L’Esprit Fantôme de Song Shuhang s’était rétabli en tant que spectre de rang intermédiaire. De plus, il y avait un noyau runique à l’intérieur de son corps, quelque chose que seuls les Esprits Fantômes de haut rang pouvaient posséder. Grâce à lui, il avait une petite chance d’évoluer un jour jusqu’à devenir un Esprit Fantôme de rang supérieur.
De rang intermédiaire, les ectoplasmes avaient déjà une bonne intelligence. De leur côté, ceux de haut rang n’étaient pas inférieurs aux êtres humains. Leur vitesse de cultivation était plus élevée que celle des cultivateurs ordinaires et ils pouvaient apprendre certaines techniques magiques pour les fantômes.
Après avoir terminé sa synchronisation avec Song Shuhang, il avait commencé à se transformer en un Esprit Fantôme de rang supérieur. Même s’il était toujours de rang intermédiaire, il possédait déjà un intellect incroyablement fin.
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Le moine n’avait pas encore compris que sa vie était en danger. Il ne cessait de parler : « Bienfaiteur, avez-vous une dernière volonté ? »
Pour qu’un aussi puissant cultivateur se soit transformé en fantôme, il doit avoir un souhait non réalisé ou une vengeance à exercer !
Si son sauveur avait un souhait non exaucé, il estimait devoir le réaliser à sa place ! Il lui avait sauvé la vie, et il devait absolument le rembourser ! Et comme si une fois ne suffisait pas, il l’avait sauvé deux fois !
L’Esprit Fantôme resta muet.
Peu de temps après, son sauveur n’ayant pas répondu, il demanda avec perplexité : « Bienfaiteur, si vous avez un souhait non réalisé, vous pouvez m’en parler. J’essaierai de l’accomplir à votre place ! »
L’Esprit Fantôme resta muet.
– « Bienfaiteur, s’il vous plaît, faites-moi confiance ! » Puis il fut soudainement éclairé. Était-il possible que son sauveur ne souhaitait rien de spécial mais attendait simplement d’être guidé vers le paradis ? En fait, c’était assez courant. Il était très facile pour les âmes de puissants cultivateurs de se transformer en fantômes après leur mort accidentelle en raison de la grande quantité d’énergie mentale qu’ils possédaient. Cette âme a parcouru des milliers de kilomètres pour me retrouver… Est-il possible qu’il veuille que je l’envoie vers un monde meilleur ? « Bienfaiteur, je comprends enfin. J’organiserai la cérémonie la plus solennelle possible pour vous et je réussirai à transporter votre âme vers l’au-delà ! Je vais réciter silencieusement 300 soutras d’une seule traite en guise d’échauffement. Ensuite, nous pourrons descendre dans un endroit calme et exécuter le rituel ! »
Après quoi, il se mit à répéter dans sa barbe et de mémoire les textes bouddhistes. Mais nul n’aurait pu déterminer de quoi il s’agissait exactement, des mots d’anglais et de sanskrit y étant mélangés.
L’Esprit Fantôme avait vraiment envie de le lâcher. Ce n’était pas qu’il ne voulait pas parler… Il ne le pouvait tout simplement pas !
Le moine acheva bien vite sa récitation. Il se prépara à guider l’être éthéré vers l’au-delà.
Le coin de la bouche de ce dernier se crispa. Il relâcha son emprise sur l’occidental, qui commença à tomber.
– « Hein ? Bienfaiteur ! » Il était dans les airs, à des centaines de mètres d’altitude et sans aucun parachute ! Il n’avait aucun trésor magique capable de vol et n’en avait nullement la capacité. Protégé ou non par son Vrai Qi, même un pratiquant de Deuxième Rang se transformerait en crêpe après une telle chute ! Il hurla, paniqué : « Bienfaiteur, ai-je dit quelque chose d’inapproprié ?! Aaaaah ! »
À ce moment-là, l’Esprit Fantôme fonça sur lui et le rattrapa.
– « Bienfaiteur ! » Le visage de l’homme était couvert de larmes.
Et le spectre le lâcha, une fois de plus. Son objectif était d’atteindre petit à petit le toit d’un immeuble voisin, un bloc haut de 30 étages. Il n’essayait pas vraiment de le faire souffrir, son problème étant qu’il lui était difficile de voler tout en transportant cette énorme carrure d’ours.
