– S-Sérieusement ?!!
– Je te le jure… Ne me crie pas dans les oreilles.
Gatito soupire et boit une petite gorgée de son café, tandis qu’il raccompagne Deshya chez elle. L’adolescente se met à mordre son pouce et son père lui lance un regard rapide.
Il vient de lui annoncer que la personne qui a tiré sur eux a été retrouvée morte dans une ruelle, à cinq minutes du bus.
Après une balle dans la tête de ‘Mathieu Desudo’, le coupable du meurtre de ‘Roger Taketa’ et ‘Maurine Kissana’, parents adoptifs ‘Korone’, et une autre qui faillit tuer la pettie fille, l’homme se serait enfui et aurait perdu la vie d’un simple coup de couteau dans l’artère carotide. Deshya mord encore plus fortement son pouce, parce que c’est ce qui a été appris après qui la tracasse encore plus.
Un homme à la capuche d’aigle a été observé s’enfuir de la scène de crime.
Personne n’a pu voir son physique derrière ses longs vêtements, mais il devait être un homme de taille moyenne. Malheureusement, ils n’ont pas plus d’informations sur lui.
– Je ne pense pas que ça soit quelqu’un qui soit lié à ton cas,” avoue Gatito.
Le père et sa fille se trouvent tous deux dans la voiture de police du policier, rentrant chez eux après une longue journée et un début de soirée compliqué. Heureusement, Korone s’en est sortie sans blessure et est restée au poste de police, questionnée et protégée, tandis que le corps de Mathieu a été transporté par Annie et d’autres membres de la police. Cela fait désormais plus de trois heures qu’ils sont sortis du bus en sécurité, après quelques minutes sans avoir bougé, couchés sur le sol. Korone a été celle qui a protégé Deshya en la poussant avec elle…
– Mes réflexes…
– Tu ne peux pas t’en vouloir.
– Mais si Korone n’avait pas été assez rapide, alors…
– Je pense plutôt que c’est Korone qui était la cible, pas toi.
– … C’est à cause de ce qu’a dit Mathieu, c’est ça ?
Gatito acquiesce et Deshya fronce les sourcils. Les derniers mots de cet homme, conducteur du bus et meurtrier de Roger et Maurine, ont été :
– SI JE NE TUE PAS CETTE PETITE, ALORS… ALORS !!!
De ce que Gatito a pu comprendre de ces mots, il aurait été obligé de tuer Korone… pour une raison ou une autre. La balle qu’il s’est prise dans la tête était forcément pour l’empêcher de tout révéler à la police, ce qui rend l’affaire plus mystérieuse que prévue. Bien que le meurtrier de Roger Taketa et Maurine Kissana ait été confirmé et arrêté, Gatito s’en veut de ne pas avoir réussi à le protéger. Certains criminels essaient parfois de faire croire à leur innocence jusqu’à la fin, même lorsque toutes les preuves mènent à eux : Gatito a déjà fait face à de nombreux meurtriers et coupables de ce genre. Il doit rester fort et les emmener au poste de police : là-bas, il acceptera de les écouter. C’est à lui et aux autres policiers de juger la véracité des mots du coupable, ainsi que décider si l’affaire est résolue ou s’il y a une possibilité qu’un autre coupable soit derrière tout ça, ayant réussi à tromper la vigilance de la police.
– Un peu comme avec Mary Blushark…
Il tourne son regard vers sa fille, elle qui est dans ses pensées. Il est clair que cette affaire lui laisse un arrière-goût, surtout qu’elle a frôlé une balle de sniper… Un modèle ‘Remington 700’ au calibre .223 a été retrouvé avec le corps, sans même la moindre empreinte dessus. Le cadavre qui a été retrouvé doit encore être identifié par la police… Gatito attend des réponses, mais peut-être en aura-t-il demain ou la semaine prochaine. Quoi qu’il advienne, le policier doit attendre en espérant comprendre pourquoi Mathieu a été tué d’une balle dans la tête… Qu’aurait-il pû dire à la police qui lui fit mériter une telle mort ? Par qui a-t-il été engagé… et pourquoi vouloir mettre fin à la vie de la petite Korone ? De plus, ses parents adoptifs ont été tués simplement parce qu’ils ont un lien avec elle, ce qui énerve énormément Gatito.
– Ce que je ne comprends pas, papa…
Gatito se gare avec précision devant leur maison tout en écoutant sa fille.
– C’est pourquoi avoir engagé un homme comme Mathieu pour commettre le meurtre, alors qu’il avait une arme de précision sur lui ?” demande-t-elle.
Gatito arrête la voiture et tourne la clef avant de lâcher un vif regard à Deshya.
– De plus, en voyant que Korone n’a pas été tué, il a tiré sur elle… Cela aurait été plus simple d’en finir avec eux trois directement, plutôt que par cette méthode… assez étrange.
– Pourquoi…
Gatito sort de la voiture en même temps que sa fille avant de cliquer sur le bouton de sa clef, fermant les portières. Deshya se met à ses côtés et son père lui tapote le dos.
– Vraiment, n’y pense pas trop. On aura peut-être des réponses lorsqu’on saura l’identité de cet homme,” lui dit-il en ouvrant la porte de sa maison.
Deshya veut répliquer, mais elle finit par fermer la bouche et acquiesce avec défaite. Elle sait très bien qu’il a raison : elle peut réfléchir pendant des heures, elle ne pourra sûrement pas avoir une réponse concluante à elle seule. Il est fort probable que ça soit bien trop compliqué pour elle à comprendre ou simplement une affaire qui ne peut être résolue avec plus d’indices. Ce qui l’inquiète le plus dans cette histoire est l’homme à la capuche d’aigle. Elle ne croit pas que cette personne, qui est le suspect principal de la mort du sniper, soit comme elle, mais cela la tracasse quand même. Elle ne sait toujours pas si elle a été kidnappée il y a quelques années, mais c’est la théorie la plus probable… et malheureusement, elle n’a aucune piste sur un potentiel coupable. Elle a conscience que c’est probablement de la paranoïa, mais si cet homme a un rapport avec son cas… Elle doit en savoir plus. Même si c’est une fausse piste, elle se promet de découvrir l’identité de cet homme à la capuche d’aigle, un jour ou l’autre. Même si ça doit lui prendre des mois, voire des années, elle n’acceptera pas de rentrer dans sa tombe tant qu’elle n’a pas compris pourquoi elle a des oreilles et une queue de renard.
