Les disciples des dieux seraient définitivement rachetés après leur mort. Telle était la base de l’enseignement des dieux. C’est pourquoi les enseignements des dieux se répandirent dans le monde entier, provoquant l’apparition de nombreux fanatiques prêts à sacrifier leur vie pour leurs croyances.

Ici, toute recherche sur l’âme est taboue et considérée comme une profanation des morts ou des dieux.

« Comme ils sont stupides de placer leurs espoirs en quelqu’un d’autre…» Leylin soupira, mais n’essaya pas de changer cet état d’esprit. Il savait très bien à quel point il serait difficile de changer une idéologie qui s’était transformée en culture au cours de dizaines de milliers d’années.

C’est pourquoi son maître Anthony affrontait la mort avec beaucoup de calme, et cela n’interférait pas avec son travail quotidien.

« Peut-être qu’un jour, dans le futur… votre nom sera gravé dans l’église de la connaissance, et si mon nom apparaissait dans l’introduction, je n’aurais aucun regret dans ma vie… » Anthony formula son souhait.

L’église du savoir comportait un mur de gloire où étaient inscrits les nombreux noms de ceux qui avaient contribué à transmettre le savoir et la sagesse. Ce mur était considéré comme le plus grand honneur parmi les érudits du continent.

Anthony espérait que lorsque les autres verraient le nom de Leylin, ils trouveraient le sien dans l’introduction, où il serait mentionné comme le professeur du jeune Leylin.

« Je travaillerai dur, maître ! » Leylin était sans voix, mais il ne pouvait que répondre de façon vague.

« Bien ! Commençons le cours d’aujourd’hui. Passez à la page…» Après avoir entendu Leylin approuver personnellement, le visage d’Anthony devint aussi rouge que le feu qui vient d’être alimenté en huile. Le petit peu de force vitale qu’il avait émettait une énergie vigoureuse.

Leylin l’écouta et tourna la page, et une carte ancienne apparut devant lui. A cause des nombreux doigts qui l’avaient touchée, les lignes de la carte étaient incroyablement floues.

Les lignes noires du fusain dessinaient les contours d’un continent brisé, entouré de nombreuses petites îles semblables à des étoiles. Les bords de l’océan étaient pleins de ténèbres, marqués de symboles de danger et d’inconnu.

« L’histoire de notre premier plan matériel est l’histoire de grandes découvertes. Depuis le début, où l’on trouvait des écrits sur les fleurs de redbud, jusqu’à aujourd’hui, le continent a évolué jusqu’à l’état que vous voyez aujourd’hui…» Anthony parle sans se presser : « L’essor et le déclin de nombreuses nations ont entraîné de nombreux dangers pour le continent. Vous trouverez les changements de frontières de ces nations sur la page suivante… Maintenant, j’ai besoin que vous indiquiez où nous nous trouvons sur la carte ! »

« Cela… » Leylin regarda Mentor Anthony sans rien dire tout en roulant des yeux intérieurement.

« Notre Territoire Faulen se trouve dans les eaux territoriales de la partie sud-est du Royaume de Dambrath. Il s’agit d’une terre nouvellement développée qui a été trouvée et occupée après la troisième expédition maritime du royaume… » Leylin pointa du doigt un coin au nord-est de la carte, où se trouvaient les mots vagues de ‘Dambrath’.

En raison de l’échelle, le Royaume de Dambrath n’était qu’un grain dans le vaste océan. Bien que ce soit ce que Leylin disait verbalement, ses yeux commençaient à s’enflammer d’excitation et de feu.

Le Monde des Dieux était vaste au-delà des mots, et il y avait même des royaumes établis par les bêtes et les elfes. Tout comme le Monde des Mages, il y avait des choses comme les souterrains, où résidaient de nombreuses races sombres.

À la surface du continent, il y avait des centaines de royaumes et de duchés, ainsi qu’un nombre inépuisable de villages.

Humains, hommes-bêtes, elfes, nains, pygmées, gobelins, jackalfolk, esprits de la mort… toutes sortes de races et de dieux variés témoignaient des légendes qui s’étaient déroulées sur le continent.

Il y a eu des aventures sanglantes, des conspirations secrètes, de nombreuses races, des cultures variées et même des guerres et des paix entre les dieux !

Tous les êtres dimensionnels, qu’il s’agisse de diables, de démons ou de quoi que ce soit d’autre, observaient cette région d’un œil lubrique, espérant en obtenir une partie malgré la vigilance des dieux.

« C’est… Le début des légendes… » Le cœur de Leylin s’embrasa. Il avait déjà envie de commencer à parcourir le continent.

Bien sûr, ce désir fut rapidement réprimé par la prudence inscrite dans ses gènes.

Avec sa puissance de mage de rang 5, il pouvait être considéré comme une élite dans les groupes d’aventuriers de ce continent dangereux, mais il y avait bien trop d’existences qui pouvaient lui prendre la vie.

« D’accord ! Jetons un coup d’œil à la nation Cœur de Lion, au milieu de la carte. L’année 37628 du calendrier sacré, il y a 30 ans, le Roi Cœur de Lion Charlie… » Anthony commença ses leçons tandis que Leylin écoutait attentivement.

Cependant, les pensées de Leylin vagabondaient.

