Deshya est revenue dans le wagon où les deux meurtres ont été commis avec un air plus qu’inquiet, mais aussi énervée. Lorsque Tessa revient à ses côtés et lui demande si ça va bien, elle l’agrippe, la suppliant de trouver qui est le meurtrier. Le train où elles se trouvent continue d’avancer, bientôt 2h sur les rails et son arrêt final approchant petit à petit. Aucune piste convaincante n’est encore trouvée, alors Deshya, Tessa et Annie ne peuvent pas s’empêcher de ressentir un stress horrible, ne comprenant pas comment le coupable peut faire pour s’en sortir de la sorte. Deshya se met à courir dans le couloir et observe tout le monde en grinçant des dents, tandis que Tessa reste sur place, Annie derrière elle. Alors qu’elle fixe Deshya, Minerva se met à parler sans doser sa voix. Lorsque Deshya revient aux côtés de Tessa et que cette dernière tente de la réconforter, le bruit du flash des selfies de Minerva et Mista énerve Tessa. Cependant, c’est aussi cela qui lui fait comprendre—
– !!!!
Le bruit du flash. Voilà ce qui la fait comprendre. Elle se met à courir dans le wagon et s’arrête juste devant une certaine personne. Elle saute sur celle-ci et là—
BAM.
Le bruit d’un pistolet retentit. Cela effraie les passagers qui se mettent à crier et d’autres se cachent, tandis que Deshya se retourne d’un coup, comprenant désormais ce qu’il se passe. Elle comprend leur idiotie. Tessa, touchée par la balle, hurle à Deshya :
– ATTRAPE-LE !!!!
Deshya se prépare à courir et Tessa hurle à nouveau.
– ARRÊTE CETTE PERSONNE TOUT DE SUITE !!!!
Annie est figée sur place, ne comprenant toujours pas d’où vient ce coup de feu. Comment Tessa a-t-elle compris ? Cependant, et heureusement, Deshya se met à courir dans la direction opposée de Tessa. Elle saute sur un des sièges et, avant que cette personne vienne à tirer, elle l’attrape et un deuxième coup de feu retentit. Annie se tourne vers Deshya avec un air inquiet.
– D-Deshya !!!
Heureusement, la balle est partie sur le plafond du wagon. La personne que Deshya a attrapé se met à se débattre, criant à l’adolescente de le lâcher.
– TAIS-TOI !!!” hurle-t-elle.
Annie s’approche de Deshya et remarque la femme qui est à ses côtés, en train de trembler de peur. Ses genoux sont sur son torse et les bras pareillement, ses poings serrés devant sa bouche tremblante. L’homme continue à se débattre, mais Deshya le tient d’une façon qui l’empêche de pouvoir s’enfuir.
– Enfin on t’attrape, meurtrier !!
La personne qui est en-dessous de Deshya, le coupable de cette histoire, c’est—
CHAPITRE 12
⎾Le Train Inarrêtable ; Partie 7⏌
(Case 2)
– Annie !
La docteure cligne des yeux, revenant à ses pensées.
– Allez voir si Tessa va bien !!” crie Deshya.
– … Bien.
Elle acquiesce et Deshya demande à la femme en face d’elle si elle peut l’aider à faire en sorte que l’homme ne puisse pas s’enfuire. La femme finit par acquiescer aide Deshya, même si elle est peu confiante de ce qu’elle fait. Pendant ce temps, Annie accourt vers Tessa en pensant la voir couchée sur cette personne, mais elle s’est déjà relevée et est souriante.
– Ne bouges pas !” lui dit Annie.
– Eheh, je suis chanceuse.
Elle montre son bras qui est blessé, mais très faiblement. Annie l’analyse quelques instants avant de soupirer.
– Tu n’as rien de grave, la balle t’as simplement frôlée…
La femme soupire de soulagement et Tessa acquiesce avant de marcher dans le long couloir du wagon, les mains dans les poches. Annie aide la femme à se relever et celle-ci fond en pleurs en allant dans les bras d’Annie. Elle l’agrippe tel une enfant qui a perdu sa mère, les larmes coulant sur ses joues rouges. Annie la comprend : elle a évité la mort de peu. Si Tessa n’avait pas compris sur le moment, elle aurait été tuée.
Trisha aurait perdu la vie en tant que troisième victime de ce wagon.
