Auteur : Cuttlefish That Loves Diving

Traduction : Moonkissed

Jiang Baimian, Long Yuehong et Bai Chen restèrent longtemps bouche bée.

Ta soi-disant participation consiste donc à savoir si tu voulais ‘chanter’ avec ces bêtes… Long Yuehong voulut dire cela après avoir rassemblé ses pensées, mais il sentit que celui qui s’embêterait avec Shang Jianyao dans une telle atmosphère serait le perdant.

Après quelques secondes, Jiang Baimian rit. « Bai Chen, tu as oublié de surveiller ton environnement ! Shang Jianyao, même si des dizaines de bandits sauvages arrivent, ils ne pourront pas nous vaincre. Cependant, tu as réussi à briser le système de défense de l’intérieur ! »

Shang Jianyao hocha la tête solennellement. « C’est pourquoi je l’envisageais. De plus, je me prémunis contre toute circonstance imprévue. »

« J’ai en effet été un peu surprise, mais je n’ai pas baissé ma garde sur les environs. » Bai Chen força une explication à sortir de sa bouche. Elle avait un peu honte de sa perte de sang-froid et de son manque de professionnalisme.

En tant qu’humaine ayant erré dans la nature pendant de nombreuses années, elle avait beaucoup d’expérience. Ce n’était pas comme si elle n’avait jamais rencontré de nomades souffrant de troubles mentaux et se trouvant dans des états anormaux. D’ailleurs, elle en avait déjà rencontré. Les paroles et les actions de ces gens étaient bien plus exagérées que celles de Shang Jianyao. Cependant, le problème était que Shang Jianyao agissait le plus souvent de façon normale, au point que Bai Chen se demandait s’il ne plaisantait pas de temps en temps ou s’il ne faisait pas une farce.

Elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse être aussi ‘créatif’.

« C’est bien. Restez vigilants à tout moment. » Jiang Baimian n’exposa pas Bai Chen. Elle pencha légèrement la tête et sourit à Shang Jianyao. « Lorsque cet entraînement se terminera, il sera nécessaire de faire une évaluation mentale de tous les membres. »

Shang Jianyao applaudit légèrement. « Je vous souhaite un score parfait ! »

Bai Chen ne s’attendait pas à ce que Jiang Baimian soit si directe en mentionnant l’évaluation psychiatrique, car cela agiterait évidemment Shang Jianyao sévèrement. Bien qu’elle l’ait suggéré auparavant, le comportement de Shang Jianyao à l’époque n’était pas trop exagéré. Il se situait à peine dans les limites de la normale. Tout au plus, il aimait plaisanter, et la suggestion n’était donc pas très pertinente.

Bai Chen ne s’attendait pas non plus à ce que Shang Jianyao ne s’en préoccupe pas du tout, comme s’il s’agissait juste d’une farce exagérée. Peut-être avait-il reconnu sa condition depuis longtemps et s’était-il accepté comme tel ? Il n’avait pas de complexe d’infériorité et n’était pas sensible à cette question ?

Bai Chen secoua la tête et se rappela que quoi qu’il arrive, elle devait faire son travail correctement et ne pas être affectée.

À ce moment, Jiang Baimian baissa les yeux sur la montre électronique qu’elle portait au poignet. « Très bien, reposons-nous à tour de rôle. Normalement, je devrais être dans la même équipe que Bai Chen tandis que Shang Jianyao et Long Yuehong seront dans la même équipe pendant que nous nous reposons à tour de rôle. Cependant, vous êtes tous les deux inexpérimentés, et il est très facile pour vous d’ignorer certains signes. »

« De plus, lorsque vous êtes en mission, les dangers sont nombreux et les conditions limitées. Il n’est pas nécessaire de faire la distinction entre les hommes et les femmes. Le plus important est d’être honnête l’un envers l’autre et de se faire confiance. Par conséquent, Shang Jianyao et moi serons dans la même équipe, et Bai Chen et Long Yuehong seront dans la même équipe. »

