Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 2 – 6h28 – C entre commercial Bacoor, 3ème étage, TechZone
Mark, qui avait perdu connaissance avant même la fin de son combat de la nuit précédente, ouvrit lentement les yeux alors qu’il était allongé sur un matelas moelleux. Alors qu’il fixait le plafond, il ne pensa pas tout de suite à un plafond inconnu, mais il essaya calmement de se remémorer tous ses souvenirs avant l’effondrement, tout en ignorant le fait qu’il se trouvait maintenant dans la salle de stockage de son magasin de base.
Il n’était pas du genre à se réveiller étourdi le matin, même si le moment de son réveil était mal choisi. Au contraire, il avait toujours les idées claires, même s’il était encore endormi après s’être réveillé.
Après s’être remémoré ce qui s’était passé, il essaya d’émettre plusieurs hypothèses sur la façon dont il s’était retrouvé dans cet endroit. C’était une personne qui ne parlait pas beaucoup et c’est pourquoi il avait appris à faire des suppositions et à essayer de trouver la situation exacte à l’aide d’indices qu’il pouvait trouver autour de lui. C’est ainsi qu’il avait géré la plupart des questions qu’il aimait poser à Paula hier. Il s’était contenté de lui poser des questions sur ses capacités et ses antécédents, et il avait pu tirer des conclusions à partir de ce qu’il avait observé chez elle et de ce qu’il avait détecté grâce à ses capacités.
Comme il venait de se réveiller, la première chose qu’il voulut faire fut de soulever son corps et de s’asseoir sur ce sur quoi il était allongé.
« Lourd. »
C’est ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait essayé de bouger. Mark regarda autour de lui et vit deux filles qui dormaient à ses côtés. À sa droite, Mei était agenouillée sur le sol, sa tête reposait sur le matelas moelleux sur lequel il était allongé et ses mains tenaient sa main droite. À sa gauche, Abbygale se serrait contre lui.
Alors que la plupart des hommes se seraient sentis chanceux dans cette situation, Mark, lui, se sentait mal à l’aise.
Qu’est-ce que ces filles font avec un homme blessé ?
Il interrompit le fil de ses pensées. Alors qu’il essayait de sentir l’état de son corps, il ne sentit aucune blessure. D’un autre côté, il sentait que son corps était un peu plus fort qu’avant, surtout au niveau des membres inférieurs.
Mark retira doucement sa main de l’emprise de Mei et détacha lentement Abbygale de son corps avant de s’asseoir.
C’est alors qu’il vit une femme entrer par la porte.
« Tu… »
Il fut surpris à l’intérieur.
Il s’agissait d’une femme d’âge mûr qui portait un débardeur noir recouvert d’une veste en jean, un pantalon ajusté et des chaussures en caoutchouc. Il fixa alors le visage de la femme.
Le visage de cette femme était quelque chose qu’il n’oublierait pas de sitôt. Il était certain qu’il s’agissait de la femme qui était couverte d’une armure d’os de couleur grise la nuit dernière !
La femme parut surprise en le voyant s’asseoir sur le matelas tout en la regardant. Elle se redressa alors correctement et sourit.
« Maître, tu es enfin réveillé. »
Mark entendit le nom qu’elle lui donnait mais l’ignora pour l’instant car il utilisait sa capacité pour découvrir l’intention de la femme. Mais il fronça les sourcils.
Comme Abbygale, il y avait quelque chose d’étrange dans ses fluctuations mentales. Même si ses émotions se lisaient sur son visage, ses fluctuations émotionnelles étaient remplies de loyauté et de dette. C’était différent de la nuit précédente. Lorsqu’il la combattait auparavant, ses fluctuations émotionnelles étaient normales, hormis les fluctuations écrasantes provenant de la conscience qui corrodait la sienne.
« Mon visage a un problème ? »
dit la femme alors que Mark continuait à la fixer sans rien dire.
« Comment m’as-tu appelé ?
– J’ai dit Maître, non ?
– Pourquoi ? »
Mark s’attendait à ce qu’elle réponde, mais elle afficha une expression troublée avant de sortir un petit appareil et un téléphone de sa poche.
Son expression changea. C’était sa caméra Bluetooth et le téléphone qu’il avait utilisé pour enregistrer ce qui s’était passé hier soir.
Alors qu’il recevait les gadgets, leurs voix réveillèrent Mei et Abbygale.
