Fox-Eared Detective
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Chapitre 14 – Pure Neige * Double Meurtre Dans le 38 ; Suspects
Chapitre 13 – Tranquillité d’Un Voyage de Bus Menu Chapitre 15 – Pure Neige * Double Meurtre Dans le 38 ; Théories

Deshya observe avec colère la scène devant elle. Alors que le trajet dans ce bus a été bercé dans une tranquillité reposante, elle a désormais une vision d’horreur en face d’elle. Après le cri qui a retentit depuis la gorge mourante de l’homme, Deshya a accouru voir ce qu’il se passait, tandis que le conducteur n’a pas tardé à se garer en face de l’arrêt de bus, là où deux femmes attendent en se demandant ce qu’il se passe, les portes ne s’ouvrant pas. Les passagers du bus veulent savoir ce qu’il se passe, mais Deshya a hurlé de ne pas s’approcher. La petite fille en face d’elle continue à pleurer, attendant une réponse de l’adolescente au pull mignon. Deshya se mord la lèvre inférieure si fort qu’elle se fait mal toute seule. La petite sourit.

– Je m’en doutais.

– ?!

Deshya reste bouche bée en regardant le sourire de la petite et celle-ci fait un câlin à l’homme en face d’elle, toujours en train de pleurer.

– Pourquoi…

Et là…

– Pourquoi…

Ses pleurs se mettent à couleur plus rapidement et plus abondamment, une Desshya incapable de parler ou bouger en face d’elle.

Une réelle vision d’horreur.

CHAPITRE 14    
Pure Neige * Double Meurtre Dans le 38 ; Suspects
(Case 3)


– A-Appelez une ambulance !

Le conducteur crie cela en reculant d’un pas, mais Deshya répond directement :

– Pas besoin.

Sans parler fort, sans crier ou hurler, elle lâche ces mots. Elle regarde la petite fille avec tristesse, les traces de ses dents toujours visibles sur sa lèvre inférieure. Deshya sort son téléphone et compose un numéro rapidement avant de soupirer. La personne de l’autre côté du fil décroche rapidement et sa voix résonne. Deshya ferme les yeux et tourne le regard à gauche, ensuite vers sa droite. Son air attristé, l’inquiétude des passagers, l’horreur dans les yeux du conducteur et les pleurs de la petite fille… L’ambiance à l’intérieur de ce bus a changé entièrement et cela en moins d’une minute. Deshya soupire et ouvre la bouche :

– Papa…

La petite fille continue d’enlacer l’homme en pleurant, répétant le mot ‘Pourquoi’ en boucle. Deshya ferme les yeux à nouveau, sa queue de renard touchant le sol sans aucune énergie.

– Deux personnes sont mortes. Dans le bus.

*************************

Il ne faut même pas dix minutes pour que la police arrive. Deshya a réussi à retenir tout le monde à l’intérieur du bus et le conducteur n’a fait qu’ouvrir une fenêtre ou l’autre à l’avant sans laisser les portes s’ouvrir. Les deux femmes qui attendent à l’arrêt furent expliquées que le bus ne peut pas reprendre la route et elles partent en râlant, un chihuahua aboyant depuis le sac de l’une d’entre elles. Trois voitures de police débarquent et l’une d’entre elles sort une silhouette que Deshya connaît très bien. Le conducteur ouvre enfin les portes et l’homme montre son insigne de police. On le laisse passer et les passagers attendent à leur place en parlant entre eux, tous inquiets. L’homme policier arrive en face de Deshya et tous deux s’observent quelques instants avant que la fille soupire.

– Je—

– Deshya.

Elle lève le regard et fixe les yeux de son père : ils sont si sérieux, mais remplis de compassion.

– Je sais que tu as résolu une affaire de meurtre. Je sais que tu as aidé à attraper un criminel dans le train et tu as sauvé des gens aux côtés de ton amie, mais…

– Si c’est trop pour moi, je peux juste prendre l’air, c’est ça ?

– Je suis sérieux.

Deshya serre un poing et baisse la tête.

– Je suis sérieuse aussi. Ce qui me rend comme ça, c’est…

Elle soupire et lui dit de suivre, ce que fait Gatito. La queue de renard de sa fille ne bouge pas beaucoup dans son dos, ce qui ne rassure pas le policier. Derrière lui, une femme arrive.

– Gatito !

– Oh, Annie.

Deshya se retourne et salue Annie à son tour.

– D’abord le train, maintenant un bus ? Tu n’es pas gâtée !” avoue Annie.

– Je commence bien mon mois de Septembre !” blague Deshya.

Gatito est étonnée de la voir sourire de la sorte, mais il n’en parle pas. Si elle arrive encore à blaguer dans ce genre de situation, cela signifie qu’elle ne se laisse pas avoir par l’atmosphère maccabre et horrible d’une scène de meurtre. Il ne sait pas si c’est rassurant ou plutôt inquiétant… Deshya s’arrête devant le corps de l’homme et de la femme âgée, tous deux la bouche et les yeux grands ouverts. Annie a déjà mis des gants spéciaux et leur dit de reculer avant d’analyser le corps. En attendant qu’elle dise ce qu’il s’est passé, Gatito se tourne vers Deshya.

– Tu veux bien me raconter la situation ?” demande-t-il.

– D’accord, mais d’abord…

Deshya tourne le visage et son père suit son regard… pour tomber sur une petite fille qui parle avec une femme, des cheveux blancs comme neige qui coulent de son crâne. Gatito la regarde quelques instants avant de parler à Deshya.

– C’est leur petite-fille ?

