Song Shuhang s’assit sur le lit et demanda : « Seize ? Depuis combien de temps suis-je endormi ? »
Quand il se redressa, il découvrit que ses muscles avaient un peu diminué de taille. Ils étaient devenus plus durs, sa constitution se renforçant en passant.
Est-ce parce que j’ai réussi à écrire de mémoire la Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage ? Peut-être que ça a accéléré l’assimilation de la puissance médicinale résiduelle du Remède démodragon.
– « Oh, tu es réveillé ? » Elle tourna la tête et répondit : « Ça fait une heure en tout. »
– « Quoi ? Tant que ça ? » Il se mit à rire, un peu embarrassé. « Voilà. Sinon, où sont passés l’Aîné Blanc et l’Aînée Litchi ? »
– « La Fée Litchi est allée se promener dans la Cité des Nuages Blancs. On dirait qu’elle veut acheter des vêtements. Quant à l’Aîné Blanc… » Elle sourit étrangement. « Il a téléchargé une application mobile il y a quarante minutes et est sorti tout enjoué pour s’amuser. »
– « Enjoué ? Pour s’amuser ? Quel genre d’application a-t-il téléchargé ? » Son instinct lui soufflait que quelque chose n’allait pas !
– « Elle s’apparente à un système de location d’Épée volante. On peut s’en servir pour appeler un chauffeur pour une course. Il est même possible de créer un compte et de s’inscrire pour conduire et amener ses propres clients à destination en échange de pierres spirituelles. D’après la description de l’application, la Cité des Nuages Blancs applique ce système depuis longtemps. »
– « Location d’Épée volante… Cette Académie vit vraiment avec son temps. »
Vu son caractère, l’Aîné Blanc allait certainement postuler pour conduire.
Espérons que tout ira bien… Ayant fait l’expérience des compétences du Vénérable, Song Shuhang savait que celui-ci pouvait perdre certaines notions essentielles s’il s’amusait trop. Il pria pour que ses courses ne se révélassent pas autre chose que les trajets d’un simple taxi.
❄️❄️❄️
Après s’être levé, Song Shuhang regarda Seize et lui demanda : « Dis, pourquoi portes-tu des lunettes ? »
Il ne la pensait pas myope. D’un autre côté, il la trouvait vraiment mignonne ; il aimait la voir lire tout en portant ces grosses lunettes à monture noire.
Elle leva le gros livre dans ses mains et dit : « C’est la technologie futuriste de la Cité des Nuages Blancs. Avec elles, je peux visiter tous les magasins répertoriés ici en restant bien sagement assise sur mon canapé. »
Le gros manuel était une liste exhaustive de tous les commerces de la Cité. Il n’y avait aucun autre texte, ni image, juste des Formations. Grâce à cette monture, il était possible d’activer ces Formations et de “voir” les rayons comme en étant personnellement sur place.
C’était de la science-fiction !
Ainsi, l’idée que Song Shuhang s’était faite du monde des cultivateurs fut une nouvelle fois complètement brisée.
Il ne pouvait que le reconnaître, cet endroit était digne d’être l’une des grandes villes de la Faction des Érudits. Ceux-ci avaient parfaitement fusionné cultivation et technologie pour les mêler dans leur vie quotidienne.
– « Comment te sens-tu ? Tu t’es soudainement endormi tout à l’heure. L’Aîné Blanc t’a fait un bilan général ; il a dit que ton corps n’a aucun problème, mais que ta conscience “résonnait” avec les statues des treize Transcendants. Il a émit l’idée que tu bénéficiais d’une rencontre heureuse et il a décidé de ne pas te réveiller, » reprit Seize en retirant ses lunettes. Elle posa aussi le gros livre.
– « Je vais bien, et même très bien, merci. » Pas étonnant que l’Aîné Blanc ne m’ait pas réveillé lorsque ma conscience a été entraînée dans cet espace de repêchage infini. Il a remarqué que mon état était lié aux statues et a pensé à tort que c’était quelque chose de positif ! « Mais ce n’était pas vraiment une chance. J’ai été traîné dans un test pour les disciples des Érudits, voilà tout. »
Ensuite, il raconta à Seize du Clan Su tout ce qui s’y était passé. Quant à l’Aîné Blanc II, il était incapable d’en parler. Il ne pouvait plus s’exprimer chaque fois qu’il mentionnait un chose ayant un rapport avec lui.