Mei était un peu dans les vapes, elle se frottait les yeux et étirait ses bras en baillant. De son côté, Abbygale fixa Mark pendant un moment et cria.
« Papa ! »
Comme une fusée, elle lança son corps vers Mark pour le serrer dans ses bras avec joie. Cependant, la jeune fille forte avait oublié de contrôler sa force. Abbygale et son papa tombèrent sur le sol dans un bruit sourd. Heureusement, Mei sortit de sa torpeur matinale en voyant son Gege et Abbygale tomber du lit de fortune. Par réflexe, elle recula de sa place, sinon Mark serait tombé sur elle.
Mark s’assit sur le sol, sentant la douleur sur ses fesses. Il voulait gifler cette petite fille blottie contre lui sur le front, mais comme il pouvait voir la joie innocente sur son visage, il ne pouvait pas le faire.
« Gege ! »
Mei, qui avait enfin réagi à la scène qui se déroulait devant elle, sauta à son tour dans l’action et enlaça Mark.
« Ah là là, tu es vraiment aimé, n’est-ce pas, Maître ? »
dit la femme qui observait la porte en ricanant.
Mark la regarda un peu pour la faire cesser avant de se tourner vers les deux qui étaient très joyeux de son réveil. Le sentiment était bon. Sachant qu’il y avait maintenant des gens qui s’inquiétaient pour lui, il était assez heureux, cependant, il se sentait aussi un peu repoussant car il n’était pas habitué à ce genre d’affection.
« Pouvez-vous me laisser m’asseoir ailleurs ? Rester assis sur ce sol froid est vraiment désagréable. »
Les deux filles le laissèrent partir à contrecœur tandis qu’il s’asseyait sur le lit de fortune dont il voyait enfin de quoi il était fait. Il n’est pas étonnant que le lit ne soit pas très confortable. Il était fait de boîtes empilées surmontées d’un mince matelas. Il préférerait dormir sur le sol plutôt qu’ici.
Alors qu’il s’asseyait sur le lit, les deux filles joyeuses se collaient à ses côtés, ne voulant pas se séparer de lui. En écoutant le récit de Mei, il apprit qu’il avait été amené sur une civière portée par les soldats. Son corps était taché de sang tandis que ses membres inférieurs et sa poitrine présentaient des symptômes d’inflammation aiguë. Il souffrait également d’une forte fièvre. Il semblait que Mei s’était occupée de lui pendant le temps où il souffrait jusqu’à ce qu’il se calme.
« Merci. »
Mark tapota la tête de Mei. Avant l’épidémie, il se sentait étranger à ce mot, mais il semblait pouvoir le prononcer naturellement maintenant.
Voyant que son père tapotait la tête de Mei, Abbygale commença à bouder.
« Papa, moi aussi ! »
La petite fille reçut alors un léger pincement sur le nez.
« Tu m’as poussée hors du lit, c’est ta punition. »
Mark regarda à nouveau la femme qui restait là, souriante, à regarder les trois. Il soupira alors.
« Les réponses à mes questions sont enregistrées dans ce téléphone, n’est-ce pas ?
– Elles devraient l’être. »
Déverrouillant le téléphone et ouvrant les galeries, il commença à regarder la vidéo. À côté de lui, il laissa Mei et Abbygale regarder, car il ne ressentait pas le besoin de leur cacher ce qu’il y avait dans la vidéo. Il savait qu’il pouvait faire confiance à ces deux filles. En fait, il se sentait drôle, car il était capable de faire confiance aux gens.
Pendant le premier quart de la vidéo, Mei regarda la femme en état de choc en voyant l’état dans lequel elle se trouvait. Cependant, après les deux tiers de la vidéo, Mei et Abbygale avaient commencé à jeter un regard haineux à la femme. Elles avaient vu ce qui s’était passé lorsque Mark avait été repoussé et elles avaient vu la quantité de sang qu’il avait craché dans la vidéo. Si Mark ne retenait pas Abbygale, la petite aurait peut-être commencé à s’en prendre à la femme.
Cette dernière avait accepté avec culpabilité les regards haineux des deux filles. Elle savait qu’elle n’avait rien à dire pour se défendre. En fait, elle en avait une, mais il ne lui vint pas à l’esprit de l’utiliser comme raison.
