Elle m’a pris pour quelqu’un d’autre ? Un certain Song le Lourdaud ?
C’est déjà la troisième fois que je suis pris pour quelqu’un d’autre… La première fois, c’était dans le coffre au trésor du Maître du Palais au Talisman des Sept Vies. À l’époque, la pousse de bambou m’a pris pour un autre et m’a frappé sans pitié. La deuxième fois, c’était lorsque je rêvais de ma vie sur l’île mystérieuse. J’ai vu un petit dragon blanc dans la tombe souterraine aménagée par l’Aîné Cochon Éclair. Plus tard, le dragon blanc m’a aussi impitoyablement frappé après m’avoir pris pour quelqu’un d’autre. Et maintenant, le Maître du Pavillon de l’Eau Cristalline aussi… ?
Song Shuhang regarda la femme à l’air paresseux et aux cheveux noirs. Il demanda : « Aînée… Qui est ce Song le Lourdaud ? » Est-il possible que je sois la réincarnation d’un ancien pratiquant ?
– « Song le Lourdaud… » Elle leva la tête et s’inclina contre son fauteuil, se plongeant dans ses pensées. « C’est un Daoïste que j’ai connu il y a très, très longtemps. Nous avions une relation plutôt cordiale, je dirais. Mais tellement de temps a passé, je ne sais pas s’il est encore en vie. Cela fait si longtemps depuis notre dernière rencontre. »
– « Aînée, est-il possible que je sois sa réincarnation ? » Il s’agissait du sujet qui le préoccupait le plus. Il n’avait aucune expérience en la matière, mais il savait que les pratiquants pouvaient réellement se réincarner. Tant que la mort n’était pas causée par une Tribulation Céleste ou que l’âme n’était pas détruite par un ennemi, il y avait une chance de voir cela se produire.
– « Hmm… Impossible. » Elle s’appuya encore plus contre le dossier. « Ce type n’a pas l’espoir d’une prochaine vie. S’il veut se “réincarner,” il ne peut que s’emparer du corps d’une autre personne ou de celui d’une marionnette. »
Si ce mystérieux Song le Lourdaud avait pris possession de son corps, Song Shuhang ne serait pas lui-même, mais cet inconnu. S’il avait pris le corps d’une marionnette, ils n’avaient définitivement rien à voir.
Mais dans ce cas… Pourquoi continue-t-on à me prendre pour lui ? Y a-t-il un lien karmique entre nous deux ?
Il insista : « Est-ce que cette personne et moi nous nous ressemblons ? »
Il ne parlait pas seulement de leurs traits ou de leur visage, mais de quelque chose de plus profond. Dans ce monde, il n’y avait pas deux feuilles d’arbres complètement identiques, et il en était de même pour les humains. Lorsqu’ils jugeaient une personne, les pratiquants ne se basaient pas uniquement sur l’apparence… Cependant, la pousse de bambou, le dragon blanc et la feignasse aux longs cheveux noirs devant lui avaient tous réussi à le prendre pour quelqu’un d’autre !
– « Comment l’expliquer… Si l’on considère votre apparence extérieure, la ressemblance est ténue. Mais pour ce qui est de votre âme et de votre aura, la confusion est très facile. C’est étrange… N’est-ce pas ? Peut-être êtes-vous son descendant ? Je me souviens qu’il a eu une femme autrefois… Peut-être est-il votre ancêtre. C’est possible. »
– « Mon ancêtre ? » Song Shuhang secoua la tête avec perplexité. Pour diverses raisons, sa famille avait déménagé à plusieurs reprises et les archives de son arbre généalogique avaient été perdues longtemps auparavant, au point que les informations les plus anciennes disponibles étaient celles concernant le père de son grand-père…
Soudain, la femme se leva de son fauteuil. Ses cheveux, à la fois épais et longs, cascadaient sur ses épaules comme une cape et étaient traînés sur le sol à mesure qu’elle avançait.
Elle arriva devant Song Shuhang et leva la tête pour le regarder. Le Vrai Maître réalisa qu’elle était en fait assez petite. Elle atteignait tout au plus son menton.
