– « Pourquoi dites-vous cela ? » Zhang Xuan fronça les sourcils, confus.
– « Pourquoi ? » Le disciple interne le regarda avec sympathie. « Savez-vous qui est cette jeune femme ? »
Le prodige secoua la tête.
– « C’est Bai Ruanqing, la petite fille du Doyen Bai Ye, l’un des Trois Grands Doyens de notre secte ! Ne vous laissez pas tromper par son apparence. Elle a peut-être semblé raisonnable et modérée, mais elle n’est pas différente d’une diablesse. Elle est célèbre dans toute la secte et même les autres disciples principaux n’osent pas l’importuner ! Pourtant, vous avez osé la duper et la pousser à dépenser autant d’argent pour acheter une simple bouteille d’eau… Elle vous causera des ennuis tant que vous resterez dans la secte. Écrivez à votre clan pour qu’on prépare vos funérailles. Au moins, quelqu’un s’occupera de votre corps. »
– « Une diablesse ? »
Le Maître Enseignant n’avait rien senti de tel dans l’attitude de la jeune femme aimable.
– « Vous semblez douter de mes propos. L’année dernière, un disciple principal nommé Su Tong lui a avoué sa flamme. Elle l’a tiré jusqu’à un ring et lui a cruellement écrasé les bijoux. Il ne s’en est toujours pas remis. Il y a quelques mois, un autre disciple principal nommé Zhang Yue l’a, semble-t-il, offensée pour une raison ou pour une autre, et il a été frappé au point de rester alité pendant un mois entier ! Curieux, je suis allé le voir… Je peux vous dire qu’il avait l’air plus misérable que ce que vous pouvez imaginer de pire ! Oh ! Et il y a eu cet incident il y a quelques semaines où un disciple principal nommé Xue Hai a essayé de vendre de faux médicaments, comme vous. Elle a plongé sa tête dans l’eau de la rivière et l’a presque noyé. Et ce n’est pas tout… Elle lui a coupé la langue en guise d’avertissement pour les autres. Même des disciples principaux ont été ses victimes. Pensez-vous pouvoir vous en sortir après cette arnaque ? »
– « Euh… » Zhang Xuan se gratta la tête.
Cette dame à l’air noble ? Il avait du mal à l’associer au monstre que le disciple interne venait de décrire.
Voyant que le prodige ne le croyait pas, le disciple soupira profondément avant de demander : « Savez-vous à quel point elle est puissante ? »
Il secoua la tête.
– « L’année dernière, quand elle s’est battue avec Su Tong, elle avait déjà atteint le royaume du Pseudo Immortel Céleste. Elle a encore dû progresser et atteindre un niveau incroyable ! » conclut son interlocuteur en s’éloignant de lui. « Quoi qu’il en soit, permettez-moi de mettre un peu de distance entre nous. Je ne veux pas être impliqué quand elle viendra enfin vous massacrer… Aïe, il devient si difficile de faire des affaires de nos jours ! Non seulement je dois faire profil bas, mais en plus je dois faire attention à ceux qui cherchent les ennuis… Quelle plaie ! »
– « … » Zhang Xuan en était sans voix. « C’est bon, ne partez pas. Je m’en irai après avoir acheté un Jeton Éthéré ! »
La principale raison pour laquelle il était là était de s’en procurer un. Puisqu’il avait assez d’argent, il prendrait simplement ce pour quoi il était venu.
– « Je veux un Jeton Éthéré. Voilà vingt Pièces ! »
– « Cela ne suffira pas. Le prix du Jeton Éthéré vient d’augmenter. C’est vingt-cinq Pièces maintenant ! »
– « Le prix vient d’augmenter ? Comment ça ? »
– « C’était vingt plus tôt, mais maintenant que vous avez offensé Bai Ruanqing, vous êtes pour ainsi dire mort… Que ferai-je si elle apprend que je vous ai vendu quelque chose et qu’elle me cause des problèmes ? Cinq Pièces du Pavillon de l’Épée assureront ma tranquillité et mes frais médicaux. C’est seulement parce que je vous aime bien que je me limite à ce montant. Sinon, je refuserais même de vous parler ! »
– « Vous… » Zhang Xuan grimaça.
Cette supposée diablesse était-elle vraiment aussi effrayante ?
Refusant de baisser les bras, Zhang Xuan se dirigea vers les autres vendeurs, mais personne n’accepta son argent.
De toute évidence, la nouvelle qu’il avait offensé un monstre s’était déjà répandue. Afin d’éviter d’être impliqué, personne ne voulait plus faire affaire avec lui.
