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Chapitre 400 – Je suis Ye Qiu
Chapitre 399 – Le festival du printemps à venir Menu Chapitre 401 — Invité temporaire

Pour le Nouvel An, Chen Guo avait fait preuve d’une énergie débordante, comme à son habitude. Traditionnel ou moderne. Décoration ou nourriture. Utile ou non. Tant qu’elle aimait quelque chose, elle ne marchandait pas le prix et payait simplement la somme demandée. Ensuite, elle pointa Ye Xiu du doigt et le béni avec un grand sourire, en lui souhaitant « Bonne année » ou « Que tu sois heureux et prospère ». Puis, elle fourrait ses sacs dans les mains de Ye Xiu. 

Chen Guo serra ses mains derrière son dos, et avança d’un pas haut et puissant. En entendant Ye Xiu souffler et haleter derrière elle, elle était certaine d’avoir acheté une bonne quantité de matériel.

« Ça, ça et ça aussi. Combien les vendez-vous, monsieur ? » dit-elle, décidant d’acheter encore un peu plus de choses. Elle était arrivée au stand d’un autre vendeur et, sans même regarder clairement quels articles étaient vendus, elle en avait désigné quelques–uns qui avaient attiré son attention. Pendant qu’elle demandait, elle tourna la tête avec délice pour regarder derrière elle. 

Mais… il n’y avait personne ! Ye Xiu, qui était pourtant derrière elle depuis le début, avait disparu. Toutefois, elle se souvenait bien qu’il était encore là lorsqu’elle avait payé les dernières marchandises.

Demain, c’était le réveillon du Nouvel An. Il n’y avait pas beaucoup de gens qui attendaient ce jour pour faire ses achats, mais cela ne voulait pas dire qu’il n’y avait personne non plus. Chen Guo se mit sur la pointe des pieds pour regarder autour d’elle, sans trouver aucune trace de Ye Xiu. Elle ne pouvait que porter seule les marchandises qu’elle venait d’acheter et le chercher en revenant sur ses pas. 

Mais après seulement quelques pas, elle s’étouffa de colère. Ye Xiu avait posé ses achats sur le côté et s’était assis sur un tabouret pliant, qui venait d’on ne sait où, pour fumer tranquillement. Ses marchandises donnaient l’impression qu’il tenait là un petit stand de vendeur. 

Comme Ye Xiu avait une bonne vue, il remarqua rapidement Chen Guo et la salua.

Celle–ci s’approcha en piétinant, une expression sombre sur le visage, mais elle ne savait pas quoi dire. En voyant le tas sur le sol, Chen Guo réalisa qu’elle avait vraiment acheté trop de choses. Elle n’était pas méchante au point d’exiger qu’il l’aide sans se reposer. 

« C’est suffisant ? » dit Ye Xiu modestement. Tout ça était plus que suffisant pour tenir cinq Fêtes du Printemps. Rien que pour les duilian*, elle avait pris un peu de tout. Au final, elle en avait acheté sept au total. Ye Xiu avait calculé. Il y avait l’entrée principale du cybercafé Happy, les toilettes, la porte menant à la salle de bain, les deux portes menant aux deux chambres, celle de Chen Guo et celle de Tang Rou, sa petite salle de stockage, plus les toilettes. Il y avait un total de sept portes, donc c’était le nombre parfait. Il était difficile d’affirmer si Chen Guo avait ne serait-ce que pensé à cette limite…

« C’est trop lourd ? demanda-t-elle.

– Évidemment, concéda Ye Xiu. Il n’allait pas s’entêter à refuser un peu d’aide, contrairement à Tang Rou avec ses bagages un peu plus tôt.

– Ok, rentrons alors ! dit Chen Guo, tout en ramassant quelques sacs. 

– Enfin ! » Ye Xiu poussa un soupir de soulagement. Il ramassa le reste et ils rentrèrent au cybercafé.

Le temps de revenir, ils étaient trempés de sueur malgré le froid de l’hiver. Dès que Chen Guo franchit le seuil, elle se trouva immédiatement un siège à proximité pour s’asseoir et haleter. Quand elle se retourna, Ye Xiu avait déjà jeté ses sacs, mais il était introuvable.

« Où est-il allé ? » marmonna-t-elle encore, lorsqu’elle entendit un bruit derrière elle. Elle se retourna et vit que quelqu’un était entré dans le cybercafé. La lumière du soleil l’aveuglait, alors Chen Guo ne fut pas en mesure de la voir clairement. Elle pensa que c’était un client et se leva immédiatement pour l’accueillir. Ce faisant, elle repassa dans l’ombre et put voir cette personne. Elle s’écria alors : « Qu’est–ce que tu fais ? » 

C’était en réalité Ye Xiu. Il était habillé d’une tenue formelle. Un pardessus était drapé sur son bras. Son comportement élégant et stylé était déconcertant. Lorsqu’il entendit Chen Guo parler, il sembla également surpris, mais retrouva rapidement son calme et répondit avec un sourire poli : « Puis-je demander si Ye Xiu est ici ou peut–être Ye Qiu ? »

Chen Guo en resta bouche bée.

