La Tour des Mondes
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Alors que j’avance en frappant et en essayant d’assommer ceux qui s’approchent trop de moi ou de Blue, je finis par atteindre le bar où m’attendent Mad’ et Pete.

Apparemment, c’est une zone neutre où la violence n’est pas permise. Personne n’est en train de s’y battre et la serveuse discute avec Mad’ comme si de rien n’était en préparant des cocktails.

Je me retourne rapidement en disant à Blue d’ouvrir les yeux et, à ma grande surprise, aucun des grimpeurs que je pensais avoir assommés n’est par terre inconscient. Ils sont tous en train de se battre comme si je n’étais jamais passé alors qu’ils ont le nez brisé ou des dents en moins.

Ils sont effectivement très solides sous terre.

Je pense que je vais juste voir les souterrains comme une sorte de niveau 2 et que le pied de la tour est le niveau 1. Cela simplifiera les choses.

— Il semble que la gérante soit à l’étage.

— Dois-je comprendre que nous devons traverser la salle ?

— Non, non. L’escalier est juste à côté du bar.

En levant la tête, je peux voir une vitre gigantesque donnant sur le club qui sert probablement de poste d’observation. Madeleine attrape un verre et en donne un autre à Pete en lui disant de rester ici.

« Les deux Guides peuvent rester ici et se détendre. Pas besoin de vous préoccuper de ce qui sera dit là-haut. »

Dans mon dos, j’entends Blue protester alors que Pete se contente de boire une gorgée de son verre en regardant le « spectacle ». Voir autant de gens se battre alors que des danseuses à moitié nues s’agitent est probablement suffisant pour la plupart des gens.

J’esquive une chaise qui fonce en direction du bar et qu’une serveuse attrape d’une main avant de la renvoyer à son lanceur deux fois plus fort. Elle se fracasse sur le grimpeur, qui a cette fois-ci l’air assommé pour de bon vu la violence du choc. Bien. Ne pas oublier les pourboires, c’est noté.

Je continue de suivre Mad’ en longeant le bar alors que Blue continue de se laisser guider en me tenant la main gauche et en refermant les yeux. Juliette a très envie de lui mordre les doigts pour qu’elle lâche et se retrouve perdue, mais je la retiens en lui rappelant que Micha est toujours avec elle.

Alors que nous arrivons à l’escalier, je récupère Micha en disant à Blue qu’elle peut rouvrir les yeux. Elle continue de tenir ma main, mais il semble qu’elle n’est plus sur le point de tomber dans les vapes.

La question maintenant est de savoir quel genre de personne sera là-haut à m’attendre. J’ai confiance en Mad’, mais sachant qu’il ou elle veut une faveur, j’espère sincèrement que cela viendra d’une personne raisonnable pour quelque chose qui le sera tout autant. J’en doute sincèrement.

Madeleine ouvre la porte et passe sans attendre alors que je reste derrière elle. La lumière rouge à l’intérieur obscurcit la pièce et la fumée ne facilite pas non plus les choses. J’entre sans vraiment distinguer quoi que ce soit et finalement grâce aux flashs de lumières provenant de la grande vitre donnant sur le club, je finis par comprendre.

Je me fige tout de suite en essayant de ne pas me déconcentrer, mais c’est assez difficile. Derrière moi, Blue a lâché ma main et m’a directement attrapé par les épaules en voyant la scène. Je ne lui en veux pas, mais ce n’est pas comme si je pouvais réellement la protéger.

Devant nous, des dizaines de femmes complètement nues semblent être en train de… d’avoir une orgie.

« Mad’ », ma chérie, tu es venue t’amuser ? Tu m’as ramené des visiteurs, j’apprécie le geste. »

La voix provient d’une femme qui semble faire une tête de plus que moi et qui est devant la vitre. Elle est la seule encore habillée et j’essaye de me concentrer sur elle alors que les autres gloussent en « s’amusant ».

Elle prend ce qui semble être une bouffée d’une pipe à opium en se retournant pour me sourire et crache l’épaisse fumée dans ma direction. Sans trop chercher à réfléchir, je dis à mes animaux de se cacher de la fumée pour éviter des problèmes. Persée n’a pas de système respiratoire de ce que je sais, donc ce n’est pas un problème pour lui, ni pour Juliette qui se réfugie dans mon corps, mais je m’inquiète pour Yuu et Micha.

[Je suis capable de contrôler chaque cellule de mon corps, ça devrait aller.]

Bien entendu.

[Je suis aussi capable de voir quand tu ne me crois pas, et c’est bien plus facile.]

Fais comme tu veux. Ce qui laisse Micha. Pour l’instant, rends-la invisible dans ton autre dimension, ce sera suffisant pour la protéger de la fumée si j’ai bien compris le fonctionnement.

Je prends le temps d’observer la femme. La première impression que j’ai est qu’elle a beaucoup d’assurance. Son regard et sa posture ne font que l’indiquer. Son visage est ferme, mais a un air noble qui rend la symétrie de son visage gracieux et… très agréable au regard. Sa robe noire moulante ne fait que mettre en avant des formes généreuses comme si son corps n’était fait que pour séduire. Elle semble cependant intouchable, comme si elle était trop belle pour être approchée. Pour finir le portrait, elle est albinos. Ses cheveux blancs tressés en nattes descendent le long de son dos, mais laissent quelques cheveux libres se répandre sur sa peau. Je peux voir une pointe de rouge dans ses yeux qu’elle fixe sur moi alors qu’elle m’observe derrière la fumée de sa pipe. Ce n’est pas une Assassin, mais il y a bien quelque chose de mystérieux dans son regard.

