Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 12 – Les Mensonges d’Oncle San
Chapitre 11 – Le pont Menu Chapitre 13 – Le singe des mers

A la lecture de ces mots, je manquai m’évanouir de surprise. Wu Sanxing et Chen Wen-Jin… ne s’agissait-il pas de mon oncle San et de sa petite amie ? Auraient-ils pu laisser ce carnet ici à l’époque ? Mais comment une telle chose aurait-elle pu finir sur un vaisseau fantôme ?

En supposant qu’avant que ce bateau ne coule, il y ait eu à bord deux personnes qui s’appelaient elles aussi Wu Sanxing et Chen Wen-Jin, et que ces mêmes personnes soient venues sur le Récif du Bol de Xisha pour y effectuer des travaux archéologiques, la probabilité qu’une telle coïncidence se produise était si mince que j’aurais probablement plus de chance de gagner cinq millions de yuans à la loterie.

Je réfléchis un moment et décidai de ne pas trop m’y attarder. Il n’y avait pas d’autre explication quant à ce carnet. C’était forcément oncle San et son équipe qui l’avaient laissé là. De plus, d’après l’inscription sur la page de titre, mon oncle avait dû le donner à Chen Wen-Jin. Elle l’utilisait probablement comme journal de bord pour enregistrer la progression quotidienne de leur expédition au Récif du Bol. C’était donc à elle qu’il appartenait.

Apparemment, ce vaisseau fantôme était lié aux activités archéologiques de l’équipe et il se pouvait même qu’il s’agisse du gros bateau de pêche qui n’était pas rentré à temps.

Après avoir longuement ressassé tout ça, d’innombrables questions surgirent dans ma tête et un mal de crâne carabiné commença à poindre.

Seuls les protagonistes concernés connaissaient la vérité derrière ces mystères. Les informations dont je disposais ne faisaient qu’effleurer la surface et il manquait un thème central qui aurait permis de les relier. Si ce vieux renard d’oncle San avait été entièrement honnête avec moi dès le départ, j’aurais probablement eu la clé pour déchiffrer tout ce mystère.

Le contenu de ce carnet allait-il me donner des indices ? Si, au départ, j’avais l’intention de le dissimuler et d’y jeter un œil à l’abri des regards, ma curiosité brûlante prenait le dessus. De plus, cette femme finirait bien par être au courant alors pourquoi faire tant de mystère ? Je tournai donc la page et commençai à lire.

Chen Wen-Jin était une personne très méticuleuse. Les notes de chaque jour étaient répertoriées dans un même format, clair et organisé. La première page était datée du jour de leur départ, à savoir le 15 juillet. Il y avait également une liste des membres de l’équipe dont le chef était Wu Sanxing. Comment s’appelait ce Poker-face déjà ? Oncle San m’avait dit que son nom de famille était Zhang, aussi parcourus-je la liste pour voir s’il y figurait. Effectivement, il y avait bien un dénommé Zhang Qiling. Etait-ce vraiment lui ? (1)

Je passai à la page suivante. Elle contenait des informations clés concernant le processus utilisé pour trouver et déterminer l’emplacement exact de la tombe sous-marine, mais en beaucoup plus détaillé que ce que mon oncle m’avait expliqué. Les types de cordes utilisés, les théories et conclusions sur le déroulement de l’expédition, tout était consigné. C’était complètement différent du style brut d’Oncle San et je ne comprenais vraiment pas comment ils avaient pu se mettre ensemble. Comme je connaissais déjà ces informations, je passai directement à la fin et ce que je lus me stupéfia.

En fait, je n’eus pas besoin de lire les dernières entrées en détail. Leurs titres à eux seuls suffirent à me choquer et à me mettre en colère au point de maudire cent fois ce salaud d’Oncle San.

Voici ce que Chen Wen-Jin écrivait :

21 juillet – première entrée dans la tombe sous-marine. 

Personnel : Wu Sanxing

Progression : Les chambres auriculaires gauche et droite ainsi que le couloir ont été désencombrés. On se prépare à nettoyer la chambre arrière.

Travail : Utilisation d’une pompe à air pour ventiler la chambre funéraire et préparation du nettoyage en profondeur.

Vestige culturel récupéré : Cercueil en bois jaune doré gravé de deux phénix (cercueil d’enfant).

Remarques : Situation d’urgence, fiches détaillées à remplir ultérieurement.

Une seule date suivait, puis plus rien.

23 juillet – Seconde visite dans la tombe sous-marine. 

Personnel : Tous les membres

Progression : Aucune. 

