Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 177 – Anticipation !
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Le dimanche matin, peu après que Klein ait terminé son petit-déjeuner et comme il s’y attendait, il entendit sonner à la porte.

Mais à sa grande surprise, Mike Joseph n’était pas seul. Le Dr. Aaron était là lui aussi. Sitôt entré dans le salon, ce dernier, sans se soucier de la présence de Mike, lui dit :

– « Sherlock, j’ai encore fait ce cauchemar la nuit dernière. Je pense que ce n’est pas normal. »

Puis, sans attendre la réponse de Klein, il prit son portefeuille et en sortit la grue de papier : « Croyez-vous que ce soit ça, le problème ? Depuis que je l’ai retrouvée et que je la porte sur moi, je fais des cauchemars. »

Klein y jeta un coup d’œil nonchalant et son visage se figea. S’il n’avait pas été Clown autrefois, doté d’un grand contrôle sur ses muscles faciaux, il aurait même pu afficher un sourire non déguisé devant le journaliste et le médecin. Oui, un sourire.

Cette… cette grue en papier est encore plus moche que celle que j’ai faite… fut la première pensée qui lui vint à l’esprit.

En cet instant, il avait envie de se couvrir le visage et de soupirer.

Le manque de compétences artisanales serait-il une tradition chez les Faucons de Nuit ?

Nul doute que la grue qu’il avait sous les yeux provenait d’un autre échange. De toute évidence, suite aux précisions apportées par Klein, les Faucons de Nuits n’avaient pas attendu pour s’introduire chez le Dr Aaron et échanger leur propre grue de papier contre celle qui se trouvait dans son portefeuille.

Mais ce à quoi ils ne s’attendaient pas, c’est que la grue dans le portefeuille soit fausse elle aussi.  Pliée par Klein au-dessus du brouillard, elle avait un aspect plutôt grossier.

Je ressens une joie inexplicable… Klein jeta un regard au Dr Aaron, qui ne le remarqua pas, et se racla la gorge :

– « C’est possible. Je vous suggère de retourner à la cathédrale et de parler à l’évêque que vous étiez allé trouver précédemment. Nous avons besoin de croire que les dieux en lesquels nous avons mis notre foi veillent en permanence sur nous », dit-il en traçant sur sa poitrine l’Emblème Sacré triangulaire.

La nuit passée, après le départ du Cauchemar, le jeune homme s’était rendu au-dessus du brouillard pour savoir, au moyen de la divination, si le fait d’avoir échangé la grue présentait un danger. Sachant qu’il était en parfaite sécurité, il pouvait se permettre, avec grand intérêt, de faire cette suggestion dans une tentative de taquiner ses anciens collègues.

Je me demande ce qu’ils ressentiraient en voyant revenir à eux cette grue de papier pas très bien pliée…

Klein réconforta sérieusement le chirurgien et se tourna vers le journaliste : « À dire vrai, Mike, j’avais plutôt envie de conseiller à Aaron d’aller voir un psychiatre, mais la foi peut certainement apaiser son âme. »

– « Quel manque de franchise », fit Mike en riant. « Très bien, allons-y. »

Le lendemain, Klein accompagna le journaliste du Daily Observer dans le Quartier Est pour interviewer les jeunes filles secourues.

En se voyant proposer une contrepartie d’une Livre, personne ne refusa, pas même certaines des filles abusées.

Cette interview portait principalement sur le péché de Capim, puis sur la situation actuelle des jeunes filles. Le premier point suscitait la colère, le second conférant un sentiment pesant.

Daisy avait eu la chance de pouvoir reprendre le travail une fois rentrée chez elle et troquer le fruit de son labeur contre de la nourriture, une situation qui ne concernait pas plus d’un tiers des rescapées. Celles-ci étaient, pour la plupart des femmes qui avaient quelques économies, ce qui leur laissait de temps de guérir de leur traumatisme et de chercher un emploi convenable.

