« Le festin pour la division du pouvoir et du parti après la guerre a-t-il déjà commencé ?» Après être sorti du manoir du Marquis, Leylin soupira à l’intérieur. Après la chute de Lune d’Argent , on pouvait dire que le chaos dans le nord avait pris fin.

Avec de puissants sorts défensifs et de nombreux êtres forts, Lune d’Argent avait causé d’énormes dégâts aux forces orques. Même l’empereur orc Saladin avait subi de graves blessures et était maintenant dans le coma. On disait qu’il n’avait pu rester en vie que grâce à la possession du dieu.

Après avoir englouti Lune d’Argent et les régions environnantes, les armées orques n’avaient plus la force de poursuivre leur route vers le sud. Avec les épreuves et les unions de la guerre, un empire orc prit forme et s’établit lentement dans le squelette de Lune d’Argent . C’était bien plus important que l’expansion.

Une fois qu’ils auraient réussi, le dieu orc Gruumsh s’en trouverait renforcé. Après tout, il était le dieu de tous les orcs.

« Les dieux humains ne laisseraient pas les orcs aller vers le sud de toute façon…» Leylin était assis dans la calèche, le regard sombre.

« Mystra est bien trop puissante, et c’est ce qui a provoqué les réserves des dieux de sa faction. Les nombreux conflits qui se sont accumulés dans le nord se sont combinés pour donner ce résultat… Tous les plans prévus ont réussi. Affaiblir la Déesse de la Trame est suffisant, et les dieux humains ne voudront probablement pas que le dieu orc devienne plus fort…»

Leylin était plutôt surpris par la tolérance de Mystra. Le fait qu’elle puisse même ignorer sa fille de nom et Lune d’Argent montrait à quel point le stress qu’elle subissait était immense.

« En général, les orcs ont eu une bonne opportunité. Il sera difficile de leur faire cracher ce qu’ils ont déjà gagné, mais ils n’ont pas plus de force pour semer le trouble…» Leylin comprenait très bien cela, ce que bien peu de gens dans le Monde des Dieux comprenaient.

Les dieux d’ici étaient tenus en haute estime et intouchables ! Après des dizaines de milliers d’années de louanges de la part des églises, les humains ordinaires traitaient maintenant les dieux comme de véritables saints. Ils oubliaient que ces divinités n’étaient que des versions plus fortes des gens ordinaires et qu’elles étaient capables de ressentir le bonheur, la colère, le chagrin et la joie.

À un certain niveau, les dieux étaient même plus émotifs que les humains ordinaires !

« Ce n’est pas qu’ils ne peuvent pas le reconnaître. C’est plutôt qu’ils ont peur de le faire !» Leylin ricana. « Ce n’est pas comme si je n’avais pas vu des gens qui faisaient aveuglément des déclarations excessives et qui se trompaient eux-mêmes en y croyant pendant qu’ils faisaient…»

C’était une exagération causée par l’environnement et une limitation de l’époque dans laquelle ils se trouvaient. Si Leylin ne venait pas d’un autre monde et n’avait pas eu d’expérience dans le Monde des Mages, il n’était pas garanti qu’il aurait vu cela non plus.

Tout le monde n’osait pas déchirer cette prétention, regardant les dieux avec mépris. La terreur du bûcher pour manque de respect avait depuis longtemps enchaîné les premiers occupants du monde des dieux.

Les quelques personnes conscientes de la situation ne pouvaient rien y changer, et ne pouvaient que s’affliger et devenir fous à cause de cela…

« Maître ! » Une faible lumière enveloppa la cabine en un instant, créant une barrière anti-bruit. Une petite silhouette sortit de la cabine, s’inclinant respectueusement devant Leylin.

Même avec la force de Leylin, il était impossible de créer un énorme réseau d’intelligence à partir de rien en un court laps de temps. Cependant, avec l’aide généreuse de Belzébuth, les choses étaient différentes.

Leylin avait pris le contrôle de tous les adorateurs du Roi Souverain de la Gloutonnerie dans le nord. Les méthodes qu’il avait utilisées étaient les mêmes que d’habitude. Le nom de Kukulkan avait depuis longtemps été mis à l’index par de nombreuses églises, faisant de lui un homme recherché.

« Avez-vous enquêté correctement ? » Leylin fit claquer son ongle, produisant un son net.

« Oui… Les nations humaines du sud ont déjà adopté une motion secrète concernant la division des terres entre les vassaux féodaux du Yorkshire et d’autres endroits. Le marquis Lancet semble être soutenu par l’église de la richesse, bien qu’il soit également de connivence avec les démons… »

Travailler avec les démons ne signifie pas croire en eux. Qui sait, il pourrait même s’agir d’une personne sous la coupe de Belzébuth.

En réalité, d’autres archidémons se débrouillaient très bien dans le premier plan matériel. En rassemblant ses forces ici, Leylin avait rencontré des adeptes qui croyaient également en d’autres démons. Après tout, les adorateurs qui avaient perdu la protection de Belzébuth étaient les meilleures proies.

« Bien que tout ait été fait en cachette, nos hommes ont réussi à le découvrir… » Le petit personnage avait l’air suffisant, mais Leylin n’était pas vraiment content. Après tout, il était facile pour les démons de découvrir d’autres démons.

« Savez-vous de quel diable il s’agit ? » demanda Leylin d’un ton morne.

« L’archidémon Mammon, responsable du troisième niveau des neuf enfers de Baator. J’ai vu l’un des démons sous ses ordres, et il est apparu près du manoir du Marquis… » Le petit personnage répondit sûrement.

« La cupidité ? Cela semble convenir à Lancet. » Leylin gloussa en parlant.

