Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 192 – Le Culte
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 192 – Le “Culte”

« Le Fou ? » Les Transcendants présents à la réunion de Monsieur A ruminaient ces mots ou conversaient avec leurs compagnons pour savoir si l’un d’entre eux avait déjà rencontré quelqu’un qui ait de telles croyances.

– « Depuis quand ce culte existe-t-il ? » demanda quelqu’un à voix basse.

Soudain, M. A demanda à l’assistant qui se tenait près de lui de brandir un tableau noir sur lequel étaient inscrites quelques lignes en langue Loen.

Le Fou qui n’appartient pas à cette époque,

Mystérieux Souverain élevé au-dessus du brouillard gris,

Roi du Jaune et du Noir qui confère la chance.

Alors que les participants examinaient le tableau, l’organisateur les avertit d’une voix rauque et saccadée :

– « Ne lisez pas ce qui est écrit ici en Hermès, encore moins en Jotun, Elfique, Dragonais ou Hermès ancien. Ne mettez pas non plus ceci par écrit, sans quoi quelque chose de terrible pourrait se produire.

« Aidez-moi à trouver des adeptes du Fou. Il pourrait aussi s’agir d’adeptes du Mystérieux Souverain élevé au-dessus du brouillard gris ou du Roi du Jaune et du Noir qui confère la chance . Au moindre indice, faites-le-moi immédiatement savoir. Je vous récompenserai avec une générosité qui dépasse de loin ce que vous pouvez imaginer ! »

– « Cette description… Cela évoque une incroyable entité. Je n’en ai vu de similaires que dans les textes anciens relatifs aux sept dieux ! » s’exclama un participant.

Son compagnon secoua la tête :

– « Bon nombre d’entités auxquelles on voue un culte sont décrites de cette façon. »

– « Est-ce vraiment une secte ? » demandèrent, stupéfaits, d’autres membres qui les écoutaient.

– « Probablement. Généralement, lorsque nous invoquons une créature du monde des esprits, il se peut qu’il y ait trois phrases pour la décrire, mais l’une d’entre elles devrait porter sur le béni de… ou celui qui appartient à… La formulation n’est pas la même ! » expliqua un membre particulièrement versé dans l’occultisme.

Alors qu’ils discutaient avec véhémence, Fors en était presque abasourdie.

N’est-ce pas le titre honorifique de M. Le Fou ? J’en jurerais, quand bien même c’est écrit en Loen ! Pourquoi M. A recherche-t-il des fidèles du Fou ? L’Ordre Aurora serait-il derrière tout ça ? Se demandait-t-elle, l’esprit en pagaille.

Elle savait que M. A était membre de l’Ordre Aurora depuis qu’une “organisation terroriste” avait revendiqué sa responsabilité dans l’assassinat de Bakerland, l’Ambassadeur d’Intis.

Le premier moment d’étonnement passé, Fors, instinctivement, s’examina. Elle craignait que quelqu’un ne découvre qu’elle était membre du Club du Tarot et, dans un certain sens, une adoratrice du Fou.

Je n’ai fait que prononcer son titre honorifique en Hermès ancien inscrit sur ce fameux morceau de papier et j’ai été transportée au-dessus du brouillard. Personne n’étant au courant, je n’ai pas à craindre que l’on enquête sur moi… Cela dit, il existe un lien avec ce papier sur lequel était écrit le titre honorifique du Fou. Il était caché dans un livre que nous avons emprunté au Vicomte Glaint…

Tandis que les pensées de Fors fusaient, Xio, quant à elle, se remémorait le fameux incident qui l’avait tant effrayée. Mais sa longue expérience en tant que chasseuse de primes lui avait permis de ne rien montrer.

Le Fou qui n’appartient pas à cette époque… N’est-ce pas ce que j’ai lu sur ce papier ? J’ai même rêvé d’un esprit maléfique !

Ce faisant, elle repensa à l’endroit où elle avait trouvé le papier en question.

Il était caché dans la bibliothèque du Vicomte Glaint, dans un livre intitulé Histoire de l’Aristocratie du Royaume de Loen…

Un nom retentit simultanément dans l’esprit des deux jeunes femmes : Le Vicomte Glaint !