– Elle dit que ce sont ses parents… mais…

Les oreilles de Deshya s’abaissent sous sa capuche.

– Elle n’a fait que pleurer et cette femme a bien voulu s’occuper d’elle en attendant.

– Qui est-elle ?

– ‘Orianne Nuame’ est son identité de ce qu’elle m’a dit, mais je n’ai interrogé personne.

– … Je vois. Et cette fille… ?

Deshya met les mains dans les poches de son pull.

– Je pense que ça serait mieux qu’elle prenne l’air. Rester dans le même bus où ses parents ont été tués…

– Je suis d’accord. Sammy !

Gatito appelle le nom de quelqu’un que reconnaît Deshya et le détective policier rentre dans le bus, laissant la conversation avec le conducteur à son équipier. Sammy monte les marches et acquiesce. Gatito lui demande de garder la petite en dehors du bus pour l’instant et d’essayer de la questionner sur ce qu’elle a vu plus tard. Sammy acquiesce, mais avant d’appeler la petite fille, salue Deshya. Cette dernière lui dit bonjour d’un geste de la main, un sourire très faible sur le visage. Sammy descend du bus avec elle, lui demandant comment elle va et comment elle s’appelle. Deshya et Gatito les observent quelques instants et lorsqu’ils sont tous les deux dehors, elle tourne son regard vers le visage de son père.

– En gros, j’étais assise là-bas, en train de ne penser à rien.

Elle pointe du doigt le siège où elle se trouvait durant tout le trajet et Gatito le regarde. Il se trouve au devant du bus, la place derrière la cabine du conducteur de bus, du côté gauche du véhicule. Gatito se retourne et regarde les deux personnes âgées qui sont victimes de cette affaire. Ils se trouvent aussi du côté gauche du véhicule, deux places derrière le milieu du bus, là où se trouve ‘l’accordéon’. Derrière eux se trouve un homme qui doit être arrivé dans sa vingtaine, en train de mâcher violemment un morceau de gaufre avec un casque autour du cou.

– Cet homme était derrière le couple, tout seul. Je ne pense pas que quiconque a été à sa place et il était là quand je suis monté dans le bus,” lui dit Deshya.

– Quand es-tu montée ?” lui demande son père.

– 18h21.

– Et ils sont morts à 18h54, c’est bien ça ?

Deshya acquiesce. C’est à ce moment-là qu’elle a hurlé l’homme hurler, mais il s’est tut juste après. Bref, il est mort à cette heure-là. Deshya se demande justement pourquoi la femme n’a pas crié, vu qu’elle semble être morte de la même façon. Son visage montre moins de douleur que son mari, cependant… Deshya tourne le visage vers la gauche.

– Cette femme au nom d’Orianne a toujours été assise là, même avant que je sois montée dans le bus,” continue Deshya.

Gatito plisse les yeux et Orianne acquiesce.

– Je suis montée dans le bus à l’arrêt juste d’avant que cette fille,” dit-elle.

– Comment le savez-vous ?

– Eh bien, une personne avec un pull renard comme ça, je ne pouvais pas le manquer…

– Je vois…

Deshya n’est pas étonnée qu’elle se fasse vite remarquer, surtout que cela est déjà arrivé qu’elle se fasse aborder plusieurs fois dans le bus ou dans la rue par différentes personnes qui lui demandent pourquoi elle est habillée de la sorte. Sammy revient aux côtés de Gatito et Deshya regarde un peu plus loin dans le bus. Lorsqu’elle voit la silhouette qu’elle recherchait, elle le pointe du doigt.

– Cet homme.

Gatito et Sammy se tournent tous deux vers la personne que pointe Deshya. Un homme un peu moins âgé que les victimes, des cheveux gris qui ne couvrent pas l’entièreté du crâne et des rides sur le visage se trouve tout seul sur son siège, attendant patiemment sans rien faire. Sammy se tourne vers Deshya en l’interrogeant du regard.

– Qu’y a-t-il ?

– Lorsqu’il est monté dans le bus, Orianne l’a rattrapé et ensuite, il a discuté avec le couple quelques instants.

– Je confirme,” lâche la femme.

La femme acquiesce et Sammy cligne des yeux.

– Elle entend tout ce qu’on dit, tu sais…

Deshya hausse les épaules.

– Qu’importe, tout le monde sait qu’il y a une scène de meurtre.

– Mais c’est une des coupables, non ?

Sammy croise les bras et Gatito fait de même.

– Sais-tu à quelle heure l’homme que tu nous a montré est monté ?

– J’ai entendu son prénom : il s’appelle Ginner. Sinon, il est monté vers…. 18h48. L’arrêt juste avant celui-ci.

Sammy plisse les yeux et s’avance vers le corps des deux morts.

– Bref, Orianne est à côté d’eux. Cet homme-ci est derrière et Ginner les a approchés… Quelqu’un d’autre ?

Deshya se met à réfléchir et monte sur la place qui se trouve devant le couple. Elle met les genoux sur les sièges et se soutient avec ses bras qui touchent les barres métalliques.

– Un peu après que je sois montée, la petite fille est allée chercher un journal et un crayon pour faire, je suppose, des mots fléchés ou croisés. Elle les a fait avec ses parents et cela pendant presque tout le trajet. Lorsque cet homme, Ginner, est monté, il a trébuché et s’est fait aider par Orianne. Ensuite, il a discuté quelques instants avec le couple avant de s’asseoir à la place où il se trouve actuellement. Orianne a ensuite repris le crayon et le journal lorsque le conducteur semble lui avoir demandé et c’est trois minutes après que l’homme a hurlé de douleur,” explique Deshya.

