Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 41 : Kwan Yin et ses 1000 bras
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La fusée que Grande-Gueule avait lancée s’éteignit et l’obscurité nous engloutit à nouveau. Il en déclencha rapidement une autre et tout le monde ouvrit le feu, lançant plus d’une douzaine de langues de flammes vers les cieux. Bientôt, plusieurs ombres volantes tombèrent sans vie.

Une lumière forte pouvait apparemment confondre ces créatures, tout comme un ours est incapable de dire pendant un court laps de temps si un homme est humain lorsqu’il se met à cancaner et à marcher comme un canard. Mais ce n’était que temporaire, et nous venions de tirer notre dernière fusée. Ces oiseaux étranges étant si nombreux, nous devions faire face à un massacre impitoyable dans l’obscurité une fois la fusée éteinte.

Les oiseaux s’enfonçaient de plus en plus bas, certains passant même au-dessus de nos têtes. Nous n’avions tout simplement pas assez de balles pour tous les tuer, et bientôt quelques-uns de nos fusils furent inutilisables. Le Gros semblait être aussi dans une situation fâcheuse. En effet, aussi résistant qu’il soit, il serait bientôt fini si personne ne venait l’aider.

Ce qui m’effraya le plus fut lorsqu’il tira une salve à mes pieds. Je levai les yeux et en lisant sur ses lèvres, je compris qu’il nous disait de courir.

― Grande-Gueule, dis-je, prends Oncle San et les autres et courez vers le bout de la vallée. C’est le lieu de nidification de ces satanés oiseaux, et ils doivent s’envoler d’ici pour trouver de la nourriture. Cherchez la direction d’où ils volent et courez à chaque pas. Ne t’inquiète pas pour moi. Je dois aller aider le Gros.

Grande-Gueule m’attrapa :

― Tu vas t’en sortir ? Et si j’allais aider le Gros et que tu emmenais Maître San avec toi ?

― Je ne peux pas porter ce vieil homme. Je levai les bras et lui montrai mes coupures saignantes, En plus, j’ai mon sang comme protection, il n’y aura pas de problème.

Grande-Gueule acquiesça en me lançant son fusil :

― Sois prudent. Nous vous attendrons dehors. Il jeta mon oncle sur ses épaules, Suivez-moi ! cria-t-il aux autres en commençant à courir vers l’extrémité de la vallée.

Tout le monde le suivit, sauf Ning, qui resta immobile, le visage blanc pâle.

― Cours, stupide petite salope, lui criai-je, mais elle arma son fusil et le mit en position de tir. Je savais par expérience qu’il était inutile d’essayer de la persuader d’aller à l’encontre de ses propres souhaits, alors je la laissai et je couru vers la plate-forme de pierre.

Le couvercle du cercueil était déjà partiellement ouvert, et la moitié du corps de ce qui ressemblait à une énorme araignée noire se faufilait à l’extérieur. En me précipitant sur la plate-forme, je constatai que le Gros était remonté sur les chaînes et qu’il tirait des salves sur les oiseaux qui le prenaient pour cible. Il ne prêtait aucune attention au monstre en contrebas.

― Le Gros, lance-moi des balles, criai-je.

Il m’en jeta et je commençai à tirer sur les oiseaux, donnant au Gros la couverture dont il avait besoin pour venir me rejoindre. Il glissa le long des chaînes en criant :

― Viens, cours !

Je cherchai Ning, seulement elle n’était nulle part. Je n’avais aucune idée si elle avait couru vers la sécurité ou si elle avait été emportée par les oiseaux. J’observai le cercueil, et son couvercle était complètement ouvert. Un grand cadavre d’homme noir se dressait à l’intérieur. Il avait douze bras tordus dans le dos et cela me rappela immédiatement le cadavre à douze bras que nous avions vu dans le tombeau sous-marin. Qu’est-ce que c’était ? Ce mort pourrait-il être l’empereur Wannu ?

Alors que Gros-lard tirait sur les oiseaux pour les repousser, il cria :

― Pourquoi diable rêves-tu ?

Je l’ignorai et lui dis :

― Regarde… qu’est-ce qu’il fait ?

Le cadavre ne montra aucun intérêt pour nous. Il sauta de la plate-forme et se dirigea vers les gigantesques portes de bronze.

― Il pense pouvoir ouvrir cette porte ? Le Gros sursauta.