La force physique d’un Esprit Fantôme de Deuxième Rang était limitée.
Soulever ce moine et voler à la vitesse d’un cultivateur de Quatrième Rang pendant si longtemps l’avait poussé vers sa limite. S’ils ne pouvaient pas atterrir à temps, le moine tomberait et se transformerait en pizza sauce tomate.
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Paf !
Le bouddhiste atterrit, couvert de sueur à cause de la peur.
L’Esprit Fantôme flotta jusqu’à lui et lui tendit la main.
Le moine le regarda avec perplexité. Ensuite, il leva un doigt.
Leurs deux paumes se touchèrent.
L’instant suivant, un son résonna dans la tête de l’occidental.
Mon corps principal n’est pas mort ! Je ne suis qu’un Esprit Fantôme !
Il se sentit immédiatement mal à l’aise. Il avait en face de lui un Esprit Fantôme ! Il n’en avait jamais vu auparavant, néanmoins il en avait déjà entendu parler. Ces êtres étaient des codes de triche flottant dont rêvaient tous les pratiquants, car même de bas rang, ils pouvaient permettre de doubler la vitesse de cultivation. En avoir un était semblable à détenir une batterie de secours, une assurance contre les pertes d’énergie lors de batailles de longue durée. Et comme si cela ne suffisait pas, l’Esprit Fantôme de son bienfaiteur était très intelligent. Son intellect ne semblait pas différent de celui d’un être humain. Il s’agissait au minimum d’un spectre de rang intermédiaire.
– « Ahahah… Je vois, c’était donc un Esprit Fantôme ! En fait, c’est tout à fait logique. Il n’y a aucune chance que mon bienfaiteur ait fait caca trop fort étant donné sa force ! Hahaha… » Le moine rit bêtement pour cacher son embarras. Puis il changea rapidement de sujet. « Mon Sauveur, avez-vous besoin de quelque chose de ma part ? Vous étiez à ma recherche… »
L’Esprit Fantôme s’assit et lui transmit la pensée suivante : Je suis venu ici pour vous demander conseil sur la façon de guider les âmes des défunts.
– « Quoi ? Bienfaiteur, est-ce que ce thème vous attire, vous aussi ? » Ses yeux s’illuminèrent. Puis il sortit de sa robe un vieux livre aux pages jaunies par le temps. Même si la méthode pour purifier les âmes était très précieuse, ce n’était rien comparé à la gentillesse de celui qui lui avait sauvé la vie à deux reprises. Il tendit prudemment le vieux manuel. « Voici la technique en ma possession. J’ai appris tout ce que je sais de ce livre. Je vous la cède. Oh ! Il y a ça aussi. »
Après quoi, il lui présenta son Soutra du Voeu du Bodhisattva Kishitigarbha. « Si vous combinez ces deux manuels ensemble, vous pourrez guider toutes sortes d’âmes ! »
L’ectoplasme hocha silencieusement la tête. Il tendit la main et ouvrit le second manuel.
Sur la première page, le moine occidental avait écrit : “Je ne deviendrai pas un bouddha tant que je n’aurai pas atteint l’illumination, que tous les êtres vivants ne seront pas guidés et que l’enfer ne sera pas vidé.”
L’Esprit Fantôme feuilleta le Soutra du Voeu du Bodhisattva Kishitigarbha. Il s’agissait d’un texte religieux transmis par une secte bouddhiste ; son contenu était incroyablement difficile à comprendre. La lecture du texte suffisait à faire fluctuer l’énergie spirituelle ambiante. Comment ce moine occidental avait-il pu mettre la main dessus ?
Il parcourut l’ouvrage du début à la fin et en mémorisa le contenu. Il le sentait, ce texte lui serait utile un jour.
Après quoi, il passa au vieux livre aux pages jaunies. Il semblait plutôt s’agir d’un cahier très ordinaire.
Sur la première page, il remarqua quelques mots écrits en tout petit.
Journal du Moine Ascète.
L’Esprit Fantôme était sans voix.
Il releva la tête et regarda le moine occidental. Ce type avait-il vraiment appris la méthode pour transporter les âmes des morts grâce à ce journal intime ?
Il le feuilleta avec une expression dubitative aux lèvres.
