Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 21 – 17h20 – Village dans les montagnes, Mont Malabito, General Nakar, Quezon
Après avoir ramené Nicole à l’intérieur de la maison, Mark la laissa s’allonger confortablement sur le lit, malgré le fait que le lit en bois n’était pas vraiment confortable. Cette fois-ci, Mark, qui n’avait aucune émotion, se sentit un peu bizarre en regardant la jeune fille inconsciente. Avant qu’il ne lui dévoile son visage, il pouvait voir à quel point elle se débattait malgré sa maladie. Mais dès qu’elle l’avait reconnu, elle avait abandonné sa lutte et s’était retrouvée sans défense face à lui. Jusqu’à quel point fallait-il lui faire confiance ? Ou était-ce simplement parce qu’elle n’avait pas d’autre choix ?
Non, son expression soulagée indiquait qu’il s’agissait du premier, sinon, pourquoi aurait-elle laissé échapper cette expression. Mais pourquoi ?
« Mon S-… »
N’avait-elle pas confiance en son groupe ?
« Mon Seig-… »
Peut-être qu’elle ne connaissait pas vraiment les membres de leur groupe à part Hallie.
« MON SEIGNEUR !!!
– Qu’est-ce qu’il y a ? »
Mark tourna la tête vers Amihan qui lui criait déjà à l’oreille.
« Pourquoi es-tu dans les vapes ? Connais-tu cette femme humaine ? »
demanda Amihan en désignant Nicole.
« Je ne suis pas dans les vapes. Je pense juste à quelque chose et je la connais. Pourquoi ?
– Euh… Rien, c’est juste que ça m’a paru étrange que tu la regardes fixement. »
Mark prit alors la sylphide sur son épaule et la fixa.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Il ignora son opposition et la posa sur un autre oreiller.
« Tu es fatiguée toi aussi, alors repose-toi. »
Ce qu’Amihan avait fait à l’autre homme armé était inattendu, mais ce n’était pas surprenant puisqu’elle était un esprit du vent. Cependant, il semblait que cela l’avait beaucoup affectée, car sa peau déjà pâle semblait encore plus pâle. Il était très probable que même si elle pouvait faire cela, contrôler le vent au point de faire voler un homme adulte à cette distance, ce n’était pas quelque chose qu’elle pouvait faire comme elle le voulait. Si elle y parvenait, il n’y avait aucune raison pour qu’elle soit effrayée par les animaux et les insectes de la forêt.
La petite sylphide ne voulait pas se reposer puisqu’il y avait d’autres humains autour d’elle, mais sa résistance était vaine. Après que Mark ait utilisé son doigt pour pousser sa tête sur l’oreiller et l’ait caressée confortablement, elle s’endormit presque immédiatement. Elle succomba à sa propre fatigue due à un effort excessif, sans compter qu’elle n’avait pas dû se reposer suffisamment la nuit dernière. Lorsque le sanglier s’était aventuré dans le village la veille au soir, Amihan n’était toujours pas là. Il était probable qu’elle soit rentrée après cette heure.
Regardant Nicole qui avait de la fièvre, les yeux de Mark devinrent résolus. Puisqu’elle lui faisait confiance à ce point, il devait lui rendre la pareille. Mark avait plutôt de mauvaises relations avec sa famille et il accordait beaucoup d’importance à l’amitié. C’était juste qu’il avait du mal à se mêler aux autres, même s’il essayait, ce qui le poussait à s’éloigner de presque tout le monde.
Il y avait aussi cette affaire qu’il avait vécue à l’université et qui avait poussé Freed à sceller la plupart de ses souvenirs à l’époque. Malheureusement, la méthode utilisée par Freed pour l’amener dans son subconscient lui avait également permis d’ouvrir librement les souvenirs de son subconscient. Même les souvenirs qu’il ne voulait plus se rappeler avaient commencé à le hanter de temps en temps depuis qu’il s’était réveillé. Il se souvenait que ce qui s’était passé à l’université l’avait presque poussé à se suicider. Heureusement, Freed existait déjà en lui à ce moment-là et l’avait empêché de se suicider.
L’incident de l’enlèvement de Mei n’était pas la première fois que Freed lui sauvait la vie.
L’inconscience de Nicole lui avait fait ressentir quelque chose qu’il n’avait jamais ressenti depuis longtemps de la part d’un ami.
