[Maison Chongshan]
Chu Yunxiong était assis dans son bureau et regardait la télévision en buvant son thé et en se relaxant. Il souriait à pleines dents. Quiconque ne le connaissait pas aurait pu croire qu’il n’était qu’un homme d’âge moyen. Pourtant, pour ceux qui le connaissent, il s’agissait d’un homme d’affaires ambitieux qui se trouvait tout en haut de l’échelle, avec une autorité et un statut social inaccessibles.
Un autre homme regardait la télévision dans sa chambre. Il était bien habillé et portait des lunettes à monture dorée, il s’agissait du célèbre avocat Ge Zhongtian.
La télévision diffusait actuellement les nouvelles de Jiangcheng.
Outre les reportages biaisés des journalistes qui en voulaient à l’atelier Luo, grâce à Chen Jianbo, il y avait aussi des reportages neutres. Les reportages de ces journalistes neutres se retrouvaient dans les actualités de la chaîne Jiangcheng.
L’entreprise Luo avait-il menacé et fait chanter Chen Jianbai pour qu’il falsifie des preuves, ou bien y avait-il une autre histoire derrière tout cela ?
Chu Yunxiong secoua la tête et but une gorgée de thé en regardant le grand titre sous l’écran et dit : «Fang Changlei a donné à Xiao Luo un autre problème sérieux à résoudre.»
Ge Zhongtian acquiesça : «Le chef du département juridique de l’Atelier des Luo ne fait pas le poids face à Fu Heyu. Même moi, je ne pourrais pas dire avec confiance que je serais capable de gagner un argument juridique avec lui sans avoir assez de temps pour me préparer à l’avance. On s’attendait à ce que l’atelier Luo perde le premier procès, mais de nouvelles questions ont surgi. Elles pourraient jeter le doute sur les contre-accusations portées contre l’atelier de Luo. C’est une question de motivation.»
«La première question concerne le groupe de journalistes. La majorité d’entre eux étaient déterminés à ruiner la réputation de L’entreprise Luo. Et ce, même si cela signifiait soulever des troubles en public. En ces temps où les médias sociaux jouent un rôle essentiel dans les affaires et la vie quotidienne, L’entreprise Luo subirait d’énormes pertes à la fois en termes de déficit de confiance et de ventes s’il ne gérait pas la situation en conséquence. Les actions des journalistes semblent avoir été provoquées. Qui les a donc poussés à agir de la sorte ? Ensuite, Fang Chang Lei ne pouvait pas se contenter de regarder ses affaires se dégrader. Xiao Luo lui a enlevé des dizaines d’anciens clients de Taste Buds. Il est clair qu’il en voulait au jeune homme pour cela, il y a donc un motif pour se venger. L’espion qu’il a placé dans l’atelier Luo ne va pas tarder à bouger. Enfin, si l’atelier Luo ne fournit pas davantage de preuves tangibles et de témoignages lors du second procès dans cinq jours, il perdra le procès. Ils devront alors commettre le crime de menacer et de faire chanter les médias, ce qui aura pour effet d’agiter davantage les hautes sphères de la cour et de salir la réputation de l’atelier Luo jusqu’à la fin. À qui cela profite-t-il ?»
«Que pensez-vous que Xiao Luo va faire ?» Demanda Chu Yunxiong en souriant.
«C’est un jeu ou il est condamné à perdre. Les 50 à 60 journalistes rassemblés à l’entrée de L’entreprise Luo sont déjà difficiles à gérer, sans même prendre en compte le procès intenté à Chen Jianbai au tribunal. Il ne peut pas recourir à la violence, et plus il s’explique, plus il se creuse un trou. Et s’il commet la moindre erreur dans ses témoignages ou s’il démontre la fausseté de l’une ou l’autre de ces preuves, celle-ci sera amplifiée par les médias. C’est un domaine dans lequel les journalistes sont doués, on sait qu’ils ont un rôle à jouer dans l’influence de l’opinion publique, de sorte que chaque phrase et chaque mot que L’entreprise Luo leur dira devront être complètement aseptisés, sans la moindre faille. Sinon, L’entreprise Luo ira dans sa tombe.»
Ge Zhongtian s’arrêta un instant pour réfléchir à toute cette affaire. Il fixa ensuite ses lunettes sur son visage et dit : «Je pense donc que Xiao Luo va venir vous demander de l’aide. C’est peut-être la seule option qui lui reste.»
Le sourire de Chu Yunxiong s’accentua en entendant cette phrase. Il posa sa tasse de thé sur la table et fit un signe de la main pour dire : «Non, tu n’interagit pas beaucoup avec lui, alors tu ne sais pas du tout comment il est. Xiao Luo ne viendra jamais me demander de l’aide. Il a sa fierté et ses ambitions ; il refuse de s’incliner devant les autres et n’est pas prêt à rendre service à qui que ce soit. C’est le jeune homme le plus inflexible que j’ai jamais vu.»
Ge Zhongtian fronça les sourcils et demanda : «Mais s’il ne vous demande pas votre aide, comment pourra-t-il s’en sortir en un seul morceau ?»
«C’est aussi ce que j’ai hâte de voir.»
Chu Yunxiong reporta son regard sur la télévision et dit : «Xiao Luo est quelqu’un qui peut créer des miracles. C’est pourquoi j’aime beaucoup ce jeune homme et que je lui accorde toute mon attention.»
