Exactement comme la première fois que nous sommes venues avec Alia, le bar était bondé et très bruyant.
Comme si la mort de Doz ne les avait absolument pas dérangés.
Et comme la dernière fois également, beaucoup de regards était tourné vers moi, comme pour montrer qu’un enfant n’est pas le bienvenu ici.
– « Ô gamin, tu rentres ou tu dégages ? »
Moi – « Oh, excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger. »
Bon, cette fois vu qu’Alia n’est pas là pour tout faire foirer, je peux essayer de ne pas attirer l’attention sur moi et passer incognito aux yeux de tous.
Même si, à mon avis certaines personnes ici, présentes étaient là lorsque j’ai tué Doz. Mais ça ne semble pas être le cas de cet homme moustachu.
Vu la façon dont il me parle, je pense qu’il n’était pas présent lorsque cet événement est arrivé.
L’homme moustachu – « Tu as besoin que quelqu’un t’aide pour t’asseoir ou te servir quelque chose ? »
– « Oy Carlo, tu devrais faire gaffe à ce que tu dis. »
Je ne suis pas sûr, mais je crois que la voix qui vient de s’interposer entre moi et ce fameux Carlo n’est autre que Chauk.
Carlo – « Que celui qui vient de parler se lève où il passera un sale quart d’heure. »
– « C’est bon, je suis levé et maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? »
Effectivement, j’ai bien réussi à deviner qui était derrière cette intervention, puisque au même moment, tout en parlant, Chauk se leva et s’approcha de Carlo.
Carlo – « Oh, c’était donc seigneur Chauk. »
Je ne sais pas trop pourquoi, mais il suffit d’entendre le son de sa voix pour comprendre que les deux ne s’apprécient pas trop.
Chauk – « Et c’est reparti, quand est-ce que tu vas comprendre que ton ironie de merde ne sert à rien ? »
Carlo – « Et toi, quand est-ce que tu vas comprendre que lécher le cul de Shanlen ne sert à rien ? »
Alors là.
Avant d’entendre ça, je pensais réellement que Shanlen était apprécié de tous dans le bar.
Mais en y réfléchissant bien, je pense qu’ils doivent tous être pliés à ses désirs ou alors ils se font frapper, un peu comme la première fois que nous sommes venus.
Et vu que le chat n’est pas là, les souris en profitent pour se rebeller.
Enfin, en l’occurrence, une souris.
Chauk – « C’est bizarre, tu l’ouvres beaucoup lorsqu’il n’est pas là, mais dès qu’il se tient devant toi, tu es le premier à lui lécher les pieds, n’est-ce pas ? »
À première vue, il semblait avoir raison puisque certains hommes se sont mis à rire.
Et Carlo aussi semblait quelque peu déstabilisé.
Carlo – « Moi lui lécher les pieds ? Tu rigoles j’espère ! Vous pensez tous que c’est lui le chef de ce bar, mais vous vous trompez tous. »
Chauk – « Oh, donc nous nous trompons tous ? Alors dans ce cas, dit qui est mieux placé que Shanlen pour être le chef. »
Carlo – « La seule personne qui est capable de battre Shanlen c’est Doz. »
Bon là, on est sûr qu’il n’était pas présent le jour où je l’ai tué.
Chauk – « Ahahah Doz ? À ton avis, pourquoi est-ce que ça fait 3 jours que personne n’a de nouvelle de lui ? »
Carlo – « Il se prépare à la guerre, c’est normal qu’il ne soit pas présent. »
Cela fait quelque secondes que je me retiens, mais après avoir entendu sa phrase, un léger rire sortit de ma bouche et l’instant d’après, une dizaine d’autres hommes se mirent à rigoler, bien évidemment Chauk était de ceux-là.
Carlo – « Qu’est-ce que vous foutez, pourquoi vous rigolez tous ? »
Chauk – « Bon, vu qu’apparemment tu es dans le déni total, laisse-moi te mettre les pendules à l’heure. Cela fait désormais 3 jours que Doz n’est pas venue ici, parce qu’on l’a tué. »
Carlo – « Doz ? Tué ? Laisse-moi rire, personne n’est assez puissant pour le tuer. »
Je m’attendais à ce que Chauk lui réponde, mais à la place, il est sorti du bar et est revenu quelques dizaines de secondes plus tard avec un sac-poubelle à la main et le jeta aux pieds de Carlo.
