Ce fut la première fois de sa vie qu’elle dormait si confortablement.
J’avais l’habitude de m’endormir épuisée après avoir été battue, ou de faire une sieste rapide comme si j’avais été poursuivie quand il n’y avait personne.
Le rideau occultant bloquait la chaude lumière du soleil, si bien que Luciel dormit comme un chiot jusqu’à l’heure du déjeuner. Tant qu’il y avait un lit doux et confortable, Luciel pensait qu’elle pourrait fabriquer des bijoux pour Bellstein.
Quand j’ouvris les yeux, j’entendis un gargouillis dans mon estomac. Il y avait une petite cloche en argent sur la table de nuit ronde près du lit.
”Agitez cette cloche quand vous avez besoin de quelque chose.”
Je me souvins des mots que Rose avait prononcés la nuit dernière en me couvrant d’une couverture.
Luciel regarda attentivement l’horloge murale.
Il était midi passé.
C’était l’heure du déjeuner, je pensa donc que Rose et Bessie étaient allées manger. Le tour de Luciel arrivait toujours après les repas des domestiques, elle était donc habituée à supporter la faim.
“On attend encore un peu ?”
Luciel s’appuya sur le grand coussin et ferma les yeux. Elle n’avait ouvert et fermé les yeux qu’une seule fois, mais une heure s’était déjà écoulée.
“Ça devrait aller maintenant, non ?”
Luciel agita la petite cloche, et Rose apparut avec un visage lumineux.
– “Bonjour Mademoiselle, avez-vous bien dormi ? Attendez, ce n’est pas un bon matin, mais un bon après-midi ? J’attendais que vous vous réveilliez. Avez-vous faim ?”
– “……Oui, un peu.”
– “Vous devez avoir très faim.”
Rose semblait avoir pénétré le cœur de Luciel.
“Aujourd’hui, le chef Seth a préparé un ragoût d’agneau pour Mlle Luciel, vous êtes toujours à l’aise pour manger dans votre chambre, n’est-ce pas ? Si vous voulez descendre dans la salle à manger, vous devez vous habiller.”
Ce n’était pas forcément à cause des vêtements, mais Luciel semblait plus à l’aise dans sa chambre.
– “Je vais manger dans ma chambre.”
De la salade et du pain frais arrivèrent avec du ragoût d’agneau. C’était une odeur savoureuse qui me mis l’eau à la bouche. Quand je pris une bouchée, je fus étonnée.
Le ragoût était un aliment que Luciel avait déjà mangé, mais il semblait que la nourriture faite à Bellstein avait de la magie pour la rendre délicieuse.
Le ragoût chaud glissa dans son estomac, et l’agneau épais était savoureux et goûteux. Luciel, qui vida tout le bol de ragoût en un instant, prit une fourchette. Il y avait aussi une salade avec des tomates, de la laitue, du citron et du fromage, et du pain de seigle grillé.
J’avais l’impression de reprendre enfin des forces dans mon corps.
Rose, qui était en train de nettoyer la couverture de Luciel depuis un moment, dit comme si elle était désolée.
– “Oh, vous avez déjà fini de manger ? Mlle Luciel, il vous reste de la place pour des collations ?”
Les yeux de Luciel brillèrent, et elle hocha la tête comme si elle avait attendu.
– “Je pourrai en manger n’importe quand.”
– “Vous êtes si mignonne. Je vais vite aller vous chercher une assiette ou deux !”
Rose regarda Luciel, secoua son corps, et courut en toute hâte vers la cuisine.
Luciel, qui était enchantée par deux assiettes de crème pâtissière molle, reçut une grande nouvelle de Bessie. La nouvelle était que Luciel allait posséder l’un des célèbres magasins de vêtements pour enfants de la ville.
– “Les robes de Florine Boutique sont connues pour être mignonnes. Ah, je veux vous voir les porter.”
– “C’est vrai, elles seront si jolies.” Luciel pensa que ces deux-là se moquaient d’elle et sa tête trembla de maladresse.
‘C’est une blague ? Acheter tout un magasin de vêtements pour un enfant de neuf ans, ça n’a pas de sens.’
“Oh, mon Dieu !”
Les deux femmes secouèrent la tête de surprise. Une voix grave vint de l’arrière du cou de Luciel.