Par conséquent, il n’eut pas d’autre choix que de sauter cette partie.
Après avoir entendu son récit, Seize lui sourit : « Un espace de repêchage infini ? Cela semble être un endroit intéressant. De plus, le fait que tu aies obtenu la Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage peut être considéré comme une chance. »
Mais il serra les dents. « Je préférerais ne pas avoir ce genre de chance ! »
La Poésie en Prose d’Auto-Cultivation du Sage n’était pas une technique incroyable. Elle n’était pas différente d’un art moyen tel que la Technique du Sabre Enflammé ; le plus petit des disciples des Érudits l’avait apprise. De plus, pour obtenir quelque chose d’aussi ordinaire, il avait dû passer ce test cinq ou six fois d’affilée… Si l’Aîné Blanc II ne l’avait pas fait sortir de là, combien d’année aurait dû abandonner à faire cet examen ? Peut-être aurait-il dû s’y soumettre des milliers et des milliers de fois !
Le prix qu’il avait payé était tout simplement trop élevé par rapport à la valeur réelle de la technique.
Seize éclata de rire. Puis elle se leva et posa les lunettes et le gros livre sur le côté. « Shuhang, il reste encore un peu de temps avant midi et la reprise du tournage du film. Est-ce que tu accepterais de m’accompagner pour une promenade ? »
En parcourant virtuellement les magasins, elle avait repéré plusieurs pépites qu’elle voulait acheter.
– « Bien sûr ! »
❄️❄️❄️
Après un court instant…
Song Shuhang et Seize du Clan Su quittèrent l’auberge où ils séjournaient.
Quand ils sortirent par la porte principale, ils virent de nombreux cultivateurs rassemblés là. Ils avaient la tête levée et regardaient le ciel.
Attends, ils regardent le ciel… ? Ce n’est pas bon signe ! Song Shuhang avait un mauvais pressentiment. L’instant d’après, lui et son amie relevaient le menton.
Ils virent une Épée volante traverser le ciel à toute vitesse. La personne qui la contrôlait était un être céleste dont les cheveux longs tombaient sur ses épaules ; son élégance n’était pas de ce monde. À ce moment-là, il faisait un sceau avec ses mains, sans doute lié à une technique de vol. L’éclat de son arme prit la forme d’un jiaolong plus vrai que nature, aussi rapide que agile.
Deux personnes étaient avec lui, un et une Érudit, respectivement de Troisième et de Deuxième Rang. Le Frère Aîné avait un visage de pain de mie et la Sœur Cadette une jolie tête de mantou chinois. Ils étaient alors très pâles, comme s’ils n’étaient pas cuits. Leurs lèvres étaient bleues et leurs deux jambes tremblaient.
Ces symptômes étaient dus à la vitesse formidable de leur moyen de locomotion.
Il y avait de nombreux cultivateurs dans l’espace aérien de la Cité des Nuages Blancs. Certains chevauchaient leur Épée, leur Sabre, ou d’autres trésors volants… Tous étaient contraints de respecter la limite de vitesse de 100 km/h afin d’éviter de percuter quelqu’un.
Mais la vitesse de cette épée de lumière en forme de dragon était de plusieurs fois celle du son. Elle était si rapide qu’elle semblait se téléporter d’un endroit à un autre dans un sifflement. Elle profitait de chaque espace qu’elle pouvait trouver pour dépasser encore et encore les pratiquants qui circulaient dans la même zone… Il était certainement difficile de foncer plus rapidement encore. Les deux passagers avaient l’impression que leur cœur était sur le point de s’arrêter.
En un clin d’œil, ils s’envolèrent vers un endroit lointain.
– « … » Song Shuhang resta muet.
– « … » Tout comme Seize du Clan Su.
Puis il osa : « C’était l’Aîné Blanc, à l’instant, non ? »
Elle hocha la tête… C’était bien lui.
