Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 37 : Une lettre inattendue
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Le bébé fantôme s’enfonça rapidement dans le tunnel sombre et nous sûmes que nous devions le suivre pour ne pas retomber sous son charme. Nous courûmes à une vitesse désespérée et atteignîmes bientôt l’extrémité du tunnel, juste à temps pour voir le fantôme disparaître dans un long escalier où nous le suivîmes en ralentissant le pas. Alors que le fantôme disparaissait dans l’obscurité au bout de l’escalier, mes jambes s’emmêlèrent et je perdis pied, roulant sur les marches jusqu’en bas. Ma lampe de poche vola et je sentis un flot de sang chaud couler de mon cuir chevelu.

Je poussai un juron en me relevant péniblement et le bruit des coups de feu résonna dans l’obscurité, mais pas derrière moi. Ce n’est pas le Gros ni Grande-Gueule , pensai-je, que se passe-t-il ici ?

Mes compagnons firent écho à ma question, cependant, dès que je les vis, c’est moi qui leur retourna une question :

― Où est Shunzi ?

― Il est parti, me dit le Gros, Quand il a trouvé le cadavre de son père et le trésor, il a décidé qu’il en avait assez de cette aventure. Maintenant, dis-nous, qui tire ?

Nous balayâmes l’endroit avec nos lampes et découvrîmes une tour en bout d’escalier avec une longue plate-forme à l’extérieur, une véranda suspendue à partir de laquelle descendait l’équipement permettant de conduire le cercueil dans la chambre située en dessous, d’où provenaient les volées de coups de feu. Le bébé fantôme aurait-il pu sauter en bas ? Était-ce lui que les armes visaient ?

Nous montâmes tous les trois en file indienne par un escalier dans la tour. Regardant en bas, nous aperçûmes une énorme chambre circulaire dans laquelle se tenaient Ning et son groupe, tirant sans relâche avec leurs fusils.

― Merde, regarde ça, tu veux bien ? dit Grande-Gueule. Autour des gens en bas se trouvaient leurs cibles, un océan de mille-pattes, chacun de la taille de mon pied.

Au milieu de la chambre se trouvait un puits à cercueils en forme de pyramide inversée, avec huit énormes cercueils noirs au fond. Entre les colonnes reposait un cercueil colossal en jade translucide, qui avait été ouvert par une pince, et c’est de là que venaient les mille-pattes.

Serait-ce le cercueil porté par neuf dragons décrit dans le texte sur le poisson de bronze ? Était-ce vraiment le cercueil de l’empereur Wannu ? Et comment ces abrutis avaient-ils réussi à déclencher l’attaque des mille-pattes ? Avaient-ils marché sur l’un d’entre eux et rendu fous les autres ?

― Devons-nous les aider ? me demanda Gros-lard.

― Laissons d’abord quelques-uns d’entre eux mourir, dit Grande-Gueule.

Le Gros rit :

― Autant les abattre. Ils mourront plus vite de cette façon.

Je n’avais aucune idée de ce qu’il fallait faire. Il ne s’agissait pas de les sauver ou non, mais de savoir ce qu’ils nous feraient après que nous les ayons sauvés. Ning était prête à nous tuer dans le tombeau sous-marin, et nous n’avions réussi à nous échapper que grâce à la chance. De plus, ce fut après l’avoir sauvée une fois, on aurait pu penser qu’elle aurait été reconnaissante. Néanmoins, après avoir vu tant de gens mourir, ma conscience me hanterait pour le reste de ma vie si je ne la sauvais pas, ainsi que son groupe.

Je n’étais pas sûr qu’un sauvetage soit possible. Ouvrir le feu depuis notre hauteur ne changerait pas grand-chose. Si nous voulions les sauver, il nous fallait jeter des cordes et les tirer vers le haut.

Alors que j’essayais de trouver un plan, j’aperçu un étranger portant un homme qui m’était très familier. Incertain d’en croire mes yeux, je le fit remarquer à Grande-Gueule, qui s’écria aussitôt :

― C’est le capitaine San !.