Travail : S’abriter de l’orage d’été     

  

Reliques culturelles récupérées : Aucune

Remarques : Aucune

Ainsi, Oncle San s’était déjà rendu dans la tombe avant d’y emmener toute l’équipe. Et connaissant sa nature insatiable, il avait dû en sortir beaucoup de choses. Chen Wen-Jin mentionnait seulement qu’il avait nettoyé les deux chambres auriculaires et le couloir, mais qui sait s’il était réellement entré dans la chambre arrière ? Peut-être avait-il déjà pris tout ce qui se trouvait dans le cercueil. Qu’est-ce que ce vieux renard avait bien pu faire lors de sa première visite ?

Je grinçai des dents de colère et parcourus rapidement le reste du carnet. Il y avait de nombreuses informations utiles, toutefois elles n’étaient pas assez significatives pour que je m’y attentionne dans l’immédiat. Je remis le carnet dans le sac étanche et me retournai pour voir la réaction de Melle Ning. À ma grande surprise, elle ne semblait pas du tout me prêter attention et grattait désespérément la rouille sur la cloison de la cabine du capitaine.

Ses gestes étaient si rapides qu’on aurait presque dit qu’elle essayait de la mettre en pièces et non de la décaper. Elle avait déjà nettoyé la moitié de la paroi et mis à jour l’acier caché sous toutes ces couches de rouille. On pouvait voir, tout en bas, l’endroit où la cloison rejoignait la coque à laquelle elle était soudée. Non seulement elle semblait très solide, mais elle était dotée d’une porte, également en acier, avec un verrou de sécurité rotatif qui ressemblait à un volant.

Tout en travaillant, Melle Ning marmonnait pour elle-même :  N’aie pas peur, n’aie pas peur. Je vais te faire sortir immédiatement.

Je compris, en entendant ces mots étranges, que quelque chose n’allait pas chez elle. Elle avait soigneusement nettoyé toute la rouille autour des bords de la porte en acier, révélant une couche de caoutchouc entre celle-ci et le cadre. Le compartiment derrière la porte semblait hermétiquement fermé. Elle s’acharna ensuite à tenter de tourner le volant, mais en vain. Non seulement la serrure était très lourde, mais l’intérieur était probablement recouvert d’une couche de rouille marine. À moins d’être aussi forte qu’un puissant marin, elle n’avait aucune chance de pouvoir l’ouvrir. Elle essaya plusieurs fois, mais rien ne bougea.

J’eus soudain un mauvais pressentiment et lui dis :

― Ce que cette pièce contient est peut-être immergé dans l’eau, mieux vaut ne pas l’ouvrir. Et si jamais un monstre se cache à l’intérieur, c’est la mort assurée car nous n’avons pas d’armes.

Elle fit celle qui n’avait rien entendu et continua à s’acharner sur le volant. Je secouai la tête. Devant l’attitude déraisonnable de cette femme, je revins sur la première impression qu’elle m’avait faite et qui était plutôt favorable.

Durant les quelques minutes qui suivirent, alors que je me tenais là, les mains sur les hanches, à la regarder gaspiller ses forces, je me demandai si ce n’était pas sa façon à elle d’évacuer sa colère. Mais brusquement, elle se tourna vers moi. Je crus qu’elle avait enfin réalisé que c’était inutile et qu’elle renonçait, mais elle poussa un cri et se pencha en arrière. Je vis alors les deux mains desséchées jaillir comme un éclair de ses cheveux et s’agripper au volant. Ces étranges mains étaient si fortes qu’immédiatement, j’entendis la rouille craquer à l’intérieur du mécanisme de verrouillage.

Ma peur fut telle que mon cuir chevelu s’engourdit et je faillis tomber. C’était le spectacle le plus effrayant que j’aie jamais vu. Pas étonnant que ces mains aient disparu. Elles étaient tout bonnement cachées dans ses cheveux ! Alors à qui parlai-je à l’instant ? Était-ce à un fantôme ou à un être humain ?

Le volant étant à présent suffisamment desserré pour pouvoir bouger, les mains s’apprêtaient à ouvrir le compartiment quand une vague jaillit de l’intérieur avec un bruit sourd. Sous la pression de l’eau, la porte s’ouvrit, vint heurter le dos de la femme et la projeta droit sur moi. Nous tombâmes tous deux sur le sol. Alors que je tentai de la repousser et de sauver ma peau, l’eau de mer s’abattit sur nous et nous fit reculer d’une vingtaine de mètres. Relevant à grand peine la tête, je vis sortir de derrière la porte un énorme visage couvert d’écailles qui me fixa droit dans les yeux.

Note explicative :

(1) Qiling (起灵 Qǐlíng) ressemble beaucoup à “Qilin” (麒麟 qílín), le tatouage apparu sur le corps de Poker-face.



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