– “Tu t’es réveillée juste à temps.”
En se retournant, Luciel croisa le regard du duc, aussi acéré que la pointe d’une amande. Ellington et Eva, qui le suivaient par-derrière, inclinèrent leur tête vers Luciel.
Celle-ci s’empressa d’attraper l’ourlet de sa robe et fit une salutation avec courtoisie.
– “Salutations au Duc….”
Coupant les salutations de Luciel, le duc présenta les documents qu’il avait reçus d’Ellington.
– “Signez ici.”
– “……Quoi ?”
Florine Boutique. Les documents qu’il avait sortis appartenaient à la boutique de vêtements en question.
‘Ce n’était pas une blague. C’est réel ?’
Ses grands yeux devinrent encore plus grands. Ce n’était pas une blague, mais si c’était vrai, ce ne serait pas un plus gros problème ?
‘Je pourrais avoir à rembourser tout ça plus tard.’
“… Je ne peux pas l’accepter.”
Luciel secoua la tête.
– “Tu as besoin de vêtements.”
La notion économique d’acheter tout le magasin de vêtements quand on avait besoin de vêtements… même la famille royale ne ferait pas ça.
“Vous n’aimez pas ça ?” demanda le Duc en frottant sa mâchoire pointue mais ferme. Une lumière grise clignota dans ses yeux rouges pendant un moment.
Luciel laissa tomber ses sourcils argentés.
– “C’est un trop gros cadeau.”
– “Ce n’est pas un cadeau.”
‘Tu vas me dire de le rembourser plus tard ?’
L’inquiétude se répandit sur le visage de Luciel. Combien de joyaux fallait-il pour acheter un magasin ? De plus, s’il s’agissait d’un magasin célèbre de la Cité, cela coûtait généralement plus cher que……
De la sueur sembla couler sur son visage.
– “Je ne veux pas avoir de dettes.”
Le Duc inclina la tête aux paroles de Luciel.
– “C’est pareil pour moi.”
– “Mais, pourquoi…..”
– “…Vous n’avez pas à me rembourser. Parce que ce n’est pas une dette.”
La petite tête de Luciel, qui le regardait, s’inclina continuellement. Le Duc poussa un léger soupir. Comment avait-elle pu grandir, pour que même des choses comme la nourriture, les vêtements et le logement soient une dette à rembourser ?
– “Alors pourquoi…..”
– “Vous êtes une personne qui sera membre du Bellstein, vous devez donc vous habiller de manière appropriée.”
– “Aha, c’est génial.”
Les yeux ratatinés de Luciel brillèrent d’émerveillement. Le Duc essaya de faire semblant d’être froid, mais il perdit son sang-froid pendant un instant et s’effondra devant son apparence mignonne.
– “…Ce n’est pas vraiment un cadeau pour toi.”
– “Oui, j’ai compris !”
Luciel répondit bravement. Il semblait que ce fût la première fois que les yeux du Duc papillonnèrent et se détournèrent de son regard.
‘Est-ce que je me trompe ? Je pense qu’il s’est juste senti un peu gêné…..Après tout, il le donne pour le bien de Bellstein, pas pour moi. Alors, puis-je considérer cela comme une bonne chose ?’
C’était encore pesant, mais je me sentis beaucoup plus à l’aise qu’avant.
Le Duc toussa en vain et demanda.
– “…..Savez-vous écrire ?”
– “Oui, je l’ai appris de ma mère.”
Je ne l’avais pas appris formellement d’un professeur, mais je lisais les caractères de temps en temps, quand je le pouvais.
Luciel signa les blancs de la paperasse d’une lettre maladroite et tordue. Elle n’était pas habituée à la longue plume d’oie, car c’était une main d’enfant.
Un nom d’une famille étrange mais familière. C’était un nom qui pourrait être le mien, ou peut-être juste passer comme un contrat.
Ce n’était encore qu’un contrat verbal, mais comme un magasin de vêtements coûteux a été facilement lâché pour elle… Cela semblait signifier que le nom de famille de Bellstein était déjà attaché à elle.
Le Duc regarda Luciel, qui comprit la véritable signification du magasin, une fois de plus.
