Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 29 – Nous rapprochant
Chapitre 28 – Le sang de Qilin Menu Chapitre 30 – Vieille routine

Le regard de Maître Liang envers moi était plein de mépris. Fils de pute ! J’ai pris soin de toi tout le long du chemin jusqu’ici et pourtant tu aidais secrètement ce type ? Comment as-tu pu me faire ça ? Si je l’avais su, je t’aurais tué depuis longtemps et j’aurais évité ce genre d’ennuis!

Le gros patron sortit une lanterne à combustible solide de son sac à dos, l’alluma et la posa sur le sol. C’était le genre d’équipement utilisé très souvent lors d’ascensions de hautes montagnes enneigées, pratique pour s’éclairer et se chauffer. Une fois la lanterne allumée, la grotte sombre s’illumina instantanément. Puis il sortit quelques barres énergétiques et me les lança, tout en pointant son canon court sur moi.

J’attrapais sa nourriture, complètement déconcerté. Qu’est-ce qui se passe ? me demandai-je. Puis je la lui renvoyais :

― Les gars, si vous voulez nous tuer, alors tuez-nous. Pourquoi vous embêter avec de telles absurdités ?

Maître Liang sourit en s’adressant au gros patron :

― Qu’est-ce que je t’ai dit ? Un blanc-bec reste un blanc-bec. Il ne sait toujours pas quelle est la situation.

Le patron Wang secoua la tête, me lançant à nouveau les barres énergétiques :

― Jeune homme, si tu veux courir partout dans ce business, tu devrais utiliser ta tête. Si je te donne quelque chose à manger, cela signifie que je ne vais pas te faire de mal. Par contre, si tu continues à agir de la sorte, tu pourrais te faire tuer en faisant de mauvaises rencontres.

Comparé au Vieux Tai, cet homme avait un tempérament complètement différent. Au premier regard, il ressemblait au genre de voyou qui tuerait sans sourciller. Ce gros patron, cependant, avait l’air plus chaleureux, affable et détendu. Mais il était celui qui venait de me donner un puissant coup de pied, et ce n’était certainement pas le genre de coup de pied qu’un patron d’antiquité ordinaire serait capable d’exécuter. Je n’arrivais pas à comprendre quelle pouvait être son identité.

Le Patron Wang me regarda et semblait lire les doutes dans mes yeux :

― Je suis différent du Vieux Tai et des autres, dit-il en tirant sur sa cigarette. Je suis un homme d’affaires. Dans les affaires, il n’y a pas d’amis ou d’ennemis permanents.

― Patron Wang, dit Maître Liang, pourquoi ne pas leur dire directement ? Ces deux gars ne pourront pas se faire à l’idée autrement. Le jeune Wu est relativement facile à aborder, mais le dormeur vous donnera forcément mal à la tête à son réveil.

Le Patron Wang rit :

― D’accord. Je ne mens pas à ceux qui s’y connaissent, alors je vais être franc. Je suis un homme d’affaires. Je n’aime pas utiliser d’armes à feu ou de couteaux. Vous avez vu la situation par vous-mêmes et vous savez que même si vous ne tombez pas entre mes mains, il vous sera difficile de sortir d’ici. Le vieux Tai est déjà mort et il n’y a aucune raison de traiter avec vous, alors vous devriez réfléchir si vous voulez coopérer avec moi ou non. Non seulement je m’assurerai que vous ne subissiez aucune perte, mais je garantirai également que vous vous fassiez un peu de profit.

Ma première pensée en entendant cela fut, n’est-ce pas ce que j’ai dit à Maître Liang au début ? Qui aurait cru qu’il me retournerait ça en pleine figure après seulement quelques heures ? Je n’arrive pas à croire à quel point les rôles ont changé.

Voyant que je ne réagissais pas du tout, il me tendit une cigarette :

― Peu m’importe que vous soyez d’accord ou non. Si vous choisissez de ne pas coopérer, je vous donnerai de l’équipement et vous laisserai descendre par vous-mêmes. Mais tu es seul avec un membre de l’équipe blessé. As-tu pensé à la façon dont tu vas gérer tout ça ?