― Es-tu sûr ? demandai-je.

Je m’approchai de quelques pas pour mieux voir, mais je ne vis que le bébé fantôme sur lequel je venais de marcher. Celui-ci m’attrapa le pied, me faisant perdre l’équilibre, et je tombai à plat ventre en criant à l’aide. Grande-Gueule et le Gros ouvrirent le feu, réduisant sa tête en miettes, mais le poids de son corps m’entraîna avec lui dans sa chute de la tour.

J’atterris en plein milieu du groupe de Ning. Me levant, je vis les mille-pattes partir à toute allure, ne laissant derrière eux que les morts. Une petite foule de personnes m’encerclait, me regardant comme si j’étais une sorte d’apparition. Ning me fixait comme si elle n’avait aucune idée de qui j’étais, jusqu’à ce que le voile du déjà-vu se dissipe lentement dans ses yeux.

Personne ne bougea. Je commençai à marcher vers l’homme qui ressemblait à mon oncle et à mesure, les gens qui m’entouraient reculèrent, les mains sur leurs armes. Gros-lard et Grande-Gueule brandirent leurs propres armes, mais je leur fit signe de les baisser.

Ning dit à son équipe :

― Lâchez vos armes. Je connais cet homme, nous avons travaillé ensemble dans le passé. Bien qu’ils obéissaient, ils conservaient leurs regards de méfiance envers moi.

Ning plissa le front et demanda :

― Vous… pourquoi êtes-vous ici ?

Le Gros sourit et il sauta avec Grande-Gueule pour nous rejoindre.

― C’est le destin légendaire qui s’accomplit. Comme le dit le poème, ‘Séparés par des milliers de kilomètres, nous nous retrouvons comme par prédestination’. Si je vous disais que nous ne faisons que passer, me croiriez-vous ?

Les membres du groupe semblèrent reconnaître le Gros et plusieurs d’entre eux furent stupéfaits lorsqu’il apparut :

― Incroyable, marmonna l’un d’entre eux, Nous découvrons un cauchemar alors que nous sommes piégés en enfer.

La remarque me fit rire, tandis que le Gros me jeta un regard noir, ainsi qu’à son interlocuteur. Ning commença à l’interroger alors que je rejoignais avec Grande-Gueule, en courant, l’homme que nous pensions être Oncle San.

Il était tenu par un étranger, qui le déposa au sol lorsque nous nous approchâmes. Je regardai un visage émacié couvert d’une barbe grise à l’allure négligée.

― Merde, c’est mon oncle ! Il a l’air d’avoir douze ans de plus depuis la dernière fois que je l’ai vu. Je pensais que le retrouver signifierait notre sauvetage, mais Grande-Gueule, regarde ! Ce n’est pas l’homme qui nous a guidés dans le passé. Serait-ce vraiment l’oncle San ou est-ce encore une illusion ?

Oncle San ouvrit les yeux, les plissa et tressaillit en réponse à ma voix, cependant il resta silencieux. Je fus à la fois soulagé et furieux. Mon oncle était là, mais qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ?

Grande-Gueule l’examina. Il y avait une plaie très infectée sur sa poitrine et un grand nombre de mille-pattes enfouis sous sa peau couverte de pus.

Le visage rougi par la rage, Grande-Gueule s’élança vers l’étranger qui se tenait à proximité en hurlant :

― Qu’est-ce que vous avez fait à Maître San ? Comment a-t-il pu finir dans cet état ?

Saisissant Grande-Gueule et le maintenant immobile, je demandai :

― Où avez-vous trouvé mon oncle et pourquoi n’avez-vous pas soigné ses blessures ?

― Nous venons de le trouver ici. Au début, nous pensions qu’il était mort. Ning a dit que ce vieil homme savait beaucoup de choses et qu’il devait venir avec nous. Elle m’a dit de le porter, mais je ne l’aurais pas fait si j’avais su qu’il avait tous ces insectes dans la chair.

