Auteur : Le Vent du Soir est Apaisant ()
Traductrice : Moonkissed
« Mon enfant, à partir d’aujourd’hui, la famille Ji sera ta famille… »
Ji Changhe, un homme qui avait traversé tant de batailles et occupé de hauts rangs toute sa vie, sentit ses yeux s’embuer en prononçant ces mots pour Shi Yan.
Il voyait en Shi Yan la ténacité, la résilience et le courage. Il avait vu comment Shi Yan avait protégé Ji Yunfan comme s’il était son propre frère cadet, simplement parce qu’avant leur départ, Shi Yan avait promis de veiller sur lui…
Mais un homme aussi digne de respect, qui méritait d’être célébré, avait été accablé par tant de souffrances. Pire encore, pour l’incriminer, ses ennemis n’avaient pas hésité à tuer ses frères et sœurs d’armes.
En pensant à cela, la bienveillance dans les yeux de Ji Changhe fut remplacée par une colère immense et irrépressible.
Il était en pleine rage, une rage qu’il ne parvenait plus à contenir.
« Yueyue, reste ici pour prendre soin de Xiao Yan, je vais aller demander des comptes au Conseil national ! » À ces mots, Ji Changhe se transforma en une comète et disparut dans les cieux.
« D’accord… » acquiesça gravement Ji Hongyue.
« Regardez, c’est le général Lin ! »
« N’est-ce pas l’oncle de Lin Yaoxuan ? Pourquoi est-il ici, à la frontière ? » s’éleva soudain une voix dans la foule.
En entendant cela, Lin Yaoxuan sentit un frisson parcourir son corps, puis il tourna rapidement son regard vers l’écran.
Dans le Grand Xia, les treize grands anciens formaient l’autorité suprême et représentaient la plus puissante force combattante du royaume.
Venaient ensuite les généraux, dont le rang était juste en dessous des anciens. Pour être général, il fallait atteindre le royaume des déplacements de montagnes et de remplissage des mers, ou être un mage interdit.
Les généraux étaient à leur tour divisés en deux catégories : les généraux de première ligne et les généraux d’intendance.
Les premiers combattaient aux frontières, comme Ling Feng. Quant aux seconds, ils s’occupaient du soutien vital et logistique, ne combattant pas directement contre l’ennemi, mais leur contribution n’en était pas moindre, souvent bien plus grande encore.
Sur l’écran.
Alors que Shi Yan, ayant cessé toute résistance, était escorté pour son jugement, Lin Wu se plaça devant tout le monde, le visage froid.
« Ce traître possède une puissance extraordinaire. Afin qu’il ne puisse plus blesser personne, je vais d’abord abolir sa cultivation ! »
À peine eut-il fini de parler que le tribunal n’eut pas le temps de réagir.
Lin Wu libéra une force colossale, une énergie aussi puissante qu’un océan déchaîné, prête à tout anéantir sur son passage.
Sans hésitation, il leva la main et, tel un coup de tonnerre, l’abattit violemment sur la tête de Shi Yan.
En un instant, l’aura puissante et imposante qui émanait de Shi Yan s’évanouit à vue d’œil.
C’était comme si toute sa force vitale était aspirée, se dissipant dans les airs.
« Pfff ! »
Shi Yan cracha une gorgée de sang, son regard s’éteignant brusquement. La détermination et l’inflexibilité qui le caractérisaient furent submergées par un désespoir total.
« Misérable ! »
« Le général Lin Wu a détruit notre jeune héros, comment a-t-il pu faire cela ? »
« La famille impériale des Lin doit s’expliquer ! Est-ce eux qui ont monté ce complot contre Shi Yan ? »
L’indignation monta immédiatement parmi la foule, avec des cris de colère et des interrogations pleines de rage.
À ce moment-là, la nation entière semblait éclater. Les doutes et la colère se répandaient partout.
Certains hurlaient avec tristesse, leur voix empreinte de déception et de chagrin profond.
La colère se propageait tel un incendie ravageant la foule, leurs regards embrasés par la fureur, condamnèrent l’action impitoyable de Lin Wu.
Ce qu’il venait de faire à Shi Yan était encore plus cruel que les tortures que l’ennemi avait infligées à Shi Yan durant ses trois années de captivité.
La douleur et l’impuissance résonnaient profondément dans le cœur de chaque personne présente.
« Shi Yan… Il est détruit… » sanglota quelqu’un.
« C’est Lin Wu le vrai traître ! Il vient de tuer celui qui aurait pu devenir le deuxième Empereur ! » cria un homme d’âge mûr, levant le poing en l’air sans se soucier des conséquences.
Même s’il devait affronter les représailles de la famille impériale des Lin, il tenait à défendre l’honneur de Shi Yan.
« Sans Shi Yan, comment allons-nous résister aux nobles royaux et impériaux des races extraterrestre s à l’avenir ? Et lors du Grand Tournoi des humains dans trois ans, comment pourrons-nous rivaliser avec les prodiges des autres nations ? »
La colère dans la place atteignait son paroxysme.
