Bien sûr, le jeune ami Shuhang n’avait pas l’intention d’informer la Fée Luciole qu’il était toujours sur Terre. Il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé, mais puisque “lui” avait été envoyé dans l’espace, on le laisserait tranquille. Après tout, il avait vraiment fait ses 30 jours là-haut.
Sur ce, il éteignit son téléphone portable.
Le silence était d’or !
Cette histoire méritait d’être célébrée, c’était vraiment une occasion joyeuse.
À ce moment-là, Yu Jiaojiao, qui était assise sur l’épaule de Song Shuhang, rangea également son petit téléphone portable fabriqué sur mesure. Elle lui dit via une transmission secrète : « Shuhang, j’ai contacté mes subordonnés en mer de Chine orientale. Ils me transmettront immédiatement toute nouvelle importante. »
Si sa sphère d’influence ne couvrait qu’une petite zone, son père était le Véritable Monarque Tyran Jiaolong, l’un des suzerains de la mer de Chine orientale. Il faisait partie de la race des dragons. Aussi, sa puissance en combat était parmi les plus élevées du Sixième Rang. S’il décidait de brûler son vrai sang de jiaolong originel, il échapperait même à un Vénérable de Septième Rang. Il contrôlait donc une très vaste zone maritime et en avait donné une partie à ses enfants.
Yu Jiaojiao pouvait compter sur l’influence de son père pour se tenir au courant des dernières nouvelles dans cette mer.
De plus, les monstres marins disposaient de leurs propres canaux de communication. Grâce à la propagation d’Internet, les gens pouvaient désormais lire des informations sur ce qui se passait partout à travers le monde, confortablement assis chez eux. De même, les monstres aquatiques s’informaient via leur réseau.
– « Merci, » répondit-il avec gratitude. Avec son aide, il n’avait pas besoin de se démener pour trouver une piste à suivre.
– « De rien. Ah ! Tant que vous parvenez à convaincre votre ami de continuer à écrire entre 20.000 et 30.000 mots par jour, je serai très heureuse. »
– « … » À première vue, elle n’a pas renoncé à le faire travailler comme un esclave.
Gao Moumou tendit les mains et commença à taper sur son clavier pour éditer le dernier chapitre. Il demanda : « Shuhang, puisque tu veux tourner un film, où vas-tu obtenir le matériel nécessaire pour le tournage ? »
Il était curieux. Comment son ami allait-il s’y prendre ? Il n’avait pas vraiment l’intention de tenir une caméra et de tout filmer tout seul, n’est-ce pas ? Ce serait tout simplement affreux. Même s’il savait que la famille de Song Shuhang s’en sortait bien financièrement, il était irréaliste d’imaginer qu’il avait mis assez d’argent de côté pour financer un tournage. Ce ne serait possible que si lui et ses amis décidaient de faire un effort commun pour le financer ensemble…
En parlant d’amis… Il y a la propriétaire de cette villa, Yu Jiaojiao, ainsi que ce mystérieux homme riche sur l’île où vivaient les indigènes. Quand Song Shuhang les a-t-il rencontrés ?
– « Je contacterai quelques amis qui ont des contacts avec des sociétés qui travaillent dans le milieu. Je vais leur demander de l’aide. Avec de la chance, ils nous enverront même un réalisateur et toute une équipe. »
– « Des amis qui ont des contacts avec des sociétés… ? » Il hocha la tête. « C’est parfait. »
Ainsi, même s’il s’agissait d’un film qu’ils tournaient uniquement pour s’amuser, il devrait être d’une bonne qualité.
Le Vrai Maître jeta un coup d’œil à l’horloge. Il était déjà minuit passé. Il s’étira et dit : « Il est déjà tard. Moumou, tu devrais aussi aller dormir. »
Le binoclard le regarda avec amertume. Depuis qu’il bénéficiait de l’hospitalité de Yu Jiaojiao, il était plein d’énergie et il n’arrivait plus à dormir !