Je pensai immédiatement à la dernière phrase prononcée par Wang Canghai : Si le moment n’était pas bien choisi, la personne qui ouvrirait cette porte ferait surgir des feux de l’enfer, embrasant toute la chaîne de montagnes. Lorsque je lu cela pour la première fois, je pensais que cette prédiction était un fantasme fou que Wang Canghai avait inventé après avoir franchi la porte et vu l’intérieur d’un volcan. Désormais, je réalisai qu’il était également possible que celui qui avait construit cette porte ait créé un piège extrêmement puissant pour garder le secret dissimulé derrière.

Le Gros et moi suivions les traces de Wang Canghai. S’il y avait un piège à proximité, nous serions probablement ses premières victimes. Nous devions empêcher le cadavre d’ouvrir la porte.

Je courus vers la créature à douze bras, tirant une longue série de balles, mais elles frappaient le corps comme s’il était fait de caoutchouc, et le cadavre semblait ne rien sentir. Il continua à marcher vers la porte :

― La dynamite ! criai-je au Gros.

Il se précipita vers le cadavre, sauta sur son dos et lui enfonça un bâton de dynamite dans la bouche. Alors qu’il sautait et roulait pour s’éloigner, je tirai sur la mèche de la dynamite. Celle-ci explosa avec un rugissement, faisant voler en éclats la tête du monstre qui retomba tout autour de nous. La force de l’explosion nous projeta au sol et continua à résonner dans mes oreilles. Je pouvais voir le Gros hurler sur moi avec un air de panique sur le visage, mais je n’entendais pas un mot de ce qu’il disait. Au-dessus de nous, les ombres d’oiseaux affolés se rapprochaient de plus en plus.

Le Gros et moi nous tenions dos à dos. En détachant les bandages sur mes bras et en exposant mes plaies ouvertes, je priai pour que mon sang soit efficace contre nos attaquants.

L’un des oiseaux se posa à une centaine de mètres devant nous. Il était plus grand que moi. Sa bouche hideuse s’ouvrit pour montrer des crocs jaunes et il nous regarda sans rien dire, comme s’il essayait de déterminer ce que nous étions. Je levai mes bras ensanglantés dans sa direction, néanmoins il ne semblait pas s’en soucier.

Deux autres oiseaux se posèrent, un de chaque côté de nous, puis de plus en plus, jusqu’à ce que nous soyons complètement encerclés. Ils se tenaient comme des gargouilles silencieuses, prêts à attaquer.

Aucun d’entre eux ne fit un geste et pourtant je savais que nous serions bientôt à leur merci. A première vue, mon sang n’avait aucun effet, et le Gros et moi manquions de munitions.

Un oiseau passa ensuite au-dessus de nos têtes et fit tomber un corps du ciel. Il s’agissait du cadavre de Ye Cheng qui s’écrasa devant nous en éclaboussant le sol de sang. Son cou était presque coupé en deux. Un autre cadavre couvert de sang le rejoignit bientôt, mais je n’avais aucune idée de qui il pouvait s’agir car il lui manquait la tête.

D’autres corps pleuvaient tout autour, des membres du groupe de Ning. Ni Grande-Gueule ni Oncle San n’en faisaient partie.

― Qu’est-ce que ces oiseaux vont nous faire ? demanda le Gros.

― On dirait qu’ils préparent leur prochain coup, mais je ne suis pas un expert. Je ne sais pas ce qu’ils ont prévu. Est-ce qu’il te reste de la dynamite ? On pourrait toujours se faire exploser.

― J’ai tout utilisé pour l’empereur. Tu ne m’as pas dit d’en garder un peu en réserve.

― Merde, je n’aurais jamais pensé mourir de cette façon.

Il y avait des oiseaux partout, sans espace visible entre eux et nulle part où fuir. Est-ce que j’allais mourir ici et devenir une merde d’oiseau ?

― N’abandonne pas ! Regarde, il y a une crevasse. Nous pouvons nous cacher à l’intérieur et les repousser. Même si nous sommes condamnés, nous ne pouvons pas laisser ces satanés oiseaux gagner si facilement ! cria Gros-lard.

Il avait raison, un espace de la largeur d’une personne entre deux rochers gigantesques se trouvait à proximité. Les deux côtés de la crevasse étaient ouverts et sans obstacle. Même si nous devions nous y serrer et qu’il nous serait difficile de bouger une fois à l’intérieur, c’était un excellent endroit pour se tenir debout et se défendre.

