Sous le Chêne | Under the Oak Tree
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“Ah, le parfum sent vraiment bon.”

Max le contemplait avec un sentiment de soulagement et de fierté. Des bourgeons rouge vif saturaient la zone autour d’un petit étang d’eau creusée par les serviteurs, et les arbres arbustifs alignés comme de petits soldats avaient des fleurs violet bleuté qui poussaient, à côté d’eux se trouvait un champ de diverses herbes qui poussaient agréablement et créaient une merveilleuse harmonie avec les fleurs. Max posa un mouchoir sur une chaise plate taillée dans la pierre et s’assit.

“Les plantes ici… toutes peuvent être utilisées comme herbes et épices.”

“Tu veux dire que tu as fait un jardin comestible ?”

“C’est une chose d’avoir de jolies fleurs dans un jardin, mais planter des plantes utiles… J’ai pensé que ce serait bien.”

Les mots de Max ont fait rire Riftan doucement. “Je vais demander aux gardes de s’assurer que rien n’abîme ce jardin et de le garder intact.”

“Est-ce que tu aimes… ça ?”

Il a baissé les yeux vers Max qui était assis à un pas du jardin de fleurs, puis il a hoché lentement la tête. Une émotion intense a traversé ses yeux, puis a disparu brièvement.

“Oui, j’aime ça.”

La voix qui accompagna sa réponse était étrangement tendue. Max le regarda d’un air perplexe, quand Riftan s’accroupit près d’elle, se tapotant les lèvres comme s’il essayait de cacher ses sentiments. ( … À tous les coups il se retient parce qu’il a eu des idées +18 XD il est en train de regretter de ne pas être resté dans le lit )

“Il y a un an, je n’aurais jamais imaginé passer un moment aussi tranquille dans un jardin de fleurs avec ma femme.”

Max devint nerveuse en réalisant que Riftan faisait allusion à la fois où il était parti en expédition.

“J’ai entendu dire que… tu as traversé beaucoup de difficultés pendant l’expédition.”

“Ce n’était pas facile. Il y avait des milliers de monstres qui vivaient dans les montagnes de Lexos et la route vers le repaire du Dragon était entourée de couches de barrières et de labyrinthes.”

Il a répondu sinistrement, en fouillant dans un panier et en sortant une pomme. Il en a pris une grosse bouchée et son jus frais a doucement humidifié ses lèvres. Le visage de Max rougit, des souvenirs sensuels défilant dans sa tête. En dépit de son imagination débridée, Riftan, qui était assis par terre en train de manger une pomme, semblait libre et détendu, comme un garçon innocent, naïf du monde cruel. Il prit une pomme verte et la lui offrit.

“Elle a bon goût. Goûte-la aussi.”

Max a distraitement pris une bouchée de la pomme. Sa langue n’avait aucun goût, car elle était durcie par la tension qu’elle ressentait. Elle avait énormément souffert à cause de son père, ce qui l’avait rendue si préoccupée par sa propre misère au cours des trois dernières années qu’elle n’avait jamais pensé aux épreuves que traversait Riftan. Au contraire, elle craignait même que s’il revenait, il lui inflige un mal inimaginable.

Mais comment peut-il dire d’être si bien quand je suis à ces côtés ? Accablée par la question qu’elle se posait, Max a regardé attentivement Riftan qui profitait de la brise.

Est-ce qu’il m’a déjà blâmé ? Max espérait que ce n’était pas le cas, mais après tout, Riftan l’a épousée même en sachant toutes les difficultés qu’il allait rencontrer. N’importe quel homme au monde confronté à un tel malheur ne se serait-il pas lamenté ? C’était un miracle qu’il ait décidé de respecter ses vœux de mariage et qu’il soit satisfait d’elle. Ses pensées ont mis son cœur mal à l’aise, alors elle a rapidement changé de sujet.

“Est-ce que la construction de la route… se passe bien ?”

“Ça se passe bien. Elle sera terminée d’ici l’automne.” Riftan a jeté les graines de pomme dans le buisson avec un sourire ambitieux. “Je vais agrandir le port dès que la route sera terminée. Cela coûtera beaucoup d’argent pour le garder indestructible faces aux monstres mais les commerçants du sud pourront accoster d’énormes navires et ils nous récompenseront largement pour cela. Ça va être extrêmement rentable.”

“Tu pourras faire autant d’argent… rien qu’avec les taxes ?”