Ce dernier, de son côté, regardait avec intérêt le tableau en pensant : Ce titre honorifique est très rare, mais très impressionnant !

Il regarda autour de lui, perplexe :

– « Pourquoi me regardez-vous ainsi ? » demanda-t-il à Fors et Xio

– « Pour rien », répondirent d’une seule voix les deux femmes.

Après le dîner, dans une maison élégamment décorée…

Audrey, accompagnée de son énorme golden retriever, pénétra au salon sur les indications d’Escalante, son professeur de psychologie. Elle devait assister à la réunion “académique” dont elles avaient convenu la semaine précédente.

Sa femme de chambre et son garde du corps restèrent en arrière tandis qu’elle et Susie s’avançaient dans la spacieuse salle d’activité.

Était-ce pour créer l’atmosphère ? Quoi qu’il en soit, on n’avait pas allumé les lampes à gaz. Seules des lampes à bougie en plaqué or posées sur la table basse et l’armoire éclairaient la pièce.

Elle n’eut pas même le temps de détailler les environs que déjà, un homme d’une trentaine d’années vêtu d’une queue de pie s’avançait.

– « Voici M. Stephen Hampres, le propriétaire », annonça Escalante. « Il est marchand de meubles. »

Elle était sur le point de lui révéler l’identité d’Audrey lorsqu’Hampres lui dit avec un petit rire :

– « Ne dites rien, Escalante. Laisse-moi une chance de deviner. »

Il avait une moustache soigneusement taillée et de charmants yeux marron sombre. Très aimable et courtois, il ressemblait davantage à un professeur d’université qu’à un marchand de meubles.

Après avoir attentivement dévisagé Audrey, il sourit :

– « Escalante a seulement dit que vous étiez son élève. Je pense, moi, que vous êtes une noble dame cultivée, pas seulement quelqu’un qui ne fait que paraître. Vous n’avez pas à vous soucier de voir décliner votre qualité de vie…

« Vous êtes assez enthousiaste, très curieuse, relativement candide mais aussi pleine d’amour… et bien sûr, ce qui est l’évidence même, vous êtes belle comme un ange ! »

Puis, pour ajouter un trait d’humour, il s’inclina, la main sur le cœur : « Bienvenue, jolie Miss Angel. »

Vous avez raison, ce qui ne m’étonne pas de la part d’un Alchimistes en Psychologie. Mais ce que vous avez vu, c’est moi y a quelques mois. Ce n’est qu’une façade que je me suis forgée…

Surprise, Audrey demanda :

– « Me connaissiez-vous auparavant, M. Hampres ? »

Elle ne laissa pas la surprise s’attarder trop longtemps sur son visage, ce type d’émotion étant supposé être spontané et ne pas perdurer.

Si quelqu’un paraissait surpris durant plusieurs secondes, il faudrait en déduire qu’il jouait la comédie.

Si Audrey ne l’avait pas remarqué au départ, depuis le temps qu’elle observait le jeu des gens, elle en avait tout naturellement déduit bon nombre de règles.

– « Non, je ne vous connaissais pas. Ce ne sont là que les bases d’un passionné de psychologie », répondit Hampres avec un petit rire.

Il n’avait pas fini de parler qu’Audrey avait déjà observé l’environnement et s’en était fait une idée.

Sa tenue vestimentaire et l’ameublement laissent à penser que cet homme est très soucieux de la façon dont les gens le perçoivent…

Le saphir qu’il porte à la main gauche, même s’il est assez imposant, n’est, en réalité que de qualité très ordinaire. Il ne contient ni symbole, ni signe magique… Sa situation financière n’est pas aussi florissante qu’il le laisse paraître… Il est vaniteux…

Même s’il se montrait très enthousiaste tout à l’heure, la façon dont il se tient, l’orientation de ses pieds et les changements dans ses couleurs émotionnelles indiquent qu’il est très préoccupé, qu’il se tient sur ses gardes…

Si ses compliments sur mon physique étaient sincères, il ne m’a pas regardée comme un homme regarderait une femme. Il est visible qu’il utilise des produits de soin pour le visage et ses sourcils sont clairement dessinés. Il n’est pas aussi compétent en la matière que Solia, ma maquilleuse, mais il est bien plus doué que moi… Il porte Confusion, une eau de Cologne qu’à ma connaissance, seules les femmes utilisent… À mon avis, il aime les hommes et tient le rôle du plus faible dans ses relations…

– « J’aimerais avoir votre sens de l’observation, M. Hampres », dit-elle avec finesse et un léger sourire, tandis qu’on la présentait aux sept ou huit autres personnes présentes dans la salle d’activités.