Ce qu’il disait était vrai, et je fus d’ailleurs un peu ému en l’entendant, mais en y réfléchissant plus avant, je me retrouvais à hésiter. Il avait à la fois du matériel et des armes, aussi pourquoi diable voulait-il coopérer avec moi ? N’ouvrait-il pas la voie à ce que nous puissions gagner de l’argent ? Y avait-il anguille sous roche ? Après tout, il y avait beaucoup de complots dans ce business. Il suffisait de regarder Maître Liang. Il nous avait suivis jusqu’ici en nous léchant les bottes tout le temps, mais dès qu’il trouva une opportunité, il nous poignarda dans le dos. Nous n’étions pas du tout préparés. Comparés à eux, nous étions vraiment trop jeunes et naïfs. Quoi qu’il en soit, ils devaient avoir un but précis pour me demander de coopérer avec eux.

Alors que toutes ces pensées avaient traversé mon esprit en quelques secondes, je pus élaborer un plan. J’allais d’abord accepter leurs conditions, tout comme l’avait fait Maître Liang en nous suivant, puis j’essayerai de trouver un moyen de m’échapper ultérieurement. D’ailleurs, c’était exactement comme venait de le dire ce patron, si je voulais ramener Lao Yang sain et sauf, j’avais besoin de l’aide d’au moins une autre personne. Ce serait tout simplement trop difficile à faire tout seul. Ces deux hommes me méprisaient clairement, pourtant ils pouvaient sûrement faire la même erreur que moi. Je savais que si j’attendais le bon moment, je pourrais certainement trouver une occasion de retourner la situation à mon avantage et d’obtenir au minimum une arme.

Après avoir réfléchi à ce point, je détendis mon expression et fis semblant d’hésiter en lui disant :

― OK. Ce que vous avez dit semble raisonnable et je peux coopérer avec vous, mais vous devez d’abord répondre à ma question. Qu’est-ce que vous attendez vraiment de moi ?

Wang eut l’air soulagé et fit un clin d’œil à Maître Liang, qui se pencha vers moi et dit :

― Sage est l’homme qui se soumet à ses circonstances. Jeune Wu, puisque tu as accepté, cela signifie que nous sommes tous dans la même équipe maintenant. Et puisque c’est ainsi, nous ne te cacherons rien. C’est normal que nous te disions ce que nous savons, mais c’est une longue histoire. Et si on parlait en mangeant ?

J’avais vraiment envie de l’étrangler lorsqu’il se pencha vers moi, mais en lançant un regard du coin de l’œil, je vis le canon du fusil de Wang toujours pointé dans ma direction. Réprimant la colère, je forçais un sourire sur mon visage :

― S’il vous plaît, racontez.

Maître Liang regarda l’arbre de bronze :

― En parlant de cette chose, elle est vraiment étonnante. D’après les archives de la « Collection de rivières et d’arbres », cet arbre particulier a été découvert pour la première fois sous la dynastie des Wei du Nord, la treizième année du règne de l’empereur Xiaowen… (1)

Après la mort de Li Pipa, Maître Liang, en très peu de temps, avait étudié attentivement les chapitres spécifiques de cette « collection » qui traitaient de cette tombe. Le carnet était une sorte de collection de documents non officiels écrits avec beaucoup de désinvolture. Ils étaient parfois en langue muette ou en chinois, mais il y avait une petite section écrite dans une langue inconnue. Maître Liang était une des vingt personnes de Chine occidentale capables de lire et de comprendre la langue muette.

Trois événements étaient relatés dans le texte :

La première chose se produisit pendant la dynastie des Wei du Nord, dans la treizième année du règne de l’empereur Xiaowen. À cette époque, le superviseur d’une mine impériale du mont Taibai rapporta qu’un mineur avait trouvé un ancien pilier de bronze dont les racines semblaient atteindre le fond de la montagne. Personne ne sut à quelle profondeur s’enfonçait ce pilier.

Cela provoqua un énorme tumulte parmi les habitants de la région. Ils croyaient que ce pilier était sacré, et disaient que plus on essayait de le déterrer, plus il grandissait. De ce fait, on ne pouvait jamais en atteindre la fin. Ils disaient aussi que c’était le manche de la hache que Pangu (2) avait utilisé quand il avait créé le ciel. Si vous continuiez à creuser, vous étiez capable de déterrer la hache entière. Certains maîtres feng shui avaient même dit que c’était un clou fabriqué par l’Empereur de Jade (3) afin de fixer les veines du dragon dans les montagnes Qinling. Sinon, ce dragon souterrain s’échapperait et s’envolerait dans le ciel. Il fut également dit que ce pilier de bronze, enfoui à quatre cents kilomètres sous terre, ne pouvait plus être déterré. Si c’était le cas, toute la Chine serait malheureuse.

