Dans la salle des malades, Sun Yu était allongée sur le lit d’hôpital, les yeux fermés. Son visage était crayeux et pâle, et même là, elle avait l’air d’une paisible beauté endormie. Le masque à oxygène qu’elle portait ne cachait en rien sa beauté exquise.

Xiao Luo était assise à côté de son lit et feuilletait les pages d’un carnet à couverture rose, une page à la fois.

Il s’agissait du journal secret de Sun Yu que M. et Mme Sun avaient trouvé chez elle.

«Je pars enfin pour la grande ville. Je suis à la fois si excitée et si exaltée. Les cinémas, les grands centres commerciaux, les beaux parcs… me voilà !»

«Je suis venue à Jiangcheng pleine d’espoir pour l’avenir, mais je ne m’attendais pas à ce que cet endroit soit si froid et si vil. Au cours des six derniers mois, il ne m’est pas arrivé une seule bonne chose. C’est comme si je tombais dans un puits sans fond. Je lutte, je me défends… mais j’ai de plus en plus l’impression que je ne pourrai jamais m’en sortir.»

«La saleté remplit progressivement mon corps et corrode mon âme. C’est comme si des milliers et des milliers de fourmis rampaient sur mon corps, déchiraient et mordaient ma peau, et me faisaient tellement souffrir que j’ai envie de mourir. Je veux me débarrasser de l’emprise du diable, et pourtant, chaque fois que je cède à ce tourment, je m’enfonce un peu plus… c’est pire que la mort.»

…

C’était une grande pile de papier, remplie de mots de lutte, de rébellion et de noyade. Jusqu’à ce qu’on atteigne une page où l’encre semblait un peu plus fraîche.

«Je suis très heureuse aujourd’hui. J’ai rencontré un garçon très mignon, il s’appelle Xiao Luo. C’est le frère de Sœur Ruyi, et aussi mon grand bienfaiteur. Il est propre, beau, mystérieux, comme un rayon de soleil qui brille maintenant dans ma vie sombre.»

«J’ai l’impression de tomber amoureuse de lui…»

«Pour lui, je dois échapper au contrôle du diable. Je peux le faire, Grand Bienfaiteur, vous devez m’attendre.»

«Le Grand Bienfaiteur m’a enfin avoué, mais pourquoi a-t-il dû être le propriétaire de L’entreprise Luo ? Il est si exceptionnel, et je suis, d’un autre côté, si terni… Grand bienfaiteur, pardonnez-moi de vous rejeter, mais je ne vous mérite pas !»

«L’impression d’être piqué par des insectes est en train de remonter. Que dois-je faire ? Grand bienfaiteur, que dois-je faire ?»

Le journal s’arrêta brusquement ici, laissant Xiao Luo d’une humeur inhabituellement maussade.

Il tourna la tête et regarda la jeune fille malade qui était silencieusement allongée sur le lit d’hôpital. Il était désormais clair pour lui qu’il était la principale raison pour laquelle Sun Yu avait sauté de l’immeuble. Sans ses aveux irréfléchis et sa connaissance de sa véritable identité, même si elle n’avait pas pu échapper à l’emprise de He Ruanliang, elle n’aurait pas pris la décision ultime de se suicider.

En la regardant maintenant, elle ressemblait à une fleur qui se fanait, et Xiao Luo ne put s’empêcher de ressentir de la culpabilité.

«Je n’aurais jamais pensé que ma présence t’aurait apporté autant de souffrance. Je savais juste qu’à chaque fois que j’étais avec toi, je ne ressentais aucune pression. À mes yeux, tu seras toujours une fille belle, gentille et tendre. La danse que tu as exécutée à la fête de la mi-automne. Elle était vive, charmante et élégante, et tu étais comme un ange descendu sur terre. À ce moment précis, mon cœur a été capturé et il t’appartenait. Je voulais que le monde entier sache que tu étais ma femme».

Xiao Luo, qui était généralement un homme peu loquace, déborda soudainement d’expressions à cet instant, alors qu’il était assis seul avec Sun Yu. Ces mots venaient tous de son cœur.

Mais Sun Yu ne répondit rien, pas même en bougeant le bout de ses doigts. Elle avait sombré dans un état d’animation suspendue. Alors que ses fonctions corporelles fonctionnaient bien, sa conscience continuait à mourir. Il s’agissait d’un instinct de conservation naturel chez les êtres humains. Face à des réalités insupportables, ils choisissaient de tomber inconscients, de rester dans le coma pour toujours.

«Tout est arrivé à cause de moi, alors je devrais aussi être celui qui termine tout !»

