Les Aînés du Groupe des Neuf Provinces #1 qui admiraient la performance rirent doucement en regardant Song Shuhang avec pitié. Un cultivateur de Troisième Rang avait réussi à se viander douloureusement en essayant de sauter sur une plateforme qui n’était pas bien haute ! C’était tout simplement à contresens des principes même de la cultivation !
Le Cultivateur Solitaire Rivière du Nord se frotta les yeux. « Attendez un instant. Est-ce que je vois des choses ? »
Il ne l’avait pas remarqué plus tôt, mais alors qu’il y prêtait attention, il voyait une légère couche de lumière stellaire sur le corps du jeune homme. Seuls les cultivateurs de Troisième Rang qui étaient sur le point d’ouvrir leur premier méridien – le Méridien de l’Étoile Éblouissante – ou qui l’avaient déjà fait pouvaient l’avoir !
Le Troisième Rang ?
Qui me fait une blague !?
La dernière fois qu’il avait croisé leur jeune ami, cela avait été pendant le conflit sur la Scène de Règlement des Griefs, juste avant la course de tracteurs à manivelle. À l’époque, celui-ci avait utilisé une technique spéciale pour devenir Chu Chu de la Famille Chu et pour combattre à sa place sur la plateforme. Il avait alors percé, devenant un cultivateur de Deuxième Rang en plein combat.
Combien de temps s’est écoulé depuis ? Pendant cette courte période, il a réussi à ouvrir ses huit dantians et à surmonter la Tribulation pour le Deuxième Rang ?
Est-ce que j’ai des hallucinations ? Le Cultivateur Solitaire Rivière du Nord frappa du coude le Maître Praticien. « Hey, pouvez-vous vérifier pour moi la cultivation du jeune ami Shuhang ? »
Ding, ding, ding… Il tourna la tête et les petites cloches attachées à ses cheveux tintèrent.
– « … » Rivière du Nord ne commenta pas.
– « Son Domaine de cultivation est le Troisième. À en juger par son aura, il a percé il n’y a pas si longtemps. »
– « La vitesse à laquelle il avance est tout simplement effrayante ! Je suis choqué. »
– « … » Merde, pas autant que moi !
Il y a six mois, c’était lui qui était allé rencontrer leur jeune ami et qui avait servi d’intermédiaire pour donner la plante du Dragon Venimeux au Grand Maître Profond Principe en échange de la Technique basique du poing bouddhiste et les Écrits d’introspection méditative, puis qui avait guidé le jeune homme sur le chemin de la cultivation.
En un clin d’œil, voilà qu’il était devenu un cultivateur de Troisième Rang.
De son côté, il se demandait encore comment avancer parfaitement dans son propre Domaine pour obtenir un Noyau d’Or avec sept Marques de Dragon lorsqu’il pénétrerait le Cinquième Rang. Bref, il était toujours au Quatrième. Quelle disgrâce !
– « C’était inattendu. Le talent de notre jeune ami Sept Noms de Dao est-il vraiment si incroyable ? » demanda le Véritable Monarque Répercussions avec perplexité.
Mais à ce moment précis, le Jeune Maître Tueur de Phénix haussa ses lunettes, un rayon de sagesse se reflétant sur ses verres. « Je pense savoir ce qui lui est arrivé. »
– « Jeune Maître, à quelle conclusion êtes-vous parvenu ? » demanda Rivière du Nord, curieux.
La Fée Litchi renchérit : « Le Daoïste Tueur de Phénix et le jeune ami Song Shuhang ont échangé leurs corps plusieurs fois. Cela ne m’étonne pas qu’il ait découvert son secret. »
Il releva ses lunettes une fois de plus et dit calmement : « Regardez. Voyez-vous ce Prêtre Daoïste aux cheveux blancs en train de manger un fruit, celui qui se tient juste à côté des membres de l’équipe de tournage ? »
– « Ce Prêtre Daoïste… Et donc ? »
– « Sauf erreur de ma part, il s’agit du Fou de Don de Capacités, le Prêtre Daoïste Horizon. Il n’y a qu’une seule explication à l’explosion de la croissance de Song Shuhang ! »
Le Cultivateur Solitaire Rivière du Nord, la Fée Litchi, le Maître Praticien et le Véritable Monarque Répercussions dirent en même temps : « Est-il possible qu’il ait reçu de l’énergie pure du Fou de Don de Capacités, ce qui a fait progresser sa cultivation à pas de géant ? »
– « Cela doit être le cas, oui. »
Le Véritable Monarque Tyran Jiaolong intervint. « Vous avez vu juste, c’est bien le Prêtre Daoïste Horizon. Je l’ai vu une fois dans le passé. Tout le monde devrait prêter une attention particulière aux siens, ne les laissez pas l’approcher. Sinon, il leur transmettra sa force, avec ou sans leur consentement. »
Le Cultivateur Solitaire Rivière du Nord lui rappela, en toute sympathie : « Cher Daoïste Tyran Jiaolong, il semble que le Prêtre Daoïste Horizon vive dans la villa de votre fille Yu Jiaojiao depuis quelques jours. »
– « … Merde ! » Temporairement perdu, le pratiquant se mit à chercher Yu Jiaojiao pour intimer de ne pas laisser le Prêtre Daoïste lui transmettre sa puissance.
