Cela faisait déjà plus d’une semaine que Gao Moumou et les autres avaient débarqué sur l’île.
Les vacances d’été ne duraient que deux mois, et s’ils devaient vraiment en passer la moitié sur cette île de sauvages… Ils avaient envie de pleurer rien qu’en y pensant.
S’ils voulaient quitter cette petite île un peu plus tôt, il n’y avait qu’une seule voie à suivre… Aider le maître de l’île, cet homme riche vêtu d’un coupe-vent, à apprendre aux indigènes les Entretiens de Confucius dans leur intégralité.
Sous la direction du vieux professeur, ils avaient utilisé les méthodes les plus avancées, les plus efficaces pour guider leurs élèves… Mais même ainsi, ils avaient eu du mal à leur faire oublier l’horrible édition manuscrite du Classique des trois caractères pour repartir de zéro avec la version écrite correctement.
Par conséquent, ils n’avaient vraiment aucune idée du temps qu’il leur faudrait pour achever leur tâche.
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Après y avoir longuement réfléchi, Gao Moumou soupira. « Les riches ont d’étranges façons de s’amuser ! »
Cet homme était riche et beau, mais au lieu de s’abandonner à une existence luxueuse, il avait préféré s’installer sur cette île au milieu de nulle part pour apprendre à ceux qui y vivaient à lire et à écrire le chinois.
… Il doit mortellement s’ennuyer pour faire quelque chose comme ça, non ?
Quelqu’un d’ordinaire comme moi ne peut pas comprendre comment ces gens riches pensent…
Il avait déjà estimé que ses vacances d’été étaient gâchées dès sa rencontre avec la fratrie Zhuge. Quelle poisse ! Comment ai-je pu me retrouver avec un tel “ami(e) d’enfance” et “chéri(e) d’enfance” ?!
Gao Moumou, un homme. Un étudiant de la Section Génie Mécanique de l’Université de Jiangnan. École de Conception et de Fabrication de Machines, 19e département, 43ème classe. Il portait des lunettes et n’était pas vilain. Financièrement, il se débrouillait bien.
“Gao Moumou” n’était pas un surnom. Ce nom ridicule, du même style que “Camille Honnête”, classait ses parents dans la catégorie “Nous détestons notre enfant”. Son nom de famille était Gao, son prénom Moumou.
Il nourrissait un projet secret dans son cœur. Dès qu’il aurait son diplôme et aurait trouvé un emploi, devenant ainsi économiquement indépendant, il irait au premier poste de police venu.
Il voulait à tout prix changer de nom !
De plus, il était le seul homme normal du dortoir de Song Shuhang. Il avait une petite amie.
Comparé à l’expert en informatique Li Yangde, à l’énergique Lin Tubo, et au rat de bibliothèque accroupi dans la librairie voisine qui dévorait gratuitement des livres tout l’après-midi, Song Shuhang, Gao Moumou était le seul membre mûr du dortoir. Par conséquent, il prenait fréquemment la responsabilité de prendre soin de ses colocataires.
Par exemple, lorsque Song Shuhang avait attrapé un rhume deux mois plus tôt et était tombé malade, il était celui qui avait demandé aux autres d’acheter des médicaments et d’aller chercher du gruau, divisant ainsi leurs tâches.
Cet homme mûr et normal avait un petit secret que ses amis ignoraient.
Il écrivait secrètement un roman sur internet… Il le faisait depuis de nombreuses années. Il avait commencé à écrire au lycée et avait réussi malgré lui à se constituer une base solide d’admirateurs.
Malheureusement, il n’avait pas trop de temps pour écrire, étant très occupé par ses études. Gao Moumou était du genre à avoir de bonnes notes. Sinon, il n’aurait pas été admis à l’Université de Jiangnan.
Chaque jour, il avait très peu de temps pour écrire, à peine un ou deux chapitres par jour.
De plus, puisqu’il considérait que l’écriture d’un roman était un peu comme la rédaction d’un journal intime, il se sentait intimidé à l’idée d’en parler à ses colocataires. Par conséquent, il ne leur en avait jamais parlé.
Il écrivait doucement, mais sûrement. Dès qu’il en avait l’occasion, il mettait quelques lignes sur son ordinateur et accumulait ainsi régulièrement des chapitres pour avoir de la marge en cas d’imprévu.