« Pas seulement ici, dans tout le pays, les gens réclament des explications à la famille Lin et exigent que le Conseil national se prononce. »
Un jeune prodige capable d’écraser les lignées royales et impériales des races étrangères venait ainsi de perdre toute sa puissance et de s’effondrer sur le chemin de la grandeur. Le peuple ne pouvait accepter une telle injustice.
Pendant ce temps, Lin Yaoxuan, debout maladroitement, n’osait pas croiser le regard des autres.
Lui non plus n’avait pas prévu que les choses prendraient une telle tournure, car sa famille ne l’en avait pas informé.
« Haha, ce soi-disant premier prodige du Grand Xia… désormais, il n’est plus qu’un déchet ! » murmura Lin Yaoxuan avec une excitation à peine dissimulée malgré son air gêné.
La lecture des souvenirs prit fin.
Tout le monde connaissait la suite des événements, inutile d’en voir davantage.
Les instruments attachés à Shi Yan furent retirés un par un, ainsi que les aiguilles d’acier multicolores plantées dans son crâne.
Dans la grande place, la foule se précipita vers lui.
Ils l’entourèrent tous, silencieux, leurs émotions trop intenses pour être exprimées par des mots, mais leur présence était un moyen de lui offrir leur soutien et leur force.
« Grand frère, à partir de maintenant, c’est à moi de te protéger… » Xiao Lingxi pleurait le plus fort, ses sanglots incontrôlables la faisaient tousser.
« D’accord. » Shi Yan esquissa un sourire empreint de tendresse.
Sous le regard de tous, il se redressa lentement en s’appuyant sur le sol, comme si ce simple geste avait épuisé toute son énergie.
Shi Yan commença à avancer pas à pas, traversant la foule qui, par réflexe, lui laissait un passage. Tous se demandaient où il allait.
« Directeur… »
Il arriva devant Liu Cang et tomba à genoux avec fracas.
« Pardonnez-moi… Je n’ai pas réussi à protéger mes frères et sœurs, je suis indigne d’eux… »
Liu Cang, les larmes aux yeux, le releva rapidement, la voix rauque : « Mon enfant, ce n’est pas ta faute… C’est moi, en tant que professeur, qui ai échoué… »
Cette scène bouleversa profondément le cœur de tous ceux présents, aussi bien les personnes sur place que les millions de citoyens du Grand Xia qui suivaient la retransmission holographique en direct.
Les larmes qu’ils avaient réussi à retenir se remirent à couler. Chacun ressentit une immense douleur.
Ce jeune prodige, ayant traversé tant de souffrances, ne s’apitoyait ni sur la perte de son pouvoir, ni ne se réjouissait d’avoir été innocenté de son injuste condamnation.
Ce qui dominait dans son cœur, c’était la culpabilité, la culpabilité de ne pas avoir réussi à protéger ses frères et sœurs d’armes.
Il en oubliait même qu’il était lui-même une victime…
Un vieil homme s’avança, ses yeux pleins de chagrin : « Mon enfant, tu as enduré tant de souffrances… Cette affaire ne peut pas rester ainsi, il faut que justice soit faite, quelqu’un doit en payer le prix… »
« Les membres de la famille Lin doivent sortir de l’ombre et rendre des comptes ! »
« Les membres du Conseil national, arrêtez de faire semblant d’être morts, ouvrez les yeux et regardez dehors ! »
« Si cette affaire n’est pas résolue, alors nous refuserons de combattre à l’avenir !! »
La foule criait d’une seule voix, leurs paroles devenant de plus en plus virulentes.
Ils étaient révoltés par l’injustice faite à Shi Yan. Si leurs forces le leur permettaient, ils auraient déjà envahi le Conseil national comme Ji Changhe.
Un jeune prodige, auréolé de tant de gloire pour ses exploits militaires, traité de cette manière, cela glaçait le cœur de tout un peuple.
Shi Yan avançait doucement, un sourire aux lèvres, regardant chacun de ceux présents.
Après une profonde révérence, il descendit lentement de l’estrade, quittant la place.
Finalement, quelqu’un ne put se retenir et cria : « Shi Yan, où vas-tu ? »
« Vers l’horizon » , répondit Shi Yan.
« Qu’est-ce que l’horizon ? Reviendras-tu un jour ? » demanda encore la voix.
« Peut-être que je reviendrai, peut-être pas. Que les années à venir vous soient aussi magnifiques que ce coucher de soleil. » Shi Yan leur tourna le dos et agita doucement la main, ses paroles empreintes de bénédictions.
« Shi Yan, tu dois revenir ! Reviens nous mener au combat ! » cria quelqu’un, le cœur serré, tentant de le retenir.
Cette fois, Shi Yan ne répondit pas.
Ce qu’il laissa derrière lui, c’était une silhouette qui s’éloignait progressivement.
Le soleil couchant illuminait sa silhouette, projetant une ombre longue sur le sol, alors qu’il disparaissait peu à peu au loin, à l’horizon…