Pourtant, il s’agissait d’un énorme problème. La fièvre de Nicole n’était pas due à l’évolution, elle avait donc besoin de médicaments appropriés. Malheureusement, tout le village était dépourvu de médicaments modernes pour soigner les maladies. Comment les habitants de ce village soignaient-ils leurs malades ? Peut-être que, comme il s’agissait d’une montagne boisée, ils utilisaient des plantes médicinales. Il se souvint avoir vu des feuilles séchées dans l’une des cabanes en nipa du village. Si ces feuilles étaient le remède, il n’était pas étonnant que le village semblait abandonné depuis longtemps.
Après avoir tourné un peu autour de la maison, Mark sortit.
***
Depuis que Mark avait amené Nicole dans la maison, les gens dehors parlaient à voix basse.
« Est-ce que c’est vraiment bien de laisser Nicole à ce type ? Et s’il lui faisait quelque chose ? Elle s’est évanouie, tu sais ? »
Trisha demanda à Hallie, mais c’est Huey qui répondit.
«Même s’il voulait faire quelque chose à l’un d’entre nous, nous ne pourrions pas résister.
– C’est ce que dit quelqu’un qui s’est dégonflé. »
Jollene regarda Huey avec mécontentement mais ce dernier se contenta de hausser les épaules.
« Je sais ce que tu veux dire, mais je suis juste rationnel. Quelqu’un qui peut couper une balle en deux n’est pas une personne ordinaire, alors dès le départ, nous n’avions aucun moyen de gagner. D’ailleurs, puisque tu aimes bien Jefferson, pourquoi ne pas l’aider ? Je suis sûr qu’il apprécierait. »
Huey regarda Jefferson qui était inconscient, couvert des organes du grand singe mort. Jollene regarda également Jefferson et détourna la tête avec dégoût. Ce n’était pas un secret qu’elle avait le béguin pour Jefferson depuis l’époque de la compagnie, mais même si elle avait déjà rencontré des zombies et d’autres choses du même genre, des choses dégoûtantes restaient dégoûtantes. Même si elle voulait aider Jefferson, il était hors de question qu’elle le touche maintenant.
Pendant qu’ils parlaient, Mark sortit de la maison, ce qui les rendit silencieux. Les trois hommes qui avaient été abattus en premier s’étaient déjà un peu remis, mais aucun d’entre eux n’avait le courage de regarder Mark et se contentait de s’asseoir derrière le groupe qui n’avait pas participé au combat. Aucun d’entre eux n’avait essayé d’aider Jefferson ou Sherwyn pour une raison évidente. Les deux étaient les principaux coupables et à voir comment Mark traitait Jefferson inconscient, il était probable que la personne qui l’aiderait serait soumise à un mauvais traitement.
Ils ne s’y trompaient pas. Au moment où Mark sortit, il ne fit que balayer du regard les autres personnes assises sur l’herbe devant la maison et se dirigea vers Jefferson.
« Tsk. »
Mark fit claquer sa langue en observant l’état du singe pendu. Ses yeux devinrent plus froids lorsqu’il regarda l’homme inconscient qui se trouvait en dessous. Il n’y avait rien à faire pour sauver la peau du singe qui avait été poignardée et coupée de tous les côtés. Même le dos n’avait pas été épargné. Il semblait que ce type inconscient avait trop joué avec son couteau. Puisque la peau était coupée et que la chair et les organes étaient exposés, il fallait moins de temps pour que la viande se dégrade.
Malheureusement, il n’avait pas le temps de la traiter, car il était déjà tard et vu la taille du singe, cela prendrait trop de temps. En d’autres termes, le singe qu’il avait péniblement attiré ici n’était plus qu’une carcasse sans valeur.
Prenant le couteau que ce type avait même essayé de cacher dans sa poche, Mark commença à couper les cordes qui attachaient le singe, le faisant tomber sur l’homme inconscient. Il avait ensuite levé son pied droit, avait marché sur le dos du singe et avait commencé à l’écraser avec son pied. L’inconscient Jefferson était alors encore plus recouvert d’une substance dégoûtante.
« Hé, ça ne suffit pas ?! »
Jollene ne pouvait plus supporter de voir cette scène et beugla après s’être levée. Cependant, lorsque Mark tourna la tête vers elle, la façon dont il bougeait son pied au-dessus de la carcasse s’intensifia encore plus.
« Toi… Pourquoi fais-tu cela ? Nous savons que nous avons eu tort de nous immiscer ainsi, mais ce n’est pas suffisant pour nous tourmenter de la sorte, n’est-ce pas ? »
demanda-t-elle avec émotion.
