Sous le Chêne | Under the Oak Tree
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Chapitre 144
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Max ne pouvait s’empêcher d’être gênée par son comportement amical. Elle n’avait jamais pensé que la princesse montrerait une attitude favorable à son égard, elle était donc complètement confuse. La princesse voulait épouser Riftan, n’est-ce pas ?

“Riftan est-il dans l’annexe avec les chevaliers ?”

La princesse Agnès a demandé en sortant de la salle. Le nom de son mari a coulé si naturellement de la bouche de la princesse que Max a montré un visage sombre.

“Il pourrait l’être, Votre Grâce.”

“Je vais devoir vous demander de me faire visiter le centre d’entraînement plus tard. Je veux d’abord visiter le château, peut-on monter ?”

Max hésite un instant, puis acquiesce et la guide vers un petit chemin pavé entouré d’arbres. Alors qu’elles marchaient sur le chemin étroit pendant un certain temps, les gardes qui patrouillaient les murs extérieurs sont apparus devant eux. Dès que les soldats ont aperçu la princesse et Max, ils se sont immédiatement inclinés pour les saluer.

Max leur expliqua qu’elle guidait son altesse royale dans le château, puis elles montèrent les escaliers, escaladant le mur. Bien que les jours deviennent plus chauds, c’est encore le début du printemps, en fait Max tressaillit lorsque le vent froid souffla depuis les montagnes. Lorsqu’elles atteignent enfin le sommet, elle voit la longue jupe de la princesse royale qui flotte comme un drapeau alors qu’elle se tient devant le vent. Agnès a étiré ses bras en laissant le vent souffler sur son corps, appréciant la sensation de fraîcheur.

“C’est un endroit magnifique.”

Max suivit la princesse royale et regarda par-dessus le mur. Le vent soufflait violemment sur les pics pointus et les coteaux abrupts, où la neige n’avait pas encore fondu. La princesse fixa ses yeux sur la montagne lointaine et balaya ses cheveux qui voltigeaient.

“Puisque cet endroit abrite de nombreux monstres, je m’attendais à une terre couverte de sang comme entrée du monde des démons.”

La princesse marcha calmement le long du mur et se tourna vers Max.

“Mais la ville était plus grande que je ne le pensais, et il semble que le marché se développe aussi… Pour être honnête, j’ai été surprise.”

“Au printemps… nous attendons beaucoup plus de marchands.”

Max marmonna, essayant de se rappeler ce qu’elle avait entendu de Rodrigo. La princesse se caressa le menton d’un air pensif et soupira.

“C’est donc pour cela que Riftan est attaché à cet endroit. Il a dû déployer des efforts considérables pour enrichir cette terre négligée depuis des décennies.”

Max sentit son estomac se serrer. La princesse elle-même parlait comme si elle connaissait et comprenait bien Riftan et cela lui donnait envie de hurler à la princesse de ne pas faire semblant de connaître son mari, mais elle se mordit les lèvres en retenant cette envie, surprise par la soudaine et violente poussée d’émotions qui coulait en elle. Les lobes de ses oreilles rougirent.

“Ri-Riftan travaille de l’aube jusqu’à tard dans la nuit sans pause… pour Anatol.”

“Riftan était aussi comme ça pendant l’expédition. Personne ne l’a jamais vu faire de pause. Il ne montrait aucune hésitation ni faiblesse. C’est pourquoi tout le monde l’appelait Mahgo, par étonnement et par peur.”

“Mah… go ?”

“C’est un monstre légendaire dont on dit qu’il ne dort ni ne se fatigue jamais et qu’il a cent vies.”

Un sourire amer se répandit sur ses lèvres.

“C’est un surnom qui lui a été donné par les chevaliers sacrés d’Osiria, car il continuait à agir comme s’il avait cent vies.”

Même si Max a entendu parler de l’imprudence de Riftan par Ruth, sa poitrine s’est tout de même fortement serrée. Elle a rapidement haussé les épaules pour se débarrasser de ce sentiment et la princesse, qui l’avait observée d’un regard calme, a lentement pris la parole.

“Je me demandais comment serait la femme de Mahgo. Qui était la personne qu’il voulait absolument retrouver, au point de se jeter dans le feu du dragon sans hésiter ?”

