Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 158 – Le premier fan du détective Moriarty
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– « Simple coup de chance. Le ciel veillait sur moi », répondit modestement Klein en s’écartant pour inviter Stuart à entrer.

Notre détective disait vrai : il avait eu de la chance dans cette affaire car bien avant que Stuart n’accepte la mission, il savait déjà où se trouvait Emlyn White.

Stuart frissonna tandis qu’il ôtait son manteau et son chapeau qu’il accrocha à une patère.

– « Ce satané temps se refroidit. Je devrais peut-être essayer un de ces manteaux fourrés de coton », dit-il.

– « On ne peut tout de même pas dire qu’il fasse vraiment froid. Allez passer une journée au nord du Comté de Midsea, dans le Comté de Winter, et vous verrez ce qu’est un véritable hiver aux températures vraiment basses », répondit Klein avec un petit rire. « Une tasse de café bien chaud ? »

– « J’en serais ravi. » Stuart le suivit dans la salle d’activités du rez-de-chaussée : « Je suis allé au nord du Comté de Midsea. Je sais à quel point il y fait froid et combien la neige est abondante. C’était des vacances agréables, mais le froid de Backlund le vaut bien : il a traversé mes vêtements comme par magie et s’est infiltré dans mes os. Oh, quelle merveilleuse cheminée ! »

Stuart resta une vingtaine de secondes debout devant l’âtre puis alla s’asseoir sur le canapé.  Il regarda Klein, qui était occupé à préparer du café instantané, et lui dit :

– « Pour le nouvel an, je compte partir en vacances dans le sud et aller pêcher à Desi Bay. Et vous ? Des projets ? Nous supportons l’air de Backlund toute l’année et travaillons dur pour économiser, tout ça pour ces vacances. »

– « Peut-être devrais-je moi aussi me rendre à Desi Bay… » répondit Klein, hésitant. Il tourna la tête vers Stuart et, durant un instant, parut comme en transe.

Il s’agissait d’un accord.

Un rendez-vous avec son frère aîné Benson et sa sœur Melissa.

– « Haha, je vous montrerai mes talents de pêcheur le moment venu. » Stuart, bavard, poursuivit : « Nous ne sommes pas encore assez riches, sans quoi je me rendrais à Feysac, Intis, voire sur le Continent Sud. »

Lorsque le café fut prêt, Klein tendit à l’homme une tasse de porcelaine blanche puis vint s’asseoir face à lui.

Stuart huma à deux reprises la vapeur chaude et parfumée puis reposa sa tasse.

– « Conformément à notre accord, je vais partager avec vous la récompense que j’ai touchée pour cette fois. Les White ont donné au total cinquante Livres et manifestement, vous avez fait plus que moi.

« Que diriez-vous de trente Livres, Sherlock ? Il me faut encore payer mes informateurs pour leur travail. »

50 Livres seulement ? Un vampire ne vaut donc que cinquante Livres ? ne put s’empêcher de ruminer Klein.

Non pas que les White ne voulussent pas donner davantage de prime, mais ils craignaient qu’en donnant trop, ils n’effraient les détectives et ne les poussent à faire des associations inutiles, attirant ainsi l’attention de la police ou de quelque organisation Transcendante officielle.

Pour un détective privé moyen, une mission rémunérée cinquante Livres était déjà assez tentante et Klein, lorsqu’il avait dû engager des détectives pour faire des recherches sur toutes les maisons à cheminée rouge de Tingen et de sa périphérie, n’avait dépensé que sept Livres.

« De plus, les White ont donné une Livre supplémentaire, prétendant que c’était pour vos frais de transport. »

L’air quelque peu perplexe, Stuart sortit six billets de cinq Livres et un billet d’une Livre.

Klein les prit et vérifia leur authenticité sans toutefois donner d’explications quant aux frais de transport.

Sans poser plus de questions, Stuart reprit en souriant : « Exception faite de M. Stanton, vous êtes le meilleur détective que j’aie jamais rencontré. Avez-vous rejoint cette profession en cours de route ou avez-vous étudié auprès d’un grand détective ? »

De quel grand détective ai-je bien pu être l’élève ? Il y en a pas mal. Sherlock Holmes, Hercule Poirot, l’éternel élève de l’école primaire et ce type qui escroque les autres au nom de son grand-père…railla Klein intérieurement.

