Comparée à l’expression pitoyable de Qiao Ting, celle de Ling Lan n’avait pas changé. Elle continuait à fixer Qiao Ting. Si Qiao Ting avait atteint sa limite, elle cesserait immédiatement d’exercer sa pression. Elle n’avait aucun scrupule envers lui. Au contraire, elle l’admirait beaucoup. C’est aussi pour cette raison qu’elle avait choisi Qiao Ting pour être son rival. Personne ne voudrait que quelqu’un qu’il déteste apparaisse toujours en face de lui.

L’immense douleur avait permis à Qiao Ting de retrouver un peu de lucidité. Il était fou de joie de découvrir qu’il avait une chance d’accéder au stade de domaine. S’il ne pouvait pas s’accrocher à cette chance maintenant, il ne saurait pas quand il aurait une autre chance d’accéder à nouveau au stade de domaine.

Risquant tout sur la ligne, Qiao Ting laissa échapper un rugissement de colère. Il rassembla tout son Qi-Jin, l’écrasant impitoyablement sur la barrière relâchée qui était à l’origine aussi dure que l’acier.

Bam ! Qiao Ting semblait avoir entendu le bruit de la barrière qui se brisait. Le Qi-Jin qui semblait être dans une rivière étroite, sentait soudainement qu’il était entré dans un océan. La puissance illimitée commença à couler à travers son corps. Il sentait même que s’il exerçait toute la puissance à l’intérieur de son corps, il aplatirait l’endroit où il se tenait en un instant.

De plus, la pression à laquelle il ne pouvait pas résister il y a un instant, semblait maintenant être une légère brise. Était-ce là le pouvoir d’un domaine ?

« Ton état n’est toujours pas stable. As-tu l’intention de redescendre au niveau Qi-Jin ? » Ling Lan sentait que le stade de domaine dans lequel Qiao Ting venait de pénétrer était très instable. Il y avait déjà des signes de dissipation, elle prit donc immédiatement la parole pour le lui rappeler.

Après tout, il ne s’était frayé un chemin que grâce à des forces extérieures et non par lui-même. Acquérir un domaine par ce genre de raccourci donnerait un domaine incomplet. La barrière qui avait été brisée par la force revenait en fait lentement à son état d’origine. Si Qiao Ting ne faisait pas de son mieux pour stabiliser son domaine, tout ce qu’il avait acquis grâce à sa percée disparaîtrait lentement au fil du temps. Au final, Qiao Ting retomberait au Qi-Jin.

« Le domaine que tu as acquis est en fait considéré comme un pseudo-domaine. Ce n’est qu’après avoir travaillé dur pour rester dans l’état de pseudo-domaine que tu trouveras le véritable secret du domaine. Alors, on considérera que tu as franchi les portes du stade de domaine. » Ling Lan déduisit rapidement la situation de Qiao Ting et fut quelque peu déçue du résultat. Il semblait qu’il y avait encore beaucoup de problèmes à utiliser cette méthode pour aider ses camarades à progresser rapidement vers le stade du domaine. Elle devait trouver un autre moyen.

La voix glaciale de Ling Lan fit chuter le cœur de Qiao Ting, qui était tout excité. Il regarda Ling Lan d’un air compliqué, puis ferma rapidement les yeux. Il se concentra pour ressentir les changements provoqués par le passage au stade de domaine ainsi que les secrets du Qi-Jin dans son corps.

Les membres de l’équipe que Qiao Ting avait amenés avaient ressenti le changement dans l’aura de Qiao Ting, qui devenait de plus en plus forte. C’était comme si Qiao Ting s’était élevé à un état bien plus élevé et distant qu’eux. Se rappelant que Qiao Ting était au sommet des compétences physiques du Qi-Jin, à l’apogée optimal, leurs expressions changèrent instantanément. Leurs expressions s’étaient immédiatement transformées en un mélange de joie et de peur. Se pouvait-il que leur capitaine ait réellement atteint le stade de domaine ?

Bien que la Fédération accorde plus d’attention aux compétences de pilotage des Mechas qu’aux compétences physiques, tous les pilotes de Mechas savaient que les compétences physiques étaient essentielles au fonctionnement d’un Mecha. Plus les compétences physiques étaient élevées, plus le niveau du Mecha qu’un pilote pouvait piloter était élevé. Bien sûr, il y avait d’autres facteurs impliqués dans l’avancement du pilotage d’un Mecha, mais personne ne pouvait nier que les compétences physiques étaient définitivement l’un des facteurs importants pour déterminer jusqu’où une personne pouvait aller dans son parcours de pilotage de Mecha.