― C’est bien vous qui avez fait ça ! Grande-Gueule était furieux, J’ai vu ça au Vietnam. Les Vietnamiens utilisaient ce truc pour torturer les prisonniers lors des interrogatoires. Je vais tous vous tuer !

Je serrais plus fort :

― Calme-toi. Cela n’a rien à voir avec eux. S’ils avaient mis les mille-pattes sur le corps de mon oncle, cela voudrait dire qu’ils savent les gérer et ils n’auraient pas été pris d’une telle panique à l’instant.

Ning s’approcha pour inspecter mon oncle et sembla être sur le point de vomir :

― Venez ici maintenant, docteur, ordonna-t-elle, et quelques-uns de ses hommes placèrent oncle San en position assise. Alors qu’il se redressait, je le sentis déposer précipitamment quelque chose dans ma poche et, soulagé, je sus qu’il était toujours en charge. Je lui serrai l’épaule pour lui faire comprendre que j’avais remarqué et ses paupières s’écarquillèrent légèrement en réponse.

Le médecin identifia seize blessures sur le corps de mon oncle, les nettoya et retira tous les mille-pattes qui s’étaient enfoncés dans sa peau. Lorsque les excisions furent enfin recousues, Grande-Gueule demanda au médecin dans quel état se trouvait mon oncle. Celui-ci soupira et répondit :

― J’ai fait tout ce que j’ai pu. Ses plaies sont très infectées. Je vais lui faire une piqûre d’antibiotiques tout à l’heure mais il a beaucoup de fièvre et je ne sais pas s’il va s’en sortir. Tout dépend de sa volonté de vivre. Ne le dérangez pas, laissez-le dormir.

Je me levai pour aller dans un coin où je pourrais découvrir ce que mon oncle m’avait donné, mais je titubai et je tombai.

― Vous aussi, vous êtes mal en point, me dit le médecin, Il banda mes coupures et me conseilla de ne pas bouger.

J’observai autour de moi. Le Gros et Ning parlaient ensemble, trop loin pour que je puisse entendre ce qu’ils disaient. Grande-Gueule était une épave, il était assis, misérable et silencieux, à côté du corps inconscient de mon oncle. Il semblait y avoir seize personnes dans le groupe de Ning, certaines se reposant à proximité, d’autres explorant la zone où se trouvaient les cercueils.

Je voulais être là où personne ne ferait attention à ce que je pourrais faire, mais il n’y avait pas d’endroit où me cacher. Je m’approchai du corps du bébé fantôme, si abîmé et si dégoûtant que personne n’osait le faire. Avec précaution, je sortis ce que mon oncle avait mis dans ma poche. C’était un bout de papier, froissé en une petite boule. Je le dépliai furtivement et commençai à lire :

« Je descends.

C’est la fin. Dépêchez-vous de rentrer les amis. Plus loin, il n’y a pas d’endroit que vous puissiez gérer.

Tout ce que vous voulez savoir est écrit sur le Poisson de bronze aux sourcils de serpent.

Zhang Qilin »

Elle provenait de Poker-face et se terminait par les lettres indéchiffrables de l’alphabet anglais qui nous avaient laissés perplexes un peu plus tôt. Que diable voulait-il dire par là ?

En dessous, il y avait une ligne de mots écrits à la main par mon oncle :

― Nous ne sommes plus qu’à un pas de la vérité. Donnez le poisson à Wu Laosi, l’assistant de Ning, et demandez-lui de le déchiffrer. Ne vous préoccupez pas d’eux. Le plus important est encore entre mes mains. Ils n’oseront pas nous faire quoi que ce soit.

Apparemment, lorsque l’oncle San était arrivé, il découvrit la note de Poker-Face et écrivit ce message pour nous. Selon toute vraisemblance, Poker-Face voulait nous empêcher de descendre voir les cercueils, et à en juger par les mots de sa note, il s’était rendu dans un endroit très dangereux en empruntant un tunnel quelque part. Et l’oncle San n’avait manifestement pas apprécié cet avertissement.

