– « Arrêtez de tirer ! Allez au contact ! » ordonna le chef des assassins.
S’ils continuaient à utiliser un arc et des flèches, ils mourraient tous. Ainsi, il valait mieux charger l’ennemi.
Huala !
En entendant son ordre, les survivants dégainèrent leurs armes et sautèrent hors de leurs cachettes.
En voyant les quelques subordonnés qui lui restaient, leur chef eut l’impression que quelqu’un avait plongé une dague dans son cœur.
Afin de tendre une embuscade à Dan Xiaotian, il avait mobilisé plus de trente hommes. Il avait pensé pouvoir assassiner un infirme les doigts dans le nez. Jamais il n’aurait cru que la pluie de flèches finirait par éclaircir ses rangs !
Il ne lui restait plus que huit subordonnés et deux d’entre eux avaient une flèche logée dans leur crâne. Ils vacillaient faiblement à chaque pas, leur sang coulant abondamment sur le sol.
Quel spectacle amer !
S’il avait su que Dan Xiaotian était aussi difficile à abattre, il n’aurait jamais accepté ce contrat !
Ils étaient des bandits vivant en dehors de la ville et plus tôt dans l’après-midi quelqu’un leur avait rendu visite avec un énorme sac de Pièces Éthérées pour leur demander d’éliminer un jeune homme. Ils avaient accepté aussitôt en croyant qu’il s’agissait d’une mission facile à accomplir, mais c’était au contraire la pire erreur jamais commise dans leur vie !
Tant d’hommes étaient morts. Ils ne pouvaient plus se permettre de battre en retraite. Le chef était déterminé à achever cette mission !
– « Découpez ces scélérats dans la calèche ! Faites-en de la bouillie ! »
Hula !
Les huit autres assassins se précipitèrent vers la voiture.
– « Il faudra me passer sur le corps si vous voulez tuer le Troisième Jeune Maître ! » hurla le Doyen Yi.
Il était sur le point de sauter du toit du véhicule quand il vit quelqu’un le devancer.
Le cheval.
Cet animal avait-il été irrité par la pluie de flèches ? Sans aucune hésitation, il se libéra de son harnais et fit un saut de dix mètres pour intercepter les huit bandits.
Peng !
Il rua et frappa les deux hommes déjà blessés, poussa les flèches plus profondément dans leur crâne, et leur apporta une mort instantanée.
– « Bon sang… »
Les six bandits restants devenaient fous.
Un simple cheval avait tué deux de leurs camarades… Si quelqu’un l’apprenait, ils mourraient de honte !
Un petit homme robuste dégaina son sabre et se précipita vers l’avant, dans l’intention de couper le cheval en deux. Mais l’animal frappa.
Pah ! Crack !
Touché à l’entrejambe, l’homme s’agenouilla, les bijoux dévastés. Son visage était si crispé qu’il pouvait écraser une mouche entre ses rides.
Hu hu hu hu hu !
Alors qu’il était réduit à l’impuissance, les cinq autres s’approchèrent rapidement du cheval, dans l’intention de lui porter un coup fatal. Cependant, comme s’il s’y était attendu, celui-ci fit deux pas en arrière pour mettre de la distance avec ses adversaires avant de relever ses sabots.
Peng peng !
Deux autres bandits s’effondrèrent, tenant leur oiseau sévèrement touché.
– « Ce vaurien ! »
Les trois bandits restants perdirent la tête.
Ils trouvaient mystique que leurs flèches manquaient leur cible, et voilà que ce canasson semblait être possédé !
Leurs genoux s’entrechoquaient. Ils reculèrent lentement dans l’espoir de s’échapper. Mais le cheval les chargea abruptement.
Padah ! Padah ! Padah !
En un instant, ils devinrent également des eunuques.
Après quoi, l’animal piétina chacun des bandits. En quelques secondes, les huit furent tragiquement tués. Seul le chef des assassins restait debout.
Padah !
Le Doyen Yi laissa tomber sa cravache, choqué.
Ai-je vraiment fouetté ce monstre ?
Il sentit une brise froide frôler son entrejambe et fixa la cravache d’un air effrayé. Il n’osait pas la ramasser.
Si le cheval se souvenait de son existence et lui donnait un bon coup de sabot… Eh bien ! Il était vieux et ne pouvait plus vraiment avoir d’enfants, mais il appréciait toujours sa virilité. C’était le genre de chose qu’il préférait garder à tout prix, même pour la décoration !
En observant les cadavres, il ne put s’empêcher de frémir.
Ces assassins étaient pour la plupart des Saints 9ème Dan, et certains d’entre eux étaient des Grands Sages 1ère Dan… Pourtant, ils avaient tous été démolis par un cheval…
Comment quelque chose d’aussi ridicule a-t-il pu se produire ?
Quand c e cheval dont j’ avai s pris soin chaque jour est- il devenu une créature aussi formidable ?