Avant de quitter la maison pour les vacances d’été, il avait prévu suffisamment de chapitres pour tenir un demi-mois.
Normalement, deux chapitres étaient publiés chaque jour à une heure fixe. S’il pouvait mettre la main sur ordinateur connecté à internet pendant son voyage, il pourrait discrètement écrire quelques chapitres supplémentaires. Il n’aurait pas dû y avoir de problème pour maintenir des sorties constantes pendant les vacances d’été.
Mais il ne s’était pas attendu à voir les choses empirer, dont l’accident de l’avion dans lequel il avait été !
Il s’était retrouvé sur une île habitée par des sauvages !
Ces indigènes étaient natifs de cette île, ainsi que les seuls habitants.
Hormis la résidence de cet homme riche en manteau, aucun autre endroit n’était équipé d’un ordinateur, de WiFi ou d’un accès à internet.
Il semblait qu’il devrait faire une croix sur les sorties de son roman pendant plus d’un demi-mois. Il avait commencé un nouveau livre au cours du précédent semestre, et depuis, il n’avait pris aucune pause et n’avait manqué aucune sortie. Cette bonne série était sur le point d’être brisée.
Les lecteurs m’insulteront-ils pour avoir arrêté en cours de route ?
Pire encore. Il pouvait endurer la vie rude et dangereuse sur cette île, pourquoi lui et Yayi faisaient-ils chambre à part ?
Ils étaient en pleine relation !
Pourquoi dormait-il à côté de deux idiots comme Tubo et Zhuge Zhongyang ?! Ces deux crétins sans cervelle n’arrivaient même pas à s’inquiéter et dormaient profondément.
– « Ah… Par où puis-je commencer pour me plaindre de tout ça ? » Il poussa un profond soupir.
Autre chose le perturbait.
Song Shuhang, qui avait fait le voyage avec eux, avait disparu après l’écrasement.
Cet homme riche avait affirmé être son ami et qu’il allait bien, mais l’étudiant était toujours anxieux pour son ami, n’ayant pas entendu parler de lui pendant une semaine.
Par contre… Quand Song Shuhang s’est-il lié d’amitié avec ce type, le mystérieux maître de cette île… ?
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Alors que l’imagination de Gao Moumou s’emballait, une ombre humaine fit la navette entre les petites maisons en terre.
Il y a quelqu’un dehors ? Le romancier, vigilant, se tendit.
Même s’il avait l’allure d’un intellectuel, il avait pratiqué les arts martiaux durant son enfance. Il avait négligé son entraînement pendant des années, mais les bases étaient toujours là.
Après quoi, il sortit prudemment de la bicoque.
Grâce au clair de lune, il put clairement voir la silhouette.
C’était un étranger grand et musclé, aux cheveux blonds.
Il n’y avait qu’une seule personne sur l’île avec ces caractéristiques… Monsieur Joseph, le disciple de Song Shuhang. Il avait appris une technique martiale hors pair de l’étudiant, “L’heure de l’appel !” Le pratiquer jour et nuit avait beaucoup renforcé son corps.
Étrange. Que fait Monsieur Joseph dehors au beau milieu de la nuit ?
Puis il le vit passer entre les maisons en terre, se dirigeant vers la forêt toute proche.
Plus loin, il y avait une clairière.
Joseph s’y arrêta et prit une profonde inspiration. Puis il commença à exécuter les pas de “L’heure de l’appel !”
– « … » Je comprends maintenant. Il ne pouvait pas dormir, alors il a décidé de sortir faire un peu d’exercice…
Au fait, pense-t-il toujours Shuhang est un expert en arts martiaux ?
Ah ! Et moi, je suis un personnage de LoL. Il gloussa intérieurement. Après tout, il s’était exercé aux arts martiaux pendant son enfance.
Cependant, un sentiment étrange le troubla dès qu’il y pensa à tout cela.
Deux scènes très fragmentaires refirent surface dans son esprit… Dans l’une d’elles, Song Shuhang courait à la verticale sur un mur. Dans l’autre, il utilisait une technique à l’épée faisant jaillir des flammes déchaînées, comme les personnages des romans d’action…
Pourquoi je pense à des trucs comme ça ? Gao Moumou secoua férocement la tête.
