“Jack, es-tu vraiment prêt à affronter les dangers à venir ?” Fabian demanda à Jack après qu’il ait poussé un long soupir. Il pouvait voir émaner de Jack le même esprit fier et intrépide qu’il avait l’habitude d’avoir
Hochant lourdement la tête, Jack répondit obstinément : “Oui, j’ai pris ma décision.”
Voyant que Jack insistait, Fabian secoua la tête et ne dit rien de plus. Il comprenait au fond de lui que Jack avait enfin grandi. Peut-être qu’un peu de tempérance à l’âge de Jack n’était pas une mauvaise chose. De plus, Fabian savait que Han Shuo prendrait bien soin de Jack et ne laisserait jamais son ami se blesser.
Le silence de Fabian signifiait qu’il n’était plus opposé à l’idée. Jack se tourna alors vers Han Shuo, les yeux pleins d’attente. Han Shuo, qui dépassait Jack d’une demi-tête, se plaça devant lui et lui tapota l’épaule. Il lui dit sincèrement : ” Ne te précipite pas pour prendre une telle décision pour l’instant. Reste à Brettel pendant quelques jours. Tu me feras signe quand tu auras bien réfléchi”.
Brettel ne serait plus aussi paisible au cours des prochains jours. Peut-être que lorsque Jack verra les cruelles réalités de la guerre de ses propres yeux, il abandonnera automatiquement cette idée, se dit Han Shuo.
Han Shuo ne continua pas à parler de ce sujet avec Jack. Cependant, il était plutôt intéressé par la fille préférée de Jack, Jessica, et il lui demanda toutes sortes de choses à son sujet.
D’après les réponses balbutiantes de Jack, Han Shuo comprit que la fille nommée Jessica était la fille d’un petit noble. Son père avait fait des affaires avec la guilde marchande de Boozt et avait appris à connaître Jack lors de ses fréquentes visites à Boozt. Pour l’instant, l’amour de Jack était unilatéral. Il n’était qu’un simple comptable de la guilde des marchands et ne pouvait donc pas attirer l’attention de la fille d’un noble. De plus, le corps potelé de Jack ne lui conférait aucun avantage.
Jack avait également découvert l’homme idéal de Jessica en utilisant des méthodes sournoises pour obtenir cette information. Dans le Continent Profond, où l’aristocratie dominait, même Phoebe, la propriétaire de la Guilde Marchande Boozt, n’était pas acceptée par la classe supérieure. Comment Jack, un petit comptable, pourrait-il alors être accepté ?
Par conséquent, Jack espérait maintenant que Han Shuo l’aiderait en raison de son amour fanatique pour Jessica et peut-être de son esprit vraiment motivé.
L’atmosphère joyeuse dura tout au long du banquet, les invités se sentant comme chez eux. À l’extérieur du manoir du seigneur de la ville, les civils qui avaient entendu la nouvelle hésitaient à se disperser et continuaient à venir. La tentation de la nourriture gratuite avait dépassé l’imagination de Han Shuo. Les serviteurs engagés étaient occupés toute la journée, mais n’arrivaient toujours pas à suivre. Cette situation s’éternisa jusqu’à ce que le soleil se couche derrière les montagnes et que le voile de la nuit soit sur le point d’envelopper la terre. Ce n’est que sous la persuasion amicale des chevaliers que la foule de civils se dispersa enfin.
La nuit précédente s’était déroulée sans lune. Ce soir, elle brillait ostensiblement, comme si elle rattrapait le jour de repos d’hier. Debout dans le plus haut clocher du manoir du seigneur de la ville, Han Shuo regardait Brettel, baigné par la lumière de la lune. Brettel était vaste et couvrait une surface énorme. Des maisons occupaient chaque parcelle de terrain jusqu’aux portes de la ville dans les quatre directions, pouvant accueillir des millions d’habitants.
