Chapitre 43 – La Fin du Chemin
Le médecin de l’équipe de Ning était l’un des survivants et il s’était occupé du Gros et de moi, pendant que Grande-Gueule nous préparait quelque chose à manger.
― Ne vous inquiétez de rien, nous dit-il, Sentez cette brise. Nous la suivrons dès que vous aurez repris des forces. Votre oncle va mieux, il est toujours inconscient mais sa température est revenue à la normale. Ning est arrivé ici saine et sauve il y a quelques jours. Et il y a des sources d’eau chaude, alors vous pourrez prendre un bain demain et essuyer un peu de ce sang.
J’étais trop épuisé pour répondre. Le lendemain, Gros-lard et moi nous nous reposâmes. Puis nous partîmes à la recherche de la source du vent frais et d’un moyen de sortir. Nous marchâmes pendant près d’une journée :
― Nous sommes déjà venus ici, cria le Gros.
Devant nous s’étendait une peinture murale à deux couches, et au-delà, la pierre de scellement où nous avions trouvé refuge du blizzard tant de jours auparavant. Les provisions laissées derrière nous nous attendaient toujours, et nous les contemplâmes avec incrédulité. La boucle était bouclé…
― Merde, remarqua le Gros, Si nous avions trouvé cette crevasse la première fois, nous aurions mis la main sur ce maudit cercueil en un jour ou deux…
― Peut-être était-ce là la plus grande astuce de Wang Canghai, dis-je, Ou peut-être s’agit-il simplement d’une horrible petite ironie avec laquelle nous devons vivre. Quoi qu’il en soit, nous en avons fini avec tout cela maintenant. Sortons.
Lorsque nous sortîmes de la montagne, la lumière du soleil nous aveugla. Nous dûmes descendre prudemment en dessous de la ligne de neige, où une colonne de secours nous localisa rapidement pour nous prendre en charge et nous transporta vers l’hôpital le plus proche afin de recevoir les soins nécessaires.
Oncle San avait subi une grave commotion cérébrale et avait besoin d’une longue période de récupération pour se remettre d’aplomb. Le Gros et moi nous récupérâmes de nos blessures, avec quelques cicatrices en guise de souvenirs. Ning disparut sans dire au revoir à personne. Grande-Gueule rentra chez lui à Changsha et le Gros retourna à Pékin.
Je restai avec mon oncle, essayant de comprendre le cauchemar dont nous venions de sortir. Sans lui pour m’aider, je n’avais qu’une vision incomplète de la situation, mais certaines choses étaient claires.
Je savais désormais que le Palais des nuages n’avait pas été construit par Wang Canghai, qui n’avait fait que réparer la structure d’origine dont on ignorait tout du bâtisseur.
Je savais aussi que Wang Canghai avait été capturé et qu’il avait construit un tunnel de fuite secret qui lui avait évité d’être tué avec les autres ouvriers une fois le projet achevé. Mais je n’avais aucune idée de ce qu’il avait vu derrière la gigantesque porte de bronze. Le récit qu’il avait fait sur le poisson de cuivre était devenu incompréhensible alors qu’il avait essayé de raconter cette partie de son histoire.
Wang Canghai avait pillé de nombreuses tombes pour l’empereur Dong Xia et avait caché deux poissons de cuivre, l’arowana codé, dans des sites funéraires importants. Il avait conservé le troisième et l’avait placé dans ce qu’il considérait être sa propre tombe, le tombeau sous-marin.
Son corps reposait-il dans la tombe sous-marine ? Je l’ignorais. Je ne savais pas non plus pourquoi le groupe d’étudiants, dont l’amour perdu d’oncle San, Wen-Jin, avait quitté le tombeau sous-marin pour mourir dans le Palais des nuages. Deux d’entre eux étaient-ils toujours vivants ? Où étaient-ils allés ?
D’ailleurs, pourquoi Qilin avait-il disparu par la gigantesque porte de bronze ? Pourquoi mon oncle avait-il fait cette expédition au Palais des nuages ? Et quel était le lien entre l’immense arbre de bronze, la porte de bronze et les cloches hexagonales en bronze qui étaient apparues dans la caverne des zombies de sang, le tombeau sous-marin, le site de l’arbre et autour du cou de ces maudits singes qui avaient voulu nous tuer, le Gros et moi ?
La réponse à tous ces mystères non résolus se trouvait dans ce qui s’était passé au tombeau sous-marin vingt ans auparavant, et avec mon oncle qui était emprisonné dans le coma. Ou bien, le coma était-il son refuge ? Avec l’oncle San, qui pouvait savoir ?