Quant aux deux autres tiers des personnes secourues, elles devaient lutter de toutes leurs forces pour survivre.  Face au chômage massif des ouvrières du textile, elles ne trouvaient, la plupart du temps, que des emplois temporaires à bas salaire. Celles dont les parents, les frères et les sœurs n’avaient pas perdu leur emploi s’en sortaient encore ; au moins pouvaient-ils s’entraider et se nourrir, même si c’était frugalement. Quant aux plus défavorisées, elles avaient déjà pris le chemin des filles de la rue, comme si elles n’avaient jamais été secourues. Si un jour elles avaient vendu leur corps, peut-être n’était-ce que pour un peu de nourriture.

Cela fit que Mike, comme la fois précédente, s’emmura dans le silence. Il ne reprit ses esprits qu’à la nuit tombée, lorsqu’ils quittèrent le Quartier Est.

– « Sans votre aide, Sherlock, ces gangsters m’auraient certainement fait chanter. »

– « N’est-ce pas pour cela que vous m’avez engagé ? » répondit Klein avec un sourire poli, sans aucune complaisance.

Le Vieux Kohler leur ayant donné des instructions, la famille de Liv s’était bien gardée de révéler que le détective entendait les aider gratuitement à rechercher Daisy. Et lorsqu’on demanda à celle-ci, qui était plutôt intelligente, si elle connaissait des personnes relativement spéciales, elle répondit du tac au tac : M. le journaliste et M. le détective.

Mike hocha mollement la tête et continua à marcher en silence durant un long moment.

Avant de monter dans la calèche, il laissa brusquement échapper un soupir.

– « Je voudrais, dans ce rapport, lancer un appel au gouvernement pour qu’il utilise la succession de Capim pour créer un fonds de bourse dont le revenu annuel servira à aider les femmes secourues et autres personnes blessées par Capim à sortir de leur situation difficile.

« Bien que son coffre-fort ait été vidé par le Bandit Héroïque, sa plus grande richesse réside dans les biens qu’il a acquis, illégalement sans doute. »

Klein, qui écoutait attentivement, lui jeta un regard profond :

– « Vous êtes le meilleur journaliste que j’aie jamais rencontré », lui dit-il avec sincérité.

– « Il y en a beaucoup comme moi », soupira Mike. « Il y aura toujours des idéalistes. »

Sur ce, il paya au détective les 10 Livres convenues, ôta son chapeau et l’agita.

Klein le regarda monter en voiture. Il s’apprêtait à prendre les transports publics dans la direction opposée lorsque Mike ouvrit soudain et demanda avec un sourire taquin :

– « Sherlock, je ne suis pas le seul journaliste que vous connaissez, n’est-ce pas ? »

Klein en resta un moment stupéfait, puis se mit à rire :

– « Devinez. »

À la Cité d’Argent.

Tel une bête prise au piège, Derrick Berg, nerveux, faisait les cent pas.

Il avait l’impression que le Chef ne prêtait pas suffisamment à son rapport. Il craignait que les membres de l’équipe d’exploration, dont on ne savait pas dans quelle mesure ils avaient été affectés par le Créateur Déchu, ne causent, leur quarantaine terminée, des dommages dévastateurs à cette ville qui avait survécu 2 582 ans dans les ténèbres.

En pareille situation, il était impatient d’obtenir des conseils de M. Le Pendu, Mlle Justice et compagnie, qui apparemment, connaissaient plutôt bien le Créateur Déchu.

Jamais encore il n’avait attendu la Réunion du Tarot avec autant d’impatience.

Attendons encore un peu, attendons encore un peu. Si M. Le Fou ne me convoque pas, je le prierai directement…

Derrick avait beau essayer de se calmer, son pas ne ralentissait pas.

Soudain, il entrevit le brouillard gris qui s’étendait à perte de vue et la voix messianique retentit :

– « Tenez-vous prêt pour la réunion. »

Avec un soupir de soulagement, Derrick s’assit avec précaution sur le bord du lit puis s’allongea, faisant celui qui, épuisé, s’apprêtait à faire un somme.

Il compta en silence mille de ses rapides battements de cœur, attendit un moment puis fut englouti par une lumière immatérielle d’un rouge sombre.