Le Monde des Dieux possédait un immense univers dimensionnel. La couche la plus externe était la terrifiante sphère de cristal, rejetant avec ténacité toute communication avec l’extérieur.

En son sein, le premier plan matériel était le fondement de tout le reste. Il y avait des espaces dimensionnels extrêmement vastes au-dessus et au-dessous de la sphère, la surpassant largement en termes d’échelle.

Si l’on comparait le Monde des Dieux à une tarte à la viande, le premier plan matériel en était sans aucun doute la garniture. Le sommet était la terre du monde des dieux, tandis que la couche inférieure était l’abîme sans limites et l’enfer. Autour de la tarte se trouvaient de nombreux demi-dimensions, éparpillés comme des graines de sésame.

Même si cette description comportait quelques erreurs, elle était assez précise.

Le premier plan matériel n’était pas seulement relié à de nombreux semi-plans et au cœur de la dimension. Il était également la principale source de foi et d’âmes du monde. Ainsi, les dieux, les démons et les diables le convoitaient tous, se lançant dans des guerres pour son contrôle. Cela s’était déjà produit à plusieurs reprises.

Les enfers de Baator ne faisaient à l’origine qu’un avec les abysses, mais ils s’étaient séparés pour une raison ou une autre. Les démons et les diables étaient devenus des ennemis mortels, se livrant parfois à des guerres sanglantes.

Les enfers comptaient neuf niveaux au total. Cependant, comme les démons étaient responsables de l’ordre, ils avaient généralement le dessus dans les batailles.

L’archidémon qui avait eu la malchance de tomber entre les mains de Leylin, le Roi Souverain de la Gloutonnerie Beelzebub, était le maître de la deuxième couche de l’enfer.

« La première couche de l’enfer est une zone publique, où de nombreux démons énormes et ambitieux tentent de prendre le contrôle. Il y a même des humains et d’autres races qui y vivent. Le deuxième niveau est le territoire de Belzébuth, bien qu’il n’ait plus de maître. Le troisième appartient à Mammon…» Leylin se souvint immédiatement des informations qu’il avait sur les enfers. Cela n’avait été possible que grâce à la contribution désintéressée de Belzébuth.

« L’avidité, hein. » Leylin soupira. Comme les démons pouvaient contrôler les cœurs humains, les lois de ces archidémons étaient généralement orientées vers les émotions.

« Oubliez ça, ne faites rien pour le moment. » Leylin secoua la tête, « Autre chose ? »

« Hehe… Maître, j’ai ensorcelé une autre adepte en venant ici. Elle voulait mon aide pour protéger son statut de noble, et j’ai déjà accepté… » La voix du petit personnage devint tendre, comme celle d’une petite fille agissant avec coquetterie.

« Ne pense même pas à faire ça devant moi. » Leylin la mit en garde, un éclat sombre brillant dans ses yeux. Cela fit immédiatement frémir la silhouette.

« Ton… Ton subordonné n’oserait pas ! »

« Un noble ? Qui est-ce ? » Après l’avoir disciplinée, Leylin demanda avec intérêt.

« Mlle Mila de la famille Shump ! Son père et ses frères sont tous morts aux mains de cavaliers, et leur territoire est convoité par ses autres parents. Sans soutien, elle attendra probablement la mort dans un monastère… »

« D’après ce que je sais, elle apparaîtra à la réception de vin du marquis Lancet ! » Le personnage ajouta.

« Un mariage arrangé ? Bien que ce soit une coutume terrible, c’est vraiment la meilleure méthode. » Leylin acquiesça. Les voleurs devaient tout de même respecter les bonnes manières à table lorsqu’ils partageaient leur butin. Il était bien trop difficile de permettre aux pauvres de devenir directement des nobles, et la résistance était bien trop puissante.

Un mariage faciliterait les choses et permettrait aux autres nobles d’accepter plus facilement la situation. Dans une situation comme celle-ci, où tous les membres directs de la famille étaient morts, la fille qu’ils avaient laissée derrière eux était une cible que tout un groupe de loups aurait bavé.

« Elle est plutôt intelligente. Que veut-elle ? Que peut-elle donner ? » Leylin demanda calmement.

« La famille Shump a le titre héréditaire de vicomte, et ils ont des terres au nord du Yorkshire. Elle peut accueillir notre peuple et lui permettre d’occuper une fonction dans le territoire qui appartiendra à son mari. Cependant, seuls les héritiers de sa lignée prendront le titre de noblesse… »

« Ce n’est pas trop dur. Je serai d’accord une fois que je l’aurai vue… » Leylin acquiesça.

« Cependant, la prendre comme épouse à ce stade ressemblerait à de l’esbroufe. Obtenir le titre de vicomte alors que mon père est encore baron rend les choses délicates… Plus important encore, je ne peux pas rester dans le nord de façon permanente…» Leylin s’enfonça dans ses pensées.

« Il semblerait que Mlle Mila doive chercher un mari parmi mes subalternes. Tiff n’est pas si mal. Nous pouvons changer son apparence et son âge, et j’en profiterai pour lui donner une nouvelle identité…» Leylin décida rapidement du sort de cette noble dame.

Voilà à quel point le monde réel était cruel. Si Leylin n’avait pas pris les choses en main, elle aurait été dans un état encore plus pitoyable.

« Je vais également devoir aider mes hommes à s’installer et les récompenser… » Leylin savait parfaitement que la raison pour laquelle ils le suivaient était qu’ils croyaient qu’il pouvait leur apporter richesse et statut. C’était la base de leur loyauté.

La plupart du temps, ce que ceux du bas de l’échelle désiraient ardemment était d’avoir ses restes après qu’il ait pris les bénéfices les plus juteux. Ce n’était que grâce à leur existence que Leylin pouvait participer à ce festin de bandits, obtenant difficilement sa part des bénéfices.