De l’autre côté, Mark inclina la tête sans émotion sur son visage et parla.
« Je ne te tourmente pas. »
Jollene était stupéfaite et ne savait pas quoi répondre. Ce qu’il disait était vrai puisqu’il ne faisait cette chose dégoûtante que pour Jefferson, mais quoi qu’il en soit, cela leur donnait un sentiment de tourment.
« C’est à cause de ce singe ? Peut-être avais-tu quelque chose de prévu pour cela ? »
Huey remarqua que seul Jefferson recevait le pire traitement et c’était comme si Mark se défoulait sur lui pour quelque chose qu’il avait fait. La seule chose qu’il avait fait fut de sortir le couteau de la maison et de s’amuser avec le singe mort.
Mark regarda Huey et n’eut pas l’idée de nier.
« J’avais l’intention de transformer la viande et la peau de ce singe. Tout cela ne vaut plus rien maintenant.
– Ce n’est qu’un singe mort ! »
cria Jollene.
Son cri rendit les yeux de Mark encore plus froids et la fit reculer de peur. Mark prit alors un ton très froid, comme s’il les condamnait à la pire des choses.
« Alors, ce n’est qu’un singe mort, n’est-ce pas ? » Mark donna un coup de pied dans les tripes qui s’étaient répandues, recouvrant ainsi le visage de Jefferson. « Puisque ce n’est qu’un singe, tu peux m’en donner un autre ? Il devrait être dans le même état que la viande et la peau. »
Jollene commença à regretter ce qu’elle venait de dire. Ce qu’il avait dit ne consistait pas à lui demander de lui donner un autre animal similaire. En fait, il lui demandait de mourir. Il n’était pas nécessaire de mentionner l’échange d’un animal dans le même état, il n’y avait aucun moyen pour elle de s’échapper d’un seul animal sans mourir.
Heureusement, Hallie et Huey ne voulaient plus de morts inutiles dans leur groupe. Ils avaient déjà perdu beaucoup pour arriver jusqu’ici. Avec Mark dans les parages, cet endroit était plutôt sûr puisqu’il était évident qu’il pouvait y vivre seul. Mourir ici n’était rien d’autre qu’une question inutile.
« Nous allons compenser avec tout ce que nous pouvons faire, alors s’il te plaît, ne nous envoye pas à la mort juste comme ça.
– Oui. Sois un peu indulgents, juste pour le bien de Nicole, d’accord ? »
Huey et Hallie intervinrent respectivement tandis que les deux fixaient Jollene en lui faisant signe de ne pas empirer les choses.
« Tsk. » Mark fit claquer sa langue, ce qui donna l’impression qu’il avait hâte que Jollene meure. Il poursuivit. « Rappelez-vous ce que vous avez dit tous les deux, je vais vous faire travailler comme des esclaves. »
« Des esclaves… C’est… »
Trisha ne put s’empêcher d’exprimer son hésitation, ce qui poussa Mark à la regarder.
« Cela ne me dérange pas si certains d’entre vous ne peuvent pas l’accepter. Ceux qui ne l’acceptent pas peuvent quitter le village maintenant. »
Mark donna un autre coup de pied sur la tête de Jefferson avant de se retourner et de partir. Il alla reprendre ses affaires à l’entrée du village. Quant aux autres, cela ne le dérangeait pas vraiment qu’ils partent. Lorsqu’il revint, aucune personne ne bougea de sa position. Même s’ils ne voulaient pas accepter ce que Mark venait de dire, ils ne pouvaient que rester. Il faisait presque nuit et comme la plupart d’entre eux étaient blessés, c’était un véritable suicide que de quitter cet endroit.
Pendant que tout le monde discutait de ses plans, Mark passa, portant un panier métallique, son sac et un gallon d’eau de source, et entra dans la maison. Il ne tarda pas à sortir à nouveau. Cette fois, il portait une pelle et le couteau de cuisine noir. Il lança les deux outils vers le groupe.
« Voici votre première tâche. Allez creuser un trou et enterrez le singe à l’extérieur du village. Vous pouvez aussi récupérer la viande de ce singe si vous voulez cuisiner et manger quelque chose. Ensuite, vous pouvez choisir n’importe quelle maison pour vous reposer, à part celle-ci. » Mark désigne la hutte en nipa la plus proche. « Hallie, suis-moi à l’intérieur. »
Mark se retourna sans attendre leur réponse. La façon dont il parlait signifiait qu’ils n’avaient pas d’autre choix que d’obéir à ses ordres.