Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 211 – Un problème de permutation
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 211 – Un problème de permutation

À l’intérieur de la calèche, devant le Club Quelaag…

Loin de se moquer, de manifester du mépris ou de prendre à la légère les propos de Klein, Ikanser se mit à discuter sérieusement du problème avec lui.

– « L’Apôtre du Désir ne serait donc pas nécessairement Jason Beria ? Vous pensez que nous aurions pu être induits en erreur ? »

Ce n’est pas un mauvais diacre… Cependant, cela pourrait aussi être dû au fait qu’il prononce fréquemment le nom du miroir magique, Arrodes. Quel que soit son tempérament, il va vraiment finir par s’épuiser, pensa le détective en acquiesçant de la tête.

– « C’est mon opinion personnelle, dictée par la prudence. Pour s’en assurer, c’est simple. Demandez au miroir magique où se trouve l’Apôtre du Désir et non Jason Beria. »

– « C’est logique », répondit Ikanser en enfonçant son chapeau.

Le visage à nouveau grave, il baissa les yeux sur le miroir posé dans sa main.

– « Diacre Ikanser, ne demandez aucun indice ici. Le Diable s’en apercevrait à coup sûr », lui rappela Klein.

– « Exact. » Il regarda les deux autres membres et leur dit : « Continuez à protéger discrètement M. Moriarty. Si jamais l’Apôtre du Désir attaque, à trois, vous devriez pouvoir lui résister un moment. De plus, il y a des militaires dans les parages. »

– « Bien, Diacre ! » répondirent sans hésiter les deux membres de la Conscience Collective des Machines.

Ikanser partit aussitôt rejoindre les Faucons de Nuit qui se trouvaient à proximité d’Isengard Stanton.

Avec le Chantre de Dieu qui passe à l’action et l’Artefact Scellé de l’Église de la Déesse déployé en force… si l’Apôtre du Désir devait vraiment agir, ce serait certainement cet après-midi… Espérons que nous aurons suffisamment de temps et que le miroir magique lui donnera la bonne réponse… Mais de cette façon, je n’aurai pas l’occasion de m’impliquer, je ne pourrai pas voir de mes propres yeux mourir ce Diable qui nous a fait tant de mal et n’aurai pas accès à sa valise pleine d’argent, de lingots d’or, de pièces d’or et de bijoux… Pensa le jeune homme, déçu, en regardant s’éloigner Ikanser.

Cependant, il retrouva vite sa bonne humeur.

C’est bien aussi. Au moins, je n’aurai pas à prendre de risques et je sortirai sain et sauf de ce mauvais pas.

De plus, La Conscience Collective des Machines ne se montrera certainement pas ingrate. Si l’opération réussit, mes avis et suggestions auront, sans aucun doute, joué un rôle important. De plus, je suis un adepte du Dieu de la Vapeur et des Machines, il est donc probable que je perçoive une partie du butin… Sur la base de 50 000 Livres, ça devrait tout de même faire une petite somme…

Certes, il regrettait un peu, mais il ne voulait pas prendre de risques en s’impliquant.

Un magicien ne se produit jamais sans y être préparé !

Cela s’est passé trop vite et trop précipitamment sans que j’aie eu le temps de planifier quoi que ce soit…

Klein salua d’un signe de tête les deux membres de la Conscience Collective des Machines, descendit de la voiture et retourna au Club Quelaag où il n’eut aucun mal à obtenir du préposé qu’il lui attribue une salle de repos.

Quartier de Hillston, dans le salon d’Isengard Stanton…

Leonard Mitchell recoiffa quelques mèches de cheveux noirs légèrement indisciplinés. Conformément aux instructions du capitaine Soest et avec l’aide des Faucons de Nuit, il enfila non sans peine l’armure argentée, maculée de sang.

Il baissa la visière, dissimulant ses yeux verts dans l’obscurité. Puis il tendit sa main gauche, recouverte d’un gantelet de métal et prit le miroir magique que lui tendait Ikanser.

Au sein de l’Église du Dieu de la Vapeur et des Machines, le nom de code du miroir argenté était 2-111.

