La Tour des Mondes
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Ce n’était qu’une supposition, mais mon état d’esprit rend bien la fusion plus simple. Quand les sentiments de Juliette se superposent aux miens, le lien ne résiste plus. Je confirme enfin par moi-même que la logique et la raison sont des obstacles à la fusion. Je ne vois pas et ne ressens pas le monde comme Juliette, c’est impossible. Même avec le lien, il est impossible pour elle de devenir moi ou d’envahir mon esprit. Nous sommes divisés par ce que nous sommes. La classe de Dresseur est assez claire sur cette règle d’identité propre à chacun. Sans elle, cela s’apparenterait plus à assimiler de la nourriture en l’avalant pour qu’elle fasse partie de moi. Un acte cruel et horrible qui détruit l’autre. Non, la classe de Dresseur est un échange.

Le lien permet de briser le vide entre les esprits en créant une connexion. Les sentiments, les pensées, les sensations, à tout moment nous savons tout de l’autre. Pourtant, c’est un échange qui a pour but que nous comprenions que nous sommes divisés et différents et qui ne nous unit pas.

Avec le lien, il n’y a plus rien à cacher, car c’est impossible. Toutes les parties les plus sombres et les plus répugnantes de mon esprit et du sien sont exposées.

Au tout début, Juliette me haïssait autant que je la détestais. Chacun de nous se voyait sous la pire de ses formes sans possibilité de cacher quelque chose, pourtant cette haine n’est pas dirigée vers l’autre, mais vers nous-mêmes… et les mensonges que nous nous racontons pour rendre notre vie plus simple. Je me sens faible, fragile, stupide, inutile… mais je l’ignore et je fais comme si je ne l’étais pas pour continuer à avancer.

Ce n’est pas pour rien que Yuu me traitait d’idiot, car je pense sincèrement l’être. Juliette m’a vu au début comme un jouet facilement manipulable et… je le suis.

De leur côté, ne parlons pas des insécurités de Yuu qu’il fait disparaître derrière ses remarques détachées et son intelligence, de l’égoïsme de Juliette qu’elle cache derrière sa colère, ou des peurs de Micha qu’elle camoufle derrière l’humour et une fausse assurance.

Au bout d’un moment à se contempler vraiment, quelque chose d’étrange se passe avec les liens. Au-delà de la curiosité dirigée vers l’autre qui pousse à lui prêter attention, le soulagement prend le relais. Il n’y a plus rien à cacher quand la dernière barrière la plus intime disparaît et que les esprits se touchent grâce au lien. Nous pouvons nous voir comme personne ne nous a jamais vus jusque-là. Plus nous acceptons l’autre et acceptons ce que nous sommes et plus le lien se renforce et améliore le flux en répandant de nouveaux sentiments.

La fusion dans tout ça… c’est l’acceptation complète de l’autre. Une superposition de nos esprits et de nos différences qui nous rend plus forts.

Même si je suis pitoyable est faible, je n’ai pas à me le cacher, ou de raison de le faire.

Je détestais Juliette pour son égoïsme sans comprendre que je rejetais le mien et qu’elle me détestait pour mon hypocrisie.

Malgré toute cette haine, nous sommes restés et le lien a tenu. Nos différences se sont exacerbées en devenant des fiertés et des forces. Je suis bien plus « moi-même » grâce à mes animaux. Nous sommes différents, mais unis. Il faut ensuite trouver un équilibre dans cette union.

Pendant trois semaines, j’ai essayé de m’entraîner pour que Sigu puisse apparaître à nouveau. J’ai finalement compris pourquoi c’était impossible d’y arriver. La fusion superpose les esprits, mais la logique et la raison sont les barrières qui m’empêchent d’y arriver avec elle.

Fae m’avait bien dit que je réfléchissais trop. Les émotions et l’instinct sont ce qui me lient le plus à mes animaux et qui me brûlent ou me réchauffent le cœur. Ce n’est pas la logique ou la raison qui m’ont permis de survivre jusque-là. Ce n’est pas un mot d’encouragement ou des excuses, ou même une pensée qui m’ont empêché de devenir fou ou rendu capable d’endurer la douleur.

C’est de sentir que j’ai bien plus que ma vie à perdre. Si je décide d’abandonner pendant une seconde, je ne pourrai pas cacher ma faiblesse. Je ne pourrai pas fuir leur regard alors que je dois être fort pour eux.

Cette famille qui est la mienne est unie par la classe de Dresseur et je lui dois tout.

Ce qui rend possible la fusion avec Juliette, ce sont les sentiments que j’éprouve et qu’elle partage avec moi, quels qu’ils soient. Ces sentiments sont une force qui brise en éclat les barrières de la raison, qui n’a pas sa place dans la classe des Dresseurs. Même des Dieux et des Dragons en ont peur, car il n’y a pas besoin de logique à ce pouvoir. Il suffit de voir l’autre pour ce qu’il est vraiment.

La rage naturelle de Juliette rencontre ma colère. Ce qui m’unit le plus à elle en cet instant est cette haine que je ressens et qu’elle stimule en créant un échange de plus en plus fort entre nous. Elle me guide pour que la rage continue de grandir et finisse par dépasser et briser ma logique. Je déteste les grimpeurs qui passent devant moi, car ils sont horribles. Je me déteste de ne pas avoir été là pour débarrasser Emy d’eux, mais cela va changer maintenant.

Je compte tous les tuer et n’en laisser aucun vivant.

Il n’y aura pas de pitié pour les personnes qui s’en prennent à ma famille, humaine ou animale. Plus jamais. C’est une chasse qui commence. Mes proies mourront toutes de mes mains.