C’est en retirant ses chaussures et se dirigeant vers la cuisine qu’elle se promet de trouver la vérité, avec encore plus de détermination qu’avant.
CHAPITRE 17
⎾Comme Une Petite Soeur⏌
(Game 1)
Une sonnerie aussi belle qu’insupportable retentit. Une fille grogne, mais après un certain temps, surtout à cause de la lumière qui traverse la vitre et éclaire ses paupières fermées, elle ouvre les yeux en râlant. L’adolescente aurait souhaité un peu plus de sommeil, surtout que le week-end vient de commencer, mais elle a conscience que si elle ne garde pas un rythme régulier, elle aura du mal à le récupérer lorsqu’elle ira à l’école. Elle se retourne et éteint son réveil en soupirant, avant de se lever de son lit en s’étirant. Le bras droit, ensuite le gauche ; la jambe droite, puis la gauche. Elle craque doucement la nuque et le dos avant de passer une main dans ses longs cheveux roux, remarquant qu’elle a déjà plusieurs nœuds qui se sont formés dedans.
– À quoi bon se démêler les cheveux la nuit s’ils s’emmêlent pendant que je dors…
Tel est le destin qu’elle doit accepter, ayant des cheveux longs et bouclés. Elle sort de sa chambre d’un pas lent et descend les escaliers sans se tracasser du bruit qu’elle produit. Elle saute les dernières marches et ses deux pieds atterrissent sur le couloir en bois qui ne refuserait pas d’être totalement refait : la vieillesse est bien visible sur le plancher qui date d’au moins 10 ans. Deshya avance un peu vers la gauche avant d’ouvrir la porte de la salle de bain et appuie sur l’interrupteur qui se trouve à l’extérieur, mais elle soupire et appuie à nouveau pour éteindre la lumière.
– Pas besoin quand c’est le matin…” se dit-elle en soupirant intérieurement.
C’est un réflexe qu’elle a attrapé et qu’elle n’arrive pas à retirer de son cerveau : pourquoi allumer la lumière si celle du jour est suffisante ? Elle ne ferait que gaspiller de l’énergie… Pourtant, elle fait toujours la même erreur, le matin. Elle ferme la porte derrière elle et se regarde dans le miroir avant de sortir la tête de brosse de sa petite boîte, le plaçant sur la brosse à dent blanche et noire. Deshya tourne plusieurs fois le capuchon du dentifrice avant d’en mettre doucement sur les souples poils de la tête de brosse, geste qu’elle pourrait faire dans son sommeil. Sans même remettre le capuchon à sa place, elle place la brosse à dent dans sa bouche et l’active en appuyant une fois sur le bouton du haut. Tout en observant ses cheveux roux et son visage peu réveillé dans le miroir, elle essaie de se remémorer ce dont elle a rêvé cette nuit… mais elle n’y arrive pas. Pourtant, elle est convaincue qu’elle s’en souvenait lorsqu’elle s’est réveillée…
– L’esprit humain me fascine…” pense-t-elle en montrant un premier doux sourire.
Après les trois minutes de brossage matinale, elle crache dans l’évier et range la brosse à dent tout en retirant la tête de brosse sans difficulté, le plaçant à nouveau dans sa petite boîte qu’elle referme doucement. Elle boit un peu d’eau et en recrache, montrant ensuite ses dents au miroir pour vérifier qu’elle n’a pas de caries ou de crasses. Rassurée que ses dents montrent leur blancheur de tous les jours, elle sort sa brosse de son tiroir habituel et se met à la passer dans ses cheveux, les démêlant sans faire le moindre bruit depuis sa bouche. Parfois, elle fredonne une mélodie qu’elle a dans la tête ou se parle même un peu toute seule, mais étant donné qu’elle a dû se lever assez tôt ce samedi, elle n’est pas dans l’humeur pour ça. Après un brossage relativement rapide, elle range sa brosse rose fushia et vérifie l’état de ses cheveux avant d’acquiescer. Elle sort une autre brosse du même tiroir et s’assied en tailleur tout près de la baignoire avant de regarder dans le grand miroir qui tient debout sur le mur, la permettant de voir derrière elle. Grâce à cela, elle brosse sa queue de renard quelques instants avant de se relever. Elle la fait bouger de gauche à droite et passe ses mains dedans avant de sourire : son nettoyage matinal est désormais terminé ! Elle range cette brosse-là à son tour et attrape le soutien-gorge qu’elle met parfois en dormant, du même style que la culotte qui lui fait office de pyjama. Elle n’a pas rapidement froid dans son lit, donc elle ne dort avec rien d’autre qu’un seul sous-vêtement, protégeant faiblement ses parties génitales. Après avoir attaché son soutien-gorge en faisant attention à ne pas se prendre les cheveux dans l’attache, elle sort de la salle de bain et descend les marches d’escaliers sans même mettre de chaussettes sur les pieds. Elle le regrette rapidement lorsqu’elle touche le sol froid du rez-de-chaussée, dans le hall d’entrée de sa maison. Elle frissonne un coup, mais cela ne l’empêche pas de courir vers sa cuisine et ouvre la porte en baissant la poignée. Deshya regarde la grande vitre de la salle à manger et remarque que son chien se repose à l’extérieur, couché sur la terrasse. Cependant, grâce à ses sens plus aiguisés qu’un humain — et même que celui de Deshya —, il remarque que sa maîtresse vient d’arriver dans la cuisine et lève la tête en ouvrant les yeux. Deshya ferme la porte derrière et salue son chien en souriant avant de remarquer que sa mère, ‘Pera Dimera’, est en train de manger son petit-déjeuner sur la table.
