[ Retour 6 mois en arrière. ]
[ Le 04/07/499 ]
[ Dans la forêt aux alentours de Yo ]
Je ne sais pas depuis combien de temps je me suis évanouie, mais je commence enfin à reprendre mes esprits.
Je ne peux toujours pas faire le moindre geste et mon corps ne me renvoie aucun signal sensoriel, mais j’arrive avec quelques difficultés à parler dans ma tête.
C’est la première fois que je ressens cette sensation. Le noir le plus total, je ne sens rien, je n’entends rien, je ne vois rien, et je ne perçois même pas l’air passez dans mes poumons. La seule sensation que je discerne sont les battements de mon cœur et le sang qui coule dans mes veines.
Bizarrement, cette sensation est plutôt désagréable.
Et même s’il n’y a absolument rien autour de moi, je sens comme une présence à mes côtés, comme si elle était allongée derrière moi, si je me concentre bien je peux presque percevoir son souffle me caresser la nuque.
Malheureusement, cet état assez spécial ne dura pas plus longtemps, puisque j’arrive enfin à sentir le sol sous mes mains.
Vu la dureté et la poussière, je pense donc que je suis assis sur de la terre.
L’ouïe commençait à me revenir petit à petit, au début ce n’était qu’un simple bourdonnement à peine perceptible, mais ce même bourdonnement continuait à s’intensifier jusqu’à ce que j’arrive à identifier un total de 3 voix, celle d’Alia, une voix plutôt aiguë, mais qui semble être tout de même être celle d’un homme et la troisième voix je pense que c’est celle d’une femme puisque qu’elle ressemble légèrement à celle d’Alia.
Puis ce sont les odeurs qui commencent à me revenir, une odeur de terre chauffée, c’est ce que je sens le plus, ensuite une odeur de nourriture, de viande cuite, et enfin je dirais une odeur plutôt désagréable, un peu comme de la transpiration, mais en plus fort.
Et enfin, c’est la vue qui vient en dernier. Même si je fus tout de suite ébloui par le soleil ou la lumière du jour, en une dizaine de secondes mes yeux étaient totalement habitués au rayonnement du soleil. En regardant devant moi, je peux apercevoir trois silhouettes qui sont restés floues pendant cinq secondes puis je réussis à discerner Alia, un homme et une autre femme qui m’ont dévisagé tous les trois.
« C’est bon, ton copain se réveille enfin ? » Dit l’homme avec sa voix drôlement aiguë vu la carrure de son corps.
À première vue, il devait presque faire deux mètres et dépasser les 100 kilos, mais ce n’était pas de la graisse. Son tee-shirt était là pour le prouver, ses bras étaient aussi épais qu’un tronc d’arbre et ses jambes faisaient plus ou moins deux fois les miennes.
Dire que j’étais plutôt fière d’avoir des jambes développées, elles paraissent ridiculement fines face aux siennes.
« Combien de fois je vais devoir vous le dire. Ce n’est pas mon copain. Nous nous sommes juste rencontrer hier. » Répondit Alia
« C’est bizarre, ton comportement quand tu t’es réveillé ne semblait pas dire la même chose. » Renchéris la femme.
« Wow, t’es sourd et muet ou quoi !? » cria l’homme.
Il me fallut tout de même un peu de temps avant de reprendre entièrement mes esprits, comprendre ce qu’il disait. Et enfin j’ai réussi à leur répondre.
« Nan, mais si tu continues à gueuler comme un porc dans très peu de temps je risque d’y être. »
Pendant qu’Alia me regarda stupéfaite, la deuxième femme riait aux éclats et l’homme qui commençait à s’énerver avança vers moi, me souleva par le tee-shirt et me dit.
« Oh, mais c’est que nous avons affaire à un petit rigolo. Mais à ta place j’éviterais de faire le malin, vu la tronche que tu tires, il me suffit de frapper un peu trop fort sur ton nez et tu risques de le sentir passer pendant un certain moment. »
Sur ce point-là il avait totalement raison. La douleur n’était plus très forte, mais rien que le fait de me toucher me fait mal alors s’il me frappe, je risquerais de déguster pendant un sacré moment.
Mais je vais justement jouer sur ce point et le forcer à me frapper.
« Ahah, tu peux toujours essayer, mais même avec un couteau, tu serais incapable de me toucher. »
« Yù, stop toi. Ça ne sert à rien de se battre maintenant. » dit Alia apeurée.
« Oh, mais tu me lances un défi gamin. Très bien j’accepte. » Répondit l’homme, heureux.
« Prends un couteau et viens. » Continua-t-il.
« Okay, mais avant ça, on va établir des règles. »
« Vas y dit tes règles. »
« Alors, première règle, ce sera Alia qui décidera quand commencera le combat. Deuxième règle, seuls les coteaux et le corps sont autorisés comme armes. Troisièmes règles, interdiction de tuer l’autre adversaire et s’il s’avoue vaincu, interdiction de continuer à le frapper. Quatrième règle, le vainqueur a le droit de prendre tous les biens du vaincu et dernière règle, si un de nous deux se cache ou fuit durant plus d’une minute, il sera compté comme perdant et ses biens reviendront au vainqueur. Ces règles te conviennent ? »
« Oui pas de problèmes. » Répondit-il avec un sourire en coin.
« Ah et bien sûr, si une de ses règles n’est pas respectée par un de nous deux alors l’autre a le droit de le tuer. »
« D’accord »
Bizarrement, son sourire est parti au même moment. Ce qui veut dire qu’il n’a certainement pas retenu qu’il était impossible de tuer avant le début de la guerre.
Nous nous sommes ensuite placés à dix mètres l’un de l’autre
« Alia, fais un décompte de 5 secondes s’il te plaît. » Lui ai-je demandé.
Avec beaucoup de trac, elle commença le décompte.
« 5
4
3
2
1
Go. »
À peine avait-elle fini son décompte que l’homme fonça sur moi, le couteau en avant.
Mais j’ai réussi à l’esquiver sans aucune grande difficulté en faisant un pas sur le côté.
Il s’arrêta net, prit un couteau dans sa poche et le lança dans ma direction.
Surpris par son lancé, je n’eus pas le temps de bouger et le couteau vient se planter dans mon bras gauche.
Au même moment je lâchai un cri de douleur et une giclée de sang sortit de ma plaie, malheureusement je n’ai pas eu de répits, car il revenait à la charge. Cela ne faisait même pas 10 secondes que le duel avait commencé, mais le désavantage que j’avais dès le début n’a fait que s’agrandir.
Cette fois, il fonça sur moi avec deux couteaux. Mais je l’avais vu venir, j’ai donc retiré le couteau de mon bras, me suis déplacé de nouveau sur ma gauche et avec mon bras droit je lui tranchai le flanc lorsqu’il passa devant moi.
Mais cela n’avait pas semblé