Au loin, Horizon avait un sourire crispé. Il prit silencieusement une bouchée de son sandwich à la viande.
Après tout, il était un Empereur Spirituel de Cinquième Rang. Même si les autres avaient parlé à voix basse, il les avait entendus ! Son cœur était profondément déchiré à ce moment-là.
❄️❄️❄️
Sur la scène d’arts martiaux.
Song Shuhang se frotta le visage et se leva.
Le Vénérable Blanc lui demanda si tout allait bien.
Il agita la main. « Je vais bien. Je n’ai pas été blessé ou quoi que ce soit d’autre. »
– « Monsieur Song, voulez-vous qu’on fasse appel à un cascadeur pour cette scène ? » cria l’adjoint du réalisateur. Après tout, le jeune homme n’était pas un acteur, mais celui qui voulait tourner un film. Les siens leur avaient fait une offre si généreuse qu’ils n’avaient tout simplement pas pu refuser. Il valait mieux que rien de mal n’arrivât à un tel enfant prodigue.
– « Merci, mais pas besoin. C’était juste un accident. Je n’échouerai absolument pas la prochaine fois. »
De plus… S’il s’avérait qu’il était mauvais dans son jeu d’acteur, il pourrait battre en retraite et laisser le moine occidental monter sur scène !
– « Dans ce cas, devrions-nous recommencer tout de suite ? »
– « Bien sûr. Je suis prêt. » Song Shuhang chassa la poussière sur ses habits et revint à sa position initiale.
❄️❄️❄️
Tout le monde se prépara à nouveau.
Le machiniste actionna le clap.
Monsieur Jacob cria une fois de plus : « Action ! »
Le Vénérable Blanc, qui jouait le rôle de Ling Ye, revint lentement sur scène. Une douce brise soufflait, faisant flotter ses longs cheveux noirs et sa robe bleu clair.
Le Directeur Jacob ne put s’empêcher de soupirer intérieurement, ému. Ce Song Bai était si beau que de simples mots ne suffisaient pas pour le décrire. Il n’était pas exagéré de dire qu’il était l’incarnation de la beauté ! Il n’avait même pas besoin d’être talentueux en tant qu’acteur pour devenir populaire. Il lui suffisait de monter calmement sur scène et de rester là à ne rien faire pour faire hurler d’extase d’innombrables fans.
Il osa parier. S’il faisait un film de 60 minutes sans intrigue ni scénario, juste avec Song Bai qui marchait vers la scène et se tenait là, une légère brise soufflant et faisant flotter ses cheveux et sa robe… Les DVD se vendraient comme des petits pains. Les salles de cinéma seraient remplies à ras bord et leur long métrage resterait dans le haut du classement de popularité pendant plusieurs semaines.
Son charme était effrayant.
Mais il n’y avait pas que l’acteur appelé Song Bai qui était beau. L’autre, Gu Hu, debout au bord de la scène, les bras croisés et l’air glacial, était également magnifique. De plus, Gu Hu avait l’aura d’un expert d’un autre monde. Même s’il n’avait aucun talent d’acteur, il suffisait de le jeter au hasard dans un biopic pour avoir un personnage principal satisfaisant.
Ensuite, l’investisseur qui avait officiellement financé le film, Song Shuhang – qui venait de rater son saut et s’était écrasé sur le sol – était également un garçon aux traits fins et délicats.
Monsieur Jacob n’avait accepté de tourner que grâce à l’offre généreuse, néanmoins il n’excluait désormais plus la possibilité que ce film propulsât sa carrière vers de nouveaux sommets. Au minimum, il se vendrait aisément en grande surface, il en était certain.
Alors qu’il était plongé dans ses pensées, il vit Song Shuhang entrer dans le champ de la caméra.