– Salut maman !
– Oh, bonjour, Deshya. Tu es levée bien tôt, pour un samedi.
– Je ne peux pas avoir un rythme de sommeil trop horrible, sinon ça ne va pas aller…
Elle attrape un verre à sa place habituelle et le place sous l’évier avant d’y faire couler de l’eau. Lorsqu’il est rempli, elle le boit d’un coup sec et soupire de soulagement.
– Qu’est-ce que ça fait du bien, un verre d’eau le matin… !” pense-t-elle tout haut.
Elle dépose le verre sur le plan de travail et se dirige vers la table, là où sa mère mange une crêpe qu’elle a préparé elle-même. D’autres attendent dans un tupperware rond et bleu, le couvercle transparent sur le côté.
– Comment ça va ?” demande Deshya.
– Je vais bien. Bien dormi ?
– Hm, ça allait ! Je me déteste pour ne pas dormir plus, cependant…
Elle soupire et s’assied sur sa chaise habituelle, mais fait attention à ne pas écraser sa queue de renard. Ses oreilles palpitent doucement en voyant toutes les confitures devant elle : elle va bien manger, ce matin ! Elle attrape une crêpe froide et la met dans son assiette avant d’y tartiner de la confiture à la fraise. Pera sourit.
– Tu ne veux pas réchauffer ta crêpe ?” demande-t-elle.
– Elles sont très bonnes froides, tu sais !
– Moh. Tu as des goûts bizarres, parfois.
– C’est ma mère qui me dit ça…
Elles se mettent à rigoler ensemble et Deshya croque dans sa crêpe lorsqu’elle a terminé d’y tartiner la confiture. Pera la regarde avec un petit, mais doux sourire, tandis que ‘Néro’, leur berger allemand, aboie depuis l’extérieur. Deshya lui dit de se calmer en se tournant vers lui, mais la porte de la cuisine s’ouvre et attire l’attention de Deshya. Elle est surprise lorsqu’elle voit que c’est son père qui vient d’entrer.
– Tu n’es pas au boulot, papa ?
Gatito remarque que sa fille est déjà réveillée et s’arrête immédiatement.
– Et toi, levée si tôt ?
Deshya fait un sourire mesquin.
– Eeeh, on évite ma question… ?
– Tu fais pareil.
– Bonzouuur !
– Oh, bonjour Korone. Du coup, papa, pourquoi n’es-tu pas… au…… tra…….. vail………
Deshya cligne des yeux et baisse le regard. La petite fille pointe du doigt les oreilles de renard de Deshya avec un grand et innocent sourire.
– Elles sont vraiiiies, du coup !
Deshya cligne à nouveaux des yeux, la crêpe entre ses deux mains. Pera se gratte la joue tandis que Gatito soupire.
– Je t’ai dit de rester à mes côtés, Korone.
La petite fille aux longs cheveux blancs, purs comme la neige, croise les bras et gonfle les joues à leurs maximums.
– Mooooh !
Elle boude sur le policier qui soupire et se met à marcher. Deshya lâche sa crêpe et crie avant de sauter de sa chaise.
– Q-Q-Qu-Q-Qu’est-Qu’est-ce qu’elle fait ici ?!!” crie-t-elle.
Elle se cache derrière sa chaise et tremble.
– Papa !!!! M-Mais elle va—
– Je sais, je sais.
Gatito dépose une main sur l’épaule de Korone et regarde sa fille.
– Qu’importe si elle sait pour tes oreilles et ta queue de renard, elle finira par comprendre. De plus—
– Quand j’ai touché ta queue-queue de renard, t’as réagi comme si c’était une vraie !!! Je savais pas que les filles renardes existaient vraiment, hihi !
Korone agite les deux jambes avant de sauter dans les bras de Deshya, mais en réalité, elle câline la queue de renard de l’adolescente. Elle sursaute et se débat, ce qui force Korone à reculer, et Deshya se cache désormais derrière sa mère.
– P-P-Pou-Pourquoi est-elle ici ?! E-Elle sait pour mes attri-attr-attri-attributs de renard ?!!
Gatito soupire en roulant des yeux, commençant à en avoir marre de la réaction presque exagérée de sa fille. Il prend Korone et la met sur la chaise où se trouvait Deshya il y a quelques secondes et la petite fille sourit en prenant la crêpe dans ses mains et croque dedans. Deshya la pointe du doigt.
– C’est ma crêpe !!!
– Qui part à la chasse perd sa place !!
Deshya serre un poing en grinçant des dents, mais sa mère lui caresse les cheveux pour la calmer.
– Allons, allons.
Deshya tourne son attention vers elle et prend un grand bol d’air. Son cœur bat de moins en moins rapidement et elle arrive à se calmer, même si cela prend du temps. Ses deux parents attendent patiemment qu’elle accepte de les écouter, tandis que Korone mange une deuxième crêpe sans même y tartiner quoi que ce soit dessus. Deshya s’assied en face de la petite fille et l’observe longuement avant de tourner le regard vers son père.
– On m’explique, du coup… ?” demande-t-elle avec incompréhension.
Gatito s’assied à côté de la petite fille qui mange sa crêpe avec le sourire. Pera se lève de sa chaise en prenant pour aller en réchauffer une, tandis que Deshya regarde la petite en plissant les yeux.
– La situation est complexe tout en étant très simple,” avoue Gatito.
– Comment ça ?” demande Deshya.
Korone avale le morceau de crêpe et lance un sourire encore plus brillant vers Deshya.
– Je suis comme ta petite-sœur, maintenant !!” répond-t-elle à la place de Gatito.
– Ma petite…
Deshya n’a pas le temps de terminer sa phrase que Gatito la coupe.