Sans voix, Max humidifia ses lèvres sèches. Même si la princesse ne la critiquait pas, Max avait l’impression d’être blâmée. Max savait bien qu’elle ne méritait pas d’être la femme d’un chevalier aussi courageux et il était impossible qu’Agnès ne l’ait pas remarqué. En voyant son reflet minable dans ces beaux yeux bleus, la douleur ne faisait que croître, alors elle se détournait d’elle, même si elle trouvait cela impoli. ( … non … tu déforme négativement tout les compliments qu’ils te font… )

“Le vent est froid, Votre Grâce. Rentrons dans le château…”

“… Bien sûr…”

Avant de descendre les escaliers, la princesse Agnès a regardé une fois de plus la vue d’Anatol. Max l’a regardée et a marché devant elle, comme si elle s’enfuyait. Elle se sentait anxieuse et confuse, comme si un fort vent froid s’était mis à souffler dans son cœur.

***

Alors que le soleil commençait à se coucher, des serviteurs grimpèrent sur l’échelle et allumèrent des bougies sur le lustre, tandis que les servantes plaçaient des braseros remplis de charbon de bois rouge dans toute la salle de banquet et préparaient des plats appétissants à mettre sur la grande table.

Max s’est assis là, aux côtés de Riftan. La princesse royale et ses accompagnateurs étaient assis directement de l’autre côté de la table, et les chevaliers remplissaient le reste. Quand les serviteurs ont versé du vin parfumé dans leurs verres, Riftan a levé son verre doré et a parlé.

“Bienvenue aux invités qui ont fait un long voyage.”

Les personnes assises autour de la table levèrent leurs verres à l’unisson. La princesse royale, assise en face de lui, sourit également avec grâce, levant haut son verre rempli de vin voltigeant.

“Merci de m’avoir accueillie.”

“Le voyage a dû être fatigant, vous devez avoir faim. Allez-y, mangez.”

Lorsqu’un vieux chevalier a crié fort, la princesse a souri et a levé son verre vers sa bouche. Prenant cela comme un signal, tout le monde prit son couteau et sa fourchette et commença à manger et à boire.

Max mit machinalement le pain dans sa bouche et scruta les gens sur la longue table. Les chevaliers royaux plaisantaient avec les chevaliers Remdragon et leurs connaissances, tandis que la princesse royale échangeait aussi des histoires avec les chevaliers.

Max était surprise par le comportement de la princesse : elle ne semblait pas se soucier de l’étiquette qu’une dame devrait suivre. À ce moment précis, la princesse Agnès a éclaté de rire et a frappé l’épaule du gentleman assis à côté d’elle, sa voix grondant et attirant l’attention de tous, mais elle ne montrait aucun signe d’intimidation, même parmi les hommes qui étaient beaucoup plus grands qu’elle, et étonnamment les chevaliers étaient ravis de son comportement non raffiné.

“Je veux visiter Anatol demain. Tu pourras me faire visiter ?”

La princesse royale, qui parlait au chevalier assis à côté d’elle, a soudainement regardé Riftan avec des yeux éblouissants. Il s’est mouillé la bouche avec du vin et a répondu sans cœur.

“Uslin te guidera.”

“Hé, seigneur brusque, n’essaye même pas de me traiter si légèrement. J’ai voyagé jusqu’au bout du monde pour voir le château.”

“Je ne t’ai jamais demandé de le faire.”

Les chevaliers froncèrent les sourcils à sa réponse grossière et Max fixa l’expression de la princesse d’un air nerveux. Peu importe à quel point le chevalier était célèbre dans tout le continent, il ne pouvait pas être toléré d’être aussi grossier envers la famille royale. Cependant, au lieu de se mettre en colère et de lui crier dessus, Agnès a éclaté de rire comme si elle avait entendu une histoire intéressante.

“Ta personnalité est toujours la même.”

Puis la princesse a souri étrangement et s’est tournée vers Max.

“Alors, est-ce que Lady Calypse me guidera à travers le domaine ?”

Riftan, qui était en train de couper un épais morceau d’agneau avec son couteau, s’est arrêté et a regardé la princesse. Max se sentit mal à l’aise lorsque le sujet de la conversation fut soudainement redirigé vers elle et cligna des yeux. Sans se soucier de la réaction que ses mots ont provoquée, la princesse Agnès continue doucement.

