Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 30 – Le Message secret
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Chapitre 30 – Le Message secret

« La Tortue Noire rejette le cadavre », quelle bêtise, ce devait être un problème d’interprétation. Oncle San n’avait pas du tout dit cela. Comme nous connaissions le Livre des Sépultures, nous avions ajouté cette signification une fois que nous avions entendu le message.

Comme je le pensais, il n’y avait rien de vraiment secret dans ces paroles. Mon oncle avait simplifié son message pour pouvoir me le transmettre devant d’autres personnes. Et moi seul saurais ce que cela signifiait vraiment. Il semblait avoir déjà pensé que des personnes, qui ne faisaient pas partie de son plan, viendraient certainement avec moi dans la tombe impériale.

― Écoutez, expliquai-je à mes compagnons, nous avons vraiment commencé dans la mauvaise direction. La raison la plus importante pour laquelle oncle San a dit que j’étais la seule personne à pouvoir comprendre son message n’a rien à voir avec nos similitudes, mais parce que je suis né et ai grandi à Hangzhou, et que je parle le dialecte couramment. C’est la clé.

― C’est la prononciation ? demanda Gros-lard.

― Et c’est ce qui m’a trompé, dis-je, Shunzi a répété le message avec les mauvais tons.

― Putain, je n’y ai pas pensé. Alors que signifie « La Tortue Noire rejette le cadavre » en dialecte de Hangzhou ? demanda Grande-Gueule.

― Laissez-moi vous expliquer. Le message d’oncle San comprenait en fait trois autres mots : ‘l’endroit où’. En mettant tout cela ensemble dans le bon dialecte, il voulait dire : ‘C’est le long de l’eau au fond du canal de la rivière !’

― Belle interprétation – bon travail, dis le Gros.

― Maître San est vraiment un maître, ajouta Grande-Gueule, Si Chen Pi entendait cette phrase, il réfléchirait à la signification de « La Tortue Noire rejette le cadavre » jusqu’à ce que sa tête éclate.

― Eau du canal de la rivière ? dit le Gros après mûre réflexion, Mais il n’y a pas de canal ici, non ? Est-ce qu’il pourrait y avoir une rivière dans la tombe impériale ?

―Pas dans la tombe. Il peut y avoir une source dans une tombe, mais pas une rivière, car le niveau d’eau d’une rivière est incontrôlable. S’il est trop élevé, la tombe serait inondée, et s’il est trop bas, cela serait aussi destructeur. De plus, une rivière exposerait l’emplacement de la tombe. La rivière dans le message est probablement ce fossé, dis-je.

― Alors nous sommes tombés sur la bonne piste ? demanda Grande-Gueule.

― Je ne peux en être certain. Tout compte fait, nous n’avons pas encore pénétré dans la tombe impériale et nous n’avons aucune idée de la situation à l’intérieur. Mais selon ce qui est devant nous et toutes les informations que nous avons recueillies jusqu’à présent, je suis assez sûr d’avoir raison.

― Si la rivière est le fossé, est-ce que ce serait ce canal là-bas ? Gros-lard se leva et regarda vers le fossé sacrificiel rempli de statues.

― Mais il n’y a pas d’eau dans ce fossé, dit Grande-Gueule, dubitatif.

― Avant de laisser ce message, Maître San n’avait peut-être pas encore visité cette tombe. Ce qu’il a dit est probablement basé sur un indice qu’il a obtenu quelque part, peut-être un livre ancien ou une carte, créé par quelqu’un qui n’imaginait pas qu’un jour il n’y aurait pas d’eau dans ce fossé.

― Qu’est-ce qu’on attend alors ? Allons-y !, s’exclama le Gros.

― Attends une minute, le Gros, dit Grande-Gueule en le retenant, Tu vois à quel point le jeune maître Wu est gravement blessé ? Et il n’a même pas encore eu de repos. Tu veux y aller et le laisser mourir ici ?

― D’accord, d’accord, le Gros attrapa le bras de Shunzi :

― Eh bien, nous deux, nous allons y aller et tester les eaux en premier. Grande-Gueule, prends soin du jeune Wu pendant que nous vérifions les choses.