C’était elle, la femme que Tessa a sauvé en sautant dessus. En la forçant à s’abaisser, fonctionnant tel un bouclier, Tessa a réussi à l’empêcher de rencontrer la mort. Deshya a aussi agi à temps en sautant sur le coupable et l’a empêché de tirer une seconde fois, ce qui aurait blessé gravement Tessa — voir l’aurait tué. L’arme des crimes est tombée sur le siège et l’homme a arrêté de se débattre, grinçant des dents à cause de la frustration. La femme qui était à côté de lui, au style vestimentaire très spécial, le pointe du doigt en tremblant.
– Q-Qu-Qu’est-ce que ça veut… d-d-di-d-dire… ?
Tessa arrive à leur hauteur et claque de la langue en arrivant devant lui. C’était donc bel et bien lui, le criminel… Annie revient et dit à Deshya et l’autre femme de se pousser avant de l’attraper d’une façon bien particulière et lui passe des menottes. Il crie de rage en se débattant, mais Annie le plaque contre le sol en lui criant de ne pas bouger.
– C’était donc toi, le criminel…
Deshya secoue sa tête en se levant et grince des dents, n’y croyant pas.
– Mista !!
L’homme aux habits étranges et au bâton à selfie. Un homme au look des années 2015 – 2016 et à la façon de parler ringarde. Lui qui est assis à côté de Minerva, une femme assez similaire.
Lui qui n’était même pas la liste des suspects.
– C-Comment ?!” crie Minerva.
Elle tremble encore, n’arrivant pas à y croire. Tessa sourit en observant Mista, toujours à terre à cause de la femme docteure qui s’assure qu’il ne puisse pas bouger.
– C’est très simple. L’arme du crime est ce qu’il avait dans les mains à tout moment.
Elle l’attrape et le serre avec violence.
– Ce bâton à selfie.
– !!!
– P-Pardon ?!
Certains passagers se mettent à réagir et crier. Ceux qui ont entendu se lèvent de leur siège et regardent Tessa et Deshya avec surprise. Deshya le montre à Annie qui plisse des yeux et lui demande si elle est certaine. Deshya acquiesce dans la moindre hésitation.
– Il faut encore voir comment cela fonctionne, mais je suppose qu’en appuyant sur le bouton ici en bas, il permet de tirer une balle dans le petit trou que je vois là… C’est un bâton à selfie assez étrange, il faut dire.
La partie où le téléphone est attachée est plus longue et grande. Deshya n’avait pas prêté attention à ces détails, vu qu’elle pensait que c’était simplement un design particulier. La force des balles ne doit pas être aussi puissante qu’un pistolet normal, mais suffisamment pour tuer un être humain qui n’est pas trop loin. Tessa plisse les yeux.
– C’est pour ça qu’il n’a pas utilisé de silencieux…” pense-t-elle.
Annie force le coupable à s’asseoir, les mains désormais menottées. Tessa les regarde sans bouger.
– Vous aviez donc des menottes…” lâche-t-elle.
– J’en ai toujours dans ma valise au cas où et je m’en suis équipée après le premier meurtre au cas où le coupable serait démasqué.
– Vous avez bien fait.
Annie lui fait un petit sourire, juste à côté du coupable.
– Une adolescente qui me dit ça… Je dois bien le prendre… ?” pense la femme.
Deshya attrape le téléphone qui se trouve au bout du bâton à selfie et joue avec dans sa main. Elle le fait sauter et le rattrape, exécutant ce geste plusieurs fois d’affilée.
– L’arme du crime était juste sous mon nez…
Deshya se sent ridicule : le coupable était juste devant elle, en train de lui montrer des photos qu’il a prises justement avec l’arme du crime. Si seulement elle s’était doutée que cet objet était douteux… Si elle avait réfléchi un peu plus longuement… Si elle n’avait pas été complètement idiote… !! Deshya grince des dents et arrête de jouer avec le téléphone avant de se tourner vers Mista, l’homme coupable des deux meurtres ainsi que probablement des bombes mises dans le train.
– Je n’aurai pas pû croire que c’était toi le coupable…” lui dit.
– Pourquoi donc ?” demande un passager qui les écoute depuis son siège.
Deshya se tourne vers lui et avant de lui répondre, donne le téléphone à Annie.
– Nos suspects principaux étaient Megure, Dera et Trisha, tous trois à côté de la première victime. Ketty, l’homme au parapluie douteux qui bougeait de places assez souvent, était aussi un suspect. Lorsque la deuxième victime s’est faite tuée, Trisha n’était plus réellement une suspecte pour une bonne raison. L’une qui fait que Mista ne pouvait pas être dans la liste des suspects.
Deshya met les mains dans son pull et lève les yeux.
– Parce qu’ils étaient dos aux victimes.