Peu de temps après, un détachement de soldats muets reçut l’ordre secret de se rendre au mont Taibai et de confirmer l’authenticité des rumeurs. Mais ce groupe disparut mystérieusement (il est possible qu’ils furent tués par les She qui gardaient la tombe). Quatre mois plus tard, un autre bataillon de soldats muets reçut un autre ordre secret. Cette fois, ils trouvèrent l’arbre de bronze. Ils prirent alors le contrôle du mont Taibai, fermèrent la montagne et le camp minier, et firent venir trois mille prisonniers du couloir de la mort pour les faire travailler dans les fouilles.

La deuxième chose se produisit au printemps de la dix-huitième année du règne de l’empereur Xiaowen. On disait que les fouilles avaient duré quatre ans et trois mois. Ces trois mille prisonniers avaient creusé jusqu’aux grottes karstiques où nous nous trouvons présentement, et avaient continué à creuser jusqu’au pied de la montagne. Ils ne réussirent jamais à déterrer les racines de l’arbre de bronze, cependant ils trouvèrent une boîte en pierre à motif de dragon qui semblait être creuse à l’intérieur. Il y avait quelque chose de caché à l’intérieur, mais aucune ouverture pour ouvrir la boîte, peu importe leurs efforts. Craignant d’agir de manière irréfléchie, ils décidèrent finalement d’envoyer cette boîte au palais.

La troisième chose ne fut que très brièvement mentionnée. Il est relaté dans la « Collection de rivières et d’arbres » qu’à la fin de la dix-huitième année du règne de l’empereur Xiaowen, celui-ci donna une récompense à tous ceux qui avaient travaillé sur le projet d’excavation. Le commandant reçut un titre de second rang (4) tandis que chaque soldat reçut cent taels d’or. Lorsque tout le camp fut récompensé, tout le monde se saoula. Ce que firent également le propriétaire de la « Une collection de rivières et d’arbres », ainsi que plusieurs autres soldats, avant de faire le pari de grimper sur l’ancien arbre de bronze.

(Les événements qui suivirent ce pari furent tous écrits dans cette langue inconnue. Je ne savais pas si c’était pour une raison particulière, mais malheureusement, Maître Liang ne pouvait pas comprendre ce qui était mentionné).

Maître Liang nous dit que Li Pipa pouvait comprendre ce qui était écrit, mais lorsqu’il l’interrogea à ce sujet, il décida de ne pas lui en parler. Pour une raison quelconque, il était extrêmement secret à ce sujet.

À la fin d’une « Collection de rivières et d’arbres », il y avait un paragraphe écrit en caractères chinois qui relatait le processus d’escalade. Plus haut, à partir de notre position, il devait y avoir une promenade en planches construite dans la paroi rocheuse. Elle fut préparée à l’origine pour l’empereur lorsqu’il vint inspecter le projet, mais malheureusement, elle ne put être construite plus près du sommet. De plus, pendant la construction de la promenade, les gens tombaient souvent de la falaise sans raison connue. Après un certain temps, le projet fut abandonné.

Nous rampâmes hors de la petite grotte et le patron Wang me tendit des jumelles avant de pointer le faisceau puissant de sa lampe vers un certain point situé au-dessus de nous. Après avoir ajusté le grossissement des jumelles, j’observais ce qui semblait être plusieurs sections d’une promenade en bois qui tournait autour de la falaise.

Wang pensait que si nous pouvions atteindre cette promenade, nous pourrions économiser beaucoup d’efforts en grimpant jusqu’au sommet. Le seul problème était qu’il pourrait y avoir des choses bizarres dessus. Maître Liang était un érudit qui se concentrait sur l’étude et non sur le combat, donc c’était à nous deux d’explorer cette promenade.

Moins optimiste que lui, je fixais cet élément de bois à travers les jumelles pendant un long moment sans en obtenir pour autant une image claire. La lumière étant trop faible, tout ce que je pouvais voir était un bord de passerelle entouré par des sortes de racines. C’était très différent des structures en acier que j’avais l’habitude d’escalader dans les zones touristiques. Le livre « Une Collection de rivières et d’arbres » datait de milliers d’années, sous les dynasties du Nord et du Sud. Il était donc impossible de savoir si cette promenade était encore intacte, et encore moins si elle était assez solide pour supporter le poids d’une personne.

