Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
A+ a-
Chapitre 36 – Effondrement
Chapitre 35 – Hors de Contrôle Menu Chapitre 36 – Effondrement

Alors que l’œil géant en bas se rapprochait rapidement de nous, les environs devinrent chaotiques et tout l’arbre de bronze trembla violemment. Je ne pouvais pas voir clairement ce qu’était la chose qui grimpait, mais d’après sa vitesse, je savais que nous aurions à la combattre en moins de dix minutes.

La couleur du visage de Lao Yang vira au vert :

― Quel genre de putain de pensées il y a dans ta tête ?

― Je jure devant Dieu, c’est la première fois que je vois ce genre de chose ! Lui criai-je, indigné, Si je ne dis pas la vérité, que le ciel me foudroie sur-le-champ !

Me voyant sérieux, il se figea :

― C’est impossible. Si ce n’est pas toi, alors qui est-ce ?

Mais je n’avais pas le temps de réfléchir à cette question. Je lui dis alors d’arrêter de dire des bêtises et de trouver un plan. C’était déjà inconfortable comme ça d’avoir cet œil qui nous fixait.

― Ne t’inquiète pas trop. C’est juste un œil. Qu’est-ce qu’il va faire, nous faire cligner des yeux jusqu’à la mort ? On va juste l’attendre et je vais le rendre aveugle.

Avant même que les mots aient quitté sa bouche, un tentacule de la taille d’une pieuvre apparut et frappa le cocon. Nous nous balançâmes comme des trapézistes en plein vol avant de percuter le mur de bronze. Le cocon se brisa en morceaux, ainsi que le cadavre qu’il contenait. En tombant, les fragments d’ambre ressemblaient à des fleurs dispersées par la Vierge Céleste. (1)

Nous réussîmes tous les deux à nous accrocher aux chaînes de bronze à la dernière minute, mais nous tournâmes tellement que le vertige nous assaillit.

― C’est allé trop loin ! Criai-je à Lao Yang, Tu ne peux pas changer ça ? Matérialise un canon pour qu’on puisse faire exploser ce truc.

― Mais de quoi tu parles ? Tu crois vraiment que c’est si facile ? Cours !

Sans dire un mot de plus, nous grimpâmes sur les chaînes, sans aller très loin car nos mains glissèrent jusqu’à perdre nos forces. Il y avait des champignons gluants qui recouvraient les racines des arbres en haut et je sentis mon cœur se crisper de peur. Nous sommes foutus. Allons-nous vraiment mourir ici ?

À ce moment-là, Lao Yang leva la main et je sentis disparaître cette sensation de glissement sous mes doigts. Il grimpa comme un singe, puis se retourna pour me tirer vers le haut, seulement, je n’avais pas une prise solide sur sa main et je faillis tomber :

― Si tu as ce genre d’habileté, ne serait-il pas mieux de fabriquer une échelle ? Lui dis-je.

― Garde tes opinions pour toi ! Il claqua des doigts.

Nous serrâmes les fesses et nous remontâmes dans la chambre extérieure du cercueil. Le brouillard s’étant dissipé, je voulus en profiter pour regarder ces sculptures en relief aperçues précédemment, mais Lao Yang me dit de laisser tomber car le temps nous était compté.

Tandis qu’il commençait à me tirer vers le mur pour continuer à grimper, le tentacule sortit du puits du cercueil comme un éclair et projeta son énorme couvercle en pierre dans les airs. La force du coup fut si puissante que même les racines solides comme du fer furent réduites en pièces. L’arbre de bronze trembla violemment une fois de plus, des racines, de l’écorce pourrie et de la poussière volaient dans tous les sens. L’éruption soudaine envoya également un grand nombre de racines fuser comme des balles. Elles s’écrasèrent sur la promenade en planches, en balayant une section relativement importante. Nous étions tous les deux allongés sur une racine glissante et fûmes projetés hors de la chambre la seconde suivante, atterrissant sur l’autel sacrificiel dans un bruit sourd et douloureux.

Après que le tentacule se soit échappé des limites de l’arbre de bronze, il ne semblait pas vouloir y retourner. Il roula sauvagement et cabossa même deux des statues de bronze du voisinage. Lorsque Lao Yang et moi l’eûmes esquivé plusieurs fois avec difficulté, Lao Yang pointa du doigt la promenade et dit que nous devions descendre rapidement, sinon nous mourrions.

A ce moment, je me souvins que Lao Yang avait assommé le patron Wang et l’avait laissé à l’extérieur. Même si le vieil homme était un salaud invétéré, il n’était pas nécessairement mauvais. Nous ne pouvions pas le laisser ici. J’essayai de le chercher, mais je ne le vis nulle part. Une de ces racines volantes l’avait-elle fait tomber au sol ?