❄️❄️❄️
Dans le lointain Pavillon de l’Eau Cristalline.
Chu Chu accompagna Li Yinzhu dans la Cité du Temps pour prendre soin d’elle. Il n’y avait aucun autre disciple du Pavillon dans la Cité. Chu Chu et Li Yinzhu étaient seules. Ce lieu était idéal pour méditer.
Après leur départ, le Pavillon de l’Eau Cristalline se figea à nouveau.
Mais le Maître de Pavillon Chu ne dormait pas. Elle tenait le gant d’argent lorsqu’elle apparut à côté de Ye Si.
La Soeur Aînée dormait encore.
En fait, chaque fois que le Pavillon se figeait, elle s’endormait également. Le Maître de Pavillon Chu avait arrangé ce comportement pour son bien.
C’était la principale raison pour laquelle Ye Si n’avait rien découvert d’étrange à propos du Pavillon de l’Eau Cristalline alors qu’elle vivait à l’intérieur de la réalité illusoire.
Après être apparu à côté d’elle, le Maître de Pavillon Chu mit le gant d’argent modifié sur la main de la pleurnicheuse.
L’instant d’après, l’artefact changea. La structure initialement métallique ondula comme de l’eau, avant de former un gant argenté aussi fin que les ailes d’une cigale.
– « Tant qu’elle le portera, même les autres Transcendants de Neuvième Rang ne seront pas capables de discerner sa vraie nature, » dit-elle doucement. De plus, le sceau avec ses coordonnées spatiales était déjà gravé à sa surface. Si Ye Si avait des ennuis, elle pourrait déchirer l’espace et apparaître à côté d’elle. « Une fois que vous aurez réussi à vous adapter, vous irez faire une surprise à votre petit ami, Shuhang. »
Le Pavillon faisait partie d’une réalité illusoire. Bien que réaliste, il n’était pas réel. Ye Si y était resté très longtemps. Il était enfin temps pour elle de partir.
– « Malheureusement, notre jeune ami Song a déjà un Esprit Fantôme de haut rang. Dans le cas contraire, je lui aurais probablement fait signer un contrat avec Ye Si. Je n’aurais plus eu à m’inquiéter que quelqu’un la force à en signer un. »
Théoriquement parlant, il n’y avait pas de limite au nombre d’Esprits Fantômes avec lesquels un pratiquant pouvait se lier. Tant qu’on pouvait les contrôler, même deux ou trois ne posaient pas de problème. Bien sûr, plus le rang était élevé, plus il était difficile de signer un contrat.
Par exemple, Song Shuhang et Douce Plume avaient découvert les deux Esprits Fantômes avec lesquels le Maître d’Autel avait espéré établir un contrat. Il avait prévu de percer en s’appuyant sur le pouvoir des deux spectres pour atteindre enfin le Troisième Rang.
Cependant, Ye Si était différente. Même si elle possédait la plupart des propriétés d’un Esprit Fantôme, elle avait une âme humaine. Contrairement aux autres ectoplasmes, son corps spirituel n’était pas son âme, mais quelque chose qui correspondait à la chair d’un humain.
Après avoir signé un contrat, elle ne deviendrait pas un clone du pratiquant, mais garderait son libre arbitre.
En raison de ses particularités, si quelqu’un voulait signer un contrat avec elle, il ne pouvait pas être lié à un Esprit Fantôme ordinaire. C’était impossible.
En voyant Ye Si et le gant d’argent terminer leur fusion, le Maître de Pavillon Chu hocha la tête.
– « Je suis épuisée. » Elle s’étira en envoyant la jeune femme dans sa propre maison.
Ensuite, elle se dirigea vers le Pavillon Céleste et rampa sur son lit. Elle s’endormit rapidement.
Dès qu’elle entra dans un sommeil léger, le Pavillon recommença à bouger.
❄️❄️❄️
Pendant ce temps, le Vieil Homme Sanglotant essuyait ses larmes.