Quel que soit le talent d’un expert Qi-Jin, la plupart ne pourraient atteindre que le niveau as. Seuls quelques chanceux pourraient peut-être entrer dans le premier stade du niveau impérial, mais ils ne pourraient pas aller plus loin, à moins de passer au stade du domaine. Pour les experts du domaine d’autre part, tant que leur talent dans le maniement des Mechas n’était pas mauvais, ils pouvaient facilement atteindre le niveau impérial. Les pilotes de Mechas qui pouvaient entrer dans l’armée de garnison savaient tous que les vrais rois du champ de bataille n’étaient pas des as, mais plutôt des pilotes de Mechas impériaux qui abaissaient leur niveau jusqu’à celui d’as. Ces personnes étaient considérées comme les véritables rois invincibles du champ de bataille.

Si Qiao Ting atteignait le stade du domaine, avec son terrifiant talent de pilotage de Mecha, dans le futur, Qiao Ting deviendrait certainement un pilote impérial. Avec un individu aussi fort comme capitaine, leur équipe de combat deviendrait peut-être une équipe de combat cinq étoiles, voire une équipe de combat légendaire.

En pensant à ce point, certains capitaines seniors étaient ravis. Ils hésitaient à l’origine s’ils devaient continuer à suivre Qiao Ting. Maintenant, ils affirmaient leur décision et leurs convictions de suivre Qiao Ting. Après tout, il était vraiment rare d’avoir la chance de suivre un pilote impérial qui devait encore se développer et grandir, et ils pouvaient travailler ensemble pour se faire honneur.

À ce moment-là, Luo Chao et Han Xuya comprirent également pourquoi Ling Lan avait fait pression sur Qiao Ting. Ils regardèrent leur boss d’un air perplexe. Était-ce une bonne chose d’aider son propre rival ?

Le temps que Qiao Ting avait utilisé pour stabiliser son état d’esprit n’avait pas été trop long. Il ouvrit lentement les yeux et vit Ling Lan debout devant lui. Ses yeux montraient un soupçon de gratitude et d’esprit de combat. J’ai probablement les qualifications pour être considéré comme le rival de Ling Lan maintenant, non ?

« Ling Lan, je me souviendrai de cette faveur que tu m’as faite. » Qiao Ting resta silencieux une demi-seconde, puis parla enfin. Qiao Ting n’était pas quelqu’un qui rendait la gentillesse avec ingratitude. Il garderait dans son cœur cette faveur que Ling Lan lui avait rendue. Mais il n’allait pas pour autant renoncer à devenir le rival de Ling Lan. Qiao Ting avait déjà pris sa décision. Un de ces jours, il rendrait certainement la pareille à Ling Lan.

« C’est le résultat de ton propre travail, ça n’a rien à voir avec moi », répondit calmement Ling Lan. Elle ne voulait pas s’attribuer le mérite. Sa principale motivation n’était pas d’aider Qiao Ting à progresser mais de l’utiliser comme un rat de laboratoire. Si Qiao Ting avait réussi, c’est parce qu’il avait créé son propre catalyseur pour son avancement et les résultats de son travail.

Ling Lan ne se souciait pas de savoir si Qiao Ting serait capable de lui rendre la pareille. Qiao Ting et elle étaient sur des chemins différents. Dans le futur, ils pourraient peut-être s’affronter.

Ling Lan ne voulait pas que Qiao Ting lui rende une quelconque faveur. Cependant, Qiao Ting était un individu fier. Une fois sa décision prise, il ne la changerait certainement pas parce que Ling Lan ne le voulait pas. Il se contenta de saluer Ling Lan d’un signe de tête, puis demanda à ses coéquipiers de partir. En partant, il n’oublia pas de transférer quelques crédits au magasin pour rembourser les objets qu’il avait cassés dans le magasin.

Qiao Ting se dirigea vers la porte et s’arrêta soudainement. Il hésita un instant puis se retourna et dit à Ling Lan : « Le commandant de mon régiment est très intéressé par ton subordonné, Gu Dongyang. Il a probablement envoyé quelqu’un pour aller le combattre. Si tu y vas maintenant, peut-être arriveras-tu avant qu’il n’arrive. »

Qiao Ting considérait cette information comme un intérêt donné à Ling Lan. Qiao Ting se sentit plus détendu et quitta la boutique sans se soucier des expressions stupéfaites de ses coéquipiers.

« Quoi ? Ils sont du clan Mecha 250 ? Capitaine, pourquoi n’as-tu rien dit plus tôt… » Une voix frustrée d’un membre de l’équipe résonna derrière la porte. Le Clan Mecha 250 que le commandant de leur régiment leur avait ordonné de combattre était en fait apparu devant eux et ils les avaient ratés juste comme ça ?

« Si je vous le disais, pourriez-vous même lui tenir tête ? » Le ricanement de Qiao Ting fit écho après coup.