– Semble lui avoir demandé, tu dis… ?” demande Sammy.

Deshya acquiesce.

– C’est ce qu’elle m’a dit, mais je ne l’ai pas vu prendre son téléphone pour voir un message de la part du conducteur. Surtout qu’il aurait juste pû le lui demander en criant dans le bus, mais il ne l’a pas fait. Je me demande pourquoi.

Sammy plisse les yeux et se retourne vers la femme. Cette fois-ci, elle ne les a pas entendus, vu que Deshya a parlé moins fort : seuls Gatito, Annie et Sammy l’ont entendu, ainsi que l’autre médecin de la police qui accompagne la femme. Sammy regarde Orianne avec intérêt.

Bref, les suspects sont Orianne, qui a approché le couple trois minutes avant leur mort, l’homme derrière, qui aurait pû faire quelque chose sans se faire remarquer, ainsi que Ginner qui a approché le couple deux à trois minutes avant Orianne. Non, cette personne aussi… mais…

Sammy pense à un autre coupable, mais il a du mal à y croire, donc il préfère rester sur la piste qu’il a maintenant. De toute façon, tant qu’ils ne savent pas comment ils sont morts, cela va être complexe d’avoir la moindre piste sur qui aurait pû le faire. Deshya pense à la petite fille aux longs cheveux blancs et la regarde à travers la fenêtre du bus : elle est en train de discuter avec un homme, un air triste sur le visage. Elle a dû voir ses deux parents mourir devant elle, cela n’a pas dû être simple…

Pourquoi a-t-elle dit ‘Je m’en doutais’, cependant… ?

Deshya trouve que c’est une façon étrange de parler pour une fille comme elle, mais ses pensées sont interrompues lorsque Sammy approche Orianne.

– Pardonnez-moi, j’aimerai vous poser une petite question,” dit-il.

La femme se frotte les gants l’un contre l’autre et tourne son attention vers lui.

– Oui ?

– Cette fille dit que vous avez repris le journal et le crayon de ce couple par la demande du conducteur, mais elle ne semble pas l’avoir entendu crier après vous.

Deshya est intriguée à propos de cela, donc elle a hâte d’avoir la réponse. Il y a la possibilité qu’elle ait utilisé cette excuse pour tuer le couple en les approchant sans paraître suspecte : si elle n’a pas une bonne excuse à donner, alors Deshya sait déjà qui est la coupable… !

Cependant.

– Oh, ça ? Je vois, vous ne savez pas grand-chose sur ce bus.

Deshya et Sammy plissent les yeux.

Comment ça… ?” se demande Deshya, surprise de la réponse assurée de la femme.

– Que voulez-vous dire ?” questionne Sammy.

– Mathieu !!

Elle crie le prénom d’un homme dont ils n’ont pas connaissance, mais ils vont vite remarquer que cette personne est—

– Qu’y a-t-il, Orianne ?

— le conducteur de bus. Gatito se retourne vers eux, ayant terminé de discuter avec Annie : ils savent désormais comment le couple est mort. Cependant, avant d’en parler avec Sammy et sa fille, il regarde l’homme qui vient d’arriver.

– Il me demande pourquoi j’ai cherché le journal et le crayon,” lui dit Orianne.

– Ah, ça ?

L’homme s’incline doucement vers le détective policier.

– Je suis le conducteur de ce bus. Je m’appelle ‘Mathieu Desudo’, enchanté.

– Enchanté. Sammy Graton, détective de la police.

Deshya plisse les yeux en les regardant. Non seulement Orianne et Mathieu n’avaient pas discuté ensemble au moment même où la femme s’est levée, elle ne se souvient pas les avoir entendu en parler auparavant non plus. Si le conducteur en avait parlé avec la petite fille lorsqu’elle lui a demandé le journal, elle l’aurait sûrement entendu, même si elle ne faisait pas entièrement attention… De plus, Deshya se demande pourquoi c’est Orianne qui l’a ramené et non la petite aux cheveux blancs. Cela paraît étrange…

– En réalité, je connais bien Roger et Maurine.

– ?!

Deshya ouvre grand les yeux et Annie se relève, ayant terminé de vérifier l’état des deux cadavres. Mathieu se gratte les cheveux.

– Avec leur fille, ils viennent tous les Vendredi dans mon bus, au même arrêt, pour rentrer chez eux,” explique le conducteur du bus. Je les connais bien et pour passer le temps, la petite aime faire des mots croisés avec ses deux parents.

C’est donc des mots croisés…” pense Deshya.

– Orianne rentre du travail environ au même moment que Roger et Maurine viennent avec leur fille, donc ils ont l’habitude. Ils sont assis souvent au même endroit et je connais Orianne en dehors de mon travail, donc je lui ai demandé si elle pouvait me ramener mon journal et mon crayon vers 18h50 pour que je puisse lire le journal un peu de mon côté, vu que c’est à cet arrêt qu’ils descendent, normalement.

Le conducteur regarde le corps du couple avec tristesse.

– Cela doit faire la troisième fois qu’on fait comme ça…” avoue-t-il. Orianne m’apporte mon journal elle-même car je ne veux pas que la petite trébuche et elle peut rester avec ses deux parents.

– Hmm, je vois…” marmonne Sammy.

– …

Deshya reste silencieuse. Orianne reprend son livre et l’ouvre.

– Vous voyez ? C’est pour ça,” explique-t-elle.