Jiang Baimian sourit en disant cela. « En fait, les conditions sont très bonnes cette fois-ci. Avec une jeep, l’un dormira sur le siège avant et l’autre sur le siège arrière. Cela ne dérangera pas du tout l’autre partie. »

Bai Chen acquiesça et dit : « J’ai déjà dormi dans la même tente avec deux hommes, deux femmes, un cochon et deux poulets. »

Jiang Baimian se leva immédiatement. « Très bien, reposez-vous. Shang Jianyao et moi allons commencer notre service de nuit. »

Elle regarda à nouveau sa montre. « Vous avez six heures. »

« Chef d’équipe, ça ne va pas être trop long ? » Bai Chen était un peu inquiète. Ils allaient être en service pendant six heures à partir de ce moment précis. Il se trouvait que c’était la période où les humains étaient le plus épuisés et endormis à cause de leurs horloges biologiques. Il leur était très facile d’ignorer toute activité anormale autour d’eux.

Jiang Baimian sourit et dit : « Nous sommes tous les trois des personnes qui ont subi des améliorations génétiques. Ce que nous avons en commun, c’est que nous avons beaucoup d’énergie. De ce point de vue, je devrais être plus forte qu’eux. Je peux maintenir un haut niveau de concentration, même si je ne dors pas pendant un jour ou deux. »

« Moi aussi… » Long Yuehong marmonna.

Jiang Baimian se retourna pour le regarder. « Qu’est-ce que tu as dit ? Es-tu en train de dire du mal de moi derrière mon dos ? »

« Il n’a pas dit ça ! » Shang Jianyao l’interrompit. « Il l’a dit devant toi ! »

Long Yuehong s’étouffa et toussa.

Jiang Baimian fit un signe de la main et dit à Shang Jianyao : « Tu es déjà assez normal dans des moments pareils. »

Elle finit par dire à Bai Chen et Long Yuehong : « Très bien, vous devriez tous les deux dormir rapidement. »

Rien d’inattendu ne se produisit cette nuit-là. Lorsque le soleil se leva à l’horizon et teinta les nuages d’un rouge doré, les quatre membres de l’unité de l’ancien monde étaient déjà rassemblés autour du feu de joie, buvant de l’eau chaude et mangeant des barres énergétiques.

« Comme c’est beau et spectaculaire… » Long Yuehong regarda en direction du lever du soleil et réalisa que son vocabulaire était limité.

La scène magnifique, la scène qui contenait une vitalité infinie, donnait à Long Yuehong et à Shang Jianyao – qui étaient remontés à la surface pour la première fois – l’impression que leurs corps et leurs esprits avaient été purifiés. Ils ressentaient un sentiment indescriptible de beauté et d’espoir.

« J’étais plus embarrassée que vous deux lorsque j’ai vu le soleil se lever pour la première fois. » Jiang Baimian ne se moqua pas d’eux.

Bai Chen fixa également le lever de soleil, mais ne dit rien. En tant qu’humaine née et ayant grandi dans la nature, elle était déjà habituée au lever du soleil. Cependant, elle se sentait toujours inexplicablement heureuse et excitée à chaque fois qu’elle le voyait.

Jiang Baimian se leva et prit la parole après avoir rempli son sac d’eau. « Très bien, faites vos affaires et préparez-vous à partir. Long Yuehong, Bai Chen et toi allez vous asseoir au dernier rang. Faites une sieste. Shang Jianyao et moi conduirons à tour de rôle. »

« Oui, chef d’équipe ! » Long Yuehong rétracta son regard et répondit bruyamment.

Après avoir nettoyé le feu de joie, il vit que les enveloppes vides des conserves qu’ils avaient mangées hier soir étaient jetées négligemment au sol. « Chef d’équipe, on ne va pas les recycler ? »

Biologie Pangu était située sous terre et manquait de ressources minérales. Ils avaient toujours manqué de ressources métalliques. Ils devaient utiliser la nourriture qu’ils produisaient, les liquides d’amélioration génétique, les agents biologiques, la saumure souterraine et le sel extrait des surfaces rocheuses pour échanger les ressources correspondantes avec d’autres grandes factions.