Wang dit que lorsque cette chose fut construite, elle était destinée à être utilisée par l’empereur lors de ses inspections, et donc ne pouvait pas être une passerelle temporaire pour les fouilles. Ce qui signifiait que les ouvriers avaient dû être très attentifs aux matériaux et à la fabrication. Même à présent, de nombreux bâtiments anciens de la dynastie Han étaient encore en très bon état, il ne pensait donc pas que ce serait un problème. Mais si cela s’avérait impossible, il avait encore beaucoup de cordes à utiliser. Si nous nous en servions en conjonction avec cette promenade en planches, l’ascension serait naturellement plus facile.

Il parla d’un ton très décisif, excluant toute argumentation, je n’avais donc pas d’autre choix que de garder mes malédictions et mes opinions pour moi. Après avoir parlé avec Maître Liang, il décida de me laisser me reposer encore un quart d’heure avant de m’emmener sur la passerelle. Pendant ce temps, il devait rester derrière avec Lao Yang.

Comme j’avais bien dormi précédemment, j’avais récupéré beaucoup d’énergie, néanmoins je décidais de manger quelque chose pendant que Wang s’asseyait et discutait avec Liang en cantonais. Je ne compris pas tout ce qu’ils disaient, mais j’en avais une idée générale. Ça avait quelque chose à voir avec le sang Qilin que le patron Wang avait mentionné auparavant. Je n’arrivais pas à me débarrasser de l’anxiété que je ressentais en pensant à cette question, mais comme ma relation avec eux était censée être cordiale désormais (du moins en apparence), je décidais de profiter de l’occasion pour leur poser la question. Je demandais donc à Maître Liang ce qu’était exactement le sang Qilin et s’il représentait un danger.

― Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter de cet aspect des choses, dit Maître Liang, je ne vous ai pas tout dit parce que je voulais garder certaines informations pour moi. De cette façon, si vous vous enfuyiez, j’aurais au moins quelque chose de valable à utiliser en échange de ma vie. Mais maintenant que nous avons officiellement formé une alliance, je vais tout vous dire pour vous tranquilliser.

Le sang Qilin était un médicament traditionnel chinois très onéreux, censé se former lorsque le sang d’un Qilin s’épaississait en un caillot. En réalité, ce n’était pas véritablement ce sang, mais la sève d’une plante appelée vigne de sang Qilin. Cette plante était également connue sous le nom de vigne sang-serpent, et on la trouvait généralement dans le sud.

Plus ce dernier était conservé longtemps, meilleurs étaient ses effets. Au début, il n’était utilisé qu’à des fins médicinales ordinaires, toutefois, dans la médecine traditionnelle chinoise, il avait un autre usage, rare : la fumigation des cadavres. Dans les temps anciens, certaines minorités ethniques et certains villages de montagne avaient pour coutume d’enfoncer un morceau de sang Qilin dans le nombril du cadavre avant l’enterrement afin d’éliminer l’énergie négative qu’il contenait. Même si le cadavre pourrissait, il n’attirait pas les asticots.

En vieillissant, le sang Qilin passait progressivement d’une couleur rouge foncé à une couleur noire, devenant plus sombre avec le temps. Finalement, sa nature changeait, et il se dissolvait une fois mis dans la bouche d’une personne. Après coup, les insectes maléfiques n’osaient plus s’approcher, et même les moustiques en été.

Bien sûr, ce n’étaient que des légendes entendues par Maître Liang. Cependant, il voyait une telle situation pour la première fois et commençait à y croire. Quant à savoir s’il y avait des effets secondaires ou non, il n’y avait rien de notable dans les documents. Mais les médicaments traditionnels chinois n’étant généralement pas très toxiques, il me dit de ne pas m’inquiéter :

― Au lieu de penser à cela, je dirais que les choses les plus gênantes sont ces insectes. Lorsque la « Collection de rivières et d’arbres » fut écrite, il n’était pas question que les ouvriers déterrent des masques. Je ne sais pas s’il s’agit d’une diversion mise en place par les anciens ou d’une ruse destinée à tuer des milliers de personnes à l’extérieur de la grotte. Quand tu monteras, tu devras être très prudent.