– « Ces types ! » Il grinça des dents.
À ce moment-là, il envisagea vraiment de faire ce que Cao Chengli avait suggéré et de le leur voler.
Après tous les efforts qu’il avait déployés, personne ne voulait plus lui vendre le Jeton Éthéré.
– « Tant pis… » Il soupira profondément.
Il lui suffisait de trouver un autre moyen.
Alors qu’il allait partir, Cao Chengli revint vers lui et dit : « Jeune Maître, j’ai réussi à obtenir des Jetons Éthérés comme vous me l’avez demandé ! »
Il lui en donna deux.
En les regardant, Zhang Xuan écarquilla les yeux.
Après une demi-journée d’efforts, il n’avait pas réussi à en obtenir un seul. Comment ce subordonné si peu fiable avait-il pu en acquérir deux ?
– « Ne vous l’ai-je pas dit ? J’ai vu une jolie disciple interne… » rit-il en se grattant la tête.
Il était sur le point d’expliquer ce qu’il s’était passé quand le Maître Enseignant vit arriver une femme d’environ 150kg approcher. « Chéri, dépêchons-nous. Mon lit est assez grand pour s’y reposer à deux. Et il est vraiment confortable… »
– « Oui ma douce, j’arrive tout de suite ! » Cao Chengli hocha en réponse et se tourna vers Zhang Xuan. « Jeune Maître, j’y vais. Je vous ferai mon rapport plus tard… »
Puis, il quitta le marché des disciples internes avec excitation et avec une dame au bras.
– « … » Le prodige mit son visage dans ses mains.
Il avait l’impression d’avoir ouvert les yeux sur un nouveau monde.
Bref, peu importaient ses méthodes, Cao Chengli avait réussi. En quelques heures, non seulement il avait acquis deux Jetons Éthérés, mais en plus il avait réussi à obtenir un ticket pour le lit d’une femme.
Mais vendre son subordonné pour obtenir des biens matériels ne faisait-il pas de lui une sorte de maquereau ?
Il frissonna un peu avant de quitter le marché.
…
Le cri strident d’une bête résonna dans le ciel au-dessus de la résidence du Doyen Bai Ye. Bai Ruanqing en sauta et passa la porte d’entrée.
– « Jeune Maîtresse ! » Un vieil homme s’approcha pour la saluer.
Il était le majordome personnel de Bai Ye, Bai Feng. Ils avaient grandi ensemble et tous deux étaient entrés dans le Pavillon de l’Épée du Nuage Ascendant en même temps. Même si Bai Feng n’était pas connu, ses proches savaient qu’il était bien plus qu’un vieil homme.
Se disait que Bai Ruanqing venait à nouveau de rentrer avec des herbes pour permettre à Bai Ye de récupérer, Bai Feng soupira profondément avant de lui dire : « Jeune Maîtresse, je comprends vos sentiments, mais les blessures du Vieux Maître lui ont été infligées lors de son voyage à la Cité de l’Espace Effondré. Ses blessures sont imprégnées d’une sorte d’énergie mystérieuse qui le déchire de l’intérieur. La secte a tout essayé, mais en vain. Je ne pense vraiment pas qu’il soit possible de trouver quoi que ce soit d’utile sur les marchés des disciples externes et des disciples internes ! »
La Cité de l’Espace Effondré était l’un des endroits les plus mystérieux du Continent Abandonné. On y trouvait d’innombrables trésors, mais aussi de grands périls.
Dans le cas d’une blessure ordinaire, étant donné son identité de Troisième Doyen du Pavillon de l’Épée du Nuage Ascendant, Bai Ye aurait été soigné depuis longtemps. Cependant, la nature particulière de sa blessure compliquait sa guérison. Tout ce qu’ils avaient essayé s’était avéré vain.
De plus, son état semblait s’aggraver de jour en jour. Il ne lui en restait probablement plus que quelques-uns.
C’était précisément pour cette raison que Bai Ruanqing sortait tous les jours pour acheter toutes sortes de pilules et de remèdes mystérieux, dans l’espoir d’assister à un miracle. Mais en vérité, rien n’avait fonctionné jusqu’alors.
Elle serra les poings et dit : « Je sais, mais… »
Comment aurait-elle pu ignorer qu’elle s’agitait en vain ?
Mais pouvait-elle rester assise à ne rien faire alors que le Doyen se mourrait ? Elle ne pouvait pas supporter cette idée !
Sachant ce à quoi elle pensait, Bai Feng soupira faiblement et dit : « Alors, qu’avez-vous apporté cette fois ? Pouvez-vous me laisser y jeter un coup d’œil ? »
– « Ça… » Elle lui passa la bouteille de jade.
