Leylin passa la porte et se dirigea vers la chambre d’Isabel. Isabel était devenue très recluse depuis leur rencontre, et avait même chassé les servantes d’origine.

*Toc ! * Leylin frappa poliment à la porte.

« Qui est là ? N’ai-je pas dit que je ne devais pas être dérangée ? » La voix d’Isabel semblait plutôt en colère.

« C’est moi » dit Leylin calmement. La porte s’ouvrit pour révéler le visage d’Isabel. Cependant, il y avait une rougeur peu naturelle sur ses joues, comme si elle avait fait un exercice rigoureux, ou peut-être une cérémonie.

« Qu’est-ce qu’il y a ? Je me prépare à me reposer ! » Après avoir vu Leylin, Isabel sembla troublée l’espace d’un instant.

« Tu ne vas pas m’inviter à entrer ? » Leylin sourit.

« Ce n’est pas très gentleman d’entrer dans la chambre d’une dame à cette heure de la nuit, tu sais ! Ou peut-être es tu devenue un dégénéré, mon cher cousin ? » Les yeux d’Isabel brillèrent et elle se reposa langoureusement contre la porte, parlant avec coquetterie.

Leylin eut secrètement envie de rire en réaction à sa pose prétentieuse. En matière d’expérience, il en avait bien plus qu’elle.

« Suis-je devenu un dégénéré ? Veux-tu le découvrir ? » Leylin se rapprocha avec un sourire coquin sur le visage et renifla impitoyablement son cou clair, inhalant l’odeur du corps d’une fille mélangée à une odeur particulière.

« Qu’est-ce que tu fais ? » La fille l’esquiva en devenant rouge, et Leylin en profita pour entrer dans la pièce.

Il n’y avait pas beaucoup de changement dans les arrangements ici, mais une vague odeur de sang semblait imprégner l’air. Bien qu’elle se soit nettoyée et ait tenté de la dissimuler, les sourcils de Leylin se froncèrent.

« Y a-t-il quelque chose dont tu voudrais me parler ? » Leylin s’assit sur le sofa et tenta de paraître le plus sincère possible, « Tu es ma cousine après tout, et je ne veux pas que tu portes ce fardeau toute seule. »

« Ce n’est rien… C’est fini… » Isabel se figea, puis parla comme si elle s’en fichait.

Leylin soupira en réponse à sa tentative de paraître fort. Bien sûr, il savait qu’il n’y avait aucun avantage à révéler la vérité. Bien qu’il y ait des traces d’énergie négative polluant la pièce, ses propres actions étaient aussi pures que celles d’un petit lapin blanc lorsqu’on les compare aux expériences qu’il menait.

Leylin changea d’avis. Il avait d’abord cru que la laisser rester derrière serait une bonne décision, mais d’après ce qu’il voyait, la laisser dans le manoir ne ferait qu’attirer plus d’attention et d’ennuis. « Bien ! Je suis ici pour demander de l’aide ! »

« De quoi s’agit-il ? » Les yeux d’Isabel brillèrent d’un éclat glacial.

« Eh bien… » Leylin se gratta la tête et révéla les nouvelles concernant le Marquis Louis et le Vicomte Tim, ainsi que l’attaque imminente des pirates.

« Dans ce cas… Ils sont responsables de l’anéantissement de ma famille ? » La main d’Isabel se crispa, et une partie d’une chaise en bois de fer noir se brisa. Des copeaux de bois s’éparpillèrent entre ses doigts.

Une telle force physique ? Les pupilles de Leylin se contractèrent, « Elle dépasse le rang 5 des professionnels, et est proche du rang 10… Ces diables et démons sont vraiment très généreux, bien que le prix soit l’âme du sacrifié… »

Leylin avait entendu parler des offres continuelles de sang nécessaires pour obtenir de l’énergie démoniaque. Les adeptes des démons étaient rassemblés et anéantis sur le continent. Si la nouvelle que la famille Faulen la protégeait se répandait, il y aurait des problèmes encore plus urgents que le Marquis Louis.

« Mais je n’en suis pas encore sûre. Ce n’est qu’une possibilité…» Leylin se caressa le menton et ne mentit pas à ce sujet.

« Bien, je vais le vérifier par moi-même. Ces pirates osent même s’introduire sur le territoire de la Famille Faulen ! Nous devons leur faire payer le prix du sang et faire en sorte que leurs âmes se repentent en enfer ! » Les jolis yeux d’Isabel se rétrécirent, se remplissant d’une soif meurtrière.

« Merci beaucoup, cousine ! » Leylin se maudit silencieusement à l’intérieur, mais pendant ce temps, le sourire sur son visage était éblouissant.

« Ne t’inquiète pas, nous sommes cousins après tout. Je prendrai soin de toi ! » Isabel promit, l’air ferme et résolu.

Après l’avoir remerciée, Leylin se retira, mais le sourire sur son visage s’était dissipé. Ses yeux clignotèrent, visiblement plongés dans ses pensées. La mer est vaste et remplie de toutes sortes d’ordures et de déchets provenant du continent. Les marins de cette époque ne peuvent pas être considérés comme bons, et les gens sans foi et les disciples sont mélangés avec eux. Elle ne devrait pas avoir de problème si elle se cache parmi eux…’

En tant qu’adepte d’un démon, Isabel ne pouvait évidemment pas rester dans la famille ; cela lui causerait une quantité infinie d’ennuis. Après tout, le pouvoir des églises était à son apogée dans le premier plan matériel, et si l’on découvrait que la famille Faulen abritait une adepte de démon, les conséquences seraient extrêmement graves.

