Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 23 – Un mystère en cours de résolution
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Chapitre 23 – Un mystère en cours de résolution

Poker-face se leva, se dirigea vers la porte de pierre menant au couloir, et en toucha l’encadrement.

― Il s’agit bien d’un mécanisme, un mécanisme si simple que seuls des enfants s’y laisseraient tromper. Cela explique pourquoi ton oncle n’y a pas pensé il y a vingt ans et ne l’a découvert que récemment, dit-il.

Gros-lard lui lança un regard impatient :

― Petit frère, si tu sais ce que c’est, dis-le vite. Inutile de nous tenir en haleine. Putain, je meurs de curiosité !

― Je vais vous donner un exemple et vous allez comprendre, dit Poker-face. Supposons un bâtiment de deux étages disposant chacun d’une pièce. Pendant que vous quittez celle du second et sortez dans le couloir, je construis un autre étage sous le premier, de sorte que lorsque vous revenez dans la pièce, le second étage est devenu le troisième et le premier étage le second.

C’était un bien mauvais exemple car le gros nageait en pleine confusion. Il leva deux doigts et tenta d’essayer de comprendre.

― Premier-deuxième, deuxième-premier, premier-deuxième-premier… Merde ! Quel premier, deuxième, troisième ? Plus tu parles, plus je m’embrouille !

Je compris aussitôt que l’ascenseur dont avait parlé oncle San se rapportait à cela. C’était le premier mot qui lui était venu à l’esprit une fois l’énigme résolue. Je soupirai, me sentant un peu nul. Quoiqu’inattendu, je ne pouvais pas nier que c’était logique. De plus, un concept aussi simple ne pouvait être perçu que comme une ruse pour tromper les enfants.

Voyant Gros-lard toujours confus, je lui expliquai. Lorsqu’il eut enfin compris, cela perdit tout intérêt pour lui :

― Je vois, c’est tellement simple. Je pensais qu’il y avait ici un plus grand mystère…

J’avais honte de moi. J’avais étudié l’architecture à l’école et ce mécanisme en faisait certainement partie, mais je ne l’avais absolument pas remarqué. Quand j’en aurais le temps, il me faudrait sans doute revoir tout ça. Apparemment, tout ici devait être appréhendé avec une logique simple et non via des raisonnements compliqués.

Poker-face était toujours aussi tendu. Après avoir soigneusement examiné l‘encadrement, il s’approcha du bassin rempli d’eau situé au centre de la pièce. À voir son comportement, on aurait dit que quelque chose lui échappait.

― Qu’est-ce qu’il y a ? demandai-je. Un problème ?

― Il demeure une grande contradiction entre l’histoire de ton oncle et ce que nous avons vécu. Tu as remarqué ?

Je le regardai, l’air dubitatif. Je trouvais aussi qu’il y avait des incohérences dans son histoire mais je n’arrivais pas à savoir lesquelles.

― Ton oncle San était allongé dans cette chambre. Il n’est jamais sorti dans le couloir, donc que les pièces se retrouvent plus haut ou plus bas, il aurait dû rester dans la même. Comment l’intérieur aurait-il pu changer ?

Je réfléchis : il avait tout à fait raison.

― De plus, ajouta-t-il, les chambres auriculaires des tombes antiques ont toujours été symétriques. Il est impossible qu’il n’y ait qu’une seule pièce. En toute logique, il devrait y en avoir une autre en face de nous.

Nous sortîmes dans le couloir et balayâmes la zone de nos lampes torches, mais en face, il n’y avait qu’un mur de jade blanc. Aucune trace de porte. Poker-face colla son oreille au mur, appuya fermement ses deux longs doigts sur les joints entre les briques et les palpa. Au bout de dix minutes, il revint vers nous et secoua la tête. Le mur de briques semblait réel.

Gros-lard, qui attendait impatiemment, bailla :

― Ne vous en faites donc pas pour cette chambre auriculaire. Ce qui nous préoccupe, c’est que nous n’avons pas trouvé cette putain de sortie. Découvrir ce qui s’est passé ne nous empêchera pas de mourir.

Gros lard avait raison. Je soupirai. Comment mon oncle avait-il bien pu s’échapper une seconde fois ? Par quel moyen ? Il n’avait pas d’équipement de plongée cette fois-là. Avait-il quitté la tombe en retenant sa respiration ?