En voyant Ye Xiu dans cet état, elle avait bien eu l’impression de faire erreur, mais cette introduction le lui confirma définitivement. Cette personne, sans aucun doute, ressemblait à s’y méprendre à Ye Xiu. Il avait le même visage et sa coiffure comme sa carrure étaient semblables, mais avec une différence notable tout de même.

Que Ye Xiu s’éclipse discrètement et change de tenue pour l’effrayer était quelque chose qu’elle pouvait envisager, mais changer de coiffure et de corpulence en si peu de temps n’était certainement pas possible.

« Tu es… ? » Chen Guo sentait déjà qu’il n’y avait pas besoin de poser cette question. Les deux avaient pratiquement la même apparence. Qui d’autre pouvait–il être ?

« Je suis son frère, se présenta l’inconnu.

– Des jumeaux ?

– Oui. Je peux vous demander qui vous êtes ?

– Oh, je suis la patronne ici. Ye Xiu est là, dit Chen Guo, enfin il était là juste avant, mais maintenant… YE XIU !! cria Chen Guo. 

– TOILETTES !! Un cri tout aussi fort retentit en retour.

– Oh, il est par là… Chen Guo montra du doigt l’endroit où se trouvaient les toilettes.

– Je vais l’attendre ici. La personne fit un signe de tête pour la remercier.

– Tu peux t’asseoir où tu veux. » Chen Guo hocha également la tête.

L’inconnu fit quelques pas et demanda ensuite de manière décontractée : « Alors il utilise le nom de Ye Xiu ici ? 

– Oui ! » Chen Guo se dirigea vers le réfrigérateur et après avoir ouvert la porte, elle lui indiqua de regarder :

« Tu veux boire quelque chose ?

– Fanta, aux pommes. Merci. »

Chen Guo attrapa une bouteille de Fanta et la lui jeta par–dessus le comptoir. Elle attrapa aussi une bouteille pour elle et demanda, en tournant le bouchon :

« Comment t’appelles-tu ? »

L’inconnu sursauta en voyant Chen Guo lui jeter la bouteille. Avec grande peur, il réussit à l’attraper et retrouva ensuite son sang–froid. En entendant la question, il répondit immédiatement :

« Mon nom est Ye Qiu. 

« Ah ? Chen Guo sursauta : tu es Ye Qiu ?

– Je l’ai toujours été…

– Alors il a emprunté ton nom ? demanda Chen Guo.

– Oui. Il a même emprunté ma pièce d’identité. » 

Chen Guo était quelque peu déconcertée. Leur conversation s’arrêta un court instant, lorsqu’ils entendirent le bruit de l’eau qui coulait des toilettes, et peu après, celui d’une porte qui s’ouvrait et se fermait. Ye Xiu s’approcha négligemment. Voyant Ye Qiu debout près de l’entrée, il s’exclama immédiatement :

« Oh ? 

– Il te cherche, dit Chen Guo. 

– Clairement. » Ye Xiu hocha la tête.

Les voyant enfin tous les deux en face d’elle, elle pouvait tout de même les distinguer. En effet, leur visage donnait l’impression qu’ils avaient la même apparence. Mais hormis cela, il n’y avait rien d’autre qui se ressemblait chez eux.

L’un d’eux portait une tenue soignée et ordonnée, tandis que l’autre portait la même veste que celle qu’il avait portée à plusieurs reprises au cours des deux derniers mois. Comme leurs horaires de travail et de repos étaient différents, Chen Guo ne savait même pas s’il avait déjà lavé sa veste auparavant.

L’un d’eux avait une apparence immaculée, tandis que l’autre venait à peine de sortir pour acheter quelques affaires et son visage n’était pas des plus propres.

Ensuite, elle regarda leur posture. L’un d’eux se tenait parfaitement droit, même la courbe de ses bras semblait faire l’objet d’une attention particulière. Quant à l’autre… Chen Guo ne pouvait s’empêcher de le comparer au premier. On aurait dit que ce type n’avait même pas mis son pantalon correctement. Quand il marchait, il avait la tête baissée et sa posture était avachie. 

« Qu’est–ce que tu fais ici ? Ye Xiu semblait déstabilisé.

– Je suis venu te chercher pour rentrer à la maison et fêter le Nouvel An.