Il avait décidé de repartir dans l’espace. Il voulait à nouveau se présenter devant le Pavillon de l’Eau Cristalline.
Il ne pouvait pas abandonner ! Il devait faire de son mieux !
Même s’il n’était pas sûr de réussir, il n’aurait rien s’il abandonnait !
Le Tome des Larmes Sans Fin était son seul espoir d’avancer vers le Sixième Rang. Bref, il devait persévérer jusqu’à émouvoir le cœur du Maître de Pavillon Chu, devenir un disciple du Pavillon de l’Eau Cristalline, et obtenir le reste de la technique.
S’il retrouvait le jeune ami Song Shuhang, ce serait encore mieux. Après tout, ce dernier semblait plutôt proche du Maître de Pavillon. Quelle chance s’il lui glissait un mot en sa faveur.
❄️❄️❄️
Au même moment, dans un endroit proche de la Terre, un combat entre des Vrais Monarques se poursuivait.
Les deux adversaires étaient le Maître du Hall du Kama aux Neuf Yeux et l’ancienne sorcière Elise.
À ce moment-là, le premier était épuisé. Il repoussait les assauts ennemis sans avoir la force de riposter.
Il serra les dents et rugit : « Foutue pétasse, qu’est-ce que vous voulez ?! »
– « Héhéhé ! » Elle bondit en avant en répandant avec ses mains une guirlande de lumière et de poudre. Elle avait à sa disposition des objets venimeux, des insectes, des malédictions et de la sorcellerie. L’ancien clan des sorcières avait été très prospère longtemps auparavant. Les attaques de ses membres, tout comme leur façon de raisonner, étaient extrêmement bizarres. Personne ne pouvait prédire quelle en serait la nature.
Après une série de coups, Elise s’arrêta.
Elle rit et dit : « En fait, je vous poursuis parce que je veux vous dire quelque chose. »
Le Maître de Hall était sans voix.
– « Écoutez attentivement. Je ne le dirai qu’une seule fois et je ne me répéterai pas. » Elle avait l’air si grave, si sérieuse. Puis, au moment où elle allait parler, elle rougit.
Un instant plus tôt, les deux Véritables Monarques se battaient brutalement, et voilà qu’en un clin d’œil l’un d’eux semblait être sur le point de déclarer sa flamme… ?
Le Maître de Hall était toujours sans voix.
– « Si je suis venue dans l’espace et que j’ai pu vous intercepter alors que vous essayiez de piller le bateau volant du Septième Cultivateur de la Vraie Vertu, c’est… » Elle posa ses mains sur ses joues et avoua timidement : « … parce que quelqu’un m’y a attiré. Les informations que j’ai obtenues étaient très précises. Incroyable, n’est-ce pas ? Celui qui m’a permis de vous retrouver est lié à votre Secte. »
Le Maître du Hall du Kama aux Neuf Yeux serra les poings, mais son visage resta stoïque. Il était impossible de percevoir la rage qui se déchaînait dans son cœur.
Il ne croyait pas sur parole et entièrement l’ancienne sorcière Elise. Cependant, il en était certain… Quelqu’un les avait vendus.
– « Eh bien ! J’ai dit ce que j’avais à dire. Il est temps pour nous de nous dire au revoir. À la prochaine. » Elle lui fit un signe de la main et quitta les lieux…
Elle partit, réellement, sans jouer de mauvais tours…
Le Véritable Monarque était épuisé. S’ils avaient continué à se battre, il n’aurait eu d’autre choix que de faire exploser son intérieur et de tout sacrifier pour l’abattre. Il ne s’était pas attendu à ce départ paisible.
Les anciennes sorcières étaient tout simplement bien trop anormales. Il était impossible de deviner ce qui se passait dans leur tête.
Ayant survécu, il se força à sourire, puis à rire. Après avoir déterminé que cette femme était réellement partie, plutôt que de dresser des plans pour la poursuivre et la surprendre, il monta une épée de lumière et retourna à la Secte Démons Sans Frontières.