Parmi ces amateurs de sciences occultes et de psychologie se trouvaient des descendants d’aristocrates déchus, des professeurs associés d’universités et des enfants de riches, comme ce jeune homme dont le père était propriétaire du Grand Magasin Philip’s, le plus célèbre de tout Backlund.

Durant les échanges qui suivirent, Audrey se contenta d’écouter. Elle ne prenait la parole que pour poser des questions, exprimant ainsi pleinement sa curiosité et ses aspirations.

Durant cette discussion “académique”, Escalante et Hampres abordèrent délibérément les sujets du Corps du Cœur et de l’Esprit, du monde des esprits et du subconscient collectif. Ils partagèrent aussi des points de vue particulièrement spécifiques, ce qui permit à Audrey d’apporter peu à peu des réponses à certaines questions qu’elle se posait depuis fort longtemps.

La discussion terminée et alors qu’elles quittaient la maison, Audrey jeta un coup d’œil à son professeur et demanda d’un ton un peu innocent :

– « Mme Escalante, quand serai-je aussi bonne en psychologie que M. Hampres ? »

L’enseignante esquissa un sourire et la regarda en inclinant légèrement la tête :

– « Très bientôt… »

Le soir venu, Klein, qui était sur le point de se mettre au lit, réapparut au-dessus du brouillard gris.

S’il tombait de sommeil, les nouvelles que lui avaient transmises La Magicienne l’avaient aussitôt tiré de sa somnolence.

L’Ordre Aurora connaît donc Le Fou ? Ils connaissent mon titre honorifique ? Le Vrai Créateur me ciblerait ?

Il se redressa brusquement, comme s’il était sur le point de faire face à une attaque.

Mais aussitôt, il rejeta la dernière hypothèse. Si le Vrai Créateur l’avait vraiment pris pour cible, M. A lui aurait rendu visite depuis longtemps sous prétexte de récupérer le penny du compteur de gaz. Peut-être même y aurait-il un Saint.

Autrement dit, ils ne connaissent que le nom du Fou et son titre honorifique, et leurs indices pointent vers Backlund… Qui a bien pu divulguer ces informations ?

Les sourcils froncés, Klein réfléchissait sérieusement à la question.

Très vite, une éventualité lui vint.

Récemment, Petit Soleil a prononcé mon titre honorifique, et cela s’est produit alors qu’il était en présence d’un membre de l’équipe d’exploration corrompu par le Vrai Créateur… Il a procédé à un rituel sacrificiel et il y avait probablement des symboles relatifs au Fou sur les lieux. L’antique palais surplombant le brouillard est apparu…. Le Vrai Créateur a donc pu percevoir l’existence du Fou et a compris que j’étais celui qui avait commis un sacrilège, euh… un harcèlement… non, ce n’est pas non plus le terme exact… que j’étais celui qui l’espionnait.

De plus, Petit Soleil a utilisé L’Œil Noir qui contient la pollution mentale du Vrai Créateur… Serait-ce grâce à ça qu’ “Il” a découvert que j’avais des adorateurs et des fidèles à Backlund ?

Dorénavant, je ne pourrai plus sortir l’Œil Noir !

S’il avait à peu près compris ce qui se passait, Klein restait face à un problème.

M. A a offert une prime pour les croyants du Fou lors d’une réunion de Transcendants qui n’était pas particulièrement privée. Est-ce simplement parce qu’il est stupide ou est-il délibérément “à la pêche” ?

Il soupira : les membres de l’Ordre Aurora sont tous des fous fanatiques. Leurs cerveaux étant en grande partie endommagés, il est impossible de se faire une idée de leurs véritables intentions !

Comme dit le dicton : tant que je serai fou, vous ne pourrez pas deviner ce que je pense.

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