« Il a vraiment réussi à percer ! » Les yeux de Rafiniya s’écarquillèrent légèrement. Elle savait évidemment ce qu’impliquait le lancement de la Force du Taureau de Masse. C’était un sort de rang 6 que seuls les sorciers de rang 13 pouvaient lancer. Ce genre de sort capable de renforcer un groupe était très populaire dans l’armée.

En tant que noble, Rafiniya en savait plus que les gens ordinaires et comprenait parfaitement à quel point ce sort était terrifiant.

« Il n’a que vingt ans ! » Rafiniya jeta un coup d’œil à Leylin, qui était si jeune qu’il en était ridicule, et se sentit soudainement abattue. Bien qu’elle soit considérée comme un génie, elle n’était rien en comparaison de lui…

Cependant, se laisser distraire pendant la bataille était très dangereux. C’est exactement l’erreur qu’avait commise la femme chevalier. Alec tonna en face d’elle, ses muscles se gonflant peu à peu. Ses griffes s’élancèrent, semblant couper l’air lui-même.

Eclat sauvage ! Il tenait manifestement ce pouvoir de Malar.

Rafiniya sentit une explosion de force provenant de ses mains, et sa lame à deux mains siffla brusquement en s’envolant.

« Merde ! » Elle voulut reculer, mais il était déjà trop tard. La créature-garou de haut rang fonçait, ses pores grossiers et sa peau nauséabonde lui apparaissant clairement.

Alec grogna, n’ayant qu’une idée en tête. Déchirer ! Il allait déchirer le chevalier qui se trouvait devant lui !

« Est-ce que je vais mourir ?» Rafiniya ferma lentement les yeux : « Comment ai-je pu me laisser distraire au combat ?»

Cependant, la douleur qu’elle anticipait n’apparut pas. Rafiniya ouvrit les yeux et découvrit la grande silhouette de Leylin devant elle, bloquant l’attaque.

Un sabre tomba, et la tête de la créature-garou de haut rang roula au sol, le sang jaillissant de son cou comme d’une fontaine.

Les autres créatures-garous virent que leur nouveau chef était tombé aux mains d’un humain, et les émotions de terreur qui s’étaient accumulées finirent par exploser. Elles gémirent et se tournèrent pour s’échapper pathétiquement, mais furent facilement poursuivies et tuées par les guerriers humains. La plupart des morts au combat survenaient lorsqu’ils fuyaient dans le chaos, car ces adversaires étaient les plus faciles à éliminer.

Est-ce un héros comme dans les légendes ? Rafiniya se leva, regardant Leylin avec son sabre. Quelque chose brillait dans ses yeux, faisant monter une légère rougeur sur ses joues.

……

Une réunion se tenait à Lune d’Argent, concernant Leylin et ses hommes.

« Je suis contre ça ! » Cassley claqua la table, provoquant un petit tremblement de terre. « Il y a quelque chose qui ne va pas dans l’accomplissement de la mission de l’escadron 5 ! ». Son visage était rouge.

« Un énorme camp avec de nombreuses créatures-garous de haut rang, ainsi qu’un autel du Dieu de la Chasse. Comment ont-ils pu tous les vaincre ? » Il avait déjà vu Leylin auparavant, « Je m’oppose fermement à ce qu’on leur donne du crédit et des promotions ! »

Cassley était presque sur le point de crier à ce moment-là. Les autres membres froncèrent légèrement les sourcils face à ce comportement peu courtois.

« C’est un sorcier après tout, il est beaucoup trop émotif. Il n’a rien d’un sorcier, quel idiot…» Plus d’un sorcier de haut rang pensait silencieusement à cela.

« Nous avons déjà demandé à nos hommes de vérifier les corps des créatures-garous de haut rang et des autres. Que voulez-vous d’autre ? » Le sorcier elfique que Leylin avait déjà vu une fois demanda froidement. « De plus, tu viens juste de découvrir à quel point cette mission était dangereuse ? Qui avait garanti au début que ce n’était qu’un ‘petit’ camp ? »

De manière inhabituelle, le sorcier elfe était manifestement en train de chercher à s’en prendre à quelqu’un.

On dirait que le camp de Cassley est désavantagé… Après avoir vu cela, les autres gros bonnets hochèrent la tête, comprenant mieux les luttes et les conflits entre l’elfe et Cassley.

Mais c’était la vérité ! Lorsque les forces des deux camps étaient à peu près équivalentes, il était impossible de nier ou de truquer quoi que ce soit.

« Vous avez vu le rapport ! Le camp avait déjà été attaqué par une organisation inconnue, c’est pourquoi l’escadron 5 a eu la vie facile… » Cassley ne lâcha pas l’affaire : « Par conséquent, nous ne pouvons pas considérer que l’escadron 5 a accompli sa mission. Nous devons enquêter attentivement ! »

« Dieux ! Comment as-tu pu ne pas distinguer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas ! » L’elfe était si furieux qu’il tremblait, « Lune d’Argent n’a jamais interdit une telle chose. Même si Leylin a eu recours à une aide extérieure, c’est parce qu’il en est capable ! »

« Assez ! » Une voix profonde retentit depuis la personne assise en bout de table. Il avait une immense présence qui semblait avoir franchi une sorte de limite, entrant dans le domaine des Légendes.

« Commandant !» Cassley et le sorcier elfique se découragèrent immédiatement en saluant et en s’excusant.

« Nous ne sommes pas réunis pour discuter des exploits de l’escadron d’un subordonné. Il y a des choses plus urgentes à faire ! » Le vieux sorcier parlait lentement, ressemblant à un humain ordinaire. Il avait les yeux vaseux et portait une simple robe grise. Il n’y avait rien de spécial chez lui. Cependant, c’était ce vieil homme qui contrôlait tous les hauts responsables militaires dans le hall.