– Après ce qu’il s’est passé hier, mon chef m’a appelé. Tu sais bien que la police a gardé et interrogé Korone, mais ils ne peuvent pas simplement la garder là-bas ou l’envoyer dans un orphelinat, parce que ça serait dangereux.
Il croise les bras tout en regardant sa fille unique.
– Avant même qu’ils proposent quoi que ce soit à Korone, elle leur a dit directement—
– Je veux vivre avec Deshya la renarde !!” crie Korone en levant les bras.
– … Voilà.
– M-Mais pourquoi ?!
Deshya câline sa propre queue de renard en la caressant, regardant Korone et son père l’un après l’autre. Le bruit du micro-ondes brise le court silence et Pera sort l’assiette où la crêpe chaude s’y trouve, couchée et impatiente d’être dévorée. La mère de Deshya retourne à sa place et propose la crêpe à Korone qui l’accepte avec un grand sourire. Gatito répond enfin à la question de Deshya, ayant été silencieux assez longtemps.
– Je suis policier, donc je peux m’occuper d’elle, surtout que lorsqu’elle a joué avec ta queue de renard, elle a tiré un peu dessus et était convaincue qu’elle était une vraie. Elle ne voulait aller nulle part excepté ici, mais je laisse Korone te dire exactement pourquoi elle veut toi et pas quelqu’un d’autre.
La petite aux cheveux blancs croque dans la crêpe nature et regarde l’homme policier en mâchant avec de grandes joues. Elle se tourne ensuite vers Deshya et avale ce qu’elle a en bouche avant de sourire.
– Eh bien, j’adore Deshya ! Deshya est très mignonne, très forte et très, très, très intelligente !! Elle m’impressionne, si je dois vivre avec quelqu’un, c’est toi ou personne !!
Korone balance son corps avec joie, des cœurs flottant autour d’elle.
– En plus, si ton papa n’avait pas crié, ma tête aurait KABOOOOOM !!!
– H-Hey !
Gatito lui fait signe de se calmer, mais Korone pouffe avant de croquer dans sa crêpe.
– Moi ‘e veux êt’e ave’ De’hya la rena’de !!
– Ne parle pas la bouche pleine, Korone,” lui dit gentiment Pera.
La petite acquiesce et avale tout d’un coup avant de mettre les deux mains sur la table.
– Moi je veux être avec Deshya la renarde, personne d’autre !!! Sinon, je boude de chez boude !!!!
Elle imite le geste en croisant les bras et gonfle les joues, mais elle se met par rire et termine sa crêpe avec hâte. Deshya se tient la tête en soupirant, mais un petit sourire peut y être observé. Gatito expire bruyamment avant de se tourner vers sa fille.
– Rien ne dit que nous allons garder Korone très longtemps,” avoue-t-il. Le temps qu’on en apprenne un peu plus sur l’homme armé et si le danger continue de planer au-dessus de Korone, on compte la garder ici.
Il sort un papier et le montre à Deshya. Elle arrête de caresser sa queue de renard et lit le papier, mais elle comprend rapidement ce que cela signifie.
– Donc nous agissons telle une maison d’accueil pour elle…” dit-elle.
Gatito acquiesce. Pera attrape le papier à son tour et le pose sur le comptoir derrière elle. Ensuite, elle se tourne vers la petite fille en souriant.
– Ton père m’en a parlé hier soir, pendant que tu dormais, ainsi que ce matin, il y a quelques minutes. Il était parti aller la chercher assez tôt, il semblerait,” dit-elle. On comptait t’en parler dès que tu te réveillerais, mais on ne s’attendait pas à que tu te sois levée aussi tôt.
Deshya attrape une crêpe et la tartine d’une confiture différente en réfléchissant. Gatito se lève de sa chaise et va chercher une tasse de café, tandis que Korone boit un verre d’eau que lui sert sa mère, grâce à la carafe presque vide sur la table.
– Étant donné que Korone ne se souvient même pas de son propre nom de famille, on a décidé de l’appeler ‘Korone Daiski’ pour l’instant,” lâche Gatito en préparant son café.
Deshya roule sa crêpe en levant un sourcil.
– Daiski… ? Pour faire référence au mot ‘Daisuki’ qui veut dire ‘aimer’ ou ‘adorer’ en japonais… ?
– C’est le nom de famille imaginaire que ton père se donnait lorsqu’il était plus jeune, hihi !” lui avoue Pera.
– Pas besoin d’avouer ça…
– Je sais que tu rougiiiis, chériiii !
– Moi j’aime bien, Korone Daiskiiiii !” sourit Korone en déposant le verre sur la table.
– Hmmm, je vois…
Deshya croque dans sa crêpe et mâche avant de plisser les yeux. Elle avale bruyamment et dépose un coude sur la table tout en bloquant sa tête contre son poing.
– Mais est-ce qu’on est certain d’avouer à Korone que je suis une fille renarde… ?” demande-t-elle. Même si elle était déjà certaine, ce n’est qu’une petite fille à qui on peut sûrement faire croire plein de choses…
– Moooh, tu oserais me mentir ?!
Korone lui fait la moue et Deshya croque dans sa crêpe en mâchant à bouche fermée. La petite tourne la tête en gonflant les joues encore plus fortement, ce qui fait pouffer Deshya.
– Ce n’est pas si grave, si ?” demande sa mère.
– Tu penses… ? On fait tout pour éviter que quiconque découvre la vérité juste pour… l’avouer directement à elle.
Le bruit de la machine à café se fait entendre dans la cuisine, même pièce que la salle à manger : il n’y a aucune porte qui les sépare, ce qui est bien plus pratique pour la famille. Gatito s’approche de l’évier et regarde sa fille depuis le comptoir.
– Je ne pouvais pas vraiment refuser de garder Korone à la maison et je ne vois pas le souci. N’est-ce pas toi qui a toujours voulu une petite-sœur ?