– « Vous… »
De son côté, le boss des assassins tremblait de rage.
– « Comme si moi, un grand assassin ayant dirigé les ténèbres de la ville de Xuanjiang pendant plus de dix ans, je pouvais perdre face à un simple cheval ! » Il s’élança.
En réponse à son agression, le cheval galopa furieusement vers lui.
Hu !
Mais avant qu’ils ne pussent échanger des coups, le chef des assassins fit un pas de côté et évita l’affrontement. L’instant suivant, il était devant la calèche.
Un Grand Sage 2ème Dan avait vraiment d’excellents réflexes. La course précédente n’était qu’une feinte. Son objectif principal était toujours de se débarrasser de Dan Xiaotian !
Tant que ce dernier mourrait, il pourrait réclamer la récompense pour sa mission. Avec le temps, il serait capable de fonder un nouveau groupe de malfrats… Après la mort de tant de ses subordonnés, il ne pouvait pas se permettre de ne rien gagner !
– « Merde, cette canaille méprisable ! »
Ni le Doyen ni le cheval ne s’étaient attendu à une telle détermination. Cet assassin voulait toujours se débarrasser du Troisième Jeune Maître, même après tout ce qui était arrivé. Il était déjà trop tard. Ils ne pouvaient intervenir à temps.
Sou !
Un sabre fonça vers les vitres de la voiture. Si Dan Xiaotian n’était pas sur ses gardes, cette attaque pourrait très bien lui coûter la vie.
Hong long !
Mais au moment crucial, l’incompréhensible se produisit. Comme dans un conte de fées, la calèche bondit et écrasa le visage de l’homme sous ses roues.
Peng !
Cette frappe inattendue le fit saigner abondamment. Pris de court, il tenta immédiatement de battre en retraite, mais la voiture le chargeait déjà.
Bam !
Il perdit sept molaires qui volèrent aussi loin que son sabre.
Il se releva rapidement et recula prudemment, mais le véhicule ne semblait pas avoir l’intention de le laisser s’enfuir. Utilisant les barres d’attelage comme une paire de poings, il semblait prêt à le défoncer.
– « Que diable… »
Le chef des assassins se frotta les yeux avec incrédulité.
Les flèches ne touchent pas leur cible. Bon , un puissant cultivateur devait modifi er leur trajectoire, je peux l’accepter !
Le cheval est si puissant. Bon , il doit avoir subi une sorte d’évolution ou bien il est devenu une bête domptée. Je peux l’accepter aussi !
Mais une calèche qui s’élance et exécut e d es arts martiaux comme si elle était l’ être le plus talentueux du monde… C omment pourrais-je accepter quelque chose d’aussi ridicule ?
Y a-t- il une sorte de fantôme ou de force surnaturelle derrière tout ça ?
– « Il faut que je m’en aille ! »
Craignant de voir d’autres choses encore plus incroyables, il sortit rapidement un jeton de jade et l’écrasa entre ses doigts.
Peng !
Une lueur brillante jaillit de la terre et une barrière d’énergie se forma autour de lui.
Pour un bandit, le plus important n’était pas de savoir voler ou tuer. C’était de sauver sa peau. Avant de s’engager dans une quelconque opération, il devait identifier toutes les voies de repli possibles et préparer de quoi s’en sortir en cas de pépin.
Dans cet objectif, il avait dépensé une fortune pour acheter ce jeton. Celui-ci avait la capacité de repousser des attaques, même celles d’un Ancien Sage, ce qui lui permettait de survivre face à n’importe quel danger.
Sou !
Aussitôt, il bondit vers l’un des imposants murs à proximité pour s’échapper.
Alors qu’il fuyait, il n’osa même pas se retourner pour voir si on le poursuivait. Il craignait de voir quelque chose de traumatisant. À ce stade, même la mort entre les mains d’un puissant pratiquant ne lui faisait plus peur. Cependant, mourir à cause d’un cheval ou d’une calèche… Il ne pensait pas pouvoir rester en paix !
Il courut de toutes ses forces jusqu’à être finalement à bout de souffle. Peut-être le jeton était-il une force dissuasive, ou que l’ennemi ne s’embêta pas à le poursuivre, mais quand il se retourna enfin, il y avait personne derrière lui. Il tapota sa poitrine et poussa un soupir de soulagement.
– « Bon sang, je me suis vraiment fait avoir ! »
Lorsqu’il avait accepté la mission, le client lui avait affirmé que ce serait simple, qu’il serait capable de se débarrasser de la cible facilement. Bien sûr, quelqu’un d’aussi prudent que lui ne faisait pas confiance aux autres, il avait donc mené l’enquête sur Dan Xiaotian. Effectivement, tout aurait dû aller comme sur des roulettes. Il ne s’attendait pas à une telle débandade !