Cette fois, son Hall avait subi de lourdes pertes. Non seulement ils n’avaient pas réussi à sauver leurs Empereurs Spirituels, mais ils en avaient perdu plus de dix autres.
Et comme si cela ne suffisait pas, il avait même vu ce petit cultivateur de Deuxième Rang en combinaison spatiale guider les âmes de ses subordonnés vers l’au-delà. Il faillit exploser en s’en souvenant.
Peu lui importait, il avait noté l’aura de ce pratiquant.
S’ils se revoyaient, il veillerait à lui donner une bonne leçon.
Si ce jeune homme tombait entre ses mains, il le tourmenterait au point de lui faire souhaiter la mort.
❄️❄️❄️
Chine, ville de Wenzhou, à côté de la montagne Niuding.
Le moine occidental portait un vêtement de dessus par-dessus son kesa, ainsi qu’un grand chapeau. Il cachait son aura en se dirigeant tranquillement vers la montagne. Il avait réussi à se débarrasser des cultivateurs de fantômes qui le poursuivaient et avait enfin atteint sa destination. Un peu plus loin, son réalisateur préféré tournait un film. Il envisageait de lui demander de se laisser jouer un petit rôle, si c’était possible.
Cependant, il rencontra quelqu’un qu’il ne voulait absolument pas voir… Son professeur, le Prêtre Daoïste Wu Yinzi. Même si cela ne faisait que trois ans, ce dernier avait vraiment l’air plus âgé.
Le moine se força à sourire et s’avança pour le saluer. « Professeur, comment se fait-il que vous soyez ici ? »
– « Je vous attendais. » Il soupira. En voyant à quel point son disciple ressemblait à un moine bouddhiste, son cœur se serra. Il aurait vraiment souhaité pouvoir donner une bonne raclée aux cinéastes chinois qui produisaient des navets affirmant que tous les meilleurs arts martiaux venaient d’un temple shaolin ! N’avaient-ils rien de mieux à faire que de mettre des pensées étranges dans la tête des étrangers ?!
– « Professeur, si vous vouliez quelque chose, vous auriez pu m’appeler. Je me serais dépêché de venir vous voir. Je suis embarrassé, vous êtes venu jusqu’ici pour me voir, moi, votre humble disciple. »
– « Ridicule. Si je vous avais appelé pour vous demander de venir me voir, vous seriez parti pour l’Europe dès le lendemain. Je sais déjà que vous avez atteint le Deuxième Rang. Ces prochains jours, vous me suivrez pour apprendre la portion suivante de l’Épée Merveille Céleste. De plus, il faut changer votre robe de Daoïste. » Wu Yinzi regarda la vieille tenue de Daoïste avec un kesa attaché par-dessus. Son estomac se tordit.
Il sentait que son espérance de vie avait été considérablement réduite après avoir accueilli ce type sous sa tutelle !
Il sortit une tunique verte de son sac à dos.
– « Voici la robe de Daoïste de Deuxième Rang que j’ai reçue à l’époque, quand j’étais jeune et que j’affrontais les dangers du monde extérieur. Elle est tissée avec la soie de l’araignée dorée. Elle est très légère. Si vous la portez, les épées et les sabres ne pourront vous blesser. Même sans activer sa Formation Défensive, vous pouvez repousser les balles de petits calibres. Si vous l’activez, vous pouvez facilement traverser une pluie de balles de gros calibre sans subir la moindre blessure. De plus, une Technique de Respiration de la Tortue y est attachée. Si vous l’activez, une atmosphère empoisonnée ne pourra plus vous inquiéter. C’est un trésor difficile à obtenir au Deuxième Rang. »
En fait, il prenait le temps de lui expliquer précisément les avantages de cette tenue pour le dissuader d’y ajouter un vilain kesa.
– « Merci Professeur. » Le moine occidental ôta joyeusement sa première tenue, la rendit à Wu Yinzi, puis prit sa nouvelle robe et l’enfila.