Deshya se crispe, mais elle n’arrive pas à nier les faits. Korone regarde la fille aux oreilles de renard et ouvre grand la bouche.
– G-G…
Cependant, rien n’y sort. Elle finit par fermer la bouche en baissant la tête et Deshya lui demande si tout va bien, mais Korone reprend vite le sourire.
– Hihi, pardon ! Je voulais dire… g-g-g… Grande…
Voyant qu’elle n’y arrive pas, Korone ferme à nouveau la bouche en abaissant ses paupières, une triste expression sur son visage. Pera touche son épaule en lui demandant à son tour si elle se sent bien, mais Korone acquiesce et demande si elle peut avoir une crêpe. Pera accepte sans souci et va en faire réchauffer une autre, tandis que Gatito récupère sa tasse de café désormais prête. Deshya se touche les oreilles de renard et n’arrive pas à savoir si c’est une bonne ou mauvaise chose que Korone sache déjà qu’elle est une fille renarde… Elle ne sait pas encore pour sa disparition d’il y a quelques années et qu’elle a probablement été kidnappée : mais ils n’ont pas besoin de lui en parler dans tous les cas. Ce n’est qu’une petite fille qui n’a pas encore atteint ses 10 ans, alors même si elle venait à dire à quelqu’un que Deshya a des oreilles ou une queue de renard, on la trouverait sûrement mignonne et innocente. Deshya devrait se sentir apaisée d’avoir quelqu’un d’autre à qui montrer ses oreilles de renard, mais l’arrivée de Korone est si brutale qu’elle n’arrive pas à trouver ce réconfort… Elle le sentira sûrement au fil des jours.
– De toute façon, on ne la garde pas pour toujours, c’est sûrement pour quelques semaines,” pense Deshya.
Elle termine sa crêpe et ses deux parents arrivent à table. Gatito dépose sa tasse de café et Pera offre l’assiette où la dernière crêpe de Korone l’attend. La fille remercie la dame et tartine un peu de confiture à la fraise dessus avant de l’enrouler de ses petites mains. Elle va croquer dans la crêpe, mais s’arrête juste avant. Deshya, Gatito et Pera la regardent en s’interrogeant sur son comportement et Korone dépose la crêpe.
– Tu n’as pas faim, au final ?” demande la mère de Deshya.
– Non, je vais la manger, je voulais juste dire…
Deshya remarque que Korone tremble faiblement, mais cela s’arrête lorsqu’elle sourit.
– Je voulais dire à Deshya ‘Grande-sœur’, mais je ne peux pas vous considérer ma famille, hihi…
Sur ses mots, Korone se met à croquer dans sa crêpe et la mâche avec joie. La famille se regarde silencieusement et préfère ne rien dire. Les paupières de Deshya s’abaissent en regardant la petite fille.
– Elle vient de perdre ses deux parents adorés, après tout…” pense-t-elle.
Bien que Deshya peut la voir comme sa petite-sœur, ce n’est que temporaire. Elle n’a pas besoin de trop s’attacher à elle, même si elle est heureuse d’avoir quelqu’un comme ça à ses côtés. Deshya boit d’un coup sec le reste de son verre et soupire de soulagement. Korone regarde le chien qui aboie à l’extérieur.
– Il a sûrement vu un chien voisin ou un chat…” avoue Pera.
– Il est mignon. Il s’appelle comment ?” demande Korone.
– Il s’appelle Néro.
– Joli prénom !
– C’est Deshya qui l’a appelé comme ça.
Korone se tourne vers l’adolescente qui acquiesce.
– J’avais onze ans quand on l’a eu et vu que j’apprenais un peu l’espagnol, j’ai décidé de l’appeler Néro,” explique-t-elle.
– ‘Néro’ veut dire ‘Noir’ ? Je pensais que c’était une référence à l’empereur romain…
– ‘Néro’ est assez proche, mais vu que Deshya n’arrivait pas bien à le prononcer, on a décidé de le nommer comme ça !” sourit Pera.
– Comment sais-tu pour l’empereur romain… ?” demande Gatito en levant les sourcils.
Korone ne répond pas à la question de Gatito et tapote dans ses mains.
– Néro, c’est très mignon !!! C’est un gros chien-chien !
– Un berger allemand qui est tout gentil, mais qui peut faire peur,” avoue Deshya.
– Hm, c’est vrai !
Korone mange l’entièreté de la crêpe avant de sauter de sa chaise, courant vers la grande fenêtre coulissante de la salle à manger. La mère de Deshya se penche vers sa fille et lui propose de faire visiter la maison à Korone aujourd’hui, surtout qu’elle a le temps, étant donné que c’est le week-end. Deshya acquiesce et lui dit qu’elle va faire ça, mais avant de se lever, Gatito l’appelle.
– Oui ?
Deshya se tourne vers son père qui sirote son café. Il dépose la tasse sur la petite assiette qu’il est allé cherché entre-temps et y trempe un spéculoos.
– Je lui ai déjà dit qu’il ne faut qu’elle ne parle à personne de tes oreilles et ta queue de renard, étant donné que c’est secret, mais elle m’a avoué qu’elle ne comptait pas le faire dans tous les cas,” lui dit-il.
– Elle ne comptait pas en parler dans tous les cas… ?” s’interroge Deshya.
Il acquiesce en secouant doucement le spéculoos dans le café noir.
– De ce qu’elle m’a dit sur le trajet, elle se doute que tu ne veux pas montrer tes oreilles à quiconque ou que quelqu’un vienne à le savoir, parce que sinon, tu ne les cacherais pas derrière une capuche. Elle se doute aussi que tu ne peux pas cacher ta queue de renard, donc tu dois faire semblant que c’est une fausse.
