« I.A où en est l’analyse de la Trame ? » demanda intérieurement Leylin en fermant les yeux.
[Bip ! L’analyse donne la priorité à la dissimulation de l’hôte. Progression actuelle : Tissage de rang 0 atteint 87.69%, Tissage de rang 1 atteint 37.61%, Tissage de rang 2 atteint 2.33%]. La puce répondit rapidement.
C’était l’une des nombreuses raisons pour lesquelles Leylin progressait si lentement en tant que mage, et il était très intéressé par l’existence de la Trame. S’il était capable d’analyser complètement la Trame sans être découvert par Mystra, il lui serait extrêmement facile de lancer des sorts.
Même avec un projet d’une telle envergure, Leylin était encore capable d’atteindre le rang 5 en tant que mage. Cette démonstration était déjà suffisante pour qu’Ernest s’extasie et s’exclame qu’il était un génie, voire un monstre.
Les sorciers du Monde des Dieux étaient classés en fonction de leur niveau de contact avec la Trame. Ceux de rang inférieur à 3 ne pouvaient entrer en contact qu’avec sa surface, mémorisant et utilisant des sorts de rang 0. En atteignant le rang 3, ils acquéraient une compréhension plus approfondie de la trame, ce qui leur permettait d’utiliser des sorts de rang 1.
Leylin était maintenant un mage de rang 5, capable d’entrer en contact avec la seconde couche pour utiliser des sorts de rang 2. Il s’en sortait plutôt bien. De plus, le fait d’être un sorcier lui conférait un statut important. S’il avait de la chance, il pourrait même se voir confier une seigneurie puisqu’il faisait partie d’une grande famille noble, et il était fort probable qu’il obtienne ses propres terres grâce à des actes méritoires, et qu’il les transmette de génération en génération.
C’était le rêve des roturiers. C’était dommage cependant ; à ce niveau, tout était comme de la poussière sur le sol pour Leylin, le remplissant de dédain lorsqu’il la piétinait.
Les rangs 1 à 5 sont considérés comme normaux sur le continent central, et les rangs 6 à 10 sont considérés comme des élites. Les rangs 11 à 15 sont des experts et les rangs supérieurs sont de véritables centrales qui jouissent d’une grande réputation sur le continent. Même s’ils ne sont pas considérés comme des légendes, ils représentent le sommet du pouvoir et ceux qui apparaissent le plus souvent. Les légendes ne se soucient guère des affaires du monde, elles placent leur ambition et leurs espoirs dans l’obtention de la divinité, peut-être en allumant leur feu divin et en obtenant une place en tant que divinité…
C’était la compréhension actuelle de Leylin de la hiérarchie du pouvoir dans le Monde des Dieux, obtenue à partir des informations qu’il avait acquises ainsi que de ses propres conjectures. Les dieux étaient placés sur un piédestal ici, vivant dans leurs terres divines éternelles pendant que leurs églises et leurs prêtres élevaient des disciples pour eux.
Le premier plan matériel empêchait toute force puissante d’y pénétrer, et même si un dieu se donnait un corps matériel et descendait, il n’aurait tout au plus que la force d’un Légende de haut niveau. Bien sûr, ils portaient un autre titre : on les appelait des Saints. Même si leurs corps réels descendaient, ils garderaient le même nom.
C’est pourquoi, dans le premier plan matériel, il est souvent arrivé que des Légendes de haut rang assiègent des Saints et provoquent leur chute. Parfois, elles parvenaient même à les priver de leur force divine. Ces dieux ne laissaient pas leurs vrais corps descendre et ne pouvaient le faire qu’avec leurs clones.
« Les légendes sont les plus puissantes du premier plan matériel. Si je parviens à en devenir un rapidement, j’aurai assez de pouvoir pour me protéger. De plus, j’ai besoin de faire ça pour gagner en force divine. » Leylin se caressa le menton. Comme il avait reçu suffisamment de nutriments en grandissant, il était déjà assez grand pour un enfant de 13 ans, comme on pouvait le voir dans le miroir. Outre son visage immature, il était pratiquement un petit adulte.
« La raison de ce goulot d’étranglement dans mes statistiques est-elle que je ne me suis pas encore complètement développé ? » Leylin réfléchit à sa situation, « En se basant sur ces progrès, il faudra probablement des siècles d’entraînement pour atteindre le rang de Légende. C’est trop long, et je n’ai même pas envisagé ce qui viendra après… »
Leylin supposa que les Légendes du Monde des Dieux étaient assez similaires aux Mages de l’Étoile du Matin. Ils possédaient des capacités qui dépassaient l’imagination, et tandis que l’un utilisait la magie légendaire, l’autre utilisait les Arts Arcaniques. De plus, ils remplissaient tous les deux les conditions requises pour entrer dans la campagne de guerre antique, et après avoir progressé, ils subiraient une transformation massive.
« Comparé aux rangs des mages, la division des rangs dans le Monde des Dieux est plus importante en nombre. De plus, ces Légendes de haut rang ont des capacités comparables à celles des Mages de la Lune Radieuse de rang 5… » Même dans le premier plan matériel, il y avait de nombreux êtres puissants parmi les natifs de ce monde. S’il y avait des Légendes de haut rang, il y avait aussi beaucoup d’enfants de dieux, d’êtres divins et même de demi-dieux.
D’après les pensées de Leylin, leurs capacités ne seraient pas inférieures à celles des Monarques de l’aube naissante de rang 6, ou même à celles d’un monarque de rang 7 comme lui.
« Le Monde des Dieux est rempli de dangers » soupira Leylin. Non seulement il y avait des églises et des disciples partout sur le continent, mais les dieux avaient des yeux partout sur leurs enfants et leur famille. Dès que des anomalies seraient découvertes, et qu’il attirerait l’attention des dieux… Leylin sentit instantanément son cuir chevelu se hérisser de peur.