“Il n’y aura pas que les taxes. S’associer avec des marchands peut nous faire gagner plus d’argent que le roi. Ils partagent une partie de leurs revenus en échange de la protection de leurs cargaisons coûteuses et de leur aide pour le bon déroulement de leurs affaires. Il y a déjà beaucoup de marchands qui font la queue pour cela. Je ne te laisserai pas manquer le privilège de profiter de soies et d’épices rares venant du sud à un prix abordable.” Il s’est penché en arrière et lui a souri. “Quand le négociant amènera le bateau, je te donnerai 500 vêtements en soie.”

“J’ai déjà plus qu’assez de vêtements en soie.”

“Ce n’est pas assez.” affirma-t-il en riant. “Tiens bon. Je vais te donner un nombre incalculable de vêtements les plus chers du monde. Ensuite, je mettrai des bagues en diamant qui brillent plus fort que le soleil à chacun de tes doigts. De ton cou à ton poignet, jusqu’à tes chevilles, je te décorerai de bijoux.” ( … Eh oh… tu veux un arbre à bijoux ou une femme… )

Il a attrapé sa main et a pressé ses lèvres sur son poignet. La sensation des lèvres légèrement froides et humides contre la peau sensible et palpitante a fait frémir Max. Les yeux sombres de Riftan étaient profondément satisfaits.

“Je ferai de toi la dame la plus envié des sept royaumes. Je te ferai jouir d’autant de richesse que la princesse de Roem.” Riftan a caressé sa paume et lui a parlé passionnément. “Si l’empire n’avait pas péri, tu aurais été traitée comme la femme la plus précieuse de ce continent. Quelqu’un comme moi n’aurait même pas été autorisé à te parler.”

“Ne dis pas de telles bêtises. Roem a péri il y a longtemps et la famille Roem a à peine maintenu son nom… maintenant ils n’ont aucun pouvoir, aucune influence. Je suis juste l’une des nombreuses nobles de Whedon.”

“Tu es trop humble. Tu es la descendante de la grande famille impériale qui a autrefois régné sur l’empire, et la fille aînée du Duc le plus puissant de Whedon. Tu n’es pas n’importe quelle femme de la noblesse.” Soudain, un regard de cruauté s’est infiltré sur le visage de Riftan. “Je méprise ton père, mais je n’ai pas l’intention de lui manquer de respect. La raison pour laquelle le Duc m’a choisi comme époux est que je lui étais utile, pas exactement parce que je suis un époux convenable ou digne de toi.”

La main de Max, qui était tenue par Riftan, a tressailli. Comme un chien de chasse qui écrase instinctivement un oiseau qui sort de ses griffes, il resserra sa prise.

“Je n’ai pas de parents nobles. Même si je meurs, je n’ai pas de frères qui prendront la peine de me venger. Un chevalier roturier qui a la compétence et la réputation, mais pas le pouvoir. Ce n’était pas un gros problème pour lui de faire de moi son commandant par intérim, il ne serait pas difficile de s’occuper de toute question qui pourrait survenir. Il m’a juste choisi pour être l’homme qu’il pouvait utiliser, puis laisser mourir.”

“C’est…”

“Il pensait que je ne reviendrais jamais pour continuer notre mariage.” Riftan a souligné doucement mais son ton était effrayant. “Mais je suis revenu vivant, et notre mariage est réel. Maintenant, cet homme n’a plus aucune autorité sur toi. Je suis ta famille.” ( … C’est beau … mais faut vraiment qu’ils se parlent correctement )

A ces mots pleins de possessivité, elle sentit une brise fraîche balayer son cœur. Elle ne valait rien pour son père, il n’y avait que Rosetta que le duc reconnaissait comme sa fille. Maximillian était une ratée, une fille inutile, qui s’était mariée à un chevalier roturier à une occasion opportune, juste pour être utile au duc, donc la belle noble à laquelle Riftan faisait référence ne pouvait pas être elle, mais Rosetta.

Max se mordit les lèvres. Le fait que son propre père ait complètement trompé et utilisé son mari lui donnait une nouvelle forme de colère et elle se sentait insupportablement triste d’avoir été la clé de cette tromperie. Le Duc de Croix aurait dû donner une fille chérie à un jeune chevalier qui risquait sa vie pour lui, il aurait dû donner la belle et brillante Rosetta à Riftan. Il aurait dû être traité avec autant d’égards. Alors que les émotions montaient férocement dans son cœur, Max commença à parler d’une voix tremblante.

“Je suis r-reellement… D-désolé.”