Deshya cligne des yeux avec surprise et regarde la petite qui secoue des mains, faisant signe au chien qui court dans le grand jardin. Deshya est étonnée de son intelligence… Même si cela semble être simplement du bon sens que n’importe qui pourrait comprendre, Korone l’a rencontré à peine hier dans le début de la soirée, dans un simple trajet de bus et sa déduction. Se douter de tout ça en si peu de temps n’est pas donné à tout le monde, surtout pour une fille si jeune…
– Quel âge a-t-elle, tiens ?” demande Deshya.
Gatito engloutit le spéculoos avant de répondre.
– Je voulais rapidement t’en parler, mais Korone ne se souvient de presque rien. Elle dit qu’elle se souvient d’avoir été appelée Korone par son ancien père, mais elle ne sait pas qui c’est. Elle sait aussi qu’elle a 8 ans et dit que son anniversaire est le 30 Janvier, même si ce sont ses parents adoptifs qui ont décidé de mettre cette date pour elle, vu qu’elle n’en savait rien auparavant.
Deshya plisse les yeux.
– Elle se souvient de si peu… Il s’est passé quoi dans son passé… ?
Gatito hausse les épaules et tourne le visage vers la petite.
– Bonne question… Elle n’a pas voulu en parler parce qu’elle ne se souvient presque de rien, mais elle se rappelle avoir eu un père qui restait souvent à ses côtés.
– Presque de rien…
Gatito fronce les sourcils en tournant brusquement son visage vers sa fille.
– Ce n’est pas de l’amnésie comme toi. Elle est très jeune et a été recueillie par ses parents adoptifs assez tôt, ça doit être compliqué pour elle.
– Calme, chéri…
– Je suis calme, mais je ne veux pas que Deshya se crée des scénarios inutiles, surtout à cause de ce qu’il s’est passé hier, dans le bus…
Deshya sourit et remercie son père, le rassurant qu’elle ne pensait pas qu’elle soit liée avec Korone dans tous les cas. Cela réconforte Gatito qui sirote son café. Pera se lève de sa chaise.
– Je vais acheter d’autres vêtements pour Korone, cet après-midi,” dit-elle. Il me faudra sa taille et ses mesures… Je ferai ça après qu’elle apprenne un peu la maison !
– Demain, c’est fermé, donc c’est sage d’aller chercher ça aujourd’hui,” lâche son mari.
– Oui.
Deshya les regarde avec un petit sourire avant de se diriger vers Korone. Elle s’arrête à côté d’elle et regarde le jardin avec elle.
– Il est très grand, votre jardin !”avoue Korone en levant les deux bras en l’air.
– On est bien d’accord ! Le trampoline là-bas est un peu cassé, mais si je demande à mon père de le réparer, on pourra jouer un peu dessus, si tu veux !
– Vuiii, je veux ! Je n’ai jamais sauté sur un trampoline !!
– C’est très amusant, je te le promets.
– Je te crois, Deshyshy !
– Tu vas m’appeler comme Amora le fait, hein…
– C’est qui, Amora ?
Deshya s’accroupit à côté de Korone et la regarde.
– Ma meilleure amie. Vu votre énergie à vous deux, je suis certaine que vous vous entendriez bien,” répond-t-elle.
– Je suis certaine aussi, hm, hm !
Les parents de Deshya regardent leur fille ensemble en souriant avant que Gatito se lève de sa chaise. Il termine son café et range sa tasse dans le lave-vaisselle avant d’embrasser sa femme.
– Tu pars travailler maintenant ?” demande-t-elle.
Il acquiesce.
– J’avais le droit de rester un peu pour présenter Korone à Deshya, mais vu que c’est fait, je vais aller au boulot.
– Travaille bien !
Pera lui fait signe et son mari la remercie. Avant de sortir de la cuisine, il regarde sa fille qui discute avec Korone. Il sourit et ferme la porte derrière lui, les laissant ensemble en espérant que tout ira bien.
– Du coup, je te montre rapidement toutes les pièces, d’accord ?” propose Deshya en se levant.
Korone acquiesce et attrape la main de l’adolescente en souriant.
– Je suis la renarde guide !!” dit Korone.
– Ahah !
Sa remarque fait rire Deshya qui avance avec elle, sa main dans la sienne.
– Du coup, ici c’est la salle à manger. Sur la droite, tu as la porte qui mène à la buanderie.
– C’est quoi une bulle andrie ?
Ses yeux innocents et sa mignonne voix font rire Deshya à nouveau qui caresse ses cheveux.
– Disons simplement que là-bas, on a notre sèche-linge, notre deuxième frigo et pleiiin de réserves !” lui explique Deshya.
– Ooooh, je vois !
– Il y a aussi le garage, même si on l’utilise plutôt comme une grande réserve, vu que notre voiture reste dehors la plupart du temps. Il y a aussi une toilette derrière la porte là-bas, mais il y fait souvent froid, donc je ne conseille pas forcément d’y aller.
Deshya ouvre la porte de la buanderie et pointe du doigt la porte en bois qui se trouve au fond. Deshya se met à présenter sa cuisine, ce qui fait sourire Pera. Elle pensait que Deshya allait prendre plus de temps à s’habituer à Korone, mais rien qu’à voir son air heureux, sa mère comprend qu’elle est très heureuse. Même sans regarder son visage, sa queue de renard qui se balance avec joie dans son dos est suffisante pour comprendre ce qu’elle ressent.
– Grande et belle cuisine !” lâche Korone.
– T’as vuuu ? Du coup, suis-moi !
– Je te suis !
Deshya ouvre la porte de la cuisine et arrive à une pièce bien éclairée grâce à la lumière du soleil, elle qui passe depuis les vitres sans tentures. La salle est composée d’un bureau en bois qui leur fait face, mais longe sur le mur du côté de la cuisine. Un ordinateur des années 2010, mais qui fonctionne très bien, attend qu’on l’utilise, son écran totalement noir et la tour éteinte. Sur la droite, un grand meuble avec des figurines en tout genre ainsi qu’un beau tableau que ne reconnaît pas Korone.
– C’est le bureau de papa et maman, ici !” lui explique Deshya.