Tessa pose son dos contre le mur du wagon en observant Deshya avec ennui. Ce qu’elle dit a du sens, mais ça l’énerve, parce que maintenant qu’elle en parle, Tessa se trouve totalement idiote.
– Mista ne pouvait pas voir les victimes depuis son siège, vu qu’il fait dos à ceux-ci. Il aurait pû se lever et tirer, mais il aurait été repéré directement. En plus, je n’aurai pas douté que c’était son bâton à selfie qui était l’arme du crime vu que personne n’a remarqué quoi que ce soit d’étrange avec ou un recul qui l’aurait rendu suspect,” continue Deshya.
– Je n’ai vu aucune fumée en sortir, ni le moindre recul…” avoue la femme en face de Mista et Minerva.
– Je suppose qu’il a énormément de force et que le système fait que peu de fumée en sort… Je ne sais pas trop comment ce bidule fonctionne et je m’en fiche, au fond.
Deshya fait un regard noir à Mista qui lui sourit à pleine dent, comme s’il se moquait d’elle. Elle a envie de le secouer et de l’insulter, mais elle se contient. Elle soupire longuement avant de regarder le cadavre de Nikolas.
– Lorsqu’Annie m’a dit les prénoms des personnes du voyage, j’ai compris que Dera ne pouvait pas être la coupable, cependant.
– A-Ah ?
Deshya sourit et se tourne vers les passagers.
– Nikolas Aidalro, Simon Baybook, Caroline Ushi, Dera Nomura et Trisha Keryun, les cinq qui étaient en voyage à Tetazo. Je ne pouvais pas comprendre qu’un membre de ce voyage viendrait à faire un plan pareil alors qu’il y a bien plus simple. J’aurai pû avoir tort, mais on dirait que ce n’était pas le cas.
Deshya croise les bras.
– Cependant, Tessa semble avoir compris avant moi…
L’adolescente au pull renard se tourne vers son amie, elle qui l’observe avec un sourire presque amusé.
– Lorsqu’il prenait des photos, j’ai compris. Cependant, ce n’est pas le bruit, mais les gestes qu’il faisait.
– Les gestes ?” demande Annie.
Tessa acquiesce et tourne le regarde vers la femme docteure.
– Il prenait des selfies avec Minerva, mais il semblait viser quelque chose. J’ai eu de la chance, mais vu que je connaissais les noms des voyageurs tout comme Deshya, j’ai compris directement que Trisha était celle qui était visée. Dera n’était pas vraiment visible et vu la position de la caméra, je me suis dit que c’était impossible que ça soit Caroline.
Tessa croise les bras.
– Il ne bougeait pas tant que ça durant les photos et semblait les prendre tous en essayant de viser là où se trouvait Trisha. Même si on peut dire que j’ai juste été chanceuse, on dirait bien que j’avais raison.
– Je vois…
Annie regarde Mista et fronce les sourcils.
– Pourquoi les avoir tué ?!
Il ne répond pas directement. Trisha s’approche de Deshya et cette dernière la regarde. La femme observe Mista avec attention, mais elle ne le reconnaît pas. Elle ne voit pas pourquoi cet homme a essayé de la tuer… Elle ne sait pas qui il est, alors pourquoi… ?
– Est-ce que cela a un rapport avec la corruption de Nikolas Aidalro ?” demande Deshya.
Mista ouvre grand les yeux et hurle sur l’adolescente.
– COMMENT LE SAIS-TU ?!!
– Une simple recherche sur internet et on le trouve directement.
– De quelle corruption parles-tu ?” demande Annie.
Deshya continue à fixer Mista avec un air mécontent.
– Nikolas Aidalro est un avocat qui est connu pour accepter de l’argent de l’autre parti et fait tout, même si son client est innocent, pour qu’il soit considéré comme coupable. Il a été viré il y a peu de son travail et doit payer une grosse somme… mais désormais qu’il est mort, je suppose que c’est une autre histoire, désormais.
Trisha écoute attentivement avant de regarder Mista. Cet homme… pourrait-il être…
– … Mista Koinaru… ?
Annie, Tessa et Deshya tournent leur visage vers la femme. Celle-ci se tient les mains et observe attentivement Mista. Ce dernier sourit à pleine dent.
– Tu t’souviens d’moi, sale chienne ?” dit-il.
– Vous savez qui il est ?” demande Annie.
Trisha ouvre la bouche, mais ce n’est pas elle qui répond. La voix masculine de Mista est celle qui retentit en premier.
– Eh, ça m’étonne pas qu’elle me reconnaisse aussi tard.
