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Traductrice : Moonkissed
Auteur : Emperor Penguin
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« Vous faites de drôles de blagues.
– Par ici, vite ! »
Rani indiqua un coin de rue. C’était le chemin qu’elle avait emprunté pour retrouver l’équipe de Jin.
Jin, Quikantel et Kuzan s’élancèrent devant elle. Au moment où Kuzan disparut, une vingtaine de paladins arrivèrent sur les lieux.
« Rani Salomé ! Où sont-ils ? ! »
grogna le chef en regardant les paladins étalés sur le sol.
Rani n’avait pas dégainé son épée et le chef n’avait pas l’air très content. Les autres paladins soupirèrent de déception.
Ils savaient déjà que Rani ne s’attaquait jamais à quiconque n’était pas un ‘hérétique’.
Et selon ses critères, cela n’incluait que les personnes qui s’étiquetaient elles-mêmes comme telles, ou celles décrétées par le Saint Roi McLan.
« Je suis sincèrement désolée, je les ai perdus. Je les ai vus se diriger vers la zone 1, nous devrions les y poursuivre…
– Hmph ! De toute façon, ce sont des rats acculés dans ces limites. Ils seront rattrapés tôt ou tard. Cependant, Rani Salomé, il semble que tu n’aies pas dégainé ton épée malgré la chute de tes camarades. Tu te dis paladin prestigieux malgré cela ? »
Ses yeux ne quittaient pas le sol, mais elle serra les dents.
« Je recevrai n’importe quelle punition. Mais je crois que nous devrions d’abord poursuivre les intrus.
– Tu ne fais que décevoir. Combien de temps penses-tu qu’ils pourront te garder à ce poste ? Laisser les hérétiques en liberté, tch !
– Alors allez les chercher ! Comment le cinquième chef pourrait-il savoir qui est hérétique ou non ? Ne sont-ils pas simplement des intrus ? »
répliqua Rani.
Le chef lui jeta un regard noir mais se contenta de secouer la tête.
« Croisade 3, emmenez les soldats inconscients à un prêtre et regroupez vous près de la zone 1. Paladin Rani Salomé, retourne au camp de base et rends ton arme et ton armure. Si tu désobéis, je ne sais pas ce qui t’arrivera. Compris ? »
Les paladins partirent chacun de leur côté. Certains passèrent près de Rani pour aider les paladins au sol et certains d’entre eux grognèrent.
« J’aurais aimé avoir un père comme le tiens. De si petites conséquences pour la désobéissance aux ordres.
– Sais-tu que tu es plus hérétique qu’un hérétique ? Enregistre-toi pour une relocalisation et arrête de souiller notre division. »
Elle était donc seule.
L’équipage de Jin écoutait depuis le début.
‘Rani Salomé… Je savais que j’avais entendu ça quelque part. C’est le nom de la fille adoptive du saint roi.’
Jin se souvient d’avoir lu un article sur elle dans sa vie antérieure.
On y racontait qu’elle buvait toujours de l’alcool et qu’elle se ridiculisait en tant que fille du saint roi. C’était quelque part au fond de sa mémoire, mais il ne s’en souvenait que parce qu’il s’agissait de la fille du roi.
Rani balaya les environs du regard avant de s’enfoncer dans la ruelle pour retrouver Jin.
« Bon, c’est terminé. Replaçons-nous dans un endroit plus sûr.
– Avant cela, on dirait que vous allez nous aider, mais pourquoi ? Comment savez-vous que nous sommes affiliés au dragon noir ? »
Rani ne répondit pas.
Jin regarda son visage vide tenter de formuler une réponse.
« …Je fais partie des Protecteurs de la Doctrine, de la Division du Jugement…
– Vous l’avez déjà dit.
– Cependant, avant d’être un paladin, j’étais un citoyen de Vankella. Je transmets le message de notre Père généreux et indulgent. »
Elle s’est présentée d’une manière inadaptée.
Mais il semblait qu’elle voulait faire connaître ses valeurs.
« Cependant, mon travail consiste à aveugler le peuple, à répandre des mensonges, à déguiser le mal en bien et à corrompre le monde avec le pouvoir que j’exerce. Le vrai méchant que nous devons poursuivre est le dragon de feu, Kadun. Le dragon noir essayait d’empêcher la ville de brûler ».
Rani tremblait de colère.
« Est-ce que vous comprennez bien pourquoi j’essaie de vous aider ?
– Il essayait donc de sauver la ville ? Continue, paladin. Où est-il maintenant ? »
Quikantel posa ses mains sur les épaules de Rani et demanda.
« …Suivez-moi, s’il vous plaît. Nous n’avons pas beaucoup de temps. »
Rani conduisit l’équipe dans les rues principales.
La plupart des bâtiments avaient « fondu ». Les flammes de Kadun émettaient des gaz toxiques qui rendaient les réparations impossibles.
Les prêtres et les magiciens avaient renoncé à la restauration et ne se souciaient même pas de boucler la zone.
« Permettez-moi de lancer une protection divine…
– Mon amie et moi n’en avons pas besoin, alors ne vous occupez que d’elle.
– Les toxines sont puissantes.
– Ne vous inquiétez pas. Allons-y.
– Compris. »
Rani jeta une barrière de protection divine autour d’elle et de Quikantel.
« Les autres ne nous trouveront pas ici avant au moins trente minutes.
– Où est le dragon noir ?
– Par ici.
– Ce type ne peut pas supporter autant de fumée.
– Je l’ai déjà protégé, alors ne vous inquiétez pas. Cependant, avant d’aller le voir, j’aimerais vous demander une chose. Êtes-vous Jin Runcandel ? »
Kuzan et Quikantel furent surpris par ces mots.