Sammy remercie le conducteur et celui-ci retourne voir un policier à l’extérieur. Gatito lui touche l’épaule et Annie retire un de ses gants. Elle s’approche d’eux deux, mais fait en sorte que Deshya puisse entendre.

– Ils sont morts par indigestion de cyanure,” leur dit-elle.

– C-Cyanure…

Sammy s’en doutait vu l’état des cadavres ; cela est pareil pour Gatito et Deshya. Cependant, ils sont désormais fixés. Sammy l’écrit dans son journal de détective et l’autre docteur s’approche d’eux.

– Nous avons trouvé aussi… des chips, sur eux.

Gatito le regarde avec colère.

– Des chips… ?

Il acquiesce.

– Je suppose que c’est à la petite fille,” dit le docteur.

– Je vois.

Deshya sourit en voyant l’air de son père : il n’aime pas quand on parle de détails sans intérêt lors d’une scène de crime. Néanmoins, Deshya trouve ça important. Elle ne se souvient pas avoir entendu la petite fille manger des chips, ni ouvrir ni paquet, alors… Peut-être… Deshya se lève et tapote ses genoux. Sammy la regarde.

– Tu pars ?” demande-t-il.

– Est-ce que les chips ont été mangé par la petite ou par le couple ? Est-ce que vous le savez ?” demande-t-elle.

Sammy sourit.

– Tu penses que la cyanure se trouve dans les chips ?

– Exac—

– Non.

– —tement…

Deshya s’arrête dans sa phrase et se tourne vers Annie. Celle-ci retire son autre gant et le range tout en parlant à Deshya, sans même la regarder.

– J’ai cru pareil, mais aucune trace de cyanure ne se trouve dessus. De plus, c’est la petite qui les a mangés, vu qu’elle a un paquet vide dans sa poche.

– A-Ah…

Deshya n’avait même pas remarqué le paquet sur la petite-fille. Elle se gratte la joue, un peu gênée : elle ne doit pas oublier que ces adultes viennent de la police, ils sont loin d’être idiots. Elle pense à quelque chose et pose la question à Annie sans attendre.

– Cependant, est-ce qu’avoir le paquet de chips dans sa poche signifie que c’est elle qui les a mangés ?”

Annie sourit et Sammy se retourne.

– Tu peux lui demander si tu veux, mais si c’est elle qui a le paquet dans sa poche, je suppose qu’elle en a mangé aussi. De plus, quoi qu’il advienne, il n’y a pas de trace de cyanure sur les chips, donc cela est sans importance à l’affaire.

– … Tu as raison.

– J’ai toujours raison.

Annie cligne d’un œil avant de sortir du bus. Deshya lâche un petit rire et regarde où se trouve son père. Elle remarque que lui aussi est dehors, tandis que Sammy est en train de parler avec l’homme qui se trouve derrière le couple tué. Deshya préfère ne pas l’embêter et touche son menton de sa main.

Bref, quelqu’un a réussi à leur donner de la cyanure… Je pensais que c’était dans les chips, mais si c’est le cas, alors pourquoi est-ce que la petite serait encore en vie et en forme ? Alors comment le coupable a-t-il fait ?

Deshya regarde à nouveau à travers la fenêtre et remarque que la petite-fille est toujours en train de discuter avec un des policiers, semblant un peu plus souriante cette fois-ci. Ses joues sont toujours mouillées, mais elle n’a plus l’air aussi triste qu’avant. Cela rassure Deshya, même si un certain détail sur la petite-fille l’embête. Elle ne voit pas le paquet de chips d’ici, mais elle croit totalement Annie…

– Sammy ! Gatito !

Alors qu’elle est dans ses pensées, la femme docteure les appelle. Deshya se retourne vers eux en plissant les yeux et s’approche à son tour. Le détective policier arrête de discuter avec l’homme de derrière et s’arrête devant Annie. Deshya se met debout sur les sièges et regarde ce qu’Annie a trouvé. Ce qu’elle montre—

– !!!

Sortis du sac de l’homme et de la femme, ce qu’Annie tient dans ses mains surprend tout le monde, mais désormais ils savent comment le meurtre a été commis.

– … Un trou dans les deux, n’est-ce pas ?” demande Sammy.

Annie acquiesce. Deshya serre les dents en regardant ce qu’Annie leur montre.

Des cartons de jus à la fraise, tous deux vides.

Annie demande au docteur d’à côté s’il peut les analyser et vérifier pour des empreintes digitales, vérifier la salive présente sur les pailles ainsi que voir s’il reste des traces de poison à l’intérieur. Il le prend avec ses mains gantées et acquiesce. Sammy se tourne vers Deshya.

– Bref, quelqu’un a empoisonné leurs boissons. Lorsqu’ils ont bu, ils ont bu la cyanure présente à l’intérieur, injectée avec une seringue…” dit-il.

Deshya acquiesce et regarde l’homme qui se trouve derrière le couple, en train de finir sa gaufre. Elle regarde ensuite l’homme qui se trouve encore plus loin au nom de Ginner et pour finir, Orianne. Elle fronce les sourcils.

Qui aurait pû faire cela… ? Est-ce que c’est le vieil homme lorsqu’il a discuté avec eux ? Cela aurait été trop visible. Orianne lorsqu’elle a parlé avec eux pour reprendre le journal… ? Aurait-elle eu le temps et la possibilité de le faire sans se faire remarquer ? Et l’homme derrière le couple ? Aurait-il pû le faire par le dessous… ? Est-ce que c’est réellement possible… ?

Deshya ne voit pas qui aurait pû le faire…

– Le meurtre aurait pû être commis avant, alors…” lâche Sammy.