Il se frappa le front. « Je le savais… Je savais que ça arriverait. »
Il n’y avait aucune chance qu’un vieux blouson noir comme l’Aîné Blanc acceptât de réduire sa vitesse en ville. Song Shuhang ne pouvait que prier silencieusement pour qu’il n’eût pas d’accident et ne transformât pas un Daoïste passant par là en brochette.
Il soupira : « Allons-y. Allons simplement nous promener. »
Seize sourit doucement.
Mais juste à ce moment-là, la lumière dans le ciel revint en sifflant… L’instant d’après, le Vénérable Blanc atterrit à côté d’eux.
– « Oh, Shuhang. Vous êtes enfin réveillé, » dit-il en lui adressant un signe de la main.
– « À l’instant. Aîné Blanc, vous avez dépassé la limite de vitesse ! Avez-vous oublié ce que cet Érudit a dit quand nous étions sur le point de passer les portes de la ville ? La circulation à l’intérieur de la Cité des Nuages Blancs est limitée à 100 km/h afin d’éviter que les gens ne se percutent les uns les autres. »
– « Shuhang, je me doutais que vous alliez vous lamenter à propos de ça. Mais ne vous en faites pas pour moi. Je me suis renseigné et j’ai appris que l’amende pour avoir dépassé la limite de vitesse est une pierre spirituelle de rang 3. Alors, j’ai déboursé un gros sac ; je suis maintenant en règle pour les mille prochaines infractions. Vous voyez, vous n’avez aucune inquiétude à avoir à mon sujet ! »
– « … »
C’était une grosse erreur de la part de l’Académie des Nuages Blancs ! Une pierre spirituelle de rang 3 ? Le Vénérable Blanc pouvait payer sans verser une seule larme une pierre de Sixième Rang pour régler ses problèmes, voire au-delà. Un millier d’infractions… En d’autres termes, il pouvait s’amuser autant qu’il le voulait !
– « De toute façon, je n’ai pas le temps de discuter. Je dois aller chercher mes clients. » Après avoir dit cela, le Vénérable bondit vers le ciel et atterrit à côté de cinq Érudits. Il leur annonça héroïquement : « Est-ce vous qui avez demandé une course avec l’application SifflEV-moi ? Je vous prends tous à moi tout seul ! »
Les cinq jeunes pâlirent immédiatement. L’instant suivant, ils s’inclinèrent, se préparant à refuser poliment. Les Érudits étaient vraiment pointilleux sur l’étiquette. Peu importait à quel point ils étaient effrayés, ils ne pouvaient pas manquer de bonnes manières devant un Aîné.
Toutefois, avant même d’avoir pu ouvrir la bouche pour parler, ils virent le Vénérable Blanc agiter la main et les tirer sur son arme.
L’instant suivant, le puissant pratiquant fit un geste. Son épée de lumière se transforma en un énorme rocher qui s’éleva dans le ciel. Extrêmement rapide, elle sifflait assez haut pour terroriser toute la ville !
Puis, comme précédemment, la lame se faufila dans chaque espace disponible pour dépasser les Épées volantes des autres. Elle était si rapide qu’elle semblait se téléporter.
Après plusieurs virages, elle avait disparu.
Seuls les cris des cinq jeunes Érudits restèrent… Ils hurlaient sans s’arrêter. Ils n’étaient pas des cultivateurs pour rien. Ils avaient des poumons puissants et pouvaient crier longtemps sans perdre le ton.
– « … » Seize ne sut que dire.
Song Shuhang soupira faiblement. « Je me demande combien de cultivateurs de la Cité des Nuages Blancs commenceront à souffrir d’acrophobie d’ici quelques jours. »
Et pourquoi pas ? Peut-être que l’Épée volante avec une balustrade qu’il prévoyait de créer serait très demandée dans la Cité des Nuages Blancs plus tard !
Devait-il saisir cette opportunité pour investir dans sa propre entreprise et ouvrir une boutique pour installer des garde-fous sur les Épées volantes ? Ou des barrières amovibles ; ce n’était pas mal non plus. Les clients commanderaient leur propre protection en fonction de la taille de leur arme. Eh bien ! Peut-être qu’une telle entreprise pourrait réellement prospérer dans ce lieu !