Tout à coup, comme si toute la hargne s’échappait de lui, Riftan lui a serré le visage entre ses paumes.

“Bon sang, j’ai dit trop de bêtises. Je n’essayais pas de te blâmer, je sais que tu n’as rien à voir avec les tactiques maléfiques de ton père. Tu n’as jamais voulu m’épouser, n’est-ce pas ?” C’était vrai. Il lui sourit amèrement en regardant ses yeux qui ne pouvaient pas nier ce qu’il disait. “Tu n’es qu’un autre pion pitoyable qui a été forcé par ton père à épouser un humain de bas étage comme moi.” ( Et bien, oui, c’est vrai qu’elle n’aurait jamais voulu l’épouser avant, mais maintenant c’est l’inverse, elle se blâme de pas être assez bien )

“Ce n’est pas comme ça. Ne le dis pas comme ça…”

Mais il n’a pas écouté les paroles pressantes de sa femme. “Cependant, je vais te rendre parfaitement satisfaite. Je te ferai sentir que m’épouser était mieux que d’épouser n’importe quel autre noble ou royauté.”

Ne pouvant plus supporter ses paroles, Max commença à parler. “J’ai déjà cette impression. A-alors…”

Soudain, elle s’est penchée et a enroulé ses bras autour de son cou. Riftan se raidit de surprise, avant de lever les bras pour la serrer vigoureusement. Il lui tire la tête et pose ses lèvres sur les siennes. Max tremble, impuissante, tandis que sa langue douce, légèrement parfumée de pommes vertes, remplit doucement sa bouche.

L’envie d’enfouir son visage dans son cou et de pleurer monta en flèche. Les fantasmes qu’il avait d’elle étaient ridiculement surréalistes. Max ferma hermétiquement les yeux, se sentant malheureuse : peu importe ses efforts, elle ne serait pas en mesure de répondre à ses attentes.

Ils sont restés ensemble comme ça, les corps collés l’un à l’autre, pendant un long moment. Lorsqu’un garde est venu le chercher, il a caressé sa joue et l’a regardée d’un air triste, puis l’a embrassée tendrement et s’est levé de son siège à contrecœur. Max l’observa d’un air sombre tandis qu’elle le regardait partir pour remplir ses devoirs de Seigneur. Elle se sentait tellement coupable en pensant que son père l’avait complètement trompé et qu’elle s’était contentée de lui obéir en silence. Elle savait que le passé immuable ne valait pas la peine d’y penser, mais elle ne pouvait pas se défaire de sa propre auto-condamnation.

Max est retournée dans sa chambre et s’est effondrée sur le lit. Le fait que Riftan la traite comme une honorable princesse la mettait mal à l’aise jusque dans ses os. Pendant les 22 dernières années, Max a été élevée comme un chien par son père. Quand les chiens se rebellent, son père lève son fouet, mais ils lui montrent au moins les dents. Max, au contraire, s’asseyait à genoux, supportant la punition et obéissant les larmes aux yeux.

Elle a compris à quel point elle était impuissante et misérable. Alors qu’elle rampait sur le sol comme un insecte et s’accrochait aux pieds de son père, Max ne pouvait pas oublier à quoi ressemblait sa silhouette à travers le miroir de la pièce. Sa peau était toute gonflée et elle se tortillait sur le sol froid comme la pierre comme un ver.

Princesse, fille précieuse du Duc… tous ces titres étaient ridicules.

Max se recroquevilla et enfouit son visage dans ses genoux. Plus elle pensait à Riftan, plus sa poitrine se serrait. Est-ce que c’était bien d’admettre qui elle était vraiment et combien elle était loin de l’idée de l’épouse parfaite qu’il avait en tête ? Cependant, le simple fait de s’imaginer dire la vérité à son mari donnait des sueurs froides à son corps et lui tordait l’estomac.

Elle était bien consciente de la façon dont les serviteurs du château de Croix la regardaient. Leurs regards, empreints d’une tiède sympathie à distance, étaient parfois plus difficiles à supporter pour elle que la violence de son père.

Il vaudrait mieux mourir que de recevoir un tel regard de Riftan. Son mari croyait que sa femme était la dame la plus honorable du monde, et elle ne voulait pas qu’il sache à quel point elle avait vécu misérablement.

Max s’est levée du lit et a quitté la chambre après ne plus pouvoir supporter la spirale des pensées dépressives. Si elle continuait à rester enfermée seule, sa propre négativité allait l’engloutir tout entière.



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