– Quoi ?

Deshya tourne le regard vers lui et il acquiesce en approchant sa tête de la sienne, s’assurant que personne ne puisse l’entendre.

– Quelqu’un aurait pû empoisonné leurs cartons avant qu’ils montent dans le bus et simplement attendre qu’ils les boivent,” explique-t-il.

Elle n’y avait pas pensé, mais il a raison. Les trois suspects ne sont plus forcément les trois seuls qui auraient pû le faire, du coup… Sammy se tourne vers Gatito et lui demande s’ils peuvent vérifier quand ses cartons de jus ont été achetés. Il acquiesce et Deshya plisse les yeux en regardant quelqu’un. Est-ce que si elle lui pose des questions… Pourrait-elle découvrir qui est le coupable ? Sammy parle avec Gatito et lui demande de chercher la seringue sur la route ou sur la rue.

– Sinon, faites une fouille corporelle,” dit Gatito en parlant à un autre policier.

Celui-ci acquiesce et Deshya sort du bus sans le dire à son père. Elle approche cette personne, les mains dans les poches, tandis qu’elle discute avec quelqu’un. Le policier remarque l’adolescente qui approche et ne termine pas sa phrase pour se tourner vers elle.

– Oh, n’est-ce pas la fille de Gatito ?!” dit-il avec un sourire.

La personne qui discutait avec lui tourne le visage vers elle à son tour. Elle la regarde longuement avec de grands yeux, mais Deshya n’y fait pas tout de suite attention. Elle acquiesce aux mots du policier et lui sourit.

– C’est bien moi. Est-ce que je peux discuter un peu avec elle ?

Deshya regarde enfin la personne qui est à ses côtés : la petite fille aux longs cheveux blancs, purs comme la neige. L’homme tourne le visage vers elle et acquiesce.

– On parlait tranquillement de notre journée, mais tu peux lui parler sans problème,” avoue le policier.

Il se lève et dit à Deshya qu’il va voir si Gatito a besoin d’aide. Avant d’entrer dans le bus, il chuchote à Deshya ceci :

– Ne l’interroge pas trop sur l’affaire. Elle sourit peut-être, mais elle se sent encore très mal.

– Bien sûr,” lui répond Deshya.

Le policier est satisfait de la réponse offerte par Deshya et monte dans le bus. Toujours les mains dans les poches, Deshya approche la petite fille avant de s’asseoir sur le banc, là où elle se trouve.

– Rebonjour,” lui dit gentiment Deshya.

– Bonjouuur…

– Je ne veux pas t’embêter longtemps, j’aimerai juste d’abord te demander quelque chose, si ça ne te dérange pas.

– Quoi donc ?

La petite fille a une expression innocente et intriguée, l’une qui réconforte bizarrement Deshya. Elle a vu ses deux parents mourir, mais on dirait bien qu’elle arrive à garder le sourire… Bien sûr, elle sait très bien qu’elle a sûrement envie de pleurer, mais savoir qu’elle n’est pas en train de fondre en larmes devant elle lui permet de souffler. Lorsqu’elle l’a vu sur son père, comprenant qu’il était mort aux côtés de sa femme… Elle ne veut même plus y penser.

– Tu as mangé des chips ?” demande Deshya.

La petite-fille acquiesce et pointe quelque chose derrière elle. Deshya se retourne et remarque qu’elle montre… une poubelle.

– Je mange toujours des chips dans le bus !!” avoue-t-elle. J’ai jeté le paquet en sortant du bus car je suis une grande fille !

Elle prend une pose fière et un petit ‘Hihi’ sort de sa bouche, ses dents blanches réfléchissant les quelques rayons du soleil. Deshya plisse les yeux et se retourne à nouveau vers la fille, une idée venant de traverser son esprit. Tandis que les policiers se mettent à chercher la seringue, l’un d’eux se dirige vers la police et elle attend patiemment. La petite fille la regarde en s’interrogeant, mais elle finit par frapper son petit poing dans son autre main. Cela intrigue Deshya.

– Est-ce que la seringue aurait été jeté dans la poubelle ?” demande la petite.

Deshya fronce les sourcils.

– Quoi… ?

Les deux jambes de la fille se mettent à se balancer et elle regarde le bus en face d’elle.

– Quand je parlais à monsieur le policier, j’ai remarqué qu’elle montrait des choses. Vu qu’elle a regardé dans le sac de papa et maman, je suppose que c’était leur carton de jus. Ils aiment beaucoup en acheter pour eux, tandis que moi, j’ai mes chips et parfois du lait !

La petite fille sourit en regardant Deshya.

– Vu leurs lèvres et leur expression, j’ai rapidement compris qu’ils sont morts à cause de cyanure ! Je suppose donc que si c’est en buvant dans leur boisson, alors la seule façon d’en mettre serait avec une seringue. Cependant, je ne pense pas que ça soit possible.

Elle touche ses lèvres de son index, tandis que l’adolescente à ses côtés l’observe avec de grands yeux.

– C’est vrai que maman a terminé sa boisson juste après que madame Orianne soit venu chercher les mots croisés et le crayon de monsieur le conducteur, mais papa l’avait déjà fini avant. S’ils sont réellement morts de la sorte, alors je me demande pourquoi papa n’est pas mort à ce moment-là…

Deshya n’arrive à rien dire. Observant la petite fille avec une bouche béante, elle n’arrive pas à croire ce qu’elle venait de dire. Un air innocent sur le visage, une voix enfantine et des yeux mignons, pourtant…

– …

Elle bouche enfin la bouche, mais la voix d’un policier la réveille de son immobilité.