Jin acquiesça calmement.
« On dirait qu’il n’a pas pu se taire.
– En effet. Sir Murakan l’a demandé. Pour le protéger puisque Jin Runcandel arriverait rapidement. Veuillez me prouver que vous êtes bien lui. De mon point de vue, ne pourriez-vous pas également être des sous-fifres de Kadun ? »
Il n’avait rien de particulier à prouver. Il avait Bradamante, mais seuls les guerriers des Runcandels et des Huphesters reconnaissaient de telles armes.
« Quelque chose ?
– Hé, arrête de le tester. Si nous étions vraiment avec le dragon de feu, pourquoi ferions-nous une intrusion aussi compliquée ? »
Kuzan prit la parole, une dague sous la gorge de Rani.
« Vous croyez que j’aurais peur d’une menace ? Si j’avais un doute raisonnable, je ne vous aurais jamais amené ici. De plus, sachez que si je meurs, Sir Murakan mourra avec moi.
– Range cette dague, Kuzan. »
Kuzan recula.
Rani avait l’air déterminée malgré ses trois adversaires. Elle ne révélerait certainement pas l’emplacement de Murakan si Jin ne prouvait pas son identité.
« Je n’ai rien de tangible, mais à la place… je peux révéler qu’il est mon dragon gardien. »
whooooom…
Jin rassembla de l’énergie spirituelle sur sa paume.
« C’est l’énergie de Solderet. Que vous pensiez que je suis Jin Runcandel ou non, je suis le maître d’œuvre des ombres. Dois-je en dire plus ? »
Ce n’était pas le moment de cacher son identité d’entrepreneur.
« Non, c’est suffisant.
– Est-il en sécurité ?
– Honnêtement, pas vraiment. Il est gravement blessé, et…
– Alors, allons-y. Vite ! »
Le cœur de Jin menaçait d’éclater de sa poitrine, mais il ne le montrait pas.
Comme une marmite de métal en fusion bouillonnant à l’intérieur de lui, toutes sortes d’émotions se mélangeaient et bouillaient ensemble, lui causant une grande anxiété.
‘Dragon de feu Kadun. Je ferai en sorte que tu subisses le même sort, si ce n’est pire. »
Rani arracha une planche du sol.
Des cendres s’envolèrent de la planche déchirée, et une lumière orange fut visible à l’intérieur.
La même couleur que la barrière de Rani. De la magie divine.
À l’intérieur se trouvait un petit chat noir, recroquevillé en boule.
« Murakan… ! »
Le bras droit et le meilleur ami de Solderet, le premier né des ombres. Le seul dragon gardien de Jin.
C’était lui.
Rani l’avait caché dans ce bâtiment empoisonné pour que les recherches soient infructueuses. Sans ses sorts, il ne serait pas en vie.
Jin prit Murakan dans ses bras, Quikantel versa une larme et Kuzan soupira de soulagement.
« Je vais vous expliquer ce qui s’est passé. »
Rani décrivit les événements qui avaient conduit au combat.
Son objectif était d’aider Kadun à capturer le ‘monstre’ et de ‘nettoyer’ la ville des hérétiques.
Cependant, Rani savait clairement que ce n’était pas vrai…
Les civils tombaient comme des mouches sous les attaques inconsidérées du dragon de feu, et le dragon noir empêchait le village de tomber.
Parmi les paladins envoyés, elle était la seule à se sentir coupable.
De plus, elle avait manipulé les civils sous prétexte de ‘nettoyage’.
« Il n’a même pas fallu deux heures pour que tout le monde croie que c’était la faute du dragon noir. Même s’il était évident que Kadun en avait massacré bien plus. »
Elle était arrivée alors que la bataille s’achevait lentement.
Kadun avait brûlé le village pour que Murakan ne puisse pas s’échapper. D’un autre côté, Murakan avait déployé toutes ses forces pour réduire le nombre de victimes.
Murakan avait finalement réussi à s’échapper, ou du moins c’est ce qu’il semblait. Kadun s’envola, supposant que Murakan était parti.
« Il semblait que Murakan n’avait pas assez d’énergie pour aller loin. Kadun le poursuivit immédiatement, et Murakan gagna la partie. Au moment où Kadun quitta le village, Murakan y entra à nouveau. »
Il se retransforma en humain et tomba dans Santel, de nouveau dans le village en flammes.
Kadun était trop occupé à chasser des « ombres » de lui, il n’avait donc pas vu Murakan retomber.
Et Rani avait vu tout cela. Un miracle.
Rani pouvait le sauver, mais le problème suivant était les paladins envoyés.
« Si je ne l’avais pas soigné immédiatement, son état aurait été pire. Cependant, je ne pouvais pas l’envoyer chez un prêtre. Sa transformation a été plutôt précipitée, il avait donc des écailles ici et là. »
Rani avait frénétiquement lancé ses sorts divins, mais ce n’était pas suffisant.
Avant de perdre complètement connaissance, Murakan laissa quelques mots à celui qui le soignait. Il promit que Jin Runcandel viendrait.
« Puis il s’est transformé en chat et s’est évanoui. Depuis, je l’ai caché ici.
– Jin, ce n’est pas une transformation volontaire. Elle a été forcée. Nous en reparlerons plus tard.
– Je vais vous montrer la sortie.
– …Rani Salomé. Avec le serment solennel de Solderet et Runcandel, je rembourserai cette dette. Je vous retrouverai une fois que vous aurez regagné le royaume sacré. »
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