– Qui a dit que j’allais rentrer ?

– Si tu ne rentres pas, que vas-tu faire ?

– Je vais faire des heures sup. » 

Chen Guo découvrit immédiatement une autre différence entre les deux : leur façon de s’exprimer.

Le ton de Ye Xiu était audacieux et confiant, comme si tout ce qu’il disait était vrai. Même si Chen Guo devait admettre qu’il avait raison la plupart du temps et que tout se passait comme il le disait, son ton donnait quand même envie aux autres de le frapper. En comparaison, son jeune frère avait un ton de voix très formel. Il était poli et correct. Le ton adopté était tel qu’il était impossible de dire si quelque chose n’allait pas. Discuter avec une telle personne serait loin d’être désagréable.

« Elle s’est présentée ? C’est ma patronne. Ye Xiu présenta Chen Guo à Ye Qiu, c’est elle qui m’a dit de faire des heures supplémentaires. 

– C’est vrai ? Ye Qiu regarda Chen Guo avec incertitude. 

– Il l’a demandé. J’ai approuvé. » Chen Guo ne se laisserait pas injustement blâmer de la sorte. 

Le regard de Ye Qiu se reporta immédiatement sur Ye Xiu. 

Ye Xiu exposa une expression d’impuissance :

« Je ne rentrerais pas. Ce sera comme d’habitude. Pourquoi demander pourquoi ?

– C’est différent maintenant. N’as-tu pas pris ta retraite cette année ? Alors qu’est–ce que tu fais à divaguer dehors ? » dit Ye Qiu. 

Le cœur de Chen Guo fit un bond. Elle se souvint soudainement de la supposition qu’elle avait faite avec Tang Rou cette nuit-là. La retraite de Ye Xiu avait-elle été causée par la pression exercée par sa famille sur le club en coulisses ? Si ce n’est pas le cas, pourquoi sa famille voudrait-elle qu’il revienne immédiatement après sa retraite ?

« Le fait que j’ai pris ma retraite ne veut rien dire. Vous, les étrangers, ne pouvez pas comprendre, dit Ye Xiu.

– Ta retraite… Même si tu veux continuer, ça te prendra quand même un an, non ? dit Ye Qiu.

– Oh, tu es même au courant de ça ?

– Ce n’est pas comme si tu avais quelque chose à faire cette année. Pourquoi ne pas revenir à la maison et te reposer ?

– Je peux me reposer n’importe où. C’est la même chose.

– La santé de père n’a pas été très bonne récemment…

– C’est ce que tu dis toujours…

– Bien ! En fait, celle de maman…

– Tu mens !

– Petit Dian** est mort !

– Il était temps. Il a déjà vécu assez longtemps ! » dit Ye Xiu. 

Chen Guo n’arrivait plus à suivre, mais demanda toute de même une chose, histoire de ne pas mal comprendre : « Qui est Petit Dian ?

– Un chien » dit Ye Xiu. 

« … » Chen Guo réalisa soudain que ces deux la méritaient vraiment leur statut fraternel. Ils étaient vraiment de vrais jumeaux. Ils avaient une certaine compréhension instinctive l’un de l’autre sur certains points. Les détails nécessiteraient plus d’observation. Chen Guo réfléchit, puis elle recula de deux pas et s’assit sur la chaise derrière elle. Elle but deux gorgées de sa boisson et continua à regarder le spectacle devant elle.

« Devrais-je les filmer ? » Chen Guo sentit le téléphone dans sa poche. Elle y pensa, mais n’en fit rien.

« Tu devrais vraiment revenir, continua à l’exhorter Ye Qiu.

« He… Ye Xiu gloussa : si je reviens, ça sera plus facile pour toi de t’enfuir. C’est ça ? »

Le très correct Ye Qiu avait gardé son calme pendant tout ce temps. Cette fois, on aurait dit que son cœur se tordait. Chen Guo le regarda s’élancer soudainement comme une flèche vers Ye Xiu et attraper ses vêtements avec ses deux mains.

Chen Guo fit un saut. Elle se leva et entendit ensuite Ye Qiu dire avec colère :

« Frère honteux ! Cette année-là, tu as volé les bagages que j’avais méticuleusement préparés. Tu es allé trop loin !

– C’est plutôt que j’ai rapidement découvert que mon stupide petit frère était sur le point de s’enfuir de la famille comme un enfant immature et j’ai décidé de prendre sa place pour lui donner une leçon. » Répondit Ye Xiu. 

 

* Duilian ou couplet antithétique est une paire de lignes poétiques calligraphiées sur une bande de tissu ou de papier affichés habituellement sur les montants des portes d’entrée des maisons.

** Dian veut dire Point en français.

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