– Inspecteur Gatito !

Deshya se retourne et la petite fille à ses côtés penche la tête pour voir ce qu’il se passe. Le policier, père de Deshya, sort du bus en se pressant et arrive devant lui. Attrapé par des mains gantées, on peut voir deux choses : le paquet de chips jeté par la petite fille… ainsi qu’une seringue. Deshya se lève et lui demande d’attendre et elle acquiesce en continuant de balancer ses jambes.

– La seringue se trouvait à l’intérieur de ce paquet de chips, inspecteur !” dit le policier.

Gatito se frotte le menton et regarde la seringue. Il tourne son attention vers le paquet de chips et plisse les yeux.

– N’est-ce pas—

– Si.

Il cligne des yeux et regarde la fille qui est apparue de nulle part. Elle se retourne quelques instants et la petite fille acquiesce à nouveau. Deshya serre les mains et regarde ensuite son père.

– C’est bien le paquet de chips qu’à jeté la petite,” confirme Deshya.

– Hm…

Gatito appelle Annie qui arrive sans tarder. Il lui demande d’analyser cette seringue et elle la met dans un sac plastique en leur demandant d’attendre. Elle court, mais avant de partir, elle s’arrête et se retourne.

– Aussi !

– Oui ?

– Il y a bien des traces de cyanure dans les deux cartons de jus.

– !!

Annie s’incline poliment et continue sa course. Deshya pose une main sur le côté droit de sa tête et grince des dents.

Mais…

– On dirait que j’avais tort.

– W-Wa ?!

Deshya sursaute presque en voyant la petite fille arriver. Elle regarde les mignons gants qu’elle a sur les mains et soupire.

– Je me demande comment papa est mort aussi tard, alors…

La petite fille soupire et retourne s’asseoir sur le banc. Gatito approche Deshya et penche doucement la tête.

– Elle voulait dire quoi par là… ?” demande-t-il.

Deshya met les mains dans les poches de son pull et garde son regard fixé sur les cheveux blancs de la fille.

– Elle m’a dit que sa mère a terminé sa boisson un peu avant de mourir, mais son père l’avait fini bien avant,” explique-t-elle.

– C’est étrange, alors.

Deshya sursaute réellement cette fois-ci et se retourne. Sammy cligne des yeux et agite doucement les mains devant lui.

– D-Désolé, nya !

– N-N-Nya… ?

Deshya l’interroge du regard et Sammy se bloque la bouche de ses deux gants. Sans bouger la tête, il regarde Gatito qui soupire.

– Il a tendance à dire ‘Nya’, parfois. Ne l’écoute pas…

Deshya reste figée quelques instants avant de rire. Les trois policiers se regardent en se demandant ce qu’il y a de drôle, mais ils décident de ne pas perdre de temps et Gatito parle en premier.

– Si la seringue s’avoue être l’arme du crime, alors il ne manque plus qu’à savoir qui l’a fait…

– Aucune trace d’empreinte digitale n’a été retrouvée sur les cartons excepté ceux du couple,” leur dit Sammy.

– Ce n’est pas étonnant…” avoue Deshya.

– On ne sait jamais.

Deshya acquiesce aux mots de Sammy et se retourne vers la fille. Même si l’affaire l’intrigue, quelque chose d’autre est en train d’attirer encore plus son attention. Il semblerait que le meurtre a simplement été commis par un passager du bus qui a réussi à insérer de la cyanure dans les boissons des deux personnes âgées, mais Deshya n’est pas entièrement convaincue… Qui aurait pû le faire ? De plus, ce qu’à dit cette petite fille… Deshya s’avance vers elle et s’assied à nouveau à côté d’elle.

– Je ne t’ai pas demandé ton prénom,” avoue Deshya.

La petite fille la regarde de ses gros yeux avant de sourire. En balançant doucement ses cheveux blancs, elle le prononce :

– Korone ! Je m’appelle Korone !!

D’une voix enfantine et mignonne, elle laisse Deshya apprendre son prénom. L’adolescente sourit à son tour.

– C’est un joli prénom.

– Et toiiii ?

– Je m’appelle Deshya.

– Oh, c’est mignon !

Ses jambes se balancent un peu plus rapidement et Deshya se gratte la joue en rougissant doucement.

– Merci, merci…

Cependant, elle reprend son sérieux assez rapidement : elle est sur une scène de crime et le coupable n’a pas encore été trouvé. Contrairement à l’affaire du train d’hier, les passagers ne vont pas être forcés de rester là toute la soirée, donc ils ont un temps limité… Deshya pourrait laisser Sammy, son père et les autres policiers faire le travail, mais elle ne veut pas rester assise là à rien faire. Elle est montée dans le même bus qu’un meurtrier qui a tué des personnes âgées, cela devant un petit enfant qui semble être leur fille : c’est impardonnable. Quiconque a fait cela mérite d’être emprisonné à vie et Deshya n’accepte pas qu’on la contredise. Elle grince des dents et Korone baisse la tête.

– Tu t’énerves pour des gens que tu ne connais même pas…

– E-Eh ?

Deshya cligne des yeux et la regarde. La petite fille a un sourire triste sur le visage, observant ses pieds qui se balancent plus doucement.

– Papa… Maman… Ils ne méritaient pas de mourir. Mais tu ne les connaissais pas, alors pourquoi s’énerver ?

– Korone…

– Tu as l’air si énervée et triste. Merci. Je suis certaine que papa et maman seraient contents de savoir que des gens qui ne les connaissent même pas travaillent si durement pour trouver le coupable. Je suis heureuse !