« Le calendrier sacré ! C’est le calendrier établi par les dieux. Bien qu’en apparence, il ait commencé à cause de la naissance des dieux, en réalité, la première année se situe un an après la fin de l’ancienne Guerre Finale! »

Cette sombre histoire n’était évidemment pas inscrite dans les archives historiques. C’était une information que Leylin avait recueillie grâce à ses ressources, et des réponses d’Ernest et Anthony qui l’avaient accidentellement laissé échapper, et une conclusion à laquelle il était finalement parvenu.

L’ancienne Guerre Finale a pratiquement laissé le Monde des Dieux en ruines, et le continent a même été divisé en plusieurs parties. La civilisation a été détruite en un instant dans le premier plan matériel, et ils ont sombré dans leur période la plus sombre. De nombreux dieux tombèrent, mais certains eurent la chance d’acquérir des pouvoirs divins et s’élevèrent rapidement, allumant leur feu divin et devenant de nouveaux dieux. La déesse du tissage Mystra en est le meilleur exemple ! Ils ont dû établir le calendrier sacré après que les nouveaux dieux ont créé leurs églises !

Les yeux de Leylin brillaient, « Ainsi, parmi les dieux, étant donné la division des rangs des dieux, qui est celle entre les anciens et les nouveaux dieux, les anciens dieux doivent avoir des pouvoirs qui surpassent généralement ceux des nouveaux dieux… »

De toute évidence, si les Légendes du plan matériel voulaient massacrer des dieux afin d’obtenir leurs pouvoirs divins, les nouveaux dieux étaient leur meilleur choix, ce qui s’appliquait également à Leylin.

« En plus de ça, dans le Monde des Dieux, 37 000 ans se sont déjà écoulés depuis l’ancienne Guerre Finale ? » Leylin se caressa le menton, « On dirait que le temps s’écoule différemment dans le Monde des Dieux par rapport au Monde des Mages… » Une fois le cours terminé et le Mentor Anthony renvoyé, Leylin retourna dans sa chambre.

« Jeune Maître ! Jeune Maître ! Vous avez reçu une lettre de Mlle Isabel ! » A ce moment, Claire arriva en courant, tenant une lettre rose dans ses mains. Elle respirait difficilement, sa poitrine rebondissait, et même son petit visage avait rougi et s’était rempli de perles de sueur.

« Merci pour ta peine ! » Leylin lui toucha la main, ce qui fit rougir la servante et la fit partir en courant.

“Héhé…” Ayant réussi à la taquiner, Leylin gloussa de satisfaction en s’asseyant sur le canapé, déchirant la lettre rose qu’il tenait dans ses mains.

« A mon cousin bien-aimé, Leylin Faulen »

« Très cher Leylin, vas-tu bien ? As-tu encore besoin qu’on change ta couche ? Cela fait environ cinq ans que j’ai quitté l’île de Faulen, mais je n’arrive toujours pas à m’habituer à l’obscurité et à l’humidité de cette ville, en particulier à la mousse sur le sol qui s’étend pratiquement jusqu’à ma chambre… »

Sur la lettre, on pouvait lire l’écriture immature d’une petite fille. Elle commençait par des plaisanteries, puis se transformait en désirs et en plaintes.

« Cela fait cinq ans ?» Leylin soupira, se souvenant de l’époque où il était avec Isabel. Bien qu’elle aimait l’intimider, elle se sentait manifestement protectrice envers lui.

Cependant, elle avait aussi sa propre famille, et quand Leylin avait huit ans, ils étaient venus la chercher. En partant, Isabel avait pleuré. Leylin se souvenait encore de la sensation qu’elle avait eue en lui serrant la main.

« Selon les arrangements de Père, je vais entrer dans l’église de la Déesse des Grains et devenir une apprentie prêtresse. J’ai entendu dire que les règles y sont très strictes, et j’espère que j’aurai encore la chance de communiquer avec toi par le biais de lettres… Isabel. »

« Devenir prêtresse ? » Leylin acquiesça. Dans les familles nobles, outre le fait que le premier fils devait assumer le statut féodal, les autres enfants recevaient rarement de l’argent et étaient même chassés de leur maison.

Si le second fils était intelligent, il étudiait la gestion et devenait l’homme de ménage d’une famille noble. Les autres devenaient chevaliers ou entraient dans les églises.

Les filles assumaient la grande responsabilité de se marier avec d’autres familles. Il était très courant de voir de vieux maris avec de jeunes femmes, ou de vieilles femmes avec de jeunes maris.

Pour Isabel, le fait de pouvoir étudier pour devenir prêtresse signifiait qu’elle aurait son propre pouvoir, ainsi que le soutien de l’Église. Même si elle devait épouser quelqu’un à l’avenir, ce n’était pas si mal.

Mais… A la pensée de sa mégère de cousine qui devrait se lamenter sur l’état des cieux et le destin des gens, portant le nom des dieux à ses lèvres toute la journée, Leylin eut envie de rire.

Après avoir lu la lettre, Leylin alla sur le côté de sa maison.

Il y avait une petite salle de fusion. Sur la table de laboratoire avec une surface métallique se trouvaient de nombreux appareils en verre de grande valeur.

Le simple fait d’acheter ces objets avait fait baisser les revenus de la Famille Faulen pendant quelques mois.

De plus, Leylin commençait encore avec des versions miniatures. Les vraies choses se trouvaient chez son mentor, Ernest.

Avec des taux de dépenses aussi terrifiants, il était compréhensible que de nombreux magiciens soient issus de familles nobles.

En plus d’être chanceux, seuls les nobles étaient capables de supporter le coût terrifiant des matériaux pour lancer des sorts et des expériences.