Il ferme les yeux et son sourire ne montre plus ses dents, désormais. Il soupire.
– C’est de leur faute… Sans eux, mon père aurait jamais…
– … Mista…
– Tais-toi !
Il crie et fixe Trisha avec rage.
– Mon père te faisait confiance !!! Tu étais son amie la plus proche, une personne sur qui il comptait tellement !!! Et toi… Et toi !!!
Excepté les cris du coupable, le silence règne désormais dans le wagon. Les passagers les écoutent sans rien dire, les pleurs ont arrêtés.
– Il te faisait confiance, mais quand tout allait mal, tu l’as lâché !! Tu l’as laissé derrière et tu ne lui répondais plus simplement car tu étais trop concentrée sur ton petit mari… Ton mari de merde !!!
Il se met à se débattre, mais avec de telles menottes dans le dos et Annie qui l’empêche de bouger, il ne peut rien faire d’autre que gesticuler dans tous les sens pour prouver sa rage. Pour lui montrer avec sincérité ce qu’il ressent envers elle. La femme qui est à côté d’Annie, des larmes dans les yeux, se lève de son siège.
– M-Mais pourquoi les tuer ?!” crie Minerva.
Mista tourne le regard vers elle et sourit à pleine dent.
– Mon père a été accusé à tort… et ce fils de chien de Nikolas s’est laissé corrompre !! Il a refusé de l’aider et l’a même enfoncé rien d’autre que pour de l’argent !!
– Comme je m’en doutais…” pense Deshya.
Lorsqu’elle a vu l’article sur Nikolas Aidalro, elle a pensé à ça. Elle n’avait vu aucun nom de ses ‘victimes’, mais elle avait d’abord cru que le coupable avait été l’une d’entre elles. Néanmoins, il lui est désormais clair que c’est le fils d’une des victimes de cet avocat corrompu qui est le coupable…
– Mais pourquoi tuer Simon ?” demande Tessa.
Elle n’a pas besoin d’avoir toute l’histoire pour comprendre son besoin de vengeance envers Trisha, vu qu’elle a bien compris l’action qu’a commis le père de Mista, mais elle ne voit pas le rapport avec Simon. Le coupable grince des dents.
– C’est la même histoire que Trisha… C’était son ami et son docteur, mais lorsqu’il a été accusé à tort, lorsqu’il avait besoin de soutien, cet homme a dit à mon père qu’il n’avait pas le temps de s’occuper de lui…
– Je suppose que toutes les autres personnes de ce voyage sont dans ta ligne de mire ?
Mista secoue la tête.
– Seulement six d’entre eux… Les trois autres sont dans les autres wagons.
Tessa soupire et approche le sac de Mista avant de se mettre à le fouiller. Annie lui demande ce qu’elle fait, vu qu’elle n’a pas le droit de faire une telle chose même si c’est un coupable, mais Tessa ne semble pas l’écouter. Elle finit par se relever et agite quelque chose devant la tête de Mista. Ce dernier grince des dents et Tessa lui sourit.
– Idiot va.
Elle garde cette chose dans ses mains et se tourne vers Deshya.
– Tu peux dire que le train peut s’arrêter sans problème.
Deshya a directement compris ce que l’objet est : la télécommande pour faire exploser les bombes dans ce train. Elles avaient donc raison : le message envoyé était donc une réelle menace. Si la station avait cru à une blague, alors peut-être que la vie d’environ 250 personnes auraient vu leur fin en ce jour, dans ce train-même. Cela a été une décision sage. Deshya acquiesce et sort du wagon en courant, tandis que Tessa regarde comment la télécommande fonctionne : elle ne veut pas risquer d’appuyer dessus sans faire exprès et tous les tuer. Elle semble complexe et avec plusieurs boutons, probablement pour différentes bombes…
– Ce genre de jouets ne devaient pas être entre les mains de personnes comme vous…
– Personne.
Tessa cligne des yeux et regarde Annie. La femme secoue la tête.
– Personne ne devrait avoir accès à de telles armes. Que ça soit cette télécommande…
Annie regarde le bâton à selfie avec une expression attristée.
– Ou même cette arme-là.
Tessa observe attentivement le visage d’Annie. Elle a l’air si… triste. Si… dévastée. Tessa n’ose rien dire et fait juste attention à la télécommande qu’elle a dans les mains avant de s’asseoir en face de Mista. Celui-ci baisse la tête et Trisha retourne à sa place en pleurant.
– Mon père me manque…” lâche Mista.