Shunzi se libéra de l’emprise du Gros :

― Mon travail est de vous amener, dit-il en me désignant, en sécurité jusqu’à votre Maître San. Je n’en ai rien à faire du reste d’entre vous ou de ce que vous voulez faire. Je reste ici.

― Ca va le Gros, maintenant tu sais qui compte ici, n’est-ce pas ? dis-je en souriant.

― D’accord. Vous, les gars, restez ici et je vais y aller seul. Et tout ce que je trouve est à moi. Je ne partage pas avec aucun d’entre vous, bâtards. Il prit son fusil, fit quelques pas et s’arrêta.

― Tu as déjà peur ? raillai-je.

Il grogna en s’asseyant près de la chaleur de la lampe de Grande-Gueule :

― Bien sûr que je n’ai pas peur. Vous, les gars, voulez réellement que j’y aille, mais je ne suis pas aussi stupide. Si je trouve quelque chose, vous pourriez me l’arracher des mains, peut-être même me tuer pour l’obtenir. Je ne vais pas faire quelque chose d’aussi bête.

― Ne pense pas que nous sommes tous comme toi, taquina Grande-Gueule.

― D’accord, arrêtez de vous chamailler, criai-je, Il est environ minuit maintenant. Profitons du temps de repos dont nous disposons.

Grande-Gueule jeta un coup d’œil à sa montre et acquiesça. Il ralluma la lanterne pour réchauffer l’air autour.

Le Gros alluma une cigarette :

― Je prendrai le premier tour de garde.

Je le regardai fixement :

― Je ne veux pas me réveiller au milieu de la nuit et te trouver parti pour piller tout ce que tu peux trouver. Tu peux avoir ce que tu veux une fois que nous entrerons dans le tombeau, mais pour le moment, tu dois te détendre et m’écouter.

― Qui diable penses-tu que je suis ? Tu peux me faire confiance. Sachant parfaitement que je ne pouvais pas lui faire confiance, j’étais trop épuisé pour argumenter avec lui.

Lorsque je me réveillai, Grande-Gueule montait la garde et Gros-lard ronflait comme une centaine de grenouilles. En vérifiant ma montre, je remarquai que je n’avais dormi que cinq heures. Mon corps me faisait tellement mal que dormir davantage aurait été peine perdue :

― Laisse-moi prendre le tour un moment, proposai-je, mais Grande-Gueule n’avait pas besoin de pause. Nous restâmes silencieux pendant que je fumais une cigarette et attendais que mon cerveau se réveille.

― Penses-tu que Maître San va bien? Grande-Gueule rompit soudainement le silence, Je suis vraiment inquiet pour lui.

Je le regardai avec humilité. Grande-Gueule était un soldat qui avait vu ses amis mourir devant ses yeux au combat, pourtant il avait encore de la loyauté à offrir à mon oncle, un homme qui semblait être un menteur et un tueur. Je me demandais ce que ce dernier avait fait pour mériter un ami comme lui :

― Ne t’inquiète pas. Mon oncle est un vieux dur à cuire, il sait prendre soin de lui-même. Pour l’instant, nous devons nous inquiéter de notre sort, car nous ne savons pas ce que nous faisons ni pourquoi nous sommes ici.

― Malheureusement, je ne suis pas assez intelligent pour comprendre les choses que fait le Maître San, soupira Grande-Gueule, autrement, il n’aurait pas à faire toutes ces choses dangereuses en solo, il pourrait m’envoyer à sa place.

Je lui souriais sans lui répondre. Ce que fait mon oncle n’est pas forcément dangereux , pensais-je, c’est en réalité plus dangereux pour nous. Nous le suivons toujours, essayant de comprendre ses petits complots pendant qu’il nous mène par le bout du nez. Jusqu’à présent, nous avons eu de la chance, mais tôt ou tard, nous tomberons dans un piège dont nous ne pourrons pas sortir.

Une chose semblait certaine, oncle San n’était pas retenu captif par Ning et son groupe. Il était probablement déjà à l’intérieur du palais. Les informations qui l’avaient mené là-bas provenaient sans doute de quelque chose découvert dans la tombe sous-marine, et c’était pourquoi Ning, son groupe et lui étaient allés à Xisha en premier lieu. Leur objectif n’avait jamais été la tombe sous-marine, mais le Palais dans les Nuages. Ils avaient fait de la plongée pour chercher des indices quant à l’emplacement de cette tombe dans les montagnes de Changbai.