Était-il possible qu’il eût trop écrit ? Il ne pouvait plus distinguer la fiction de la réalité…
Laisse tomber, je devrais retourner dormir.
Il n’était pas d’humeur à accompagner Joseph et à suivre les mouvements de L’heure de l’appel ! au beau milieu de la nuit…
Après y avoir réfléchi, il se retourna tranquillement. Il ne voulait pas gâcher l’humeur de Joseph.
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Au moment où il s’apprêtait à retourner dans sa petite maison en terre, il entendit un bruissement provenant des bois.
Une vingtaine d’indigènes entourèrent Joseph.
Non ! Gao Moumou s’inquiétait, la situation était critique !
Des scènes de films et de romans sur des tribus cannibales lui traversèrent immédiatement l’esprit.
Ces personnes prévoyaient-elles de faire du mal à Joseph ?
Gao Moumou regarda autour de lui, essayant de trouver une arme. Entrer en scène avec n’importe quoi, même un simple bâton, était toujours mieux que d’arriver les mains vides.
Mais alors, la scène changea.
Les vingt indigènes placèrent leurs mains sur leur poitrine, comme les personnages de séries télévisées historiques, et s’inclinèrent devant l’homme isolé.
Ensuite, ils crièrent dans leur chinois maladroit : « Professeur ! »
Gao Moumou était abasourdi.
Que se passait-il ?
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Joseph leur jeta un coup d’œil et dit dignement, sérieusement : « Vous voilà. Tout le monde est là ? »
– « Oui, Professeur. Aujourd’hui, c’était notre tour… Nous implorons le Professeur de nous enseigner la technique martiale sans égal ! » répondirent-ils joyeusement.
L’occidental hocha la tête, satisfait. « Dans ce cas, commençons. Montrez-moi les trois premiers styles de la technique, ceux que je vous ai enseignés la dernière fois ! »
– « Oui, Professeur ! »
Ensuite, ils se mirent en rangs ordonnés, formant un rectangle.
Puis les vingt indigènes répétèrent L’heure de l’appel ! avec le plus grand sérieux.
C’était si éblouissant que Gao Moumou fut presque aveuglé.
Qu’arrivait-il à ce monde ?
Pouvaient-ils vraiment se permettre de foutre le bordel à l’étranger ?
Ou peut-être que L’heure de l’appel ! était vraiment une technique martiale hors pair… Et que seuls les jeunes stupides dans son genre l’ignoraient !?
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Très vite, les natifs de l’île achevèrent les trois premières séries de L’heure de l’appel !
– « Très bien. Vos mouvements étaient parfaits. » Joseph avait une expression satisfaite sur son visage. « Je vais donc vous apprendre le quatrième style aujourd’hui ! »
– « Professeur ! Quand… Quand nous pourrons devenir assez forts pour renverser le cruel maître de l’île… Le suspendre à un arbre et le tabasser ! » demandèrent-ils avec une pointe de tristesse.
– « Pour ce qui est de la pratique des arts martiaux, il faut se prémunir contre les démons intérieurs. Ne vous précipitez pas. Sinon, vous pourriez être incapable de maîtriser à la perfection cette technique incomparable. » Sérieux, il ajouta : « La force élémentaire de votre corps dépasse de loin la mienne. Après avoir appris la version complète de la technique et l’avoir pratiquée pendant un certain temps, vous devriez pouvoir sentir votre constitution se renforcer ! »
Comme les indigènes n’apprenaient pas le chinois depuis très longtemps, Joseph devait utiliser fréquemment des gestes pour leur faire comprendre le sens de ses paroles.
– « Une fois que vous aurez suffisamment pratiqué et que vous pourrez sentir le Qi, vous pouvez déchirer le vent simplement en donnant des coups de poing. À ce moment-là, vous aurez complètement maîtrisé la technique ! »
Il eut l’air nostalgique. Son professeur, Song Shuhang, avait déjà atteint ce niveau. Il pouvait frôler le mur du son, simplement en poussant doucement sa main vers l’avant !
Après avoir entendu cette description, l’espoir colora les yeux des indigènes.