Ce n’était pas le Moine Ascète qui l’avait écrit. Quelqu’un avait couché par écrit le récit de sa vie.
Le moine était chauve, portait de fins vêtements en toile de jute et se promenait pieds nus. Même si son corps était maigre, ses yeux étaient brillants et pleins d’énergie.
Le journal était plein de détails insignifiants. De plus, la description du voyage dans l’ascétisme mené par l’Aîné s’étendait sur plusieurs chapitres.
Par exemple, il avait un jour traversé une terre pleine de neige et de glace, refusant de manger ou de boire pendant une semaine. Cette histoire couvrait entre cinq et six pages.
Par exemple, il avait un jour traversé une forêt parsemée de rochers pointus, pieds nus, endurant les difficultés d’un voyage ardu. La description de ses tourments prenait tout autant de place.
Et il y avait un paragraphe sur sa rencontre avec un monstre-bête et leur combat. Cependant, ces parties intéressantes n’étaient mentionnées que brièvement, en passant.
L’auteur du journal décrivait les difficultés de l’Aîné, sa faim, sa douleur, sa soif, etc.
L’Esprit Fantôme ne savait pas si c’était simplement une impression… Mais il avait sa sensation que l’auteur se plaisait à détailler l’ensemble de ses souffrances.
Putain. Le type qui a écrit ça doit être un pur sadique. Un homme du genre à être heureux de développer les malheurs des autres.
Page après page. Il arriva à la moitié du journal.
Le moine était entré dans une forêt effrayante, pleine d’insectes venimeux. Dès le premier jour, il avait été empoisonné et avait failli mourir. Une description très précise de ses symptômes était couchée par écrit. Ses lèvres étaient devenues violettes, son visage bleu, il avait haleté et gémit de douleur, gratté désespérément le sol, cherchant sa respiration.
L’auteur avait vraiment été heureux de le voir souffrir.
Est-ce même un journal ? L’Esprit Fantôme en doutait. Il se demandait s’il s’agissait d’un roman étrange, dans lequel le rédacteur essayait de satisfaire de sombres désirs à l’aide de sa plume.
Comment diable cet occidental a-t-il appris une méthode pour guider les âmes des morts au travers de ce livre ?
Il releva la tête et le regarda.
Le moine le fixait avec l’air d’attendre quelque chose. Chaque fois que ses yeux se posaient sur le vieux livre, il donnait l’impression d’être devant un trésor d’une valeur inestimable. Il paraissait craindre que l’Esprit Fantôme n’utilisât trop de force. Il avait peur de le voir déchirer les pages jaunies en les tournant.
L’Esprit Fantôme était sans voix.
Il essaya de serrer les dents et continua de feuilleter le journal.
Après avoir été empoisonné, l’Aîné avait eu peu de chances de survivre. Mais en s’appuyant sur son incroyable volonté, il avait réussi à vaincre le poison et à revenir dans le monde des vivants.
… Vaincre ? Et puis quoi encore ! Depuis quand peut-on vaincre quelque chose comme le poison grâce à la volonté ? Était-ce trop difficile d’écrire un truc sur le processus de détoxification ?
La vitesse à laquelle l’Esprit Fantôme tournait les pages augmentait.
Au cours de son voyage d’ascète, le moine avait traversé des montagnes, des marécages, des déserts et des mers. Il avait enduré des tempêtes, avait survécu à la foudre, traversé une mer de feu et avait été enterré vivant par des tempêtes de sable.
Autrement dit, il avait vécu toutes sortes d’expériences !
Après avoir feuilleté le journal et presque atteint la fin, l’Esprit Fantôme était un peu ému. Il pensait au jeu de jambes de Marche des 10.000 km de l’Homme Vertueux. Même s’il était réticent à l’admettre, le parcours de l’homme décrit dans cet ouvrage lui rappelait ce que le corps principal pratiquait. L’une était une méthode bouddhiste qui consistait à avancer sans rien posséder. L’autre une méthode d’érudit utilisée pour parcourir des milliers de kilomètres. Il y avait effectivement une chose en commun entre les deux.