– Il s’est suicidé après avoir été lâché par les gens dans son entourage parce qu’ils pensaient qu’il était coupable dans son affaire, je suppose ?” demande Tessa en le regardant.
– Il était innocent, j’en suis convaincu. Les juges ne me croyaient juste pas parce que je suis son fils, mais il avait un alibi…
– La corruption est une chose horrible, hm.
Tessa soupire et se relaxe enfin sur le siège. Elle regarde par la fenêtre, là où le paysage continue à défiler. Enfin vont-ils pouvoir tous en sortir… Cela fait plus de deux heures que le train ne s’est pas arrêté…
Et c’est après 2h09 de trajet que le train s’arrête enfin.
La police arrive sur les lieux directement et l’hélicoptère s’approche un peu plus du sol. Sur certaines chaînes de télévision, on peut voir en [LIVE] les passagers qui sortent du train en courant, en pleurant ou avec calme, même si leurs cœurs battent à la chamade dans leurs poitrines. Un certain policier attend bras croisés devant les portes du deuxième wagon, un autre policier à ses côtés. Les passagers sortent un par un, se faisant questionner par la police ou courant dans les bras de leur famille ou amis. La personne qui sort enfin du wagon est—
– Annie.
La femme docteure approche le policier et d’autres viennent attraper le coupable. Mista leur crie de ne pas lui faire mal et Minerva le suit avec un air attristé. Annie se pose à côté du policier aux cheveux roux et défait sa propre écharpe pour mieux la placer autour de son cou.
– J’ai demandé à Minerva, l’amie du coupable, de le suivre pour offrir son récit à la police.
Annie tourne le visage vers l’homme en souriant.
– Ta fille est quand même impressionnante, Gatito.
Le policier soupire et se gratte les cheveux.
– D’abord elle est témoin d’une explosion et résout l’enquête et maintenant, elle est dans le même train qu’un meurtrier qui a placé des bombes dessus…
Annie pouffe et regarde le wagon, là où Deshya sort avec Tessa et leurs deux amies.
– Cette fille aussi m’a impressionné… Elle a compris à temps et a pû sauver la troisième victime sans hésiter à se sacrifier. Heureusement, elle n’a pas été gravement blessée.
– Les jeunes de nos jours…
– Mais tu imagines ? Elles ont réussi à entendre qu’un deuxième coup de feu a été tiré directement après le premier et Tessa a compris que le tir venait d’une certaine colonne de passagers rien qu’en regardant l’angle qui était pourtant très faible.
– …
– En plus, ta fille a compris que le deuxième tir a été provoqué à cause de Minerva.
Gatito plisse les yeux.
– Comment ça ?
– Sur les photos prises entre eux deux, Minerva tenait le bras de Mista. Lorsqu’elle a entendu le deuxième tir retentir, elle a sursauté et a tiré le bras de Mista qui a tiré une deuxième fois sans faire exprès.
Annie et Gatito regardent toutes deux Deshya, elle qui vient de répondre. Tessa dépose sa main sur la capuche de son amie et sourit.
– Elle est aussi celle qui m’a créé une opportunité de comprendre,” avoue Tessa.
– Comment ça ?” demande Amora, derrière elles.
Tessa place ses deux mains derrière la tête et regarde Amora en tournant la tête.
– Vu qu’elle a commencé à perdre la tête et s’est mise à courir dans le wagon, je pense que le coupable pensait qu’il avait le champ libre et ne se ferait pas remarquer lorsqu’il allait tirer sur la troisième victime. Cependant, c’était à ce moment-là que j’étais la plus attentive à ce qui m’entourait, c’est pour ça que j’ai compris assez rapidement,” explique Tessa.
– Eeeh…
Frie agrippe la manche de Deshya et celle-ci se tourne vers elle.
– C’est à cause de ce que je t’ai dit… ?” demande Frie, inquiète.
Deshya la fixe avec une bouche ouverte, mais elle finit par la fermer en souriant.
– Qui sait ?
– Deshya…
Gatito attrape Deshya et l’attire vers elle avec force. L’adolescente crie de surprise, mais elle se tait en voyant que son père—
– P-Papa ?
— l’avait prise dans les bras.
– Idiote.
– … Désolée.
Tessa sourit en les regardant et Annie fait de même. Amora et Frie s’observent quelques secondes avant de pouffer.
– Amoraaaa !!!
Une voix féminine retentit un peu plus loin. Amora se tourne vers la source et ouvre grand la bouche, un sourire magnifique sur le visage.
– Maman !!!
– Maman ?