Pour une enfant, elle était tout à fait consciente et rapide à juger de la situation.
Le duc l’aimait bien, mais en même temps, un coin de son cœur était triste. Peut-être avait-elle pris l’habitude de remarquer les choses et de lire l’humeur en grandissant chez le comte d’Orbia.
‘Néanmoins, elle a grandi brillante et innocente.’
En pensant à Luciel qui a dû traverser d’innombrables épreuves, il se dit qu’il devait bien traiter l’enfant. Bien sûr, c’était très difficile pour son caractère brutal.
Les yeux rouges du Duc touchèrent la tenue de Luciel.
– “Maintenant, mettons autre chose.”
Quand Eva fit signe avec ces mots, les préposés s’affairèrent à porter les robes à l’intérieur. Elles étaient faites de tissus luxueux et d’un joli design. En gros, vingt ensembles étaient suffisants. À côté des robes, il y avait des chaussures d’enfants, des chapeaux et des accessoires tels que des rubans. Ses yeux roses devinrent plus grands et plus ronds comme un lapin.
– “Tout ça, c’est…”
– “C’est pour la demoiselle.”
Rose et Bessie prirent un air fier en entendant les mots d’Eva. Les yeux roses de Luciel pétillèrent et saluèrent le duc.
– “Merci.”
– “Ce n’est pas un cadeau, donc il n’y a pas de quoi être reconnaissante.”
– “Je vous remercie quand même. Parce que vous m’avez accepté en tant que Bellstein.”
Luciel regarda le Duc avec des yeux qui brillaient de mille feux.
C’était mignon, peu importe qui le regardait. ‘Allait-elle s’enfuir si je pétrissais son visage de farine ? J’avais envie de caresser ses joues blanches et douces une fois..’
Après s’être éclairci la voix un moment en toussant, le Duc dit.
– “Choisissez des robes à porter quotidiennement. Quand l’affaire urgente sera terminée, nous ferons aussi un dîner de famille…… C’est tout pour aujourd’hui.”
Le duc tourna le dos et partit, et Ellington et Eva s’empressèrent de le suivre.
Lorsque la tension qui emplissait la pièce disparut, Bessie prit la main de Luciel et commença à choisir une robe. Rose avait déjà couru chercher quelques costumes.
– “Que pensez-vous de cette robe ?”
– “Jolie.”
– “Et ça, c’est quoi ?”
– “C’est joli, aussi.”
Luciel se regarda devant un miroir en pied et essaya plusieurs robes. Tout était joli et elle aimait ça.
‘Je ne crois pas que ce soit moi. C’est si joli.’
Je choisis aussi quelques robes à porter lors d’un dîner, une robe pour sortir, et quelques robes simples à porter dans le château du Duc. Les chaussures et les accessoires étaient choisis par Rose pour être assortis à la robe.
Lorsqu’elle finit de choisir ses vêtements, Bessie mit à Luciel une robe beige avec des cercles blancs. Alors qu’elle s’apprêtait à nouer sa ceinture et à mettre des chaussettes blanches, Luciel se blottit contre elle et attrapa une de ses chaussettes.
Elle avait l’intention de le faire elle-même.
– “Ok, mademoiselle.”
Bessie brossa les cheveux de Luciel à la place. Elle était simplement peignée, mais ses cheveux flottaient doucement comme un fil d’argent.
Luciel s’assit sur une chaise assez haute pour sa taille et regarda les chaussettes. C’était une chaussette très douce et chaude. Des chaussettes à motifs de fleurs avec de la dentelle autour des chevilles.
Dans le passé, lorsque la jeune Luciel marchait pieds nus dans le sous-sol, ce qu’elle désirait le plus, c’était des chaussettes plutôt que des robes. Alors, comme elle se rappelait cela, Luciel balaya la chaussette avec son pouce.
“Mlle Luciel, pourquoi êtes-vous comme ça ?”
– “…J’aime les chaussettes.”
Tout en répondant à la question de Rose, Luciel mit ses pieds dans les chaussettes l’un après l’autre. Rose et Bessie se murmurèrent l’une à l’autre : “Vous avez entendu ? Elle aime ses chaussettes de bébé. Trop mignon !”
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Traduit par : A. Nix_Lix’
Check par : A. Nix_Lix’
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