Les racines des arbres proches avaient toutes été déracinées et détruites, ne laissant que celles qui s’étendaient sous l’autel. Quand Lao Yang me vit regarder autour de lui, il me donna un coup de pied violent et désigna ensuite le ciel. Je levais les yeux et je vis l’imposant couvercle du cercueil tomber droit sur nous. Alors que nous nous précipitions pour l’éviter, Lao Yang roula et attrapa le sac à dos qui était accroché aux racines voisines. Puis, nous sautâmes tous les deux sur la corde d’escalade que Wang et moi avions utilisée pour venir ici.

Dès que nous saisîmes la corde, le couvercle s’écrasa sur l’autel, se brisant en morceaux dans un fracas assourdissant. La corde à laquelle nous tenions vibra très fortement et faillit se rompre, résistant à peine à nos poids combinés.

Je jetai un coup d’œil en arrière et je vis que la racine de l’arbre autour de laquelle notre corde d’escalade était enroulée, ainsi que celles du banian autour du cercueil, avaient été déchirées en lambeaux et tenaient à peine. Non seulement ces quelques restes ne pouvaient pas supporter notre poids, mais le pic commençait progressivement à glisser de la racine autour de laquelle il était enroulé. Il n’allait clairement pas tenir beaucoup plus longtemps.

Je devins de plus en plus mal à l’aise et je demandai à Lao Yang de grimper plus vite, autrement nous finirions comme le vieux Tai ! Après mes dires, il me gifla si fort que mes oreilles se mirent à siffler.

― C’est quoi ce bordel ? Putain, t’es devenu accro à me frapper ?

“Et quoi, si je te frappe ? Garde tes pensées en tête et n’y pense pas…

Penser à quoi ? Lui hurlais-je.

Vint ensuite une forte détonation derrière nous. La chambre extérieure du cercueil se bomba et se fissura pour laisser sortir la tête d’un serpent noir géant. Ce que nous avions pris pour un tentacule s’avérait être en fait la queue de ce serpent. Mais en le regardant, je trouvais qu’il était très bizarre : il n’avait qu’un œil, ses écailles étaient très petites et il ressemblait plutôt à un insecte géant.

Après que le serpent se soit glissé dehors, son énorme œil se concentra sur nous. Lao Yang, voyant que la situation était mauvaise, sortit rapidement le couteau de chasse de ma ceinture et coupa la corde d’escalade d’un coup violent. Une fois rompue, nous nous balançâmes dans les airs à l’instar de Tarzan et nous nous écrasâmes sur la passerelle en planches de l’autre côté. Comme j’avais de l’expérience cette fois, je savais qu’il fallait faire une roulade à l’atterrissage pour amortir l’impact.

Une fois que Lao Yang eut atterri, il sortit le fusil court de l’endroit où il était attaché sur le côté de son sac à dos, le dirigea vers l’œil et tira. La balle y perça un grand trou, et le serpent se recroquevilla en boule de douleur. Sa queue balaya une section entière de la promenade au-dessus de nous.

Lao Yang évita les morceaux de bois volants, attrapa mon bras et commença à me tirer vers le bas, tout en poursuivant ses tirs sur le serpent. Je savais que cette arme ne pouvait contenir que cinq balles en même temps, mais Lao Yang continua sans s’arrêter pour recharger, les balles volant pratiquement comme un jet d’eau.

Malheureusement, le calibre de cette arme était encore trop petit et le serpent avait appris à se méfier. Il resta recroquevillé, protégeant son œil avec son corps. Conséquemment, toutes les balles finirent par toucher sa queue. Cependant, ses écailles étaient aussi dures qu’une armure et les balles, pratiquement inutiles contre lui.

Je dis à Lao Yang de se dépêcher et de courir. Nous nous précipitâmes jusqu’au trou dans la promenade quand Lao Yang m’attrapa alors que j’allais escalader la paroi rocheuse :

― Tu crois qu’on a le temps pour ça ? Il sauta avec moi sur la promenade. Dès notre atterrissage, nous entendîmes un grand craquement. Les planches n’avaient pas résisté à l’impact et elles se brisèrent en une douzaine de morceaux. Nous passâmes à travers, traversâmes un autre niveau jusqu’à une plate-forme tout en bas de la promenade.

J’avais très mal atterri cette fois-ci, si bien que ma bouche et mon nez se retrouvèrent couverts de sang. Lao Yang me tira par les pieds et dit :

― On dirait que mes calculs étaient trop optimistes. Tu vas bien ?

Ma tête fut si étourdie que je ne savais pas comment répondre, mais ce serpent glissait déjà le long de l’arbre de bronze comme un éclair.

― Nous ne pouvons pas le battre dans un combat et nous ne pouvons pas lui échapper non plus, cachons-nous dans une de ces grottes en bas, dit Lao Yang.

Je regardai en bas, mais il n’y avait plus de planche. La seule chose que je pouvais voir était la petite grotte où nous nous étions arrêtés pour nous reposer plus tôt. Il y avait beaucoup de grottes de ce genre densément regroupées, donc nous devrions pouvoir en trouver une facilement. De plus, ce serpent était si gros qu’il ne devrait pas pouvoir entrer dans la plupart d’entre elles. De cette façon, nous pourrions l’éviter pendant un certain temps alors que nous essayions de trouver un plan.