À l’origine, Brettel avait été construite pour servir de base militaire afin d’attaquer les sept grands duchés. Après bien des vicissitudes et des humiliations, Brettel se dressait toujours fièrement. Si elle n’avait pas subi les sévères représailles des sept grands duchés après de nombreuses tentatives de conquête infructueuses, Brettel serait probablement l’une des villes les plus puissantes de l’Empire Lancelot
Une grande quantité de pièces d’or avait été investie dans la rénovation de Brettel. Han Shuo n’avait pas hésité à rehausser et à améliorer les murs de la ville. En plus des six terrifiants canons de cristal magique, de nombreux chars de guerre et catapultes lanceuses de pierres remplissaient désormais les postes initialement vides le long de la muraille. Divers équipements d’une grande puissance de feu avaient été rassemblés.
Brettel avait commencé à dévoiler ses crocs à une époque inconnue, comme la féroce machine de guerre géante qu’elle était. Après avoir investi des millions de pièces d’or, elle était prête à écraser tous ces envahisseurs arrogants et ambitieux qui osaient venir à l’improviste.
Une brigade d’un millier de personnes revenait progressivement de la direction de la Cité Seamist. Cette brigade de soldats appartenait à Dorcas. Leurs armes brillantes et leurs armures robustes étaient d’un tout autre niveau que celles de la nuit dernière. Chaque épée valait au moins trois pièces d’or, et chaque armure et casque en valait au moins cinq, car ils étaient forgés dans l’acier le plus fin.
De plus, chaque soldat était équipé d’autres armes tranchantes et maniables, comme des dagues, d’une valeur de plus de dix pièces d’or. Cependant, certains soldats qui auraient normalement été chevaliers avaient été temporairement affectés aux unités d’infanterie en raison d’un manque de chevaux de guerre. Les chevaux de guerre étaient une ressource rare, même dans l’empire de Lancelot. En fait, les sept grands duchés étaient experts en élevage de chevaux. Il était dommage que Han Shuo n’ait pas trouvé le moyen de s’approvisionner auprès d’eux.
Un millier de soldats montés sur des chevaux de guerre avançaient en ordre vers Brettel sous la direction de Dorcas. Ces gens devaient avoir traversé de nombreuses batailles, chacun d’entre eux avait l’air lointain avec une subtile lueur de folie dans les yeux. Leurs armures et leurs armes avaient été polies, mais les taches de sang sur leurs vêtements étaient évidentes.
Du haut du manoir du seigneur de la ville, Han Shuo regarda Dorcas pendant un moment avant de se murmurer à lui-même, satisfait : ” Trois jours, douze groupes de bandits. Sur le millier de soldats qui étaient partis, neuf cent soixante sont revenus sains et saufs. Seulement quarante morts. Un sacré talent !”
Une demi-heure plus tard, Dorcas avait enfilé une tenue propre et marchait sous le clair de lune en direction du manoir du seigneur de la ville. Han Shuo le reçut dans le salon.
“Dorcas, très bien joué. Les douze groupes de bandits ont-ils été complètement détruits ?” Han Shuo regarda Dorcas agenouillé et lui demanda en souriant.
Secouant la tête, Dorcas leva les yeux vers Han Shuo et dit : ” Monsieur le Comte, il en reste encore plus de sept cents en vie. ”
Han Shuo fronça les sourcils, ne permettant pas à Dorcas de se lever. Son doigt tapota inconsciemment l’accoudoir de son fauteuil. Il loucha sur Dorcas et lui demanda : ” Dorcas. Tu as fait sortir un millier de soldats. Avec tes méthodes, tu n’aurais pas laissé sept cents bandits s’échapper, n’est-ce pas ?”
Dorcas leva les yeux vers Han Shuo, son expression inchangée, et répondit : ” Monsieur le Comte, douze groupes de bandits ont été complètement détruits, tous les obstacles entre Seamist et Brettel ont été franchis. Seulement, votre humble serviteur ne pense pas que tuer à l’aveugle soit une bonne solution. Les crimes de ces sept cents bandits ne sont pas suffisants pour les condamner à mort. Ils étaient seulement impuissants et forcés de commettre des crimes pour survivre.”