Tessa tourne le visage à son tour et voit une femme courir vers Amora… et cette dernière court dans les bras de sa mère. Elles se font un gros câlin tandis qu’un homme arrive en courant derrière, épuisé. Tessa les observe et Gatito laisse Deshya s’en aller de ses bras en cachant du mieux ce qu’il ressent actuellement ; cependant, Annie le connaît suffisamment bien pour savoir à quel point son cœur a dû battre rapidement, baigné dans l’inquiétude dans sa poitrine. Elle n’a pas besoin de voir son visage rougir ou l’entendre crier sur Deshya pour le comprendre ; alors elle sourit en le regardant. Amora lâche sa mère et prend dans ses bras son père qui vient d’arriver et Frie, Tessa et Deshya s’approchent d’eux.
– J’ai tellement eu peur…” avoue Fran, le père d’Amora.
– J’ai cru que mon cœur allait exploser !” avoue Fay, la mère d’Amora.
La femme aux longs cheveux blonds remarque les trois adolescentes et prend les mains de Deshya.
– Deshya !! Je suis heureuse de voir que tu vas bien aussi !!!
Deshya remarque que ses joues sont un peu rouges : elle a dû pleurer sur le chemin. Elle peut comprendre, vu qu’Amora a dû prévenir ses parents qu’elles arrivaient par message. Remarquant que sa fille n’était toujours pas là, elle lui a envoyé un message et Amora lui a avoué la vérité ou alors elle a vu la télévision… Dans tous les cas, Deshya ne doute pas que la mère d’Amora a dû se sentir très mal… Cela va de même pour son père, lui qui câline actuellement sa fille.
– Je suis heureuse qu’on s’en sorte toutes sans blessures,” avoue Deshya avec un sourire.
Fay acquiesce en sentant les larmes remonter. Tessa se retourne et regarde le policier, père de Deshya, s’approcher d’elles.
– Deshya.
– Oui, papa ?
– Quand nous rentrons, il faudra que tu passes au commissariat pour les rapports,” dit-il.
Elle acquiesça.
– Et… Même si c’était dangereux, vous avez sauvé la vie d’une femme ainsi que probablement ceux de tous les passagers du train. Merci.
Deshya et Tessa se regardent et sourient ensemble, mais Deshya pousse doucement Tessa vers l’avant.
– C’est elle qu’il faut remercier,” avoue Deshya.
Gatito la regarde et Deshya met les mains dans les poches de son pull.
– Elle a sauvé Trisha et c’est elle qui a compris qui était le coupable en premier. J’ai été lente et surpassée, mais…
Elle lève le regard vers son père en souriant.
– J’ai eu peur, honnêtement. Si Tessa n’avait pas été là, je ne pense pas que ce trajet aurait vu une fin si heureuse.
– Deshya…
Frie regarde Deshya avec de grands yeux, similaire à l’expression que possède Tessa. Gatito sourit et touche l’épaule gauche de l’adolescente aux longs cheveux mauves en acquiesçant.
– Tu as sauvé la vie de plus de 200 passagers. Je ne sais pas comment te remercier.
– … Hm.
Tessa se retourne vers Deshya et la prend dans ses bras en souriant.
– Remerciez surtout votre fille. Je n’ai pas besoin de tels éloges.
Tessa lâche Deshya et cligne l’œil droit en regardant Gatito.
– Mais si je peux avoir une grande peluche renard pour moi, j’accepterai peut-être d’être remerciée !
Gatito se met à pouffer et Tessa va saluer les parents d’Amora en laissant une Deshya toute rouge derrière elle. Le policier s’approche de sa fille en souriant.
– C’est une fille étrange, quand même…” avoue-t-il.
– H-Hm, ou-oui…
Gatito demande à Deshya si elle va bien, surtout qu’il a l’impression qu’elle va exploser. Elle secoue les deux mains en bégayant, lâchant des mots incompréhensibles. Deshya se met à cacher son visage derrière sa capuche et court vers Annie en la remerciant pour tout et retourne aux côtés de son père.
– Vous voulez manger chez nous comme prévu ?” demande Fay.
– Venez !!” crie sa fille en sautillant.
Deshya regarde son père et lui demande si elle a le droit rien qu’avec son regard et il acquiesce.
– Mais il faut que tu viennes—
– Je n’oublie pas ! Je rentre après dîner et je viens à la station directement !
Deshya lui fait un bisou sur la joue avant de rejoindre Amora, Tessa, Frie, Fay et Fran. Elle secoue la main pour saluer son père et Annie et discute avec Amora, sa queue de renard bougeant dans tous les sens derrière elle. Gatito sourit avec un petit soupir et Annie se place à côté de lui.