Comme avant, après que les Frères Cadets n°1 et n°2 terminaient leurs répliques, Song Shuhang joua le rôle du Frère Aîné Gao Sheng et, face à Ling Ye qui était sur la scène, il dit froidement : « Ling Ye, cette fois, je vais te battre si violemment que tu ne pourras pas quitter ton lit pendant un mois entier ! »
Ensuite, il prit son élan et sauta.
Cette fois, il ajusta soigneusement sa posture pendant son salto.
Aîné Blanc, donnez-moi votre bénédiction ! Je ne veux pas échouer ! criait-il dans son cœur.
Il réussit sa magnifique parabole et atterrit sur scène.
Bravo, Song Shuhang ! Il était excité, ce qui était inattendu. Effectuer un bond de ce genre sur une hauteur inférieure à deux mètres, pour un pratiquant de Troisième Rang, était ridicule.
Ensuite… Ce fut au tour de Brume Pourpre Fluviale d’apparaître. Elle jouait le rôle de la Sœur Aînée Murong Hua.
Habituellement d’une nature légèrement glaciale, elle démontra pleinement son talent d’actrice. Elle avait alors l’air aussi douce qu’un voile de soie. L’aura menaçante de ses yeux avait disparu et s’était transformée en une tranquille inquiétude. Elle ne dit rien, mais resta simplement là à regarder gentiment le Vénérable Blanc, Ling Ye.
Song Shuhang supposa qu’elle devait remplacer la tête de Blanc par celle du Maître Praticien dans son esprit pour avoir l’air si concernée.
Monsieur Jacob était très satisfait. Ces acteurs étaient très bons, ils dépassaient de loin ses espérances.
❄️❄️❄️
– « Peuh ! » renifla froidement Gao Shang. « Ling Ye, cette fois… Laquelle de tes jambes veux-tu que je casse ? »
Song Shuhang ne s’attendait pas à finalement devoir jouer ce rôle. S’il l’avait su plus tôt, il aurait demandé à Gao Moumou de changer ces lignes qui le rendaient fou.
– « Frère Aîné Gao, ce n’est pas notre premier duel sur cette scène. Il n’est pas nécessaire de bavarder davantage, » déclara calmement le Vénérable. « Comment nous affronterons-nous ? »
– « Je t’ai déjà écrasé à l’épée, à la lance, avec mes poings, avec mes pieds et avec un bâton. Cette fois, ton grand frère va t’apprendre ce qu’est un sabre. » Song Shuhang esquissa un sourire diabolique.
Sans même s’en rendre compte, il s’était mis dans la peau du personnage qu’il incarnait.
Il dégaina lentement Brise Tyran. Son précieux sabre n’avait pas de fourreau, cependant ils avaient décidé d’en utiliser un pendant les prises de vues afin de lui conférer une aura plus impressionnante.
Après avoir goûté une deuxième fois aux éclairs célestes, toutes les Formations et restrictions sur la lame avaient été effacées. Elle était encore plus noire et bien plus tranchante.
– « Je combattrai le sabre par le sabre. Je n’ai pas peur de vous, » dit le Vénérable Blanc d’un ton grave. Ensuite, il prit un sabre en acier sur le râtelier de la plateforme, l’air concentré.
Il était temps pour le Frère Aîné Gao Sheng de battre sauvagement le personnage principal.
Blanc et Song Shuhang s’étaient mis d’accord avant de monter sur scène.
Le jeune homme utiliserait de simples techniques basiques au sabre, et après vingt mouvements, le Vénérable commencerait à montrer des signes de fatigue. Puis, après trente échanges, la magnifique bataille se terminait avec la défaite de l’Aîné.
❄️❄️❄️
Song Shuhang agita son sabre et se prépara à utiliser une technique simple.
– « Frère Cadet Ling Ye, ton Aîné va t’apprendre à utiliser un sabre ! » Il utilisa le jeu de jambes de la Marche des 10.000 km de l’Homme Vertueux et arriva instantanément devant le Vénérable Blanc.
Il frappa !
Même s’ils faisaient semblant, la force et l’angle d’attaque étaient parfaitement réalistes.
Le Vénérable leva sans réfléchir son arme pour parer.
Bam !
L’instant d’après, une force trop brutale pour que Song Shuhang l’imaginât seul déferla depuis le sabre de l’Aîné Blanc et l’envoya valser…
Aîné Blanc, n’avons-nous pas convenu que c’est au Frère Aîné Gao Sheng de malmener Ling Ye ?