“Je veux apprendre à mieux te connaître.”

“Votre Altesse.”

Riftan posa son couteau bruyamment afin que tout le monde puisse entendre un craquement et cracha une voix douce et glaçante.

“Si ça ne te dérange pas de te lever tôt demain matin, je te ferai visiter les lieux.” ( Mais … laisse faire maxi !! )

“Oh mon Dieu, je ne pensais pas que je recevrais un traitement aussi spécial de la part du Seigneur lui-même.”

La princesse répondit sarcastiquement malgré le comportement froid de Riftan, ne montrant aucun signe d’intimidation. La scène ressemblait à une querelle entre un couple d’amoureux, aussi le visage de Max se durcit. Le simple fait d’imaginer Riftan et la princesse faire une visite confortable du domaine fit grandir sa jalousie et elle ouvrit impulsivement la bouche.

“Je vais vous faire visiter, Votre Grâce.”

Riftan a tourné la tête vers elle avec surprise et elle a fait de son mieux pour paraître calme.

“Riftan… Tu es occupé, alors je lui ferai visiter…”

“De quoi tu parles, tu es ici seulement depuis l’automne dernier.”

La réponse directe de Riftan a fait rougir ses joues.

“Eh bien, j’ai été au marché… et à l’extérieur de la ville avec Ruth…”

“À l’extérieur… ?” ( Ah … oups… il est pas au courant )

Riftan l’interrompt d’un ton surpris. Max a levé les yeux et a vu une lueur dangereuse dans ses yeux. En y réfléchissant, elle ne lui avait jamais dit qu’elle était descendue dans la zone touchée par l’attaque des monstres pendant qu’il était absent du château. Max examine attentivement les visages des chevaliers assis autour de la table. Sir Karon, qui était assis au bout, secoua férocement la tête, comme pour lui dire de ne pas en parler. Elle avala sa salive sèche. Elle n’avait fait que des choses naturelles en tant qu’épouse du Seigneur, mais Riftan ne le voyait peut-être pas de cette façon. Max s’empressa de changer le sujet de la conversation, se rappelant sa colère pour ne pas lui avoir dit à l’avance qu’elle apprenait la magie.

“Eh bien, ce que je veux dire c’est que… je connais assez bien Anatol, donc je peux faire visiter à son Altesse…”

“Arrête ça. Je ne peux pas te laisser errer hors du château sans défense.”

“Oh, mon Dieu, je suis forte, c’est bon.”

La princesse Agnès est habilement intervenue dans la conversation et Riftan l’a regardée d’un air agacé.

“Votre Altesse est capable de se protéger, mais ma femme est différente. Elle n’a jamais été en dehors du château de Croix de toute sa vie !”

“H-hey, si c’est seulement à l’intérieur du territoire, je-je peux le faire aussi !”

Max lui lance un regard furieux. Sa fierté était profondément blessée car il la traitait ouvertement comme une enfant incompétente devant la princesse royale. Elle sentait ses joues brûler, mais elle continuait à protester férocement.

“Et je n’ai pas passé toute ma vie au château de Croix. Il y a eu le voyage du Duché à Anatol.”

“Seigneur, de quoi tu t’inquiètes alors que les gardes les escortent ?”

Hebaron s’est glissé à ses côtés.

“Si tu es toujours inquiet, je les accompagnerai.”

Le visage de Riftan se fit de plus en plus sinistre et le cœur de Max se serra à son expression, craignant qu’il ne lui crie dessus, mais elle ne voulait pas reculer. En effet, elle voulait à tout prix éviter que ces deux-là se retrouvent seuls ensemble.

“Riftan… Tu n’as même pas eu le temps de dormir car tu as été très occupé… Laisse-moi faire… Laisse-moi m’occuper de mes invités…”

Le visage de Riftan était légèrement troublé par son rare entêtement mais après un long silence, non sans hésitation, il finit par lever le drapeau blanc.

“D’accord, je m’en remets à toi.” ( Et ben… il fallut quand même que la princesse et Hebaron se tiennent au côté de maxi… )



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