Il réfléchit et répondit :

– « Je suis du Comté de Midsea. J’ai exercé divers métiers avant de devenir détective. »

– « Ce qui explique que vous soyez si riche de connaissances et d’expériences ! » s’exclama Stuart, soudain éclairé.

Hé, vos flatteries m’embarrassent un peu…. Klein sourit mais ne répondit pas.

Stuart prit une gorgée de café :

 – « J’espère, Sherlock, que vous m’apporterez votre aide si un jour je suis face à un cas difficile que je suis incapable de résoudre. »

Mes relations dans l’univers des détectives se sont élargies… pensa Klein qui répondit prudemment :

– « Si j’en ai le temps le moment venu. »

Lorsqu’ils eurent bavardé un moment de choses et d’autres, Stuart, plein de tact, prit congé et Klein le raccompagna jusqu’à l’entrée où il enfila son manteau et mit son chapeau.

Le détective était sur le point d’ouvrir la porte lorsque brusquement, il se retourna :

– « Sherlock, vous vivez trop simplement. Votre talent mérite un meilleur café. »

Klein demeura un instant stupéfait et aussitôt, se sentit un peu gêné.

– « Je n’y connais rien en qualité de café. Pour moi, ce sont tous les mêmes. »

Stuart parti, Klein se rendit chez le boucher pour acheter des os et de la viande de bœuf, puis chez le marchand de légumes se procurer quelques ingrédients comme du radis blanc, et rassembla tous les condiments nécessaires.

Il avait l’intention de se préparer, pour le dîner, une soupe d’os de bœuf et de radis qu’il mangerait avec ce qui lui restait de riz. À midi, il trouva un restaurant au hasard où il prit une petite portion de côtelettes d’agneau.

Après un après-midi tranquille, Klein se remit à étudier le Livre des Secrets. Plus il lisait, plus il s’apercevait qu’il en savait bien peu sur l’occultisme. Mais comme, heureusement, il avait de solides bases, il comprenait beaucoup de choses en y réfléchissant.

Le soir venu, l’odeur alléchante de la soupe fit monter et descendre sa pomme d’Adam.

Telle un clairon sonnant l’heure du dîner, la sonnette retentit à nouveau.

Le jeune homme ravala sa salive, s’approcha de la porte et saisit la poignée.

L’image du visiteur apparut naturellement dans son esprit. C’était Emlyn White, ce vampire aux yeux rouges, beau mais pas viril.

Même pas eu besoin de le presser… Quel homme de parole… se dit Klein en ouvrant la porte.

– « Bonsoir, M. White », dit-il en souriant.

Emlyn leva le menton, laissant son impatience transparaître sur son visage.

Il était sur le point de dire quelque chose lorsque le détective, à la vue de sa robe brune de clerc, demanda avec un sourire complice :

 – « Vous venez de l’Église de la Moisson ? »

Qui a prétendu pouvoir résister la nuit dernière ?

Incapable de conserver son attitude de gentleman, Emlyn serra les dents :

– « Ce vieil homme, ce vieil homme…Bon sang, comment puis-je me débarrasser de cette suggestion ? »

Avant que Klein n’ait eu le temps de répondre, il se tapota la poitrine et dit d’un air grave :

– « Emmenez-moi chez le patient. Un bon dîner m’attend. »

Tout en parlant, il reniflait imperceptiblement. On aurait dit qu’il avait senti quelque chose.

Sans un mot, Klein prit son manteau et son chapeau.

– « Très bien, je vous y conduis. »

Après avoir fermé la porte et fait quelques pas, il demanda par prudence : « Avez-vous un certificat vous autorisant à pratiquer la médecine ? »

Sinon, comment suis-je censé convaincre Jurgen d’autoriser Mme Doris à prendre les remèdes ? 

Emlyn leva les yeux au ciel à un angle de quarante-cinq degrés :

– « Je n’ai pas besoin de ces papiers pour prouver mes compétences. »

Klein n’eut même pas le temps de froncer les sourcils qu’il ajoutait d’un ton désinvolte : « C’est très simple. Je l’ai obtenu facilement en exerçant. »

… Le ton de sa voix laisse entendre qu’il est plutôt fier d’avoir obtenu son certificat… pensa Klein avec un sourire.

Emlyn regarda le sol mouillé et ajouta : « Savez-vous ce que j’aime le plus à Backlund ? »

– « Quoi donc ? » fit le détective qui n’en avait que faire.