Dan Xiaotian n’était rien. Mais son cheval et sa calèche étaient incroyablement puissants !
Comment était-il supposé réussir un tel assassinat ?
Il s’enfuit rapidement hors de la ville et alla attendre là où il avait accepté de rencontrer le client une fois le travail terminé. Il alluma un feu et patienta.
Il allait mettre les choses au clair !
…
Le corps du Doyen Yi avait été si tendu durant l’affrontement que lorsque tout fut enfin terminé, il se relâcha et tomba sur le toit.
Il avait l’impression d’avoir vécu une vie de choc en une seule nuit.
Il avait été convaincu que ce groupe d’assassins allait les tuer, mais le cheval et la calèche avaient pris vie, comme si une sorte de sorcier était de leur côté. Il avait l’impression d’être dans un conte de fées. Sans avoir à intervenir, le problème s’était résolu d’une manière étrange…
Quelque chose d’aussi ridicule était-il vraiment possible ?
Alors qu’il était encore sous le choc, le cheval se dirigea vers la calèche, s’y attacha et, la tête penchée en arrière, il galopa vers la résidence du Clan Dan.
En le voyant faire, le Doyen Yi trembla, horrifié.
Un cheval aussi redoutable tirait sa calèche…
Même s’il veut le faire , je n’ose pas le diriger !
– « Maître Zhang… » demanda-t-il en tournant la tête.
En vérité, il savait.
Le cheval et la calèche avaient été parfaitement normaux pendant toutes ces années. La seule nouveauté était l’apparition de Zhang Xuan !
– « Nous discuterons une fois de retour à la résidence du Clan Dan. »
Le prodige savait que quelqu’un leur tendrait en embuscade sur le chemin du retour, il avait donc dompté l’animal et enchanté la voiture un peu plus tôt.
Même les gens ordinaires pouvaient atteindre Saint 9ème Dan sans cultiver. Les chevaux avaient une constitution plus solide que les humains. Adultes, ils possédaient une force équivalente à celle des Grands Sages 1ère Dan. Cependant, leur intelligence étant à la traîne et personne n’ayant été capable de communiquer avec eux, il était encore presque impossible de compter sur eux au combat.
Par contre, en l’apprivoisant et en établissant un contact mental, on pouvait en faire ce qu’on en voulait.
Si le chef des assassins n’avait pas couru assez vite, il aurait pu le détruire comme les autres !
– « Oui ! »
Contenant son excitation, le Doyen regarda droit devant lui.
…
Le feu de camp resta allumé un bon moment. Enfin, deux silhouettes s’en approchèrent.
L’une d’entre elles appartenait à un homme d’âge moyen. Le chef des assassins reconnut celui qui lui avait confié la mission d’assassiner Dan Xiaotian.
Quant à l’autre… Son visage était masqué, mais il s’agissait de toute évidence d’une jeune femme bien roulée !
– « Alors ? Avez-vous accompli la mission ? » L’homme alla droit au but.
Ce n’était autre que l’instructeur en chef de la Maison du Gouverneur, Xue Chen !
La demoiselle à ses côtés était, bien sûr, Xue Qin.
En règle générale, de telles affaires ne nécessitaient pas son implication. Mais après avoir subi une telle humiliation, elle souhaitait voir de ses propres yeux les têtes de Dan Xiaotian et de la momie !
Ainsi, elle décida de suivre Xue Chen tout en gardant secrète son identité.
– « Accompli la mission ? Quelle blague ! Est-ce cela que vous appeliez “facile” ? » s’emporta le chef des assassins.
– « Que voulez-vous dire par là ? Est-ce que votre groupe est faible au point où vous ne pouvez même pas vous débarrasser d’un vieil homme gravement blessé et d’un infirme ? »
– « Faible ? Saligaud ! Plus de trente de mes frères sont morts ! Si je n’avais pas eu d’aussi bons réflexes, je serais mort moi aussi ! Comment comptez-vous me rembourser ? »
– « Plus de trente hommes sont morts ? » Xue Qin écarquilla les yeux, incrédule. « Êtes-vous en train de me dire que le serviteur de Dan Xiaotian s’est débarrassé d’eux ? Il n’est pas si fort ! »
– « Ce n’était pas lui ! »
– « Alors qui ? » demanda Xue Chen.
Il avait enquêté et l’infirme n’avait aucun soutien politique dans la ville de Xuanjiang. Étant donné la force de ces bandits, ils auraient dû être en mesure de s’occuper de lui facilement.
Ces criminels étaient gênants et pillaient les marchands qui venaient commercer dans la cité. Alors pourquoi étaient-ils soudainement devenus assez incompétents pour s’incliner devant quelqu’un d’aussi bas que Dan Xiaotian ?
Le chef cracha par terre et hurla : « C’est la faute du cheval ! Non, pas seulement lui. La calèche est coupable elle aussi ! »
Les deux ne surent comment réagir.