– « Ce n’est qu’un Artefact Scellé de Grade 2 ? » demanda Soest, légèrement surpris.

Ikanser acquiesça de la tête.

– « Oui, il n’est pas particulièrement dangereux. »

En disant cela, on aurait dit qu’il serrait les dents.

– « Cela signifie-t-il que ses autres aspects répondent aux critères d’un Artefact Scellé de Grade 1 ? » demanda Soest, pensif.

Ikanser lui jeta un regard méfiant.

– « Certains seulement. »

Il ne voulait pas en dire plus.

De sa main droite, Leonard caressa doucement la surface du miroir. Le silence fit dans le salon.

Après avoir réitéré trois fois ce geste, il dit d’une voix grave :

– « Honorable Arrodes, ma question est la suivante : Où se trouve actuellement l’Apôtre du Désir qui a agressé Isengard Stanton ? »

La maison entière devint sombre comme si un nuage noir passait.

La surface du miroir émit alors une lumière aqueuse et très vite, une image floue se forma. C’était une villa luxueuse avec, devant la fenêtre, un grand jardin au centre duquel se trouvait une serre abritant des roses d’un rouge vif.

Au-dessus de la serre, derrière un mince brouillard, on pouvait apercevoir un soleil pâle.

– « C’est à Backlund ! » s’exclama Isengard Stanton d’après l’angle de vue et la position du soleil dans le ciel.

– « Ce n’est pas du tout ce qu’il nous a répondu lorsque nous lui avons posé la même question au sujet de Jason Beria ! On s’est fait avoir ! » commenta Ikanser d’une voix grave.

Soest, l’Assureur d’Âmes

– « Comme c’est rusé ! souffla Soest. Dans ce cas, qui est le Jason Beria que poursuit le Chantre de Dieu ? (Soupir) : Pas le temps de discuter. Il nous faut localiser globalement l’endroit que nous venons de voir, après quoi nous passerons immédiatement à l’action. Je soupçonne l’Apôtre du Désir de vouloir provoquer un incident majeur ! »

Pendant ce temps, l’image sur le miroir s’était dissipée et des mots s’inscrivaient. Il demandait à Leonard de répondre à une question, lui promettant une sévère punition s’il venait à mentir ou refusait de répondre.

Pour une raison obscure, ce dernier se sentit un peu nerveux. Oubliant son habituelle attitude frivole, il attendit silencieusement.

Quelques secondes plus tard, des mots rouge sang se formèrent un à un :

« Il y a quelque chose d’attaché sur votre corps… »

À mesure qu’il lisait, les pupilles de Leonard se contractèrent. Son dos se raidit tandis qu’une sueur froide perlait sur son front.

S’il n’avait pas été dissimulé par l’armure d’argent tachée de sang, les autres s’en seraient aperçu.

Soudain et inexplicablement, sa main gauche se mit à trembler.

Le miroir magique argenté vibra et les mots écarlates se teintèrent d’une étrange nuance de vert. À moins de le regarder attentivement, il aurait été impossible à quiconque de s’en apercevoir.

Les mots changèrent à nouveau : Y-a-t-il, sur votre corps, une cicatrice dont vous ne pouvez parler à personne ?

– « Oui, cette cicatrice réside dans ma mémoire », répondit sans ciller Leonard alors qu’un sentiment d’épuisement consécutif au brusque relâchement d’une trop forte tension l’envahissait.

Ce miroir est très dangereux… Il s’en est aperçu ! Heureusement qu’après tout ce temps, tu t’en es quelque peu remis, mon vieux… se dit-il, les lèvres sèches.

Soest sortit sa montre à gousset et y jeta un coup d’œil.

– « Il est encore temps, vous êtes responsable de la suite de l’opération ! »

– « Bien, Capitaine Soest », répondit le Faucon de Nuit en soupirant intérieurement.

Zone des docks, Chantier Naval de Backlund.

Patrick Jason Beria entra dans une cabine qu’il avait réservée à l’avance.

Debout à la fenêtre, il observa le ciel plein de brume et évalua mentalement l’heure.