La chambre de Derrick était étrangement silencieuse. De l’autre côté de la fenêtre, des éclairs zébraient le ciel, éloignant l’obscurité de la terre.

Soudain, au coin de son lit, une silhouette noire se tortilla, s’étendit et prit forme humaine.

Celle-ci grandit rapidement, observa tranquillement le jeune homme durant près d’une minute, puis se retira.

Les ombres, dans le coin, n’avaient pas changé.

Comme à l’accoutumée, le brouillard gris s’étendait à perte de vue sous ses pieds. La longue table de bronze devant lui, bien que tachetée de vert, ne semblait pas endommagée. Le regard de Derrick tomba sur Miss Justice et La Magicienne, assises en face de lui. Les salutations familières et joviales retentirent à son oreille :

– « Bonjour, M. Le Fou. »

– « Bonjour… »

Enveloppé de brouillard, Klein hocha légèrement la tête. Il semblait répondre tranquillement aux salutations de Justice et des autres, mais en réalité, il était occupé à manipuler le Monde pour lui donner l’apparence d’une personne réelle.

Les interviews de la veille s’étant terminées à l’heure du dîner, le jeune homme s’était rendu dans un restaurant qui servait de la cuisine de Feynapotter, si épicée qu’il avait commandé une coupe de bière du désert.

Une fois rentré chez lui, rassasié, il n’était pas ressorti de la journée. Le fait de n’avoir pas à préparer son repas ni à étudier le Livre des Secrets le soulageait des émotions intenses qu’il ressentait chaque fois qu’il se rendait dans le Quartier Est.

L’après-midi étant arrivé sans même qu’il ne s’en aperçoive, il reporta son attention sur la réunion du Club du Tarot.

Après les salutations, Audrey, alias Justice, réprima sa curiosité et son enthousiasme. Elle n’était pas pressée de s’enquérir de ce qui se cachait vraiment derrière l’affaire Capim.

  1. Le Fou ne répondra peut-être pas, mais comment le savoir si je ne Lui pose pas la question ?  J’espère qu’Il me soumettra une requête de valeur égale. Je ferai de mon mieux pour y répondre…

La jeune femme se mit à observer les autres membres, attentive à leur état.

En tant que Télépathe, elle s’aperçut très vite de quelque chose d’étrange.

Eh, Le Soleil me semble très anxieux. Quelque chose serait-il arrivé au capitaine de l’équipe d’exploration ? Aurait-il rencontré Amon ?

De plus, Fors est indécise. Elle voudrait demander quelque chose mais n’ose pas…Elle a dû voir les papiers et deviner, à la présence de cartes de tarot, que notre Club était impliqué dans la mort de Capim. Elle est curieuse de savoir qui représente la carte de l’Empereur… Elle semble encore plus admirative devant M. Le Fou. Que s’est-il passé ?

  1. Le Pendu semble de très bonne humeur. Il a fini d’assimiler sa potion… On dirait qu’il attend quelque chose…

  1. Le Monde est toujours aussi sombre et réservé, et il est difficile de lire dans ses pensées. Il est vraiment la némésis de la voie du Spectateur…

Derrick, qui ne faisait rien pour dissimuler son anxiété, ne consulta pas pour autant les autres membres.

Il savait parfaitement que les premiers moments revenaient au Fou, sauf s’il n’y avait rien de nouveau concernant le fameux journal de Roselle.

Inutile de se précipiter. La réunion a déjà commencé… Si M. Le Fou est de bonne humeur, il répondra peut-être à quelques questions… se consola Derrick.

Alger leva les yeux :

– « Honorable Monsieur le Fou, j’ai trouvé trois nouvelles pages du journal personnel de Roselle », annonça-t-il d’un ton humble.

Le journal ? Le journal personnel de Roselle ? À ces mots, Fors tendit l’oreille.

Klein eut un sourire :

– « Contre quoi souhaitez-vous les échanger ? »

Jetant un coup d’œil à la carte posée près de la main du Fou, Alger, réprimant son empressement, répondit :

– « Je voudrais savoir ce qu’est cette carte que vous gardez près de vous. »

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