Tout ça me tue , pensais-je, Que veut donc faire ce type ? Et quelle est la chose importante encore entre les mains de mon oncle ? Puisque Poker-Face ne voulait pas que nous descendions, pour qui les symboles gravés étaient-ils destinés ? Aurait-il pu les laisser… pour lui-même ?

Je me retrouvai à voyager dans l’espace intersidéral de mon imagination, et de plus en plus d’indices commençaient à faire surface. Mais comme le mystère précédent était beaucoup trop compliqué, l’émergence d’une nouvelle idée me plongea encore plus profondément dans la confusion. Je me souvenais des lettres de la tombe sous-marine qui indiquaient à Poker-Face qu’il était déjà passé par là. Gravait-il de nouveaux symboles parce qu’il pensait encore perdre la mémoire ? Avait-il écrit les lettres à l’avance pour pouvoir se souvenir de tout la prochaine fois qu’il viendrait ici ?

Tout cela est trop confus , pensai-je, et ma tête recommença à me faire souffrir. Ning et Gros-lard me crièrent dessus en me faisant signe de les rejoindre. Je cessai alors de réfléchir, remis la note dans ma poche et me rapprochai.

Ning me tendit un verre d’eau. Je bu une gorgée et elle me dit :

― J’en ai parlé avec M. Wang. Coopérons à partir de maintenant, d’accord ?

Coopérer ? Je me souvenais de tout ce qu’elle avait fait dans le tombeau sous-marin pour nous mettre sur une fausse piste et je repensai aux mots que je venais de lire. Que devais-je dire à cette femme ? Maintenant que nous avions trouvé Oncle San, je me sentais beaucoup plus à l’aise, mais il y avait aussi un peu d’égoïsme dans ce réconfort, car je pensais que je pourrais enfin sortir de cet endroit. Seulement, comme l’avait dit mon oncle, nous étions très près de trouver la vérité.

Il semblait que mon oncle était lui-même quelque peu perplexe. Si nous le sauvions et le sortions maintenant, nous pourrions découvrir qu’il était aussi ignorant que nous. Ce serait bien tant que nous mettions tout cela hors de notre esprit. Mais si nous ne le faisions pas, l’oncle San reviendrait certainement, et pourrais-je rester sans rien faire pour l’aider ?

Je réfléchi, serrai les dents et je demandai :

― Comment pouvons-nous travailler ensemble ? Pourquoi ne pas me le dire ? Honnêtement, je dois vraiment réfléchir avant de coopérer à nouveau avec vous.

Elle me regarda, sourit et secoua la tête :

― Oh ça ? Je n’ai pas eu le temps de vous dire au revoir sur l’île. Maintenant, je te remercie de m’avoir sauvé la vie. Quand nous étions sous la mer… c’était un moment très difficile pour moi. Je ne voulais pas vous faire de mal.

― Comment puis-je te croire ? demandai-je en silence tout en allumant une cigarette, Si tu veux vraiment qu’on travaille ensemble, dis-moi de quoi il s’agit. Que cherchiez-vous au fond de la mer ? Et que faites-vous ici ?

― C’est vrai, s’interposa le Gros, Tout le monde doit être franc et honnête avant qu’une coopération puisse avoir lieu.

― Vous n’êtes pas au courant ? dit Ning, surprise, ton oncle San ne t’a rien dit ? Vous n’avez aucune idée et vous osez encore risquer vos vies comme ça ?

Je souris. Si mon oncle m’avait dit la vérité à ce sujet, je me ficherais probablement maintenant qu’il soit mort ou vivant :

― Il ne l’a pas dit. J’ai été un pion sans but tout le long.

Ning fronça les sourcils en me fixant longuement :

― Ce n’est pas étonnant. J’ai toujours pensé que tu jouais un rôle particulièrement puissant parce que je ne pouvais jamais savoir si tu mentais ou non. Et maintenant, il s’avère que tu ne sais vraiment rien du tout.