Mourir immédiatement ou mourir après un bon combat, le Gros et moi avions opté pour le second choix. Nous saisîmes rapidement les cartouchières des cadavres et nous nous coinçâmes dans la crevasse. L’espace intérieur était très petit mais je réussis à m’y glisser facilement, contrairement au Gros qui eut plus de mal :

― Au moins, il n’y a pas de place pour les oiseaux ici, me souffla-t-il en s’installant à côté de moi.

Il plaça un tas de pierres pour faire barrage à l’entrée. Puis il se tourna vers moi et me dit :

― Ils ne peuvent nous attaquer qu’un par un, et nous n’aurons qu’à en tuer quelques-uns avant que l’entrée ne soit bloquée par leurs corps. Ainsi, nous pourrons tenir un peu plus longtemps.

Je grimaçai. Nous n’avions pas beaucoup de balles et nous n’aurions pas le temps de recharger lorsque les oiseaux commenceraient à attaquer. Une fois que nous aurions utilisé ce que nous avions dans les chambres de nos fusils, nous serions finis. Cependant, le Gros avait le don de l’enthousiasme contagieux, et nous n’étions pas encore morts. Peut-être avions-nous une chance de survivre après tout.

Les oiseaux se mirent alors à hurler. Par la fente, je vis l’oiseau le plus proche de moi ouvrir sa bouche d’une largeur effrayante, montrant une impressionnante rangée de crocs. Il cracha une créature ressemblant à un macaque, qui sauta au sol, courut vers le tas de cadavres, puis se mit à arracher la chair des corps et à l’engloutir. Je regardai à nouveau attentivement et je remarquai que le singe n’avait pas de peau. Il était couvert de sang et semblait être un organe interne de l’oiseau dont il provenait.

Et puis d’autres oiseaux se mirent à cracher ces créatures qui toutes se précipitèrent sur le tas de cadavres pour manger avec avidité. Le sol fut bientôt recouvert de chair, de sang et d’os, les charognards ayant dépouillé les morts jusqu’à en faire des squelettes.

Les yeux du Gros étaient rouges de rage et de peur :

― Vous aviez l’intention de nous massacrer ensuite, bande de petits bâtards ? Si vous voulez un peu de ma chair grasse, vous devrez vous battre pour l’obtenir.

Alors que les singes fouillaient les ossements à la recherche de nourriture, l’un d’entre eux nous remarqua. Sur ce, ils s’attroupèrent autour de notre abri, nous regardant avec délectation.

Leurs bouches n’avaient pas de lèvres et leurs crocs étaient aussi nombreux que ceux des oiseaux, leurs hôtes. Autour de leur cou pendait une cloche hexagonale en bronze qui n’émettait aucun son malgré la rapidité de mouvements des singes. J’étais trop effrayé pour m’étonner de cette étrange coïncidence.

Tandis que les singes nous inspectaient, le Gros et moi levâmes nos fusils pour tirer au cas où ils décideraient de nous sauter dessus. Mais lorsque le premier s’élança, il nous prit par surprise et Gros-lard faillit le manquer en ouvrant le feu. Son fusil s’enraya lorsque le cadavre du singe atterrit parmi ses compagnons, et sa volée de balles tirées au jugé se dirigea vers les singes les plus proches, tuant plusieurs d’entre eux.

Le plus grand de la meute poussa un cri et tous se précipitèrent vers nous. Deux d’entre eux se glissèrent dans notre espace en grognant. Je donnai un violent coup de pied à l’un d’eux et tuai l’autre en deux coups de feu. Un autre prit sa place et je commençai à tirer à l’aveugle, ma vision étant obscurcie par la brume de sang qui emplissait l’air. Les singes ne semblaient pas s’en apercevoir, avançant dans une vague incessante de pure méchanceté, même si ceux qui se trouvaient devant continuaient à céder sous nos balles.

Le Gros et moi étions trempés de sang, tirant sans interruption et sans espoir de succès. Ces petits monstres étaient tout simplement trop nombreux. Et ensuite mes balles s’épuisèrent sous cet assaut, ne me laissant pas le temps de recharger.

Gros-lard vida son chargeur, mais il était trop assoiffé de sang pour arrêter son carnage. Jetant son fusil, il sortit sa machette alors que six singes se jetèrent sur lui en un clin d’œil, tous crocs dehors. Il en tua deux à mains nues, mais les quatre autres s’en prirent à son visage.

Avant que je puisse sortir ma propre machette, je sentis des morsures sauvages sur mes jambes et mes épaules. Manifestement, mon sang ne dérangeait pas ces satanées bestioles. C’est fini , me dis-je, adieu mon Gros.



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