Un moment passa, puis il ôta rapidement son chapeau, ses vêtements et retira la peau humaine comme s’il s’agissait d’une combinaison.

Apparut alors une belle femme d’une trentaine d’années au regard profond. Ce n’était pas l’homme aux cheveux et aux yeux marrons que Klein avait vu dans son rêve divinatoire !

Celle-ci enfila méthodiquement quelques vêtements. Elle était absolument ravissante.

Enfin, elle sortit du fond d’une valise une figurine de pierre de la taille d’un poing, l’enveloppa bien serré avec la peau humaine et fit un nœud plat.

Lorsqu’elle eut terminé, le bateau avait déjà parcouru une certaine distance. Elle ouvrit la fenêtre et jeta la figurine enveloppée de peau dans la rivière.

Emportée par le lourd objet, la peau de Jason Patrick eut tôt fait de disparaître au fond de l’eau.

La femme frappa dans ses mains et referma la fenêtre. Puis elle prit sa valise et changea de cabine. Elle avait tout prévu.

Elle s’assit tranquillement, s’accouda à la fenêtre et, le visage dans les mains, regarda tranquillement dehors.

Un moment passa, puis soudain, une forte rafale de vent dispersa la mince couche de brouillard.

Un large sourire se dessina sur son visage.

Quartier de Cherwood, dans une luxueuse villa non loin de la Cathédrale du Vent Sacré…

Pallas Negan, cet ours à la taille bouffie et aux yeux bleus, étreignait sa maîtresse qui venait à sa rencontre, une belle jeune fille dont le visage était emprunt d’une touche d’innocence.

Deux hommes le suivaient. L’un d’eux, d’âge moyen, portait une veste à queue de pie noire. Il avait les cheveux bruns, les yeux bleus, et son visage était inexpressif. C’était un garde Transcendant que lui avait attribué l’Église du Seigneur des Tempêtes, un Béni des Vents de Séquence 6.

Quant à l’autre, c’était le secrétaire du Duc, un jeune homme blond et mince aux traits délicats, à l’air élégant et réservé. Son plus gros défaut était que sa chevelure se dégarnissait, ce qui n’était pas naturel à son âge.

Quant aux autres gardes ou personnel de sécurité, ils étaient ressortis de la maison.

Arrivé à l’étage, le Béni des Vents inspecta rapidement la chambre à coucher du Duc Negan pendant que son secrétaire fouillait les pièces aux alentours.

Lorsqu’ils se furent assurés qu’il n’y avait rien à signaler, ils firent un signe de tête au Duc pour lui faire comprendre qu’il pouvait poursuivre.

– « Mes émotions exacerbées se sont presque apaisées », dit ce dernier sur le ton de la plaisanterie.

– « Nous allons donc pouvons avoir une conversation agréable », répondit sa maîtresse, ravie. « J’aimerais que vous me parliez de votre séjour en mer. »

– « J’espère que vous aurez un jour l’énergie nécessaire pour le faire », répondit le Duc en la portant dans la chambre dont il referma la porte avec son talon.

Sans prendre le temps de se détendre, son secrétaire et le Béni des Vents entrèrent chacun dans une pièce de part et d’autre de celle où il se trouvait.

Pendant ce temps, dans le grenier…

Un homme vêtu d’un pardessus sombre était assis sur une vieille chaise, les yeux mi-clos. On aurait dit qu’il tentait de percevoir quelque chose et de temps à autre, il souriait et secouait la tête.

L’inconnu avait des cheveux bruns légèrement bouclés, et des yeux bruns et froids. C’était l’homme que Klein avait vu dans son rêve divinatoire, à la différence près qu’à ses pieds manquait une valise !

– « Quelle vigueur et quel désir intense… je ne l’imaginais pas comme ça… On dirait qu’il a pris une potion… Ça marche très bien pour moi… Héhé, comment pourraient-ils se douter que Patrick Jason Beria est en réalité deux personnes… » murmura l’homme en relevant légèrement le visage, comme s’il était en état d’ivresse.

« C’est bientôt le moment… Maintenant ! »

Brusquement, il referma la main droite. On aurait dit qu’il serrait le cœur de quelqu’un !

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