Le vampire eut un petit rire :

– « Le ciel durablement sombre et le brouillard qui masque le soleil. Cela me permet de sortir la journée sans en être trop incommodé. C’est génial, sauf pour l’air. »

Si je comprends bien, le soleil causerait réellement des dommages aux vampires ? Heureusement qu’hier, j’y ai pensé et que je n’ai pas emporté la Broche du Soleil, sans quoi je n’aurais pas pu communiquer avec Emlyn… Se dit Klein.

Tout en conversant, ils arrivèrent chez les Jurgen et Klein monta sonner à la porte.

Au bout d’un moment, celle-ci s’ouvrit et Mme Doris qui, même à la maison, portait d’épais vêtements, parut agréablement surprise :

– « Monsieur le détective, je ne vous attendais pas. »

Assis sur le côté, Brody regardait Emlyn avec méfiance, comme s’il sentait que quelque chose n’allait pas chez lui.

– « J’ai fait la connaissance d’un médecin doué pour traiter les maladies pulmonaires et je lui ai demandé de venir vous examiner », dit Klein en désignant le vampire. « Permettez-moi de vous présenter le Dr. Emlyn White. »

– « Vraiment ? Vous vous en êtes souvenu ? Quel bon enfant ! » s’exclama la vieille dame en les invitant joyeusement à entrer.

Enfant… La bouche de Klein tressaillit mais il ne répondit rien.

Tandis qu’ils se rendaient au salon, Emlyn lui chuchota :

– « Les problèmes de la patiente sont irréversibles. Elle est très âgée et plutôt faible. Même si je lui donne le remède, elle passera l’hiver mais mourra dans les trois à cinq ans.

« À moins de lui donner une potion d’immortalité ou quelque chose du genre dont il est question dans les légendes, c’est tout ce qu’il est possible de faire. Ou devrais-je la transformer en Sanguin ? Mais à son âge, elle ne supportera pas les modifications qu’une caractéristique Transcendante peut faire subir à son corps. De plus, mes parents et moi n’avons plus de caractéristiques excédentaires. »

Irréversible… surpris, Klein soupira intérieurement.

– « Préparez-lui d’abord le remède et nous verrons cela une fois l’hiver passé. »

– « Très bien. J’ai avec moi un médicament prêt à l’emploi et qui convient parfaitement à ce genre de situation », dit Emlyn qui, sans cérémonie, prit place sur le canapé.

C’est alors que l’avocat Jurgen sortit de la cuisine en enlevant son tablier. Il demanda à Klein le but de sa visite.

– « Dr. White, que pensez-vous de la maladie pulmonaire dont souffre ma grand-mère ? » demanda ce dernier, l’air grave.

Manifestement très expérimenté, Emlyn lui expliqua les tenants et aboutissants de la maladie en question – explications dont la plupart échappèrent à l’avocat – puis conclut :

– « Ce dont elle a le plus besoin, c’est d’un air chaud et sain. C’est la meilleure chose que je puisse vous conseiller. De plus, j’ai avec moi un remède spécial que je lui offre gracieusement. »

Tout en parlant, il sortit son certificat ainsi qu’une petite bouteille métallique.

– « Y aura-t-il des effets secondaires ? » demande Jurgen, prudent.

– « Non, le seul problème est qu’il ne peut pas guérir le mal à sa racine. Ce n’est qu’un remède temporaire », répondit très professionnellement Emlyn. « Si ce n’était pas pour le détective Moriarty, je ne laisserais personne l’essayer ».

– « Peut-être puis-je tenter ? » l’interrompit Mme Doris en toussant légèrement.

Jurgen jeta un coup d’œil à Klein qui, ayant préalablement procédé à une divination, approuva d’un signe de tête.

– « D’accord », répondit finalement l’avocat .

Circonspect, il regarda Mme Doris boire le contenu du flacon et observa attentivement sa réaction. Il ne se passa rien tout d’abord, puis la vieille dame sentit sa respiration s’alléger.

Elle se leva, se pencha pour prendre le chat et dit d’un air ravi :

– « Je me sens beaucoup mieux ! »

À cette vue, l’avocat, habituellement stoïque, esquissa un léger sourire.

Klein, lui, pensait aux trois à cinq ans à venir. Il sourit et soupira intérieurement :

Cela peut aussi être considéré comme une sorte de spectacle de magie, je suppose. Utiliser ses pouvoirs Transcendants pour créer de faux résultats et rendre le public heureux…

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