Yang me tira de la falaise et grimpa dans la grotte la plus proche, faisant moins d’un mètre de diamètre, lorsque l’œil apparut à l’entrée. Il nous regarda fixement pendant une seconde, puis malmena l’entrée de la grotte pour essayer d’y pénétrer.

Lao Yang lui tira dessus plusieurs fois, pour tenter de le repousser, toutefois les balles ne réussirent qu’à briser quelques écailles sur sa tête. Une fois encore, l’arme n’eut aucun effet.

Le serpent essaya de se faufiler à l’intérieur, mais sa tête était aussi grosse qu’un camion de libération et il ne put entrer. Voyant qu’il n’y parviendrait pas, il enfonça sa tête dans l’entrée, envoyant des pierres tout autour. Nous nous retirâmes rapidement plus profondément dans la grotte afin de ne pas être écrasés par les rochers qui tombaient.

Le serpent devint furieux quand il nous vit reculer et enfonça l’entrée à nouveau. Toute la grotte trembla et craqua depuis l’entrée jusqu’au plafond au-dessus de nos têtes.

Le basalte étant déjà très instable en raison de l’excavation excessive de la rivière souterraine, cette collision avait détruit l’équilibre délicat entre les couches rocheuses internes, et une réaction en chaîne se produisit : un tas de fissures capillaires apparurent dans la roche et commencèrent à se propager. Lao Yang m’entraîna plus profondément dans la grotte. Encore sous le choc, je ne pus faire que quelques pas quand j’entendis un grand bruit de fracas. Ma vision fut ensuite parasitée par de la terre et de la poussière, tandis que des gravats tombaient dans toutes les directions, et un effondrement se produisit quelque part à proximité.

Je me mis instinctivement en boule et je plaçais mes bras au-dessus de ma tête alors que des pierres tombaient, frappant mon corps et mon dos plus d’une dizaine de fois. Au milieu de tout ce chaos, Lao Yang m’attrapa et me traîna à ses côtés. Puis, nous entendîmes un grand bruit alors qu’un rocher aussi gros qu’un bureau tombait d’en haut et bloquait complètement l’entrée de la grotte.

A présent, non seulement le serpent noir ne pouvait pas entrer, mais nous ne pouvions pas le voir non plus. Il n’abandonna pas pour autant. En fait, il continua à percuter l’entrée plus d’une dizaine de fois d’affilée. Des rochers tombaient encore et même les murs environnants commençaient à se fissurer.

― Nous ne pouvons pas continuer comme ça, dit Lao Yang, J’ai peur que cette chose ne s’arrête pas avant de nous avoir tués. S’il fonce dans la falaise de nouveau quelques fois, toute cette foutue montagne pourrait s’effondrer.

Je tournais la tête et je vis que nous nous étions déjà retirés dans la partie la plus intérieure de la grotte. Il n’y avait nulle part ailleurs où se replier. Si d’autres effondrements se produisaient, même un Immortel Daluo (2) ne serait pas en mesure de nous sauver.

À ce stade, nous étions dans une situation désespérée. Même si nous avions des explosifs, ce n’était pas comme si nous pouvions les utiliser dans un si petit espace. Alors que je regardais les fissures dans la roche environnante s’étendre petit à petit, je ne pouvais m’empêcher de paniquer.

Puis, l’une des fissures éclata alors qu’une section de la paroi rocheuse était submergée par la tension et s’effondra. Nous nous serrâmes contre les murs voisins, réussissant tout juste à éviter l’effondrement. Une fois la poussière retombée, nous aperçûmes une autre grotte derrière les décombres.

Je fus ravi, ayant une pensée pour le ciel qui ne m’avait pas oublié ! Ce mur effondré était probablement une cloison entre les deux grottes, et maintenant qu’il était brisé, un couloir de pierre était apparu entre les deux.

Je me tournais rapidement vers Lao Yang et lui dis de me suivre à l’intérieur, mais Lao Yang s’arrêta devant moi

― Tu ne peux pas entrer là-dedans !

(1) Le terme “Vierge céleste dispersant des fleurs” (qui pourrait également être traduit par “Déesse dispersant des fleurs”) provient d’une histoire du chapitre 6 du Vimalakirti Sutra. Il est dit qu’une déesse céleste a dispersé des fleurs pour tester les disciples du bodhisattva Shravaka.

(2) Rappel : Les immortels de Daluo sont comme les immortels de haut rang des royaumes de culture dans les mythes et légendes anciens. Dans ce sens, les immortels sont des personnes dotées de capacités extraordinaires qui sont omniscientes, omnipotentes, transcendantes et immortelles.



Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 35 – Hors de Contrôle Menu Chapitre 36 – Effondrement