“Ce serviteur pense que si votre Seigneurie veut que Brettel se développe aussi vite que possible, des politiques douces appropriées sont nécessaires, en dehors de l’arme du massacre en masse. Les bandits sont faciles à apprivoiser. Une fois qu’ils auront été tempérés, ils se soumettront sincèrement à vous, mon Seigneur. Ils deviendront également vos guerriers féroces et loyaux.”
Han Shuo resta silencieux un moment après avoir entendu les mots de Dorcas. Il regarda ensuite Dorcas et hocha lentement la tête en disant : ” Dorcas, tes paroles ne sont pas fausses. En effet, je n’y avais pas réfléchi attentivement. Mhm. Si c’est le cas, tu as dû recruter les sept cents bandits, mais pourquoi ne les vois-je pas ?”
Hochant la tête, Dorcas était toujours agenouillé car il n’avait pas reçu l’ordre de se lever. Il dit respectueusement : “C’est exact. Sept cent quarante-deux bandits se sont rendus et nettoient le champ de bataille comme je l’ai ordonné. Mon Seigneur, les cadavres en décomposition des réfugiés sont partout le long de la route entre la Cité Seamist et celle de Brettel. Ce genre de situation est très préjudiciable au développement de la ville de Brettel. J’ai donc ordonné aux bandits de nettoyer tous les cadavres sur le bord de la route.”
“Très bien, Dorcas, c’est très gentil de ta part. Mm, c’est vrai, tous tes gens sont revenus. Tu n’as pas peur que ces bandits s’enfuient ?” Han Shuo fit d’abord l’éloge de l’autre avant de poser une question sceptique.
” Mon Seigneur, vous ne savez peut-être pas que la vie de ces bandits n’est pas meilleure que celle des réfugiés. J’ai seulement promis de leur donner le même traitement qu’aux soldats ordinaires de Brettel, et ils ont accepté sans hésiter.” Dorcas répondit avant de s’arrêter un instant. Il sortit un gros paquet qu’il tendit à Han Shuo des deux mains en disant : ” Un total de trente-sept mille pièces d’or ont été trouvées après avoir attaqué les douze groupes de bandits. Il y avait également de l’argent, du jade et des minerais d’une valeur de plusieurs milliers de pièces d’or, que les soldats sont en train de transporter vers l’entrepôt. Quant aux armes sans valeur, je les ai laissées dans le repaire d’un groupe de bandits pour l’instant, car elles étaient trop lourdes alors que leur valeur n’était pas très élevée. J’ai estimé qu’il n’était pas nécessaire de les ramener, alors je les ai laissées.”
“C’est bien. C’est bien. Tu as très bien réfléchi. Lève-toi. Je vais enregistrer tes accomplissements en tant que grands mérites. Tant que tu continues comme ça, tu obtiendras ce que tu veux tôt ou tard !” Han Shuo regarda profondément Dorcas, et dit : ” Brettel est ta scène. Il semble que tu t’adaptes lentement à ta nouvelle position. Notre Empire a envoyé de grandes armées dans les sept duchés de l’est, mais n’a pas pu les dominer. Cependant, puisque nous sommes déjà ici, nous devons à tout prix saisir cette chance de nous élever vers de nouveaux sommets. Nous montrerons à ces talents médiocres de l’Empire, qui n’ont pas pu le faire, comment nous le faisons.”
“Votre serviteur jure de vous suivre jusqu’au bout, mon Seigneur !” Dorcas poussa un grand cri. Il se tint droit devant Han Shuo, comme une autre Lame Tueuse de Démons invincible.
“Très bien, tu es congédié. Les pièces d’or sont temporairement sous ta responsabilité, considère-les comme le capital pour les armures et les armes des sept cents nouvelles recrues.” Han Shuo fit signe à Dorcas de partir. Après le départ de ce dernier, Han Shuo tomba dans le silence, réfléchissant aux paroles de Dorcas concernant la tentation des bandits. Il sentait qu’il y avait effectivement une part de vérité dans ses paroles.
Deux jours plus tard, tôt le matin.