– Ta fille te ressemble, quand même,” avoue la dame.
– Hm.
Gatito arrête de sourire, mais continue d’observer Deshya partir au loin.
– C’est une fille qui se croit invincible et peut tout résoudre rien qu’avec son cerveau. Une vraie idiote.
– Cela me rappelle quelqu’un.
– Hein ?
– Héhé, rien !
Annie lui fait une petite tape avec son coude et tous deux se mettent à rire.
*************************
Le trajet en voiture est agréable et ne prend pas trop de temps. Après à peine une bonne heure, ils arrivent à la maison d’Amora et Tessa siffle en sortant de la voiture.
– Belle baraque !” dit-elle.
– J’avoue qu’elle est vraiment belle…” lâche Frie en sortant à son tour.
Amora attrape la main de Deshya et sort de la voiture avec elle. Fay sort à son tour et Fran gare la voiture dans le garage avant de leur ouvrir la porte d’entrée de l’intérieur. Il les laisse passer avec un grand sourire et les quatre amies le remercient, suivie de la mère d’Amora. Elles arrivent à l’intérieur et Tessa débarrasse ses chaussures en observant le couloir.
– Même l’intérieur est beau…” remarque-t-elle.
– T’as vuuu ?!
Vu l’énergie de la voix, on aurait pû croire que c’est Amora qui a répondu, mais c’est en réalité Fay qui se met à gigoter.
– On a trooop travaillé pour avoir une maison comme ça !” dit-elle.
Le père soupire et croise les bras, alors Frie pense qu’il va lui dire de se calmer, mais la vérité lui tombe rapidement dessus :
– Je suis trooooop heureux aussi !!
Les deux mariés se mettent à se câliner en s’excitant, rigolant et s’agitant. Tessa cligne des yeux et Deshya soupire en baissant la tête, bien qu’elle sourit.
– Tu sais d’où vient la personnalité d’Amora…” dit Deshya.
– J’aurai dû m’en douter…” dit Tessa en observant les deux parents courir dans le couloir, suivis de leur fille.
Frie vient à côté d’elles lorsqu’elle a débarrassé ses chaussures et sourit.
– Au moins, ils ont l’air amicaux… On pourra penser à autre chose !
Deshya lui rend son sourire et acquiesce, tandis que Tessa met les mains dans les poches de son pantalon et hausse les épaules.
– J’suis pas traumatisée, j’ai pas besoin de penser à autre chose,”
Tessa se met à avancer en premier et Frie lui fait la moue avant d’attraper le bras de Deshya.
– Regarde-la faire la cool…” lâche Frie.
Deshya sourit en observant Tessa, ne répondant pas tout de suite à Frie. La voir marcher de la sorte, telle une racaille qu’on peut voir dans les films et qui part sans pouvoir assumer ce qu’elle ressent vraiment…
– Idiote, je l’ai vu…
Deshya se tourne vers Frie et lui montre son beau sourire.
– On y va aussi ?” demande Deshya.
– J’espère qu’on va bien manger !” lâche Frie.
– J’en doute pas !
Deshya et Frie marchent ensemble dans le couloir et rejoignent la cuisine en même temps que Tessa.
Les quatre adolescentes sortent de la maison trois heures après, un peu après 22h. Après un bon repas préparé par Fay et un jeu de ‘Smash Bros’ sur la console d’Amora, Frie décide de rentrer chez elle et Deshya et Tessa acquiescent qu’elles devraient, elles aussi, rentrer. Deshya va devoir aller à la station de police pour offrir sa version des faits et ensuite dormir à temps pour aller à l’école… Elle ne doit pas trop tarder. Amora les accompagnent en allant à la place de devant de la voiture, encore avec plein d’énergie.
– Même si le voyage en train a été horrible, je suis quand même heureuse de vous avoir eu à la maison !!” lâche-t-elle en regardant derrière elle.
Tessa s’attache en dernière, entre Frie et Deshya. Cette dernière acquiesce.
– C’était cool de revoir tes parents. Merci encore du repas, Fay !
– Hihi, de rien ! Je suis heureuse de t’avoir vu et de rencontrer Tessa et Frie !” répond la mère.
La femme, avant de démarrer la voiture, regarde sa fille en pouffant.
– Tu as des amies très jolies, il ne te manque qu’un copain !!
– Mooooh, maman !
– Hihi, je te taquine !!
Deshya abaisse ses paupières avec un sourire amusé.
– Mais elle dit ça à chaque fois…” pense-t-elle.
– Allons-y !