Puis, après cette partie, ce fut le tour de Mark. Son visage commença à s’assombrir. Le changement n’était pas dû à un changement soudain de personnalité, de mouvements et de paroles, mais au fait que le “lui” de la vidéo était celui qui avait aggravé les blessures de son corps. D’un autre côté, il semblait qu’il s’attendait en partie à ce que l’autre “lui” se manifeste, car il n’en fut pas surpris.
De son côté, Mei était très surprise par ce qu’elle venait de voir, tandis qu’Abbygale avait l’air confuse. Il semblait qu’elle ne comprenait pas ce qui se passait.
Ensuite, on en était arrivé à la partie où l’accord entre le ‘lui’ de la vidéo et la femme en face d’eux était apparu, ainsi que le très petit tutoriel et la mystérieuse capacité d’aider la femme qu’’il’ utilisait.
« Ce Freed me cause encore des ennuis, ce salaud.
– Gege, que s’est-il passé ? Tu as aussi un trouble de la personnalité multiple ? »
Mei lui demanda avec surprise, ce qui fit soupirer Mark.
« Je ne peux pas vraiment dire s’il s’agit vraiment d’une autre de mes personnalités. Ce type savait beaucoup de choses que je ne savais pas. Tu l’as juste vu utiliser une capacité que je ne connais pas. Sérieusement, ce type est un casse-tête qui me cause des ennuis à chaque fois qu’il sort. »
Mark se gratta la tête, ne sachant que faire à ce sujet. Il regarda alors la femme.
« Tu vas vraiment respecter le contrat qui te lie à Freed ?
– Alors, il s’appelle Freed ?
– Oui. C’est le nom que je lui ai donné, non pas par bonne volonté, mais parce qu’il fait les choses aussi librement qu’il le peut, me causant des ennuis à chaque fois. Restons-en là. Réponds d’abord à ma question. »
Mark regarda la femme d’un air sévère.
Devant son regard, la femme sourit et hocha la tête.
« Tu as déjà vu ma réponse dans la vidéo, n’est-ce pas ? Et je ne te laisserai pas non plus me chasser à coups de pied. Il y a beaucoup de choses pour lesquelles je suis douée, mais ce que je sais faire de mieux, c’est payer mes dettes et remplir ma part des accords que j’ai conclus. C’est ainsi que mes parents m’ont élevé.
– Vu ta réponse, tu deviendras mon serviteur tant que Freed ne te dira pas que tu peux partir, n’est-ce pas ? Je suis sûr que ce salaud ne te laissera pas partir, tu sais ? Ne me dis pas que tu veux servir toute ta vie ? Tu as aussi tes enfants avec toi.
– C’est bon, Maître. Si tu veux que je parte à cause de mes enfants, alors c’est très bien si tu prends aussi mes enfants avec toi. »
Mark dévisagea la femme.
« Il y a quelque chose qui ne va pas dans ta tête. Pourquoi ai-je l’impression qu’être une servante est tout à fait naturel pour toi ?
– C’est à peu près ça. »
La femme se gratta la joue et laissa échapper un sourire ironique.
« En fait, ma mère travaillait comme bonne et mon père était jardinier dans la même maison. J’ai grandi en les aidant, car les patrons étaient une famille riche mais gentille. C’est également eux qui se sont occupés de ma scolarité à l’époque. Maître peut donc dire que le sang d’un serviteur coule dans mes veines. »
Mark se retient de justesse de se taper le front. La femme poursuivit.
« D’ailleurs, je ne pense pas qu’il sera mauvais de te servir. Ce n’est pas seulement que tu as la capacité de te battre presque autant que le muté que j’étais avant. Sans la défense élevée que me confère ma capacité, tu aurais même pu me tuer. De plus, tu n’es pas non plus une personne normale. »
La femme regarda ensuite Abbygale.
« Tu as également une autre personne comme moi à tes côtés. Et tu ne semble pas la traiter différemment d’une fille normale. La plupart des gens nous considèrent comme des monstres, mais tu n’es pas l’un d’entre eux. »
La femme s’était alors jurée.
« Eh bien, Maître, laisse-moi me présenter. Je suis Odelina Nadasia, à ton service. Tu peux m’appeler Odel si tu le souhaite. »
Mark se frotta les tempes, sa tête commençait à lui faire mal.
« Tu t’imposes vraiment de te mettre sous mon aile, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si j’en avais une. »
Odelina ne répondit pas à sa question et se contenta de sourire.