Nous nous reposâmes un peu plus longtemps, mais Lao Yang ne se réveillait toujours pas, alors le gros patron enleva son paquetage et me donna une partie de son équipement. Je m’équipais d’une lampe frontale tactique, passais une corde sur mon dos, et je commençais à grimper vers la promenade en planches au-dessus.

A première vue, cette passerelle nous avait paru proche, néanmoins la réalité était bien différente. Nous nous attendions à atteindre le sommet en une heure environ, mais au bout d’une demi-heure, nous avions à peine atteint le début de la promenade.

Ce n’est qu’à ce moment-là que je compris la véracité des propos du gros patron : la promenade était vraiment bien conservée. Ce n’était pas parce qu’elle avait été renforcée pour l’empereur, mais parce que l’extérieur était soutenu par une structure de poteaux de bambou graissés. Elle était restée là parce que la construction n’avait jamais été achevée. Ce genre de choses était étanche à l’humidité, donc encore très solides après des centaines d’années de corrosion. Nous pouvions même entendre le doux grincement des poteaux lorsque nous marchions, signe évident qu’ils étaient plus solides que jamais.

Cet endroit devait être très proche de la surface car de nombreuses racines d’arbres pendaient au bord de la falaise et s’enroulaient autour des rampes comme des plantes grimpantes. Certaines de ces racines étaient si épaisses qu’elles ressemblaient à des tentacules de pieuvre bloquant la passerelle en bois. Plus nous montions, plus ces choses apparaissaient fréquemment et il devint vite très difficile de marcher. Certaines sections de la promenade étaient si encastrées dans les racines qu’il n’y avait presque plus de place pour se tenir debout, nous devions donc soit grimper par-dessus, soit utiliser une machette pour dégager un chemin.

En raison de l’invasion des racines, les rochers étaient fissurés et s’effritaient. De temps en temps, certains tombaient d’en haut, ce qui nous obligeait à nous couvrir la tête et à faire attention à nos pieds. En marchant ainsi sur la promenade, nous nous sentions encore plus fatigués que lorsque nous grimpions.

Nous marchâmes tellement que j’ignorais la distance parcourue. Finalement, nous tombâmes sur un grand trou devant nous. Il faisait environ dix mètres de large et semblait être le résultat de la rupture et de l’effondrement de rochers à proximité. Je dis au patron Wang après avoir évalué la distance :

― Il n’y a aucune chance que nous puissions sauter aussi loin. On va devoir utiliser la corde.

Cela faisait presque une heure que nous avions commencé notre ascension, mais en regardant d’en haut, il semblait que nous n’étions pas allés bien loin. En l’état actuel des choses, il allait être impossible d’atteindre la cime de l’arbre en une heure. Nous avions grimpé si vite que nous étions épuisés et avions besoin de faire une petite pause pour récupérer nos forces. De plus, même si cette grotte karstique verticale était très froide et humide, mes vêtements étaient trempés de sueur après avoir fait tout ce chemin. Non seulement ils étaient inconfortables et collaient à mon corps, mais je savais que je tomberais facilement malade étant donné qu’il n’y aurait aucune possibilité de les sécher complètement. Afin d’éviter cela, je devais trouver un moyen de me réchauffer.

Nous découvrîmes un petit trou à proximité où nous pûmes nous abriter. Contrairement à la grotte rocheuse où nous étions allés auparavant, ce petit espace creux s’était formé lorsque les racines des arbres s’étaient enroulées autour de la planche de la passerelle. Wang sortit sa lanterne et l’accrocha à l’une des racines à l’aide d’une dague. J’enlevais mes vêtements et séchais mes sous-vêtements avant de manger quelque chose sur le pouce. Pendant que nous parlions, le patron Wang utilisa une puissante lampe de poche tactique pour éclairer l’arbre de bronze en face de nous. Son expression avait l’air très sérieuse quand il me dit :

― Regarde, tu peux déjà voir le sommet d’ici. Mais c’est quoi cette chose au-dessus ?

Je pris les jumelles pour jeter un coup d’œil et je vis que la chose dont il parlait n’était qu’à une douzaine de mètres au-dessus de la cime. De nombreuses racines d’arbres pendaient du sommet de la grotte, bloquant toute la zone. Bien que cela ait rendu plus difficile de voir clairement la chose, je pouvais dire qu’elle était enveloppée dans un grand enchevêtrement de racines. Ces racines semblaient être entrelacées avec le sommet de l’arbre de bronze, formant une sorte de cocon autour de l’objet qui rendait difficile de voir ce qui se trouvait exactement à l’intérieur.