Ainsi, les vastes étendues d’eau seraient le meilleur endroit où se cacher.

« De plus, le démon lui a peut-être donné beaucoup de force, mais il y a un prix à payer. Il pourrait même s’agir de son âme…» Leylin prit un air sombre, « Quelques marins inutiles disparaissant en pleine mer ne devraient pas compter pour grand-chose. Cela peut temporairement satisfaire le démon et lui faire gagner du temps… »

Pendant ce temps, Leylin deviendrait évidemment plus fort. Tant qu’il était assez puissant, que ce soit le Marquis Louis qui se rapprochait d’eux ou le contrat démoniaque que sa cousine avait, il était certain de pouvoir éliminer tous ces problèmes, des problèmes qu’un mage de rang 6 ne pouvait pas résoudre.

« Les plans changent constamment… Et pour l’instant, j’ai un besoin urgent de force. Il serait peut-être bon de prendre un risque… » Leylin prit secrètement sa décision.

Cette attaque exposerait évidemment une partie de son pouvoir. Dès le début, le Vicomte Tim avait déjà envoyé une escouade d’assassins avec un chef de rang 7, ce qui signifiait que les pirates devaient être encore plus forts. L’aide de sa cousine et de ses subordonnés ne suffirait pas, il devait augmenter ses chances.

Après être retourné dans sa chambre, Leylin se dirigea directement vers son laboratoire. En raison de ses ordres, même Claire et Clara ne pouvaient pas entrer, et il y avait également quelques modèles de sorts d’avertissement mis en place.

Sur la table de laboratoire brillante se trouvaient de nombreuses éprouvettes et des outils en verre soigneusement empilés. Il y avait également divers équipements alchimiques qui auraient de quoi faire pâlir d’envie les étudiants en sorcellerie les plus pauvres.

Dommage qu’aux yeux de Leylin, tout cela n’était qu’une simple couverture.

*Après que Leylin ait tiré sur une poignée sous la table du laboratoire, des bruits d’engrenages grinçant les uns contre les autres retentirent. En même temps, la table se déplaça vers la gauche, révélant un chemin qui menait vers le bas.

Bien que les sorciers aient une grande confiance en la magie, il existe trop d’objets et de techniques dans le monde qui peuvent détecter les ondulations des sorts. Au contraire, de simples mécanismes comme celui-ci peuvent dissimuler encore plus de secrets…’ Leylin portait une lampe à huile en descendant les escaliers. Après avoir parcouru une dizaine de mètres, il arriva devant un grand rocher.

Le grand granit donnait l’impression d’être indestructible alors qu’il se tenait debout à l’intérieur, bloquant complètement la route comme s’il s’agissait d’un cul-de-sac.

« Marque Arcane, active ! » Une rune de sort clignota dans les mains de Leylin, et parmi la lumière, la surface du granit commença à s’adoucir en révélant un canal brillant. Leylin n’hésita pas à entrer, accrochant sa lampe à huile au mur.

Ce qui apparaissait derrière le gros rocher était un laboratoire à petite échelle. Il avait utilisé des mécanismes pour empêcher les sondes magiques ici, et créé un piège au fond. Cela suffisait à montrer à quel point Leylin appréciait ce laboratoire.

Comme il était profondément enterré, le laboratoire n’avait qu’une surface de quelques mètres carrés. Une grande table en bois antique occupait déjà la majeure partie de l’espace, et il ne restait que peu de place pour se tenir debout. Le plafond était également très bas et la pièce entière était étouffante.

L’odeur de goudron se faisait sentir sur le sol et dans les coins, indiquant un mécanisme d’auto-combustion encore plus terrifiant. Si Leylin soupçonnait quoi que ce soit, une petite étincelle suffirait à carboniser l’endroit et à tout cacher.

La raison en était que les expériences de Leylin étaient bien trop choquantes. Si elles étaient découvertes, elles seraient considérées comme de l’hérésie !

« On dirait que c’est presque terminé… » Leylin observa la solution géante dans la boîte de Petri. De grandes quantités de liquide rouge bouillant et frais donnaient aux gens l’impression inquiétante qu’il s’agissait de sang.

« Et puis… ça ! » Au coin de la table se trouvait une statue de bois. Elle possédait une paire d’ailes démoniaques, de multiples yeux composés et six doigts formant un démon, émettant une aura maléfique.

C’était une statue que Leylin avait construit de Belzébuth en se basant sur ses souvenirs. La possession d’une telle statue entraînerait la mort par le feu si elle était attrapée par les églises, et même un roi ne serait pas épargné par ce traitement.

Bien sûr, ces tabous ne signifiaient rien pour Leylin. Son courage était suffisant pour stupéfier de nombreux dieux.

« On dirait que Belzébuth a vraiment sombré dans un profond sommeil. Il ne réagit pas du tout aux prières ou aux sacrifices…» Les mains de Leylin caressèrent la statue du démon avec une expression indicible dans les yeux.

En y réfléchissant, il était le principal responsable de cette situation. S’il n’avait pas volé autant de lois de Belzébuth et n’avait pas détruit la plupart de son âme véritable, le Roi Souverain de la Gloutonnerie n’aurait pas été si gravement blessé qu’il aurait dû dormir.