Il la prit, la déboucha et renifla. Il secoua la tête. « Jeune Maîtresse, ce n’est pas du tout un remède. J’ai 150 ans, et j’ai vu toutes sortes de médicaments dans ma vie. Il n’y a pas d’énergie spirituelle à l’intérieur. Ne vous a-t-on pas arnaquée ? »
Pour qu’une substance soit efficace, elle devait charrier de l’énergie spirituelle afin de nourrir le corps du patient. Cependant, il ne semblait y avoir que de l’eau plate dans la bouteille. Il n’y avait aucune trace d’énergie spirituelle.
Trop excitée, avait-on profité d’elle ?
– « Un disciple interne me l’a vendue. Il a dit que c’était un remède céleste capable de soigner n’importe quelle blessure ou maladie, » avoua-t-elle, la tête baissée.
Elle avait eu des doutes quand elle l’avait acheté, mais son grand-père n’en avait plus pour très longtemps. Elle s’accrochait à chaque rayon d’espoir.
De plus, la personne qui lui avait vendu le médicament était extrêmement confiante, ce qui l’avait convaincue.
Après tout, elle était extrêmement célèbre dans la secte, aucun disciple interne ou disciple principal n’ignorait son identité. Il avait dû connaître le prix à payer pour se moquer d’elle, et pourtant il avait insisté audacieusement. Sa confiance devait être basée sur des preuves !
– « Un remède céleste capable de soigner n’importe quelle blessure et maladie ? Il n’y a pas la moindre énergie spirituelle, et il a quand même osé vous vendre ce truc… Cette personne est vraiment effrontée ! Combien vous a-t-il demandé ? »
– « Vingt Pièces du Pavillon de l’Épée. »
– « Vingt ?! » Bouche bée un moment, il explosa. « Jeune Maîtresse, je suis certain que vous avez été victime d’une arnaque ! Avec une telle somme, vous pouvez acheter dix Pilules Immortelles Basiques ! Pourtant, il vous a réellement demandé un tel prix pour cette bouteille d’eau plate. Cette personne pense-t-elle pouvoir profiter de nous simplement parce que le Doyen Bai est blessé ? »
Bo u m !
De rage, il laissa une énergie immense sortir de ses acupoints. Toute la résidence trembla, sur le point de s’effondrer.
Son Maître était peut-être blessé et sur le point de mourir, mais tant que lui, Bai Fang, vivait, il ne permettrait à personne de profiter de la Jeune Maîtresse ! Ce disciple interne cherchait à mourir !
– « Je… J’étais prête à l’acheter, il ne m’y a pas forcé… » Bai Ruanqing rougit.
Cet homme avait dit qu’elle avait le choix et il ne l’avait pas pressée d’accepter.
Ces mots n’étouffèrent pas la rage de Bai Feng. « Peuh ! Il a dû compter sur de belles paroles pour vous duper… »
– « Bon, qu’il y ait de l’énergie spirituelle ou non, puisque je l’ai achetée, donnons l’eau à grand-père et voyons si cela fonctionne… » le coupa-t-elle avant d’entrer directement dans la chambre du malade.
Debout devant le lit, elle regarda le visage flétri d’un vieil homme avec une grande tristesse. Une plaie béait dans sa poitrine, et la chair avait commencé à pourrir, dégageant une odeur nauséabonde.
Ses yeux étaient fermés, même les secousses n’avaient pas été suffisantes pour le réveiller.
– « Grand-père, s’il vous plaît, guérissez… » marmonna Bai Ruanqing en le redressant et en versant lentement l’eau dans sa bouche.
Après avoir fini, elle attendit un moment, mais rien. Lentement, son visage s’assombrit.
– « Il n’y a pas d’énergie spirituelle du tout, ce n’est pas un remède. Jeune Maîtresse, vous ne devez pas écouter les paroles des escrocs. Même les Doyens de la secte qui se spécialisent en médecine ont essayé de l’aider, mais ils sont incapables de faire quoi que ce soit. Aussi, comment un liquide vendu par un disciple interne pourrait-il être efficace ? » soupira le majordome.
Mais alors, une faible voix se fit entendre au milieu d’une petite toux. « Que venez-vous de me donner ? »
Les yeux de Bai Ruanqing et de Bai Feng s’écarquillèrent lentement, sous le choc. Ils se tournèrent précipitamment vers le malade. À un moment donné, le Doyen Bai Ye avait ouvert les yeux.
Il était encore faible, mais il avait enfin repris conscience après si longtemps !