Alors que ceux à l’avant activent finalement le premier piège, je peux me sentir disparaître dans Juliette comme je l’ai fait tant de fois par le passé. Nos esprits se touchent vraiment pour la première fois et sans les artifices de Yuu. C’est une véritable fusion qui commence alors que Sigu apparaît en mélangeant nos deux esprits qui brûlent de rage.

Alors que mon esprit disparaît complètement, je murmure cette phrase qui est parfaite pour l’arrivée d’un prédateur qui se repaît de ses proies et de violence.

« La chasse est éternelle. »

En brandissant mes deux crocs, je déchire la toile de la tente dans laquelle je me trouve. Je ne pensais pas que je serais capable de ressortir sans l’aide du renard stupide, mais je suis contente que ce soit le cas. Bien entendu, je n’ai pas beaucoup de temps devant moi, sans doute quelques minutes avant que la fusion ne s’arrête puisque c’est crevant, ce truc. Autant ne pas perdre de temps.

J’ai les crocs, et cette allée est un terrain de chasse parfait pour massacrer des proies qui pensent être des chasseurs. Mes dents tremblent de colère et d’excitation à l’idée de faire couler le sang. Je peux même sentir un sourire apparaître sur mon visage.

Des cris retentissent à l’avant du groupe pour signaler des pièges, mais c’est déjà trop tard. Mon premier croc se plante à l’arrière de la tête d’un fanatique. Un deuxième se fait trancher la gorge.

Un troisième se retourne et se fait transpercer le cœur avant d’avoir pu dire le moindre mot. Il s’effondre alors que son camarade tourne son épée dans ma direction et que je cisaille son bras avec mes deux crocs. Il commence à hurler et les autres se tournent dans ma direction.

J’attends avec impatience le moment où ils vont comprendre que c’est impossible de se sortir de cette situation ou d’espérer pouvoir me battre.

En trois semaines, Nomad a fait ce qu’il fallait pour s’assurer que ce corps serait en parfaite condition pour moi à mon retour. Faisons honneur à sa colère.

J’esquive un tir d’arbalète en pliant ma tête sur le côté et, en me contorsionnant une fois de plus, j’esquive une massue en éventrant un grand gaillard ridicule vu la façon dont il met sa bedaine en avant. Je passe au suivant en lui transperçant la gorge avant de me redresser en retirant mes crocs de la chair.

« Vous êtes tous déjà morts. C’est le dernier combat de votre vie, alors essayez au moins de me toucher une fois. »

Mes paroles semblent tomber dans l’oreille de sourds et je me contente de sourire en pensant à quel point je compte me délecter de la mort de monstres humains.

Le sol sous mes pieds se met à trembler et je saute dans les airs alors qu’il se fissure à l’endroit où j’étais. Probablement un Mage de Terre qui pense pouvoir faire quelque chose.

Je retombe sur le groupe en évitant une lance et une flèche. Vu leur regard, je dois probablement sourire comme un dément maintenant, mais pour l’instant ils n’ont pas l’air d’avoir peur.

Ça viendra.

En me déboîtant le coude, mon croc devient un fouet inarrêtable qui découpe les visages et les gorges. Je continue d’avancer en riant alors que peu à peu, les cendres sur mon corps se couvrent de sang. Un Gladiateur s’avance vers moi en hurlant et en brandissant une masse faisant probablement une centaine de kilos, mais il est bien trop lent. En faisant un pas en avant, je passe entre ses bras en évitant la masse qui frappe le sol. Il me regarde, surpris, alors que je transperce sa tête avec mes deux crocs.

C’est un doux plaisir d’entendre ce son d’os qui se brisent et de la vie qui s’éteint. Petit à petit, les visages commencent à comprendre que ce n’est qu’une question de temps avant que la victime suivante ne soit décidée. Le Mage de terre recommence alors à déformer le sol et je saute juste dans les airs pour retomber en broyant le crâne d’un autre fanatique. Je peux sentir que la corruption afflue dans ma direction depuis les premiers cadavres, mais cela n’a que peu d’importance. Je dois continuer d’exterminer les nuisibles.

L’un d’eux prend un coup de pied dans la mâchoire alors qu’en me pliant en deux vers l’arrière je transperce la jambe d’un Pugiliste qui s’approche un peu trop.

Il m’en faut plus. Toujours plus de souffrance et de sang pour que ma rage s’exprime complètement. Je sais déjà que tous les tuer ne sera pas suffisant pour me calmer.

Je mords à la gorge un Mage qui me menace avec son bâton. J’embroche un Barde qui semble perdu derrière lui et je continue de rire alors que la peur commence à apparaître sur les visages. Une espèce de loup-garou se jette sur moi pour m’arracher les yeux avec un bras. Il le perd aussitôt d’un mouvement sec d’un croc. L’autre croc s’enfonce dans son torse alors qu’il essaye stupidement de m’arracher la tête dans sa gueule grande ouverte. En évitant son haleine putride, je lui transperce le ventre à plusieurs reprises jusqu’à ce que le contenu en sorte et se répande par terre.

La terreur apparaît finalement sur les visages qui m’entourent, certains commencent finalement à reculer alors que je lèche le sang sur ma main.

Je suis bien plus cruelle que Nomad peut l’être et je ne suis pas là pour jouer cette fois-ci.

C’est bien trop tard maintenant pour qu’ils reculent. Il ne me reste plus qu’à tuer les survivants et en finir avec Géralt. Disons une minute ? Autant mettre un temps limité pour créer un peu de challenge. Il ne faudrait pas non plus que l’un d’eux sonne l’alarme, mais vu leur débilité, ils pensent sans doute encore pouvoir gagner.

À présent, voyons qui survivra à ma colère le plus longtemps.



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