« Ugh… pas sûr. » Les membres de son équipe avaient compris qu’ils avaient rencontré un Grand Boss. Ils ne seraient pas en mesure de s’opposer à lui.

Ling Lan regarda Qiao Ting partir au loin et se mit rapidement à réfléchir.

Luo Chao cria anxieusement : « Boss, contactons rapidement le Capitaine Gu. » Même si elle ne savait pas si les paroles de Qiao Ting étaient vraies ou fausses, elle voulait quand même prévenir Gu Dongyang pour qu’il soit sur ses gardes. Il n’y avait rien de mal à cela.

L’index et le pouce de la main droite de Ling Lan se frottèrent rapidement l’un contre l’autre. Puis elle prit instantanément une décision : « Pas besoin, vous pouvez continuer à faire vos courses. »

« Pourquoi ? Si par hasard Qiao Ting disait la vérité, le Capitaine Gu ne serait-il pas en danger ? » Han Xuya était également quelque peu anxieuse.

« Quels dangers y a-t-il dans la Ville des Soldats ? » dit Ling Lan avec indifférence.

Même si les soldats de la Fédération appartenaient à différentes divisions et pouvaient se battre entre eux, ils n’utiliseraient toujours pas de méthodes impitoyables. De plus, il s’agissait probablement d’une affaire privée de Gu Dongyang, qui devait être résolue par Gu Dongyang lui-même.

Ling Lan savait très bien que même si elle était la Commandante de Régiment du Clan Mecha 250, elle n’était pas la baby-sitter du Clan Mecha 250. Ils devaient compter sur eux-mêmes pour résoudre leurs propres problèmes. Elle ne serait leur bouclier qu’en cas de besoin.

Après avoir répondu à la question de Han Xuya, dans la seconde suivante, elle disparut de la vue des deux femmes. Han Xuya et Luo Chao savaient que leur boss avait dû retourner au salon du deuxième étage.

Après s’être assise et avant que Ling Lan ne puisse réfléchir, elle entendit des rugissements de protestation. Elle vit alors Petit Blanc sortir de son collier arrière en rampant avec difficulté et en respirant bruyamment. En fait, Ling Lan avait ordonné à Petit Blanc de rester dans son col pour le cacher, ce qui l’avait presque étouffé. Ainsi, après avoir vu une opportunité de sortir, Petit Blanc avait immédiatement rampé pour sauver sa petite vie. En même temps, il voulait protester contre son maître immoral qui torturait les animaux domestiques…

« Animaux domestiques ? Les animaux de compagnie se comportent-ils ainsi ? » L’expression de Ling Lan avait un soupçon de froideur. Elle pinça très fort les joues blanches et potelées de Petit Blanc…

« Rawr… S’il te plaît, laisse-moi partir. Je n’oserai pas le refaire. » À part plaider pour sa vie, Petit Blanc ne pouvait que retenir ses larmes et accepter le pincement de son maître. Selon les mots de Petit Quatre, « Les animaux domestiques n’ont pas de liberté ! »

Oui, comme prévu, la sensation était bonne. Le frotter était très confortable… Pouvant enfin pincer et frotter Petit Blanc, Ling Lan plissa les yeux de satisfaction.

« Oh, c’est si mignon. J’aime bien celui-là. » Une jolie voix résonna soudain près de Ling Lan.

Ling Lan fronça les sourcils. Ces mots lui étaient-ils adressés ?

Elle regarda et vit cinq personnes, pas très loin d’elle, au rayon poupées près de l’escalier. Ils pouvaient la voir de cet endroit. Il était possible qu’ils soient des clients venus chercher des poupées et qu’ils l’aient accidentellement vue en train de frotter Petit Blanc. C’est pourquoi cette personne avait dit ce qu’elle avait dit.

Dans le groupe de cinq, il y avait une petite fille. Elle avait vu que Ling Lan ne lui prêtait aucune attention et fut frustrée. C’était une fille dont les cieux s’occupaient. Elle sentait le froid glacial émanant de cette personne, couplé à l’irrespect et à l’indifférence de Ling Lan, elle n’en pouvait plus.

Elle se précipita vers Ling Lan et se mit devant elle, les mains autour de la taille : « Hé voyou, c’est à toi que je parle. »

Ling Lan gardait un visage impassible et continuait à frotter Petit Blanc. Elle n’avait même pas envie de parler à cette fille arrogante.

Ling Lan traitait bien ses propres camarades, mais cela ne signifiait pas qu’elle allait traiter tout le monde gentiment. Avec une apparence froide et sans cœur, elle était parfois effectivement assez froide et sans cœur.

« Toi, toi, toi… » La petite fille était furieuse de l’attitude de Ling Lan. Elle la pointa du doigt et finit par dire : « Tu sais qui je suis ? »