Korone lève les bras, mais rapidement les descend.

– Ils ne méritent pas… de mourir…

Ses paupières se baissent, tandis que son air s’attriste encore plus. Deshya ne comprend pas bien ce que raconte Korone, mais malgré son incompréhension, elle ne peut pas s’empêcher de lui caresser les cheveux avec un sourire doux et amical. Korone cligne des yeux, forçant les débuts de nouvelles larmes à partir et tourne le visage vers Deshya. Son expression qui a l’air si gentille, la lumière du soleil qui éclaire son visage et ses yeux si beaux.

– On trouvera quiconque a tué tes parents. Promis, Korone.

La petite fille reste muette face à Deshya. La lumière continue d’éclairer son visage, ainsi que sa belle expression. Korone attrape la main de l’adolescente en face d’elle et sourit à son tour.

– Vui !

Elle ferme les yeux et montre ses dents dans un sourire encore plus grand, plus beau, avec plus d’espoir. Deshya la regarde avec un petit sourire de son côté, se promettant d’attraper ce criminel. Elle croise les jambes et, toujours sa main dans celle de Korone, lui demande sa version des faits.

– Tu veux savoir ce que j’ai vu pour voir si j’ai le moindre indice pour cette enquête ?” demande Korone.

Deshya acquiesce, une petite goutte de sueur lui coulant du front. Korone parle parfois bizarrement pour une petite fille comme elle… Elle ne sait toujours pas son âge, mais Deshya continue de supposer qu’elle a un peu moins de dix. Korone arrête de tenir la main de Deshya et met la sienne sous son menton, se mettant à réfléchir.

– Hmmm, d’accourd.

Korone ferme les yeux tout en parlant.

– Avant de monter dans le bus, avec papa et maman, on est allé faire des courses, comme tous les vendredi. Si vous regardez dans le sac de papa, vous verrez deux sacs de courses. C’est aussi là-bas qu’on a acheté mon paquet de chips et les jus pour papa et maman.

– Impossible que quiconque ait touché aux jus avant de rentrer dans le bus ?” demande Deshya.

– Papa et maman achètent des jus différents à chaque fois, même s’ils aiment beaucoup la framboise, mais je ne vois pas comment quelqu’un aurait touché aux jus, vu qu’ils étaient dans le sac de papa et de maman.

Deshya plisse les yeux et met une main sous son menton, elle aussi.

Bref, c’est quelqu’un du bus qui a utilisé cette seringue… Ce n’est pas étonnant, vu qu’elle se retrouvait dans la poubelle, mais c’est certain, désormais,” pense-t-elle.

– Après, on a attendu le bus comme toujours et on s’est mis à la place où on va à chaque fois.

– Et pendant le trajet ?

– Papa a discuté un peu avec madame Orianne et maman a un peu râlé sur l’homme de derrière car il faisait trop de bruits. Je suis allée chercher les mots croisés comme à chaque fois et monsieur le conducteur m’a donné un crayon aussi, vu que sinon, je n’allais pas pouvoir écrire.

Deshya s’en souvient bien, vu qu’elle était déjà dans le bus à ce moment-là. C’est aussi lorsqu’elle a couru dans le couloir du bus qu’elle a remarqué ses beaux cheveux blancs, purs comme la neige.

– L’homme de derrière était un peu embêtant et il bougeait beaucoup, mais il ne faisait pas trop de bruit, donc maman n’a rien dit, mais ça se voyait qu’elle n’était pas contente.

– Que faisait l’homme ?” demande Deshya.

– Je ne sais pas, mais il a heurté notre siège une fois, maman a failli lui crier dessus.

Deshya regarde le bus et plisse les yeux, mais Korone continue de parler et l’empêche d’y réfléchir plus que ça.

– Ensuite, madame Orianne a pris le crayon et les mots croisés pour les rendre à monsieur le conducteur. J’ai attendu sur les genoux de papa et ils ont commencé à lire leur livre, mais…

– Mais… ?

Korone baisse le regard.

– Maman a commencé à se tenir la gorge et semblait souffrir… et puis papa a commencé à crier.

Deshya plisse les yeux et tourne le regard vers le bus. Elle n’a pas appris grand-chose de plus excepté pour l’homme de derrière qui semblait bouger beaucoup… Est-ce que cela peut être considéré comme une piste, cependant ? Aurait-il pû mettre de la cyanure dans leur boisson depuis sa place et cela sans se faire remarquer ? Même avec tout ce que lui dit Korone, elle n’arrive pas à acquérir le moindre indice dans cette affaire. Elle soupire et la petite fille lui tire la manche.

– Qu’y a-t-il ?” demande Deshya.

– Je me demande pourquoi papa et maman se sont fait tuer…” avoue Korone.

Deshya ouvre la bouche… mais elle est incapable de répondre à sa question. Elle réfléchit longuement à ce qu’elle pourrait lui dire, surtout que la petite fille semble prendre un air de plus en plus triste, les larmes commençant à se former à nouveau. Deshya finit par déposer sa main sur la tête de Korone et regarde le bus avec une certaine colère.

– Je ne sais pas qui a fait ça, ni pourquoi, mais ça n’a aucune importance.

– H-Hein ?

Korone cligne des yeux et lève le regard pour observer le visage de l’adolescente. Deshya grince des dents.

– Je me fiche de savoir ce qui pousse quelqu’un à tuer un autre. Ce sont des sentiments que je ne veux jamais comprendre, des sentiments interdits.