« Lune d’Argent est une confédération de villes-états ouverte. Le respect des règles est la base de notre existence. Même si l’escadron 5 a dépassé les limites, il a tout de même accompli sa mission et doit donc recevoir ce qu’il mérite ! » Le vieux sorcier prit la décision finale. Les lèvres de Cassley tressaillirent, mais il ne dit finalement rien.

Après tout, si Leylin avait vraiment réussi et accompli la mission, il ne pouvait tout au plus que le blâmer pour le processus. La légitimité appartenait au vainqueur, et cela avait toujours été vrai. En voyant l’elfe en face de lui prendre un air suffisant, son cœur s’embrasa encore plus.

Il avait soulevé cette question et s’était occupé lui-même de tout dans l’ombre. Il pensait pouvoir faire reculer Leylin de façon impitoyable, mais le résultat l’avait surpris. La défaite de cette fois-ci signifierait que les gens de la faction le verraient d’un mauvais œil, et l’effet sur lui était pratiquement destructeur.

« Leylin, c’est ça ?» Cassley pensa impitoyablement à ce nom, « Dans une situation où le capitaine est revenu avec de graves blessures, il a tout de même terminé la mission avec détermination. De plus, il a même eu la chance d’attraper les créatures-garous dans leur état le plus faible… S’il essaie d’être un héros, héhé…»

Leylin n’avait obtenu qu’un peu d’attention auparavant, mais Cassley allait désormais s’attaquer férocement à ce petit sorcier.

En tant que personne en position de leader, il voyait maintenant un pion avoir le cran de bouger d’une manière qu’il n’avait pas prévue, et qui se montrait même les crocs à lui-même.

Même si c’était la situation actuelle, Cassley n’aurait jamais imaginé que le type qu’il avait traité comme un pion cachait quelque chose de terrifiant.

« Notre prochain sujet est l’allocation de fonds pour la fortification perpétuelle de la chaîne de montagnes du couchant… » Cassley s’est à nouveau réjoui.

Une défaite ne signifiait rien. Ce qui était plus important, c’était l’attaque à venir des orcs.

……

« C’est grâce à toi, Leylin !»

La lumière du soleil brillait à travers les fenêtres d’une salle d’infirmerie qui était manifestement de haut niveau. Les grains de poussière flottant dans l’air étaient rendus visibles…

Aulen était légèrement pâle alors qu’elle était allongée dans son lit, entourée par le groupe d’officiers qui avaient survécu.

« En me sauvant la vie et en terminant la mission, vous m’avez aidée deux fois. Je m’en souviendrai ! » garantit Aulen.

« Ce n’est rien. Je l’ai fait pour moi aussi ! » Leylin sourit. Aulen ne ressemblait plus du tout à ce qu’elle était en tant que soldat, elle semblait plutôt délicate. Il semblait que l’affaire avec Lanshire l’avait beaucoup choquée.

« Après cela, je ne suis plus apte à rester dans la garde de la ville. J’ai déjà donné ma démission. J’espère que vous pourrez vous occuper de nos frères pour l’instant. Vous n’allez pas tarder à recevoir vos récompenses… » Aulen sourit amèrement.

« L’escadron 5 est ma base. Je ne les abandonnerai jamais ! » Leylin garantit, l’air enthousiaste.

« C’est bien… toux toux… » Aulen se mit à tousser violemment pendant un moment, puis regarda Leylin, « Quant à vos récompenses cette fois-ci… vous deviendrez certainement un commandant de bataillon, c’est-à-dire un officier de haut rang dans la garde de la ville, et vous pourrez même recevoir un titre héréditaire. Même dans d’autres pays, vous serez reconnu… »

À la mention de ce titre héréditaire, les autres officiers commencèrent à l’envier. Lorsqu’on devenait un noble dont le titre pouvait être repris par ses descendants et qu’on possédait ses propres terres, on entrait véritablement dans les hautes sphères de la société. Ses enfants et petits-enfants deviendraient des jeunes nobles au-dessus du lot.

C’était le rêve de tous les officiers du niveau inférieur, mais en moins de deux ans après son entrée dans la garde de la ville, Leylin avait tout gagné. Bien qu’une certaine jalousie soit apparue, ces sentiments fondirent comme de la glace au soleil en voyant l’emblème de sorcier sur sa poitrine.

Il s’agissait d’un sorcier de rang 13 à un âge si tendre. Cet exploit était plus que suffisant pour qu’il obtienne tout, et l’écart énorme fit disparaître les sentiments en eux.

Lorsque Aulen revint, Leylin reçut sa nouvelle nomination et ses récompenses.

« Comme prévu, je suis maintenant un commandant de bataillon et un baron. » Leylin renvoya le soldat venu remettre la promotion, puis jeta un coup d’œil au parchemin portant une empreinte enchantée. Il sourit comme s’il réfléchissait à quelque chose.

La force individuelle était assez puissante dans le Monde des Dieux, en particulier celle des gardes de la ville de Lune d’Argent. Elle disposait d’une armée puissante composée de pratiquement toutes les sortes de professionnels. Avoir l’autorité de commander plus de 200 personnes était déjà très puissant.

En temps de paix, Leylin n’aurait jamais obtenu ce rôle. Cependant, ils agrandissaient l’armée en préparation de la guerre, et Leylin était considéré comme un ‘vieux soldat’, ce qui lui donnait un avantage.

Grâce à cette nomination, Leylin pouvait sentir l’odeur de la guerre qui allait bientôt arriver.