Elle rit d’un air complaisant. « Maintenant que j’y pense, le Lourdaud a laissé un trésor dans le Pavillon de l’Eau Cristalline. Il disait qu’il reviendrait un jour pour le récupérer. Malheureusement, je ne peux pas le lui rendre… parce que je l’ai déjà utilisé ! Wahaha ! »
– « … »
Ensuite, elle leva la main et l’agita. Li Yinzhu, qui était dans les bras de Song Shuhang, fut soulevée par une force invisible et envoyée à Chu Chu qui attendait à l’entrée de la pièce.
Ensuite, la Fée Chu tendit ses mains et caressa doucement les joues de l’étudiant. Ses paumes étaient glaciales. « Hmm, voyons voir. La technique que vous pratiquez est la Technique basique du poing bouddhiste… et la Technique des Trente-trois Bêtes Divines ? Êtes-vous un disciple de la Secte des Trente-Trois Bêtes Divines ? »
Seuls ses doigts entraient en contact avec son corps, et pourtant elle pouvait nommer les techniques de cultivation que Shuhang pratiquait comme si elle connaissait extrêmement bien le sujet ! Sa force et ses connaissances étaient incommensurables !
Au même moment, il ressentit une puissante aura oppressante venir de cette femme. Elle lui rappelait le Vénérable Blanc, le Vénérable Papillon Spirituel, le Vénérable Tornade et le Vénérable Septième Cultivateur de la Vraie Vertu… Elle devait en être un elle-même.
Non, peut-être même était-elle encore plus forte !
– « Non, Aînée. La Secte des Trente-Trois Bêtes Divines a déjà disparu. La technique que je pratique a été récupérée et révisée pour moi par le Vénérable Blanc. Ensuite, je suis tombé par hasard sur la Technique de la Baleine Avaleuse et j’ai finalement complété l’ensemble. »
– « La Secte des Trente-Trois Bêtes Divines a disparu ? » La femme aux cheveux noirs était étonnée. À une époque, la Secte avait été une organisation importante et influente, et plusieurs Vénérable y avaient occupé des rangs importants. Elle ne s’était pas attendu à avoir des nouvelles de sa destruction. « Le monde est vraiment en constante évolution… »
Tenant le visage de Song Shuhang à deux mains, elle fronça légèrement les sourcils et l’expression paresseuse s’évapora de son petit visage.
Ensuite, elle traîna ses longs cheveux noirs et retourna dans son grand fauteuil inclinable. Elle s’y allongea.
– « Je suis fatiguée. »
– « ? » Song Shuhang était confus.
– « Je suis fatiguée, et j’ai aussi sommeil. Par conséquent, j’ai l’intention de dormir un moment… À demain. » Après quoi, elle sortit une couette de nulle part et s’en couvrit. Le fauteuil bougea comme un Transformers, devenant un grand lit confortable en un clin d’œil. Elle fit signe à l’étudiant et aux autres. « Bonne nuit. »
Le jeune homme ne savait pas s’il devait éclater de rire ou fondre en larmes. Que se passait-il au juste ?
Derrière lui, la porte de la salle s’ouvrit. Les deux serviteurs entrèrent. Ils sourirent en s’excusant et firent un geste les invitant à sortir.
– « Bien sûr. Aînée, à demain. » Song Shuhang et Chu Chu n’eurent d’autre choix que de quitter les lieux.
❄️❄️❄️
Après le départ de ses trois invités, la Fée Chu ouvrit les yeux. Ses pupilles bougèrent légèrement. Des runes apparurent et formèrent automatiquement plusieurs images.
Un sabre flamboyant capable de brûler les cieux.
Une épaisse chaîne dorée sur laquelle étaient gravés trente-trois animaux.
Une marionnette aux traits fins.
Une tige de bambou et un dragon blanc.
Un gant argenté et un os de sang…
Chacun de ces objets était lié à un puissant cultivateur.
– « Même en mettant de côté ce mystérieux “Ciel Écarlate”… Qu’est-ce que les autres essaient de faire ? » marmonna-t-elle. Après un court instant, elle tira la couette vers son menton et s’étira sous les draps. « De toute façon, ça n’a rien à voir avec moi. Je suis tellement fatiguée… Bon, puisqu’il semble être lié à Song le Lourdaud, autant lui donner un coup de main… La Cité du Temps est un très bon endroit. Je les y amènerai demain pour les détendre… »
Vers la fin, elle parlait en dormant.