Fay démarre la voiture et sort du garage, ouvert par Fran. Le père lève la main en le secouant, disant au revoir à sa femme, sa fille et les trois amies.
**************************
Frie est la première à descendre de la voiture et remercie Amora et Fay pour cette soirée. Elle regarde Tessa et Deshya et leur sourit.
– Merci pour la soirée et…
Frie s’incline devant elles.
– Merci de nous avoir sauvés !
Frie ferme la portière de la voiture et se met à courir en rougissant, tenant son sac dans ses deux mains. Tessa l’observe partir avant de sourire et Desha se gratte la joue, gênée.
– T’aurais pû nous laisser te dire de rien…” lâche-t-elle.
Tessa croise les bras et acquiesce.
– Quelle impolie, héhé.
Deshya rigole et Amora leur sourit.
****************************
C’est ensuite Tessa qui se fait déposer. Elle se craque la nuque et s’incline doucement devant la voiture.
– Merci de m’avoir ramené, madame.
– Mooow, de rien, petite Tessa !!” lui dit la mère en agitant la main droite devant elle.
Tessa sourit et regarde Amora.
– Tente de bien te reposer, Amora.
– Promis !! Toi aussi, Tessa !
Elle acquiesce et attrape la portière arrière de la voiture en regardant Deshya. Toutes les deux se fixent dans les iris quelques instants avant que Tessa ferme les yeux en montrant ses dents, un petit bruit amusé sortant de sa bouche.
– Est-ce que j’ai vraiment besoin de te le dire pour que tu comprennes, petit génie ?” lâche Tessa.
Deshya lui sourit et cligne d’un œil.
– Je dormirai bien… tel un petit renard.
– Je te croirai si tu reviens en forme demain.
Elle ferme la portière de la voiture et remercie à nouveau Fay et Amora avant de s’éloigner, rejoignant sa maison avec les mains dans les poches. Deshya change de place et va au milieu tout en la regardant partir. Un sourire heureux sur le visage et des yeux qui ne peuvent qu’observer Tessa, elle ne dit rien et ne remarque même pas que sa meilleure amie la fixe avec un sourire amusé. Tessa sonne à sa porte et quelques instants plus tard, la figure d’un homme vient lui ouvrir. Elle regarde une dernière fois derrière elle, mais ne fait pas un geste de la main avant d’entrer chez elle. La porte se ferme directement derrière Tessa et Deshya soupire avec une expression…
– Dis, Deshyaaa ?
La fille au pull renard cligne des yeux et tourne le visage vers sa meilleure amie.
– O-Oui ?
Amora rapproche sa tête pour être certaine que sa mère l’entende pas et lui chuchote ceci :
– C’est quand que tu lui avoueras… tu sais quoi ?
Deshya reste quelques instants immobile avant de rigoler. Amora gonfle les joues, mais Deshya lui caresse ses cheveux et une partie du front en souriant à pleine dent.
– Peut-être un jour, peut-être jamais.
– Il faut être honnête sur ce que tu ressens !” crie Amora.
– De quoi dooonc ?” demande Fay.
– E-Eh ! R-Ri-Rieeeen maman, allons-y !!
Amora fait un rire gêné et sa mère lui fait la moue, mais elle finit par accepter en regardant de l’autre côté, agissant telle une gamine qui râle sur son amie. Cela fait rire Deshya qui accroche sa ceinture et regarde une dernière fois la maison de Tessa.
– … Quand je vais le lui avouer, hein…
Elle murmure ses mots avant de fermer les yeux.
– Mon amour pour elle… Oserai-je un jour l’avouer ? Bonne question, Amora.
Fay reprend la route et Tessa les regarde partir depuis la vitre de son salon.
En ce premier jour de Septembre, le train qui comportait un total de 247 passagers et qui fait la boucle entre Tetazo et Lière a réussi à s’arrêter sans exploser. Après quelques heures de recherche, toutes les bombes ont été retirées sans le moindre problème et excepté les deux victimes de Mista, aucune personne n’a été blessé ou tué. Le deuxième jour de Septembre arrive rapidement et dans les journaux, tout le monde parle des deux adolescentes qui ont sauvé tous les passagers dans le train avec l’aide d’une femme docteure de la police.
Deshya, Tessa, Annie.
Alors que les cours viennent à peine de reprendre et que Deshya a 16 ans depuis trois semaines à peine, elle fait déjà la une des journaux et son prénom est encore plus répandu qu’auparavant.
Et tous les passagers de ce train inarrêtable se reposent sans aucun tracas, tous sauvés d’une presque tragédie.