– Ton papa l’utilise souvent ? Il doit avoir son propre bureau au poste de police, non ?
– C’est plus pour utiliser l’ordinateur, faire des recherches ou simplement se divertir, honnêtement. Dans les tiroirs du fond, là-bas, il y a plusieurs jeux de société.
Korone remarque que le mur du fond de la pièce n’est actuellement pas un mur, mais plusieurs portes fermées qui sont peintes de la même couleur des murs et du plafond. Le pavé sous elles, cependant, est d’un marbre un peu orangé, une couleur totalement différente du gris métallique de la pièce. Deshya avance quelques pas avec Korone et arrive dans le hall d’entrée. Il est grand et spacieux, mieux rangé que le bureau qu’elle vient de voir. Un petit couloir est à gauche, qui présente deux portes différentes.
– Y a quoi là-baaaas ?” demande Korone en pointant du doigt l’endroit.
– Oh, là ? Une toilette pour la porte à gauche, celle à droite mène à la cave. On y garde beaucoup de vins différents et de glaces dans un réfrigérateur, mais j’évite d’y aller personnellement, car la dernière fois, j’avais des toiles d’araignées partout sur ma queue de renard… J’en frissonne encore…
Elle ne veut pas se remémorer ce moment horrible : lorsqu’elle a senti une araignée à longues pattes marcher doucement sur sa queue de renard… Elle pourrait tomber malade rien qu’en y pensant. Deshya passe à côté de la porte d’entrée, là où un tableau qui représente une scène dans le film ‘La Ligne Verte’ règne sur le petit meuble en-dessous de lui. Elles s’éloignent de la porte et arrivent devant une cage d’escalier. Deshya ouvre la porte de droite et Korone regarde à l’intérieur.
– C’est quoi, ici ?” demande Korone avec de grands yeux.
– C’est le salon qu’on utilise parfois lorsqu’on est avec des invités, mais il y a aussi l’ordinateur de maman. Il est sur cette table, là !
Cachée derrière la porte entrouverte se trouve la table dont parle Deshya et Korone l’observe. Elle est très bien rangée, même si quelques papiers sont éparpillés dans tous les sens. Elle voit l’ordinateur portable gris de la mère de Deshya, fermée et éteint. Sur la droite, les vitres laissent la lumière du jour passer, mais contrairement aux autres du couloir et du bureau, des teintures attendent d’être utilisées. Deshya demande à Korone si elle veut voir l’étage et Korone accepte avec un grand acquiescement. Elle referme la porte toute seule et monte les escaliers un par un, heureuse de découvrir sa nouvelle maison. Même si cela ne peut être que temporaire, elle ressent énormément de joie ! Arrivées en haut, Korone remarque le long couloir qui mène à une porte un peu plus neuve que les autres au bout. Sur sa gauche, le couloir continue et mène à une cage d’escalier pour monter au dernier étage, mais aussi à deux différentes portes. L’une est à sa gauche tout droit, mais l’autre demande de tourner un peu plus longtemps à la gauche, juste au-dessus du salon du rez-de-chaussée.
– La porte de gauche est la salle de bain qu’on utilise tous, tandis que celle que tu vois derrière la cage d’escaliers est la chambre pour les invités. Je pense que tu dormiras là-bas !
– Oooh, je vois !
Deshya se tourne vers le long couloir devant elles.
– La porte là-bas, c’est comme un deuxième salon avec une graaaande télévision, mais il y a aussi la chambre de mes parents. La porte la plus proche de nous est encore des toilettes tandis que celle juste à côté est pour ranger notre bordel.
– Hihi, je vois !
Korone sautille sur place et remarque que le sol sous elle grince. Deshya lui rassure en lui disant que même si c’est un vieux bois et qu’il y a l’un ou l’autre endroit qui est cassé, il n’y a aucun risque de tomber à travers celui-ci. Korone fait confiance à Deshya et, toujours sa main dans la sienne, monte les escaliers pour aller au deuxième et dernier étage. Les marches sont bien plus récentes et font plus de bruits que celles qui mènent du rez-de-chaussée au premier étage. Des barreaux en métal les empêchent de tomber et l’escalier monte en rond pour arriver tout en haut, après douze grandes marches. Korone remarque qu’il n’y a que deux portes : l’une à droite et l’une à gauche. Devant elle se trouve un bazar pas possible, mais Deshya lui dit qu’un jour, ils rangeront tout ça.
– La porte à droite est notre ancien grenier, mais celle à gauche… C’est ma chambre !
Elle lâche ces derniers mots en ouvrant la porte et Korone rentre dans la chambre en lâchant la main de Deshya. Un grand lit qui pourrait au moins tenir trois personnes — non, quatre — se présente juste en face d’elle. Le plafond est le toit de la maison, donc il est en pente d’environ 45 degrés, même si le mur en face est droit. Sur sa droite, là où le velux permet à la pièce d’être illuminée par de la lumière naturelle, se trouve un bureau à forme un peu étrange, mais qui possède plusieurs éléments : un écran d’ordinateur avec un clavier et une souris, une grande tour qui a dû coûter un certain prix, une bouteille d’eau à moitié remplie à côté d’un verre qui a de nombreuses traces de bouche sur les bords et d’empreintes. Une manette de console est câblée à la tour, d’une couleur bleue électrique, juste à côté de lunettes qui accepteraient d’être lavées. Des papiers et même le téléphone de Deshya sont à côté de la tour, tandis que la place tout près de la fenêtre est presque vide : le câble du téléphone de Deshya et un paquet de mouchoir s’y trouvent. Korone remarque que l’écran de l’ordinateur est éteint, tout comme la tour, mais ce n’est pas ça qui l’intéresse pour l’instant : elle saute sur le lit de Deshya et sourit avec grande intensité.
– Ton lit… est trop confortaaaable !
Elle se jette sur le matelas et attrape la couverture dans ses bras. Deshya laisse la porte ouverte derrière et met les mains derrière sa tête en souriant.