De tout ce qu’avait traversé ce vieux renard, il y avait certainement quelque chose dont il ne m’avait pas parlé. Ah, mon oncle, mon oncle. Si seulement tu avais su que toutes ces conneries « sans importance » dont tu avais décidé de ne pas parler allaient entraîner la mort de ton neveu à plus de dix mètres sous la mer…

Gros-lard et Poker-face, silencieux, semblaient réfléchir à la situation. Je tentai moi aussi de penser à un moyen de nous sortir de là. En fait, il y en avait plusieurs. Le premier consistait à retourner dans la pièce où nous nous trouvions à l’origine, ce qui manifestement était impossible étant donné notre capacité pulmonaire, à moins que nous ne transformions brusquement en dauphins. Le second était de trouver le passage secret que, généralement, les artisans qui construisaient ce genre d’endroits se réservaient. Dans une tombe terrestre, c’était un moyen facile d’obtenir le double du résultat pour moitié moins d’efforts, mais sous la mer, ç’aurait été trop irréaliste à mon sens. Les tombes sous-marines étaient généralement construites sur un bateau que l’on coulait ensuite au fond de l’eau. Quand bien même on aurait construit un passage de ce type, il mènerait droit à la mer. L’eau était vraiment le moyen le plus pratique d’isoler le yin et le yang.

Le troisième moyen – qui était aussi le plus stupide – était de creuser. J’observai le plafond et ne vis rien d’autre qu’un tas de briques. Créer nous-même une sortie serait un énorme projet.

Recourant aux principes architecturaux les plus élémentaires, je tentai de comprendre comment la tombe avait été conçue et ce qui pouvait bien se trouver au-dessus du plafond.

Je n’étais certain que d’une chose : les briques, à elle seules, ne suffisaient pas à former une structure capable de retenir l’air. On avait donc dû étendre de l’argile blanche le long des joints. Il devait également y avoir, au-dessus des briques, des planches enduites de plusieurs couches de cire à cacheter pour créer l’étanchéité à l’air et à l’eau, et par-dessus le tout, une seconde couche d’argile blanche.

J’en étais là de mes réflexions, lorsque soudain, j’eus un éclair d’inspiration et un plan audacieux commença à se former dans mon esprit :

― En fait, nous n’avons rien à craindre, leur dis-je avec enthousiasme. À mon avis, nous ne sommes qu’à un peu plus de dix mètres de la surface. Pour accueillir le mécanisme de l’ascenseur, cette chambre funéraire a dû être construite très haut, ce qui laisse à penser que le sommet du tombeau n’est pas très éloigné du fond marin. Si on ne trouve pas d’autre moyen, on peut toujours creuser pour remonter. L’eau n’étant pas très profonde au-dessus de la tombe, si nous le faisons à marée basse, je pense que nous avons encore une chance de sortir de là, à condition que le sable au-dessus ne s’effondre pas.

Gros-lard agita mollement la main :

― Nous n’avons pas apporté d’outils et il y a une solide couche de briques à traverser. Avec quoi allons-nous creuser ? Avec nos mains ?

― Tu ne comprends pas, rétorquai-je. La plupart des briques utilisées pour construire les tombes épaves sont creuses. Il n’est donc pas difficile de les briser. Il nous suffirait de trouver des objets métalliques et de taper dessus pour créer un trou.

Le gros vibrait d’excitation :

― Hé, cette méthode semble pouvoir fonctionner ! Oublions ce foutu pillage, trouvons des outils et sortons d’ici. Cette tombe est si grande qu’à coup sûr, il doit y avoir des objets en bronze dans la chambre funéraire principale.

Ainsi fonctionne l’esprit humain. Lorsque nous croyions être sur le point de mourir, nous ne voulions rien entreprendre et à la moindre lueur d’espoir, nous étions prêts à mobiliser toute notre matière grise pour aller jusqu’au bout.

Mon esprit tournant plutôt vite lui aussi, j’eus soudain une idée. Ayant étudié l’architecture à l’université, je ne connaissais que trop bien ce genre de choses. Tous facteurs soigneusement pris en compte, les conditions semblaient réunies. Si nous parvenions à créer ce trou dans le court laps de temps que durait la marée basse, nous pourrions sortir d’ici !

― La mer ne se retirera pas avant un bon moment, intervint Poker-face. Je ne sais pas si l’air que nous avons ici suffira. À la grâce du Ciel.

Le gros bondit sur ses pieds :

― Merde, peu importe que la marée soit basse ou non ! Trouvons des outils et creusons. Nous parlerons du reste plus tard. C’est trop déprimant de mourir asphyxié, je préfèrerais encore tomber sur un zombie et me faire joyeusement bouffer !

J’étais sur le point de lui dire que si nous nous mettions à creuser avant que la marée ne baisse, les deux mètres au moins d’eau au-dessus de nos têtes s’engouffreraient immédiatement dans le trou et en quelques minutes à peine, la tombe entière serait totalement submergée. Mais devant son enthousiasme, je jugeai préférable de ne pas briser son espoir.

Nous reprîmes donc courage, rassemblâmes nos affaires et nous dirigeâmes vers le couloir. Mais à peine avions-nous franchi la porte de pierre que nous nous figeâmes tous simultanément.

― Cet endroit est vraiment bizarre, dit Gros-lard

Devant nous, là où, à l’origine, il n’y avait qu’un mur de briques, une porte était brusquement apparue. Je pointai ma lampe dans sa direction et aperçus, de l’autre côté, un immense cercueil nanmu tout doré.



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