Jiang Baimian regarda en arrière et resta silencieuse pendant deux secondes. « Il n’y en a pas besoin. Ça prend de la place. »

Sur ce, elle ouvrit la porte et s’assit sur le siège du conducteur.

Comme le chef d’équipe l’avait dit, Long Yuehong résista à l’envie de recycler. Il retourna rapidement à la voiture avec son arme.

Un bruit de moteur simulé retentit lorsque la jeep gris-vert à quatre portes quitta la clairière où se trouvaient un grand nombre de panneaux solaires ouverts. Ils s’éloignèrent des petites ruines.

Au bout de quelques minutes, une silhouette noire sortit de derrière un bâtiment à moitié effondré et s’approcha du bûcher éteint.

Il s’arrêtait parfois, utilisant les plantes et les murs brisés comme couverture. Parfois, il rampait, ses coudes avançant alternativement. Après s’être assuré que les quatre personnes étaient bien parties, il s’était soudain levé d’un bond, s’était précipité vers le bûcher et avait ramassé les boîtes métalliques vides.

Il était vêtu d’un sac noir et portait un fusil. Il mesurait environ 1,60 mètre et son visage n’avait ni peau ni chair, juste du métal noir argenté. La surface du métal présentait de nombreuses fissures qui laissaient vaguement apparaître des lignes et des éléments de différentes couleurs. L’un de ses yeux clignotait en rouge, et l’autre était éteint depuis longtemps. Ses mains étaient comme des os, faites uniquement de métal noir argenté.

Il s’agissait d’un robot doté d’une intelligence artificielle.

« Acquis. Acquis… » Il émettait une voix monotone sans aucune fluctuation. Il porta les canettes vides et courut vers l’arrière des ruines. Après de nombreux virages, il s’enfonça dans un trou formé par des colonnes d’acier et de béton placées au hasard.

Dans le creux se trouvait un garçon enveloppé dans une veste de coton en lambeaux et emmitouflé dans de la fourrure animale. L’enfant n’avait que 12 ou 13 ans. Son visage était sale et les crevasses entre ses mains étaient couvertes de boue noire. À côté de lui, il y avait un tricycle en lambeaux rempli de toutes sortes d’objets et de déchets.

Il prit les boîtes de conserve vides et sourit de manière incontrôlée. Puis, tout en divisant les boîtes vides en trois groupes et en les plaçant dans différents tas de ferraille, il sourit au robot. « Petit sept, c’est presque plein. Je peux maintenant t’échanger un nouvel œil. Nous devons encore économiser un peu pour cette pile. L’hiver approche, nous devrons donc échanger beaucoup de nourriture et de charbon, ainsi que tes batteries. J’échangerai cette pile à mon retour… »

Tout en parlant, le garçon se gratta la tête et sourit d’embarras. « Il n’y a presque rien à manger. J’ai un peu trop mangé ces derniers temps… »

Petit Sept hocha la tête et dit d’une voix monotone : « Bon arrangement. »

« Monte vite dans la voiture. Retournons à la colonie. » Le garçon s’assit sur le siège du conducteur du tricycle.

Au milieu des bips et d’une route cahoteuse, le garçon conduisit le tricycle au loin, parmi les ruines et les plantes qui pouvaient à peine être considérées comme un chemin.

Tout en pédalant, il s’adressa au robot derrière lui. « Petit Sept, penses-tu que papa et maman reviendront à la fin de l’hiver ? »

…

La jeep maintint sa vitesse tout en continuant à avancer dans la région sauvage du Marais Noir.

Alors qu’il était presque midi, Bai Chen, qui conduisait, fronça soudainement les sourcils après avoir tourné au coin d’un chemin. « Il y a un groupe de personnes devant nous… » Sans attendre la réponse de Jiang Baimian, Shang Jianyao et Long Yuehong, elle ajouta d’une voix grave : « Ils nous ont vus. »