Peut-être que le corps principal devrait entreprendre un voyage similaire pendant son temps libre… Gravir des montagnes et traverser des rivières avec uniquement un peu de nourriture et d’eau, tout comme le moine du journal, et endurer les épreuves d’un voyage difficile… Surmonter collines, déserts, marécages, mers, faire l’expérience de tempêtes, d’éclairs, de nuages de sable et de tsunamis. Puis, après avoir terminé ce long périple, son corps se serait renforcé, comme celui de l’ascète. C’est une très bonne façon de s’entraîner, n’est-ce pas ?
Alors, il en arriva à la dernière page du Journal du Moine Ascète.
Le dernier paragraphe était très court.
“Finalement, il est mort… Même ses os se sont décomposés et se sont mêlés à la terre. Il a utilisé sa propre vie comme la fin de son voyage d’ascète. Bien que son corps ait péri, son âme a réussi à atteindre un tout nouveau niveau ! Il a fait le voyage le plus incroyable qui ait jamais eu lieu pour un moine !”
L’Esprit Fantôme était sans voix.
À ce moment-là, il eut envie de déchirer le livre en morceaux.
Qu’est-ce que ça voulait dire, “Finalement, il est mort…” ?
Le moine était effectivement mort ! Comment ne pas déprimer après une telle fin ?
Bon… Comment cet occidental a-t-il appris la méthode pour guider les morts à partir de ce journal ?!
Son visage était crispé lorsqu’il referma le manuel et le rendit au moine.
Ce dernier le rangea avec précaution et demanda avec enthousiasme : « Bienfaiteur, quels ont été vos progrès ? »
L’Esprit Fantôme alla droit au but. « … Comment avez-vous exactement réussi à apprendre quelque chose à partir de ce livre ? »
– « Hein ? Bienfaiteur, n’avez-vous pas été ému après l’avoir fini ? Ne pensez-vous pas que cet Aîné, ce moine qui a traversé toutes ces épreuves, est quelqu’un digne de respect ? Dès que j’ai vu la dernière page, j’ai eu envie de lui présenter mes meilleurs vœux. Alors que cette pensée me traversait l’esprit, toute la vie du moine s’est déroulée dans ma tête, comme dans un film. Ensuite, j’ai réussi à apprendre la méthode pour purifier les âmes grâce à l’expérience de sa vie. »
Ce qu’il disait le moine occidental n’était pas si différent d’affirmer : “Aujourd’hui, j’ai été ému pendant que je résolvais des problèmes de mathématiques. Ensuite, le théorème de Pythagore m’est venu à l’esprit, et alors que je l’appliquais à un triangle, j’ai soudainement appris la légendaire technique du Poing Divin Triangulaire.”
L’Esprit Fantôme soupira.
Il n’était probablement pas capable de comprendre la méthode à partir du Journal du Moine Ascète. Il ne pouvait qu’essayer autrement, d’une manière différente. Ou peut-être pourrait-il, de retour chez lui, interroger les membres du Groupe des Neuf Provinces #1 sur ce sujet. Parmi les Aînés, il devait y en avoir qui savaient comment procéder. Ainsi, il décida de dire au revoir au moine occidental. Il désirait passer chez lui et contacter Yu Jiaojiao pendant qu’il y était.
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Dans le Pavillon de l’Eau Cristalline, à l’intérieur de la Cité du Temps.
Song Shuhang était inconscient depuis le moment où l’Esprit Fantôme l’avait quitté. Cinq jours s’étaient déjà écoulés dans la Ville Basse.
Alors que l’Esprit Fantôme lisait le Journal du Moine Ascète, dix plaies s’ouvrirent dans le dos de l’étudiant évanoui. Du sang en jaillit et teinta de rouge ses nouveaux vêtements. La Sœur Aînée Ye l’avait changé pendant son sommeil et lui avait donné un nouvel ensemble.
Il ouvrit les yeux et des runes en jaillirent. L’instant suivant, les runes disparurent dans le vide.
Après un court laps de temps, elles lui revinrent.
Journal du Moine Ascète. Il s’agit d’un récit décrivant le voyage d’un moine et qui présente la Technique de Guidance des Âmes de la Secte Bouddhiste Sauvant le Monde. Tant que quelqu’un avec un cœur compatissant le lit, il peut saisir l’essence de la Technique de Guidance des Âmes. Si quelqu’un avec un cœur compatissant le lit à haute voix, il obtiendra des gains inattendus.