Ning avait été séparée de nous pendant un long moment dans la tombe sous-marine. Alors que nous étions en fuite et tourmentés par les pièges, elle aurait pu trouver les mêmes informations que mon oncle. C’était probablement ainsi que les corps que nous avions vus pendus à la poutre avaient réussi à arriver avant nous. Ils étaient entrés par un passage secret que seuls eux et peut-être mon oncle connaissaient.

C’était la différence qu’il y avait entre nous. Nous étions complètement ignorants et n’avions aucune idée de ce qui nous attendait, tandis que eux avaient toutes les informations nécessaires, mais nous n’avions pas d’autre choix que de continuer.

Je m’interdisais d’en parler aux autres. Pour Grande-Gueule, mon oncle était presque un dieu. Il ferait tout ce qu’il lui dirait, quoi qu’il puisse arriver. Shunzi était un étranger, purement et simplement, pour lui, il s’agissait d’une affaire commerciale et il ne se souciait que de l’argent. Pour le Gros, c’était encore plus simple. Il était là pour le butin, et mon oncle n’était pour lui qu’un pronom ennuyeux, « lui ». Le seul qui se souciait de ma théorie, c’était moi. J’étais le seul à être perplexe et confus, tout le monde menait une vie beaucoup plus simple et soudain, je les enviais.

― Comment te sens-tu ? demanda Grande-Gueule, Tu as besoin de dormir encore un peu, qui sait quand tu auras une autre occasion de le faire.

― Il y a peu de chances que cela se produise avec le Gros qui ronfle de la sorte. Ecoute le, il parle en dormant dans un dialecte incompréhensible. On dirait qu’il est en train de passer un marché avec quelqu’un.

Grande-Gueule lança un caillou en direction du Gros, ce qui interrompit son ronflement et ses murmures suffisamment longtemps pour que je puisse m’endormir à nouveau pendant quelques heures.

Nous fîmes ensuite nos bagages et retournâmes dans la tranchée, parmi les statues noires et brisées qui s’étendaient dans l’obscurité. Gros-lard y balaya le faisceau de sa lampe des deux côtés :

― Ton oncle San nous a dit de suivre le cours de l’eau, mais il n’y a pas d’eau ici. Alors, quelle direction devrions-nous prendre ?

Grande-Gueule s’approcha d’une des statues et pointa dans la direction de son regard :

― A en juger par les taches d’eau sur la pierre, l’aval devrait être dans cette direction.

Nous commençâmes à marcher avec précaution vers l’obscurité en suivant les statues. Le fossé était accidenté et inégal. Dans certains endroits, elles étaient gravement endommagées, comme si un géant les avait écrasées sous ses pieds.

Plus nous avancions et plus les imposants murs du fossé disparaissaient dans le noir. Sur ce, nous ralentîmes notre allure. Puis, Gros-lard, qui était en tête, s’arrêta brusquement. Je me rendis à ses côtés et je suivis le faisceau de sa lampe.

Nous étions arrivés au bout du canal. Les statues avaient disparu. Devant nous se dressait un grand mur en pierre, avec quelque chose sculpté dessus qui ressemblait à une représentation de Bouddha. Il y avait une ouverture rectangulaire sous le lit de roche du mur où de nombreuses pierres avaient été retirées, révélant un trou sombre à l’intérieur, certainement un autre tunnel d’évasion, secrètement creusé par les constructeurs du tombeau.

― Encore un tunnel ? s’exclama Grande-Gueule, Comment se fait-il que l’ouverture soit ici ? C’est impossible.

― Pourquoi penses-tu cela ? demanda le Gros, Tu ne l’as pas creusé.

― Tout cela était sous l’eau quand ça a été construit, répondit Grande-Gueule, Tu crois que ces travailleurs étaient des poissons ?

― Hé, interrompit Shunzi, Taisez-vous et venez par ici. Il y a quelque chose que vous devez voir.

En regardant un rocher à côté de l’ouverture, nous pûmes lire quelques mots qui avaient été gravés en anglais.



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