Carlo – « Qu’est-ce que tu veux que je foute avec tes poubelles, dégages ça de là. »
Et d’un coup de pied, il fit voler le sac-poubelle à quelques mètres de lui.
Chauk – « Ouvre le, une surprise t’attends dedans. »
Et sur ses mots, Chauk lui tend le sac et Carlo le prend à pleines mains, l’ouvre et en sort quelque chose.
À peine eut-il vu ce que c’était qu’il lâcha directement l’objet qui s’écrasa par terre avec un bruit sourd et humide à la fois.
Cet objet humide n’était autre que la tête de Doz, décapité.
Carlo – « Putain, qui est l’enfoiré qui là tué ? Vous étiez plusieurs à vous battre contre lui, c’est ça ? »
Chauk – « Nan, il n’y avait qu’une seule personne. »
Carlo – « Impossible ! Alors, il était à main nue contre un type armé, c’est ça ? »
Chauk – « Ce n’est pas à moi qu’il faut demander ça. Demande ça au type que tu faisais chier il y a quelques minutes. »
Carlo – « Quoi ? Ce mioche ? C’est lui qui l’a tué ? »
Chauk – « Je viens de te le dire, ne me demande pas ça à moi. »
Carlo – « Eh gamin, j’espère pour toi que tu n’y es pour rien. »
Cette situation n’est pas très agréable, j’aurais préféré que Chauk mente et qu’il incrimine quelqu’un d’autre au lieu de directement dire que c’est moi qui l’ai tué.
Moi – « Qui sait, peut-être que c’est effectivement moi qui l’ai buté. »
Carlo – « Toi ? Un gosse, jamais de la vie Doz n’a pu perdre contre toi. »
– « Qu’est-ce que tu là ramène espèce de con, tu étais là pour le voir ? »
Carlo – « Qui est l’enf… »
La raison pour laquelle Carlo n’avait pas fini sa phrase ?
L’arrivée de Ojoth, Menelle, Isobe, May, Vasoros, Rujin, mais surtout celle de Shanlen qui lui répondit directement.
Shanlen – « Tu peux finir ta phrase s’il te plait ? »
Carlo – « Shanlen, ce n’est pas possible que ce mioche ait réussi à tuer Doz. Pas vrai ?
Shanlen – « Je n’en sais rien, voit ça avec lui. »
Encore une fois, on me remet la faute dessus.
Carlo – « Bon, gamin je te pose la question une dernière fois, est-ce que c’est toi qui as tué Doz ? »
Bon, à vrai dire, je n’ai pas réellement envie de lui répondre, car si jamais je lui avoue que c’est bien moi qui l’ai tué alors il va forcément vouloir se battre de nouveau et j’ai possiblement une chance de mourir.
Et si je dis que ce n’est pas moi, certaines personnes ici présentes ne vont pas apprécier que je mente.
Il faut donc que j’arrive à trouver un entre-deux.
Moi – « Je ne pense pas que tu me poses la bonne question. Ce que tu devrais te demander c’est, est-ce que tu me crois capable de battre Doz et de le tuer. »
Carlo – « Arrête de te foutre de moi, c’est toi qui l’as tué ou non ? »
Moi – « Bon vu que tu t’entêtes avec cette question je vais te répondre. Non ce n’est pas moi qui l’ai tué. »
Carlo – « Alors dans ce cas pourquoi est-ce que tout le monde dit que c’est toi. »
Moi – « Je n’en sais rien, certes je l’ai battu en un contre un, mais quand je suis parti, il était encore en vie. »
Carlo – « C’est donc bien toi l’enfoiré qui l’a battu. »
Malheureusement je n’ai rien eu le temps de dire d’autre qu’il commençait déjà à se ruer sur moi, le poing armé, prêt à me frapper.