Xiao Luo ferma les yeux et prit une décision douloureuse. Le seul moyen de sauver Sun Yu était de lui faire oublier ce qui s’était passé à Jiangcheng. Tout, y compris lui-même.

« DING ! Félicitations. Vous avez dépensé 8000 points pour obtenir le talent de maître hypnotique ! » Lui notifia le système dans sa tête.

((Note de Traducteur : Désormais je mettrais les dialogues du système en bleu pour bien le dissocier des dialogues des autres personnages.))

Xiao Luo pressa doucement le front de Sun Yu avec son index entre ses sourcils et ferma les yeux. Faisant le vide dans son esprit, il commença à sentir le monde subconscient de Sun Yu.

«Oublie cette douleur. Revient aux espoirs brillants que tu avais pour l’avenir, les cinémas, les grands centres commerciaux, les parcs… ce sont encore des choses que tu peux attendre avec impatience. Tout ce que tu as vécu n’était qu’un rêve, et lorsque le soleil se lèvera demain, tu te réveilleras de ce rêve. Tu oublieras tout ce qui s’est passé dans ce rêve. Ces gens et ces événements deviendront lentement flous et vides, et ta vie sera à nouveau remplie de sens !»

Xiao Luo utilisa une voix profonde et pleine d’âme pour pénétrer le subconscient de Sun Yu, provoquant la reformation de parties importantes de la mémoire dans son subconscient. Cela continua pendant un certain temps, permettant à son esprit de guérir lentement, éliminant les expériences douloureuses de ses luttes passées.

Ce fut un long processus !

Ce n’est qu’à minuit que l’hypnose s’est finalement achevée. En raison de la longue période de concentration, Xiao Luo était épuisé, se sentant comme s’il venait de se remettre d’une maladie. Il se leva, ramassa le journal de Sun Yu et sortit de la chambre de malade à pas lents et lourds. C’était comme s’il avait perdu une partie de son âme.

…

«Président Xiao ! Frère !»

Dans le couloir extérieur, Sun Jiannan, Xiao Ruyi et Tang Ren se précipitèrent pour le soutenir.

Xiao Luo leur fit signe de ne pas s’inquiéter pour lui, puis se tourna vers M. et Mme Sun : «Quand elle se réveillera demain, transférez-la dans un autre hôpital. Quittez Jiangcheng, ne la laissez jamais revenir ici et ne parlez jamais de Jiangcheng.»

Après avoir dit cela, il se retourna et partit sans un regard en arrière.

Zhang Dashan et Feng Wuheng attendaient déjà devant l’hôpital.

Xiao Luo monta dans la voiture sans dire un mot.

Il ajusta son siège pour se pencher le plus possible vers l’arrière, s’allongea et ferma les yeux. Il récupérait lentement ses forces, mais en même temps, il souffrait d’un chagrin déchirant.

Bien que l’hypnose permette à Sun Yu d’oublier tout ce qui s’était passé à Jiangcheng, elle ne pourrait plus jamais rencontrer les personnes qu’elle avait vues à Jiangcheng, en particulier lui. Sinon, l’hypnose perdrait rapidement son effet, et Sun Yu se souviendrait à nouveau de tout.

Ce qui signifiait qu’ils ne pourraient plus jamais se rencontrer. Cet adieu était éternel.

«Vieux Xiao, tu vas bien ?» demanda Zhang Dashan, inquiet, depuis le siège du conducteur.

Xiao Luo répondit : «Conduis.»

«Où allons-nous ?»

«N’importe où.»

Zhang Dashan poussa un long soupir. C’était la première fois qu’il voyait Xiao Luo aussi déprimée. Il savait que cela avait quelque chose à voir avec Sun Yu, mais il ne pouvait rien faire. Après avoir appris ce qui était arrivé à Sun Yu, il ne pouvait qu’offrir son soutien et sa sympathie.

«Frère, tu dois te ressaisir», lui conseilla Feng Wuheng depuis la banquette arrière, en fronçant les sourcils.

«Oui, le gang du dragon est en train de se déchaîner en ce moment. Ils n’arrêtent pas de venir détruire la vitrine de L’entreprise Luo, tu ne peux pas tomber maintenant.»

Les mots de Xiao Wu étaient comme un élixir injecté directement dans les veines de Xiao Luo, le faisant se redresser d’un coup.

«Quelles sont nos pertes à l’heure actuelle ?»

«Environ 50 millions.»

Bien qu’il ne sache pas dans quel état se trouvait Xiao Luo et ce qu’il pensait, Zhang Dashan rapporta tout de même le total des pertes avec sincérité.