Pourquoi cette femme voulait-elle travailler avec nous ? Elle avait tant d’assistants et des réserves de nourriture et de matériel adéquates. Nous n’étions que trois, sans rien du tout. Pourquoi avait-elle besoin de nous ? Même si c’était parce que je pouvais effrayer les mille-pattes, elle pouvait simplement m’attacher et m’emmener en captivité. Était-ce parce qu’elle était dans une situation désespérée ou avait-elle une raison impérieuse de nous vouloir avec elle ?

Ning me dévisagea et soupira :

― En fait, nous ne jouons qu’un rôle mineur dans cette affaire et nous ne savons pas grand-chose non plus. Nous ne faisons que travailler pour notre patron, Elle nous fit signe de nous asseoir, puis appela un étranger, Voici Kirk, un sinologue spécialiste de la dynastie des Dong Xia. Il en sait plus que nous tous, alors posez-lui vos questions.

― Malheureusement, je ne peux pas vous dire quel est le motif de notre patron, dit Kirk en me regardant droit dans les yeux, Pour être honnête, je ne suis que le chef d’équipe. Ning et moi savons seulement que nous devons nous rendre à un endroit, éliminer quelque chose et que notre mission est terminée. Nous avions deux objectifs dans le tombeau sous-marin : un sceau de jade impérial, un sceau fantôme, dont la rumeur disait qu’il avait la capacité d’invoquer des troupes du monde des morts, et une carte de ce palais. Malheureusement, nous n’avons trouvé ni l’un ni l’autre.

― Un sceau fantôme ?, je faillis sursauter en entendant cela, Vous parlez du sceau fantôme qui appartenait au chef des soldats morts ? Vous voulez dire qu’il se trouvait dans le tombeau sous-marin ?

Kirk acquiesça :

― C’est exact. J’ai comme dans l’idée que vous en savez un peu plus à ce sujet, n’est-ce pas ? Après que Wang Canghai ait dévalisé la tombe du Maître des Morts, il a remplacé le sceau fantôme par l’un des Poissons de bronze aux sourcils de serpent. Nous avons toujours pensé qu’il avait emporté le sceau dans sa propre tombe, mais nous ne l’avons pas trouvé malgré de nombreuses recherches. Et la carte de cet endroit est probablement entre les mains de votre oncle San. Nous ne savons même pas combien de fois ce vieux renard nous a trompés, néanmoins nous devons coopérer avec lui parce qu’il a beaucoup plus d’informations que nous.

J’hochai la tête et grimaçai à ses paroles sur mon oncle. Je savais très bien ce qu’il voulait dire. Le Gros avait écouté et il m’interrompit :

― Alors, quand Ning est allée sous l’eau avec nous, qu’est-ce qu’elle a ramené ?

Ning coupa la parole à Kirk :

― Ne dis que ce que tu as le droit de dire, c’est tout. C’est tout.

― Qu’est-ce que vous voulez dire ? rétorqua le Gros.

Kirk ne semblait pas se soucier de l’avertissement de Ning :

― Même si tu ne leur dis pas, tu devras quand même le faire tôt ou tard. Mais c’est inutile pour l’instant.

Ning nous lança un regard et tapa du pied :

― J’ai travaillé si dur pour l’obtenir. C’est une aubaine pour vous d’y avoir accès si facilement maintenant.

Elle me tendit une pile de documents dont un ensemble de photos, toutes des fresques murales, qui m’étaient inconnues jusque-là :

― Où avez-vous pris ces photos ? demandai-je

― Elles ont été prises dans la chambre principale du tombeau sous-marin, dit Kirk, Ce sont des fresques narratives très importantes. Regardez bien les photos.

Il y avait quinze fresques. Elles semblaient être liées, mais il n’y avait rien de séquentiel dans ce qu’elles représentaient. L’une d’elles montrait un groupe de personnes escaladant une montagne enneigée. Une autre dévoilait un alpiniste seul surveillant les sommets. Une autre encore montrait des grimpeurs, et enfin une autre représentait des soldats se battant dans une bataille. Rien ne semblait lié d’une manière ou d’une autre.