En racontant la fois où Fang Chang Lei était venu lui rendre visite récemment pour tâter le terrain, Chu Yunxiong comprit immédiatement le plan d’action de Xiao Luo. Les commandes du groupe Fuke et les quelques dizaines de commandes d’anciens clients de L’entreprise Taste Buds étaient toutes entre les mains de Xiao Luo. C’était la preuve que Xiao Luo était un jeune homme formidable et redoutable. Il possédait des compétences que d’autres ne pouvaient que rêver de posséder. Même si Chu Yunxiong était dans la position de Xiao Luo, il n’aurait jamais pu réaliser un tel exploit.
Il souria et se marmonna à lui-même. «Les poissons koï dorés sont déjà dans votre étang, il suffira d’un petit coup de vent pour qu’ils se transforment en dragons. Quel genre de surprise vas-tu m’apporter cette fois-ci ?»
Ge Zhongtian le regarda sans voix. Il ne pensait pas que Chu Yunxiong aurait une telle estime pour Xiao Luo.
[ Entreprise Taste Buds ]
«Ce b****d de Xiao, j’aimerais voir ce que tu peux faire cette fois. Tu ne chéris plus ta vie depuis que tu as pris la décision stupide de me combattre, hahaha.»
Fang Chang Lei riait en regardant les nouvelles et libéra toute la frustration qui s’était accumulée en lui ces derniers temps. Cette fois, il voulait que L’entreprise Luo soit durement touchée et n’ait aucune chance de se relever.
La porte du bureau s’ouvrit brusquement et Fang Shulan entra, encore en uniforme d’écolière. Elle le regarda d’un air perplexe et dit : «Qu’y a-t-il de si drôle, papa, je t’entends rire depuis le couloir.»
«Une grande chose, bien sûr !» Les yeux de Fang Cheng Lei étaient remplis d’affection en voyant sa fille entrer.
«Les hauts gradés de L’entreprise Luo menacent et font chanter les journalistes et falsifient les preuves pour rétablir leur réputation par des mensonges. Papa, c’est encore un de tes complots, n’est-ce pas ?» Fang Shulan devina immédiatement que cette nouvelle avait quelque chose à voir avec son père.
Fang Cheng Lei se contenta de lui sourire et ne disait pas un mot, laissant entendre qu’il n’avait pas besoin de s’expliquer.
«C’est incroyable, papa. L’entreprise Luo ne sera pas à la hauteur, ils feront bientôt faillite et Taste Buds monopolisera le marché.» Fang Shulan le félicita en levant le pouce, en étant rayonnante.
Fang Cheng Lei leva la tête et dit avec arrogance : «Ce gamin Xiao de l’atelier Luo est encore trop jeune pour être mon adversaire. Il me suffit d’un petit tour dans ma manche, et ses bras sont déjà liés.»
Ce gamin Xiao ?
Fang Shulan resta bouche bée un instant, puis un nom lui traversa l’esprit : Xiao Luo.
Elle se souvint de l’attaque de Chu Yue à la crête du Sanglier Sauvage. Il lui avait fallu un long moment pour s’en remettre complètement. Si ces mercenaires avaient laissé une si forte impression dans son esprit, le souvenir de Xiao Luo n’en était pas moins traumatisant.
Aussi, lorsqu’elle entendit son père dire “ce gamin Xiao”, elle l’associa immédiatement à l’homme qui l’avait autrefois contrôlée par la peur. Elle n’oublierait jamais la fois où Xiao Luo l’avait attrapée par le cou. C’était comme si le dieu de la mort était passé à côté d’elle. Chaque fois qu’elle se souvenait de cette scène, elle en avait encore des frissons dans le dos.
Elle secoua la tête en essayant désespérément de chasser ces pensées de son esprit et pleurnicha auprès de Fang Chang Lei : «Papa, je n’ai plus d’argent.»
Elle finit par dire ce qu’elle pensait.
«Ne t’ai-je pas donné 100 000 il y a un mois et demi ?» L’expression de Fang Chang Lei se durcissait.
«Je ne vais pas t’expliquer où est passé l’argent, mais je n’ai plus d’argent. je peut pas en dire plus, papa !» Fang Shulan détourna la tête.
Fang Chang Lei secoua la tête et se soumit une fois de plus aux exigences de sa fille : «D’accord, d’accord, puisque papa est de bonne humeur aujourd’hui, je vais envoyer 100 000 dollars de plus, mais…»
«Yeah»
Fang Shulan le serra immédiatement autour de son cou et lui donna un gros bisous sur les joues en riant joyeusement : «Papa, tu es le meilleur au monde !»
Le cœur de Fang Changlei fondit immédiatement. Il y avait un dicton qui disait que les filles étaient toutes des amantes du père dans leurs vies antérieures, et sous le charme de l’affection de Fang Shulan, il n’avait plus le cœur à s’inquiéter de l’argent et ne pouvait que la mettre en garde par habitude, en disant : «Ne dépense pas tout en un jour !».
«Je n’ai pas peur puisque papa a tout l’argent du monde. Même si mon frère et moi essayons, nous ne pourrions pas tout dépenser au cours de notre vie. Papa, je vais partir maintenant, n’oublie pas d’envoyer l’argent sur mon compte, j’en aurai besoin ce soir.»
«Petite grippe-sou !»
Fang Chang Lei secoua la tête en signe de résignation, tout en gardant un sourire affectueux sur son visage.