Un réel ennui, une réelle colère et une autre émotion incompréhensible aux oreilles de Korone sortent de la voix de Deshya. Celle-ci se met à frotter les cheveux de la petite avant de se lever. Sa queue de renard attire l’attention de Korone, qui lui demande pourquoi elle a une telle chose dans le dos. Deshya se retourne et son expression sérieuse se change en l’une un peu plus embarrassée.

– A-Aaaah, tu vois, je trouve ça très mignon…” lui explique Deshya avec un sourire gêné.

– C’est vrai que tu es très mignonne comme ça !” dit Korone en balançant ses jambes.

Sa queue de renard se met à bouger de gauche à droite, Deshya heureuse d’entendre ça. Korone pouffe, les mains devant sa bouche.

– Elle se met à se balancer comme mes jambes, hihi !

– Hm !

Deshya acquiesce, rougissant doucement, mais son attention est attirée par la main qui lui touche l’épaule. Elle se retourne et remarque que c’est… Sammy, le détective policier.

– Je peux te parler quelques instants ?” demande-t-il.

Deshya acquiesce à nouveau et regarde Korone.

– Je dois discuter un peu avec lui, ne fais pas de bêtises !” lui dit Deshya.

– Je ne bouge pas de ce banc !” répond Korone.

Sammy dit à Deshya qu’Annie va venir voir comment elle se porte tant qu’elle n’a rien à faire, ce qui rassure Deshya. Le détective se met à avancer sur le trottoir, l’adolescente marchant à ses côtés.

– De quoi veux-tu parler ?” lui demande Deshya, les mains dans les poches.

Il sort son carnet, mais ne le regarde même pas.

– J’ai discuté avec ‘Thomas Gibonn’, l’homme qui se trouve derrière le couple tué. Il m’a dit qu’il a bougé plusieurs fois durant le trajet parce qu’il ne se sent pas bien durant des trajets de bus et qu’il avait bu trop de café, donc il se sentait obligé de bouger. Que ça soit une excuse ou non, Orianne m’a aussi avoué qu’elle ne l’a pas vu s’approcher d’eux ou même faire quoi que ce soit de suspect,” explique Sammy.

– J’ai pû discuter un peu avec Korone et elle m’a dit que sa mère lui avait crié dessus et s’énervait à chaque fois qu’il s’agitait,” lui dit Deshya.

Sammy s’arrête près de la poubelle, là où personne ne peut vraiment les écouter. Il reste silencieux quelques instants avant de s’asseoir sur le siège métallique de l’arrêt de bus.

– Deshya.

– Oui ?

Il soupire et se frotte l’arrière du crâne avant de lever son regard vers l’adolescente.

– Je vais être honnête avec toi.

– … ?

Deshya l’observe avec attention, ne comprenant pas l’expression de Sammy. Le détective croise les mains en face d’elle, un air sérieux sur le visage. Il fixe Deshya, prenant son temps pour lui dire ce qu’il a sur le cœur. Voyant que l’adolescente l’interroge du regard, perplexe, il décide de parler directement.

– Thomas n’aurait pas pû commettre le crime sans être vu, Orianne n’avait pas le temps de faire quelque chose comme ça ou aurait été vu et même après avoir discuté un peu avec Ginner, je ne vois pas comment il aurait pû le faire. Personne ne les a approchés et la seringue montre des signes de cyanure, encore quelques milligrammes à l’intérieur. Tout comme moi, tu sais comment le meurtre a été commis… mais aucune empreinte n’a été retrouvé dedans.

Deshya l’écoute attentivement, bien qu’elle sache tout ce qui est dit pour l’instant.

– Même si la personne qui a utilisé la seringue n’avait pas de gants, elle aurait pû facilement effacer ses traces sans que personne ne le remarque.

Sammy soupire.

– Deshya, après analyse, il n’y a qu’une personne qui aurait réellement pû commettre ce meurtre.

– … !!

Elle ne comprend pas directement ce qu’il veut dire, mais en suivant le regard de Sammy, elle sait désormais à quoi il pense. Elle secoue la tête violemment.

– Sérieusement ?!” demande-t-elle.

– Sérieusement.

E-Elle n’aurait pas pû le faire !

Sammy plisse les yeux.

Elle était avec ses deux parents le long du trajet. Elle n’a pas mangé un seul chips, elle n’avait pas de boisson et elle a jeté la seringue en même temps que son paquet de chips. Elle était la seule à pouvoir commettre le crime et vu qu’elle est une petite fille, personne ne penserait qu’elle puisse le faire.

Deshya grince des dents.

– Korone n’est qu’une petite fille, évidemment que—

– Deshya.

– !!

Elle se fait couper et Sammy lui offre un regard… différent. Encore plus sérieux. L’un qui lui demande de se taire.

– On a déjà eu des cas d’enfants criminels. Tous les indices mènent à elle. De plus, elle porte des gants alors qu’il fait encore assez chaud.

– O-Orianne aussi !

– Comment aurait-elle pû empoisonner leurs boissons ?

– … Elle… Je…

– Deshya.

L’adolescente serre les deux poings et se tourne vers la petite fille aux longs cheveux blancs. Eux qui sont si purs. Son visage qui est si innocent. Ses gros yeux remplis d’amour… Deshya se retourne vers Sammy et, à son tour, lui offre un regard sérieux.

– Je vais le trouver.

– ?

Sammy l’interroge du regard. Deshya fronce les sourcils.

Le vrai coupable. Je vais le trouver ! Et prouver que Korone n’est pas celle qui les a tué !!



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