– Confortable et grand, mais je suis toute seule dedans, ahah !
– Tu n’es pas seule ! Tu as elle !
Korone attrape le grand coussin qui fait rougir Deshya. La petite l’analyse en essayant de savoir qui est le personnage sur le coussin.
– Le coussin est plus grand que moi… C’est qui, cette fiiiille ?
– A-Aah… Ahah…
Deshya se gratte les cheveux avant de s’asseoir sur le bord du lit. Korone passe le coussin d’1m60 à Deshya qui le prend dans ses bras.
– Eheh, c’est parce que dormir avec un coussin à taille humaine comme ça, c’est confortable…
– Je te crois ! J’aime bien dodo avec un coussin dans les bras, hihi !
Deshya sourit et Korone répète sa question en pointant du doigt le coussin que la fille aux oreilles de renard a dans les bras.
– Elle s’appelle comment ? C’est quiii ?
– L-Liv… C’est un personnage d’une série qui a gagné beaucoup en popularité… du nom de ‘Gato Lana’, eheh…
– Liv… ? C’est mignon, comme nom !
Une fille aux cheveux verts qui descendent vers le jaune est representée couchée sur le coussin, des oreilles de chat sur la tête et des yeux vairons très beaux. Korone remarque qu’il y a un autre dessin d’elle dans le dos du coussin, mais Deshya devient rouge comme une tomate et refuse de montrer cela à Korone. La petite fait la moue, mais Deshya change de sujet en montrant la grande peluche renard à taille humaine qu’elle a gagné à l’école.
– C’est car j’ai résolu une énigme avant Tessa et Maruno durant la rentrée !!” lui dit Deshya.
– Trop bieeen !!! Bonjour, renanard !
Korone attrape le coussin dans ses bras et pouffe, ce qui rassure Deshya qui dépose le coussin sur le lit.
– Trop bien, ta maison !!” lui dit Korone avec un grand sourire.
Deshya acquiesce : elle a de la chance de vivre ici. Non seulement a-t-elle de la place, elle a des parents compréhensifs qui peuvent parfois être un peu trop protecteurs, mais comment leur en vouloir : après avoir disparu pendant 5 mois, c’est normal qu’ils veulent s’assurer que leur fille reste en vie et en bonne santé. Si elle vient à disparaître à nouveau comme à ses 13 ans, elle n’imagine même pas la réaction de ses parents… Deshya discute un peu avec Korone, toutes deux illuminées par la lumière du soleil, toutes deux souriantes et rigolant ensemble.
– Miaaaam !!
Korone tend les deux jambes en tenant fermement la fourchette dans sa main droite. Elle vient tout juste de goûter le repas de midi qu’a préparé Pera spécialement pour Korone et sa fille. La queue de renard de Deshya se balance de joie, la bonne odeur caresse son nez et le bon goût du plat est apprécié par ses papilles gustatives. Comme souvent, sa mère prépare un vrai délice. Korone mange avec grande joie, ce qui fait grandement plaisir à Pera qui les regarde en souriant.
– Tu aimes bien la maison, sinon ?” demande la femme.
Korone acquiesce et engloutit une nouvelle bouchée.
– Vui ! Votre maison est trop cool et elle est grande !!” répond-t-elle.
– Pour une famille de trois comme nous, je me demande même si elle n’est pas trop grande,” sourit Pera.
– C’est clair qu’on a trop d’espace que pour nous trois, même avec Korone, on aura énormément de place,” ajoute Deshya.
Néro approche la table lorsqu’il sent l’odeur des bons plats, mais Pera lui dit de ne pas s’approcher trop près. Korone est surpris de voir le chien comprendre les mots de la femme.
– Il comprend assez rapidement, c’est un chien intelligent,” lui dit Pera.
– Je vois ça !!
Korone sourit en balançant la tête, de très bonne humeur.
Deshya se lève et va ranger son assiette lorsqu’un certain son retentit. Korone lève la tête et tourne le visage un peu partout, se demandant d’où provient ce bruit, mais Pera la rassure directement en lui expliquant ce qu’est cette mélodie :
– C’est juste le bruit de la sonnette !” sourit-elle.
– Oh, votre bruit de sonnette est amusant !
– Pas vraiii ?
Elles pouffent ensemble et Deshya dit qu’elle va ouvrir. Elle court rapidement dans le couloir pour que quiconque à l’extérieur ne puisse pas la voir avec ses oreilles de renard et attrape le pull bleu qu’elle garde sur le porte manteau avant de le mettre sur elle. Bien qu’elle soit toujours qu’avec une culotte, le pull est plutôt long, donc la personne ne verra rien. Après s’être vêtue du pull, elle ouvre la porte en tirant la poignée vers le bas.
– Hey, Deshya.
La personne derrière la porte salue Deshya en premier. Lorsque la fille aux cheveux roux entend la voix, elle reconnaît directement qui a prononcé son prénom. Elle ne cache pas sa surprise et penche la tête pour regarder la personne qui a sonné à la porte.
– T-Tessa ?!
Une amie très proche, adolescente de 18 ans aux longs cheveux mauves et mèches roses. Contrairement à la dernière fois, elle ne porte pas de casquette sur la tête, mais ses vêtements restent relativement dans le même style que d’habitude. Une main dans la poche, elle fait un mouvement rapide de la main en souriant.
– T’es mims, comme ça.
– A-Ah ?!
Deshya se met à rougir et fuit du regard, ce qui fait rire Tessa.
– Plus sérieusement, je voulais te proposer quelque chose, Deshya.
– P-Proposer quoi… ?
Tessa sort sa main de sa poche et, d’un mouvement brusque, fait apparaître quelque chose entre ses deux doigts. Deshya la regarde avec étonnement et cligne des yeux, surprise.
– Une carte… joker ?
Tessa acquiesce et lui sourit à pleine dent.
– Une partie de Poker entre toi et moi, ça te dit, Deshya ?