La promenade construite dans la paroi de la grotte allait beaucoup plus haut que la cime. Cela ne correspondait pas à ce qui avait été enregistré dans « une Collection de Rivières et d’Arbres », mais il était possible qu’après des années de fouilles, le lourd arbre de bronze se soit lentement enfoncé dans la roche. Au fil des centaines d’années, il avait dû s’enfoncer à un tel point que sa hauteur était passée sous la passerelle en bois.

Les racines qui pendaient du plafond de la grotte appartenaient probablement aux grands banians que nous avions vus, ceux qui étaient si larges qu’il aurait fallu une douzaine de personnes se tenant par la main pour en faire le tour. En les observant, on remarquait que leurs racines semblaient presque plus spectaculaires que leurs feuilles ou leurs branches. En fait, elles me rappelaient les griffes fantomatiques pâles, tordues et enchevêtrées comme des torsades de pâte frite, ou peut-être comme une main géante essayant de saisir ce pilier de bronze et de le tirer des profondeurs de l’enfer. Ou encore, il ressemblait aussi à un énorme totem de python enroulé et fossilisé. Dans tous les cas, c’était suffisant pour me donner la chair de poule.

Alors que je restais là à l’examiner, complètement fasciné, j’entendis Wang me dire :

― Regarde comme les racines sont épaisses. Cela signifie que la terre arable est juste au-dessus de la couche de roche ici. L’endroit où nous sommes maintenant est une grotte karstique naturelle. Il aurait été impossible pour les anciens de passer par les montagnes pour y offrir des sacrifices, donc il doit y avoir un système de grottes au sommet menant à l’extérieur. Si nous faisons ça bien, nous n’aurons pas à revenir par où nous sommes entrés.

Je fus en extase après ses dires. Ce serait vraiment génial si nous n’avions pas à revenir par où nous étions passés, néanmoins cette grotte n’avait rien de paisible. La question de savoir si nous serions capables de sortir à ce moment-là devait être calculée séparément. Alors que j’étais perdu dans mes pensées, Wang me poussa légèrement :

― C’est la situation au sommet de l’arbre de bronze. Mais si tu regardes ce groupe de racines là-bas, tu peux voir ce qui semble être une statue de bronze. Nous sommes trop loin pour la voir clairement, donc je pense que nous devrions nous en rapprocher.

Je regardais dans la direction indiquée par son doigt et je vis qu’en dessous de la cime, il semblait y avoir deux bras de bronze sortant de l’enchevêtrement de racines. Ils ressemblaient beaucoup à la statue que nous avions vue au Ravin Etroit, mais son visage avait été explosé par des pilleurs de tombes. J’allais pouvoir voir à quoi ressemblait vraiment cette statue.

NTD :

(1) L’empereur Xiaowen des Wei du Nord était un empereur de cette dynastie du 20 septembre 471 au 26 avril 499.

(2) Pangu est le créateur de l’univers dans la mythologie chinoise. Il est généralement représenté sous la forme d’un géant primitif, poilu et doté de cornes sur la tête. Lorsque Pangu a commencé à créer le monde, il a séparé le yin du yang d’un coup de hache géant, créant ainsi la terre (yin) et le ciel (yang). Pour les maintenir séparés, il s’est placé entre les deux et a poussé le ciel vers le haut.

(3) L’Empereur de Jade était considéré comme le souverain du Ciel. Il était comparé à un empereur humain, dans la mesure où il régnait sur une cour céleste peuplée de tous les dieux importants de la Chine. Il est l’une des représentations du premier dieu dans la culture chinoise, les religions traditionnelles et les mythes.

(4) Historiquement, la Chine impériale avait un système de neuf rangs, également connu sous le nom de système de contrôleur à neuf grades, pour catégoriser et classer les fonctionnaires du gouvernement. Les neuf grades étaient séparés en classes supérieure, moyenne et inférieure, chacune composée de trois grades, soit neuf au total. Chaque grade était également classé en grades standard et secondaire, de sorte que l’ensemble du système comprenait 18 grades. Au cours de la dynastie des Wei du Nord, les rangs quatre à neuf ont ajouté des rangs supérieurs et inférieurs aux rangs standard et secondaires, ce qui a donné au système des neuf rangs un total de 30 rangs.



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