramme ou par des visiteurs. De fait, beaucoup connaissent mon nom et savent ce que j’ai fait, mais ils ignorent à quoi je ressemble… Des escrocs profitent de l’occasion pour se faire passer pour moi… pensa Klein qui commençait à comprendre.

L’homme aux yeux verts but une gorgée d’alcool et reposa bruyamment son verre sur la table.

– « Je me fiche que vous refusiez ou acceptiez, mais je déteste qu’on me fasse attendre ! Vous voulez finir comme Langue de Serpent ? »

Le jeune homme en face de lui parut un peu intimidé.

– « Je sais que vous êtes un puissant aventurier… »

– « Et alors ? » coupa l’homme aux yeux verts.

À cet instant, il sentit son col se resserrer tandis que quelqu’un le soulevait et le jetait dehors.

Sans aucune explication, Klein, le visage stoïque, venait de le mettre à la porte. Il sortit ensuite son revolver et sans hésiter, le pointa et pressa la détente.

L’homme aux yeux verts venait d’atterrir au sol lorsqu’il vit une étincelle près de son entrejambe. Il en fut si effrayé qu’il ravala ses jurons et s’enfuit en courant.

Nul besoin de mots. Sa faible performance venait de prouver qu’il n’était pas Gehrman Sparrow.

Ignorant la victime du trompeur qui restait là, hébétée, Klein souffla sur le canon de son revolver et le remit dans son étui.

Il se dirigea ensuite lentement vers le comptoir.

Le silence régnait dans la salle.

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