Kirk réalisa ma confusion. Il tendit l’une des photos et demanda :

― Regardez la première photo. Que voyez-vous ?

La fresque représentait plusieurs personnes habillées en Jurchen qui ligotaient un Chinois Han :

― Est-ce un prisonnier de guerre ?

― On peut dire ça. Mais devinez qui est le prisonnier ? Kirk sourit d’un air mystérieux.

Je regardai à nouveau et je vis que le prisonnier ressemblait beaucoup aux peintures de Wang Canghai sur les récipients en porcelaine que j’avais trouvés dans le tombeau sous-marin :

― Est-ce bien Wang Canghai ? Les Jurchen l’ont-ils attrapé et retenu prisonnier ?

― C’est exact, et c’est la première image de la série. Que raconte une telle image ? Elle suggère que Wang Canghai a pu être retenu captif et forcé à construire ce tombeau.

Je regardai plusieurs autres photos :

― Et celles-ci ?

― Ce sont toutes les choses qui se sont produites après que Wang Canghai ait été fait prisonnier et lorsqu’il tomba entre les mains du peuple Dong Xia. Même si nous ne comprenons pas tout, nous pouvons deviner ce qui s’est passé en nous basant sur les autres photos.

Je regardai attentivement l’une d’elles :

― Celle-là…

Kirk regarda et acquiesça :

― Vos yeux sont très vifs. C’est une photo très importante. Vous voyez qu’il s’agit de la tombe impériale à l’intérieur du cratère volcanique ? Lorsque Wang Canghai a été capturé, elle était déjà construite, mais elle était très endommagée.

― Ah ! répondis-je, Est-il possible qu’il n’ait pas construit le tombeau impérial au-dessus de nos têtes ?

― Nous avons fait des recherches et découvert que le style général de la tombe impériale au-dessus était celui des dynasties Yin et Shang, mais Wang Changhai a été forcé de le transformer dans le style de la dynastie Ming. Les habitants de Dong Xia ne l’ont pas capturé pour construire un tombeau impérial, mais pour en reconstruire un, car ce tombeau était vraiment très vieux et ne pouvait plus être utilisé.

― Le palais ici existait donc déjà avant cela ? demanda Gros-lard.

― Nous avons trouvé l’ancienne route qui mène à cet endroit en étudiant ces photos. Cependant, il y a encore des photos que nous n’arrivons pas à comprendre. Comme celle-ci, dit Kirk.

La troisième photo en partant de la fin représentait une fresque d’innombrables esprits maléfiques se précipitant d’un rocher. Une autre montrait une sorte de mollusque noir grimpant sur un précipice où des gens déversaient quelque chose d’en haut.

Je tremblais en regardant les photos. Je soupirai et je m’apprêtai à m’asseoir pour regarder plus attentivement lorsque Ning me prit par la main :

― Ok, on t’a raconté notre histoire. Tu peux regarder les photos à nouveau quand tu veux. Tu ne veux pas nous dire quelque chose maintenant ?

― Vous dire quoi ? demandai-je, déconcerté.

― Je n’ai pas caché ce que je sais. Maintenant, qu’est-ce qui se passe entre vous et Wu Sansheng ? Vous ne pouvez pas être plus dépourvus de charité qu’une femme comme moi, n’est-ce pas ?

― Y a-t-il quelqu’un du nom de Wu Laosi dans votre équipe ? Je lui répondais par une question.

Elle hocha la tête :

― Pourquoi ? Tu le connais ?

Je sortis les deux poissons de bronze de ma poche et les ai projetés devant elle :

― Tout ce que tu as besoin de savoir se trouve ici. Si Wu Laosi n’est pas mort, amenez-le moi.

Kirk faillit s’évanouir et le regard de Ning se figea tandis qu’elle bégayait :

― Mon Dieu ! Tu as vraiment deux… deux d’entre eux… Ses yeux suivirent les poissons pendant que je les plaçais dans la lumière.



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