« Peut-être… L’aventure n’est pas une bonne option. Il existe de nombreux moyens d’augmenter l’espérance de vie des sorciers. Je peux prendre le temps de m’entraîner… De plus, mon corps principal peut se permettre de m’attendre ! » Leylin changea d’avis.
Sans dangers extérieurs, il ne voyait pas d’inconvénient à passer plus de temps si cela pouvait assurer sa sécurité.
« Jeune Maître Leylin, vos cours de l’après-midi commencent ! Ne faites pas attendre Maître Anthony trop longtemps ! » Une voix douce fut entendue de l’extérieur, et Leylin fut ramené à la réalité.
« D’accord ! » Leylin trouva une serviette et essuya les gouttes d’eau sur son corps, puis se dirigea vers une salle à l’extérieur.
Il y avait deux servantes avec de jolis visages et des rougissements sur les joues. Elles s’avancèrent, utilisant leurs petites mains tendres pour redresser les plis de ses vêtements.
Dans une famille féodale, les servantes personnelles du chef de famille et du jeune maître étaient très importantes. Elles devaient non seulement servir leur maître dans leur vie quotidienne, mais aussi s’occuper de ses besoins corporels. Si tout allait bien, ce rôle était généralement assumé par la fille de la gouvernante.
La famille Faulen ne pouvait évidemment pas se passer de cette coutume. Les deux servantes personnelles de Leylin étaient les filles de la gouvernante principale, Léona. Il était évident qu’elles s’étaient déjà préparées mentalement et qu’elles étaient même légèrement excitées, mais Leylin n’avait pas l’intention de faire quoi que ce soit.
« Je n’ai que treize ans. Bien que de jeunes maîtres puissent avoir acquis de l’expérience dans ce domaine à cet âge, ils ne peuvent pas être comparés à moi… » Leylin savait comment se contrôler.
« Claire, Clara ! Maître Anthony est-il arrivé ? » Leylin observa ces deux sœurs, et ce n’est que lorsque la rougeur s’étendit à leurs cous pâles qu’il leur demanda d’un ton taquin.
« Oui, jeune maître ! » Claire rougit en répondant, se sentant à la fois soulagée et déçue.
« Je ne peux pas laisser mon professeur attendre trop longtemps… » Leylin sourit en partant, n’oubliant pas de les taquiner encore un peu.
« Mais cela ne durera que deux ans…» Sentant cet arôme sophistiqué, Leylin marmonna pour lui-même.
……
Des rayons de soleil entraient par la fenêtre, illuminant le hall.
« Mentor Anthony ! » Leylin s’inclina respectueusement. Bien qu’il ait déjà appris toutes les connaissances de l’érudit, Leylin n’agissait pas trop impoliment car les manières étaient obligatoires pour les nobles.
« Leylin, vous vous êtes bien débrouillé ! » Anthony était déjà un vieil homme, sa voix aimable était basse et ses yeux brillants. Il était évident qu’il aimait vraiment cet étudiant.
« Je vous ai déjà enseigné tout ce qui concerne l’étiquette et le discours sur le continent. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur son histoire… » Anthony sortit un épais tome jaune qui ressemblait à un dictionnaire et le posa sur le bureau.
L’histoire était un sujet rare, même parmi les nobles, et seuls quelques érudits s’y intéressaient. Cependant, Leylin était différent des autres ; il était extrêmement intéressé par ce sujet.
« L’histoire est confuse et insipide. Beaucoup de nobles la détestent. Pouvez-vous me dire pourquoi vous avez choisi ce sujet ? » Anthony caressa la couverture du volume, l’air plutôt nostalgique.
« C’est parce que connaître l’histoire rend sage. C’est comme un miroir qui nous permet de mieux nous connaître. Quelle que soit la bêtise ou l’absurdité d’une situation, elle s’est déjà produite dans le passé. Il faut éviter que cela ne se reproduise. »
« Une nouvelle idée….. qui a du sens… » Le visage d’Anthony rougit et il se mit soudain à tousser, son corps se pliant en une position voûtée.
« Si vous voyez ça, c’est que vous êtes bien mon élève… Bien sûr, vous avez Ernest comme maître et vous n’en ferez peut-être pas grand cas, mais j’espère que vous ne le negliger pas ! » Les mains d’Anthony tremblaient tandis qu’il produisait un paquet de soie blanche et le déballait couche par couche, révélant l’emblème qu’il contenait.
« C’est la preuve de ma gloire en tant qu’érudit, qui m’a été offerte dans la capitale du roi par le Dieu de la connaissance. Il est maintenant à vous…» Les mains d’Anthony tremblèrent tandis qu’il plaçait l’emblème dans les mains de Leylin, « Je crois que vous ne ternirez pas sa gloire ! »
« Je le jure ! » Sentant que la force vitale de ce vieil homme s’affaiblissait déjà, Leylin répondit sérieusement.
Bien qu’il ait déjà un sorcier pour mentor, Leylin n’avait pas abandonné ses études de la culture, et Anthony lui enseignait très sérieusement. On peut dire qu’en 8 ans, le vieil homme a déjà consacré beaucoup d’efforts à Leylin.
Quel grand professeur ! Leylin jugea intérieurement, mais n’avait pas l’intention de l’aider. D’une part, il voulait éviter de se dévoiler, et d’autre part, les concepts du Monde des Dieux étaient différents. Aux yeux des croyants, la mort n’était qu’un nouveau départ. Sous la conduite d’un prêtre, leur âme s’élevait avec gloire jusqu’à la terre des dieux, où ils pouvaient vivre une vie éternelle.