Dick vint rapidement voir Han Shuo avec un rapport, “Mon Seigneur, plusieurs groupes de bandits de la même taille que le groupe de Troda se rassemblent dans une forêt à plus de six miles de Brettel. J’ai reçu cette information d’un membre du Manteau Noir en mission dans l’un des duchés. J’ai entendu dire que ces groupes de bandits comptaient un total de quinze mille personnes, toutes prêtes à se précipiter et à piller furieusement notre ville.”
” Il était temps qu’ils viennent !” Han Shuo renifla froidement puis dit : ” Envoie quelques personnes pour surveiller leurs allées et venues. Quinze mille bandits ? Ce sera le premier vrai défi que la ville de Brettel devra relever !”
” Mon Seigneur, voulez-vous prévenir les chefs des montagnards ? Les trois mille soldats qui gardent Brettel sont trop exposés au danger pour l’instant. Les montagnards pourraient peut-être nous aider !” proposa Dick.
Han Shuo secoua la tête et dit : “Pas pour l’instant. C’est un test pour nous. Les résultats de cette bataille détermineront si je peux les faire danser à ma guise à l’avenir. Humph ! Même si nous n’avons qu’un peu plus de trois mille soldats, les murs de la Cité de Brettel ne sont plus en lambeaux comme avant. J’ai dépensé tant de pièces d’or pour Brettel ! Pensent-ils qu’il est si facile de la briser ?”
Han Shuo osait dire cela parce qu’il était assez confiant. Les soldats pouvaient se cacher sur les hauts murs de la ville et attendre tranquillement que les ennemis s’épuisent, tout en utilisant leurs nouveaux équipements tels que les grands chariots de guerre, les catapultes lanceuses de feu et de pierres pour attaquer vers le bas. Les six canons de cristal magique n’étaient pas non plus des décorations. Dans le pire des cas, Han Shuo pouvait également invoquer une grande armée de morts-vivants pour se joindre à la mêlée. Il pensait qu’il ne serait absolument pas facile pour quinze mille bandits de pénétrer dans l’actuelle Brettel.
Toute la ville de Brettel s’était mise en état d’alerte sans le savoir. Des groupes de soldats traînaient des rochers massifs dans les rues. Cependant, les chars de guerre et les énormes canons de cristal magique que les citoyens s’étaient habitués à voir tous les jours étaient étroitement recouverts d’un tissu gris pour une raison inconnue, comme s’ils avaient peur d’être découverts.
Les civils, d’abord indifférents, s’intéressèrent de plus en plus à ce nouveau seigneur de la ville. En plus de l’anéantissement des bandits au Mont Tali, la nouvelle de l’anéantissement d’une douzaine de groupes de bandits entre Seamist et Brettel avait été délibérément diffusée dans toute la ville.
De plus, un flot ininterrompu de nourriture leur avait été distribué depuis le manoir du seigneur de la ville à l’occasion du festival de la nourriture d’hier. Pour une fois, les civils avaient eu droit à un repas bien garni. Leur confiance envers la ville s’est progressivement accrue.
Cependant, ils étaient habitués à ce que les seigneurs de la ville les trahissent dans les moments critiques. Comme la véritable crise n’était pas encore arrivée, ils ne savaient pas encore si le nouveau seigneur de la ville était digne de leur confiance. Par conséquent, les civils n’avaient pas encore sympathisé avec le nouveau seigneur de la ville. Ils se contentaient d’observer tranquillement les changements dans la ville de Brettel.
Après un jour de plus, les quatre portes de Brettel furent toutes fermées hermétiquement. Marchands ou civils, tous n’avaient pas le droit de sortir. De temps en temps, des soldats apparaissaient aux quatre portes pour balayer de leurs yeux vigilants la scène qui se déroulait à l’extérieur. Plusieurs petites équipes de chevaliers montés sur des chevaux de guerre parcouraient inlassablement la ville.
Même si les chevaliers ne disaient rien, les citoyens de Brettel avaient vécu trop de guerres douloureuses. Ils sentirent une odeur familière dans l’air.
La guerre approchait !