Alors que la femme me dévisage en fumant, j’active rapidement le vermillon pour en apprendre plus sur elle. La quantité de corruption est plus élevée que la moyenne, mais reste raisonnable comparée à Tark.

« Oh. Un Assassin. J’imagine que mon charme sous cette forme ne fonctionnera pas sur toi, donc. Cependant, ton amie risque d’avoir un problème. »

Derrière moi, je peux entendre que la respiration de Blue devient plus lourde alors qu’elle me tient moins fermement. Du coin de l’œil, je peux voir qu’elle semble hypnotisée par la femme que j’ai devant moi.

« Mon enfant, pourquoi n’irais-tu pas te détendre avec les autres si tu en as envie ? »

Blue me lâche complètement et semble vouloir se diriger vers le monticule de chair qui occupe une bonne partie de la salle.

En soupirant, j’utilise une griffe pour me couper l’avant-bras et agiter le sang devant le visage de Blue. En le voyant, elle commence à battre des paupières en retrouvant suffisamment la raison pour perdre conscience. Je l’attrape avant qu’elle ne tombe et l’installe à côté de la porte.

Persée a déjà étendu une bande de tissu pour boire le sang et je lui fais comprendre de ne boire que ce qui coule, et non aspirer. Il va encore grandir à cause de cela, mais ça donne une utilité supplémentaire à cette blessure d’une certaine façon.

— Oh. Les Assassins ne sont vraiment pas amusants. Elle n’allait pas souffrir, Nomad. Laisse-moi me présenter, Miss Jonah, pour te servir… si tu le souhaites.

— C’est regrettable, mais je dois refuser.

— Oh. Tu me poignardes le cœur en refusant. Un Assassin de plus à le faire. Je souhaite juste offrir la joie et le bonheur à tous.

Les femmes dans la salle se mettent toutes à glousser alors que deux se lèvent et m’approchent pour passer leurs mains sur moi. Je fixe mon regard dans celui de Miss Jonah en essayant de rester concentré en les ignorant.

« Les filles retournez vous coucher, ce garçon a une mission, semble-t-il. »

Après avoir dit cela, Miss Jonah se tourne ensuite vers la vitre devant elle en prenant une nouvelle bouffée de sa pipe. Mad’ me fait signe d’avancer un peu.

« Ne t’en fais pas. Elle est fascinée par les Assassins et se sent obligée de les tester. Elle fait le coup à tout le monde la première fois. Une mauvaise habitude qui met généralement les gens mal à l’aise, mais qui lui permet aussi de ne pas rendre les conversations trop personnelles. Jonah, tu devrais d’ailleurs prendre ta forme habituelle. Elle a un côté éducatif que Nomad devrait vivre au moins une fois. »

Miss Jonah se retourne une fois de plus en direction de Madeleine en semblant surprise. De mon côté, je m’attends au pire si Mad’ parle d’éducation…

La grande femme soupire quelques instants en se retournant vers la grande vitre alors que je peux voir que la forme de son corps change.

La robe moulante qu’elle portait tombe par terre et elle se retrouve nue alors qu’elle s’étire en laissant la pipe tomber également. En quelques instants, elle semble avoir perdu plusieurs kilos et centimètres, mais aussi plusieurs années. La « matrone » semblait avoir la trentaine. Maintenant, elle a l’air d’en avoir vingt. Elle fait ensuite apparaître une robe à fleurs de son inventaire qu’elle enfile.

Alors qu’elle se tourne dans ma direction, je n’ai plus l’impression d’avoir la même personne devant moi tellement son visage a changé. Un sourire en coin qui montre son assurance, mais qui laisse une pointe d’innocence. Un visage plus doux qui donne l’impression d’être approchable tout en restant énigmatique. Elle a aussi un côté fragile qui me pousse à vouloir la protéger à tout prix alors que je ne la connais même pas. Elle passe ensuite la main dans ses cheveux en me regardant timidement quelques instants. Il y a même un peu de gêne dans ses yeux et je me perds complètement dans son regard bienveillant. Sa beauté ne peut pas me laisser indifférent. Tout ce que je vois me pousse à vouloir la regarder plus longtemps, à l’observer et à l’aimer.

Il me reste suffisamment de raison pour savoir que je ne devrais pas l’observer comme ça et que cela va me rendre fou, mais c’est impossible de détacher mes yeux d’elle. Est-ce que c’est un sortilège du même genre que celui des Envoûteurs ? J’ai l’impression d’avoir la femme la plus belle du monde devant moi et sa présence m’écrase complètement. Mon cerveau est incapable de réagir rationnellement, comme s’il venait d’être transformé en bouilli en quelques instants. Je me perds dans son visage en cherchant des imperfections qui ne font que la rendre plus parfaite pour moi.

Un micro sourire sur son visage me renverse pratiquement et me paralyse. Elle passe sa main sur son épaule dénudée et je m’étouffe presque en oubliant de respirer.

Mon corps tremble alors que je peux sentir mon cœur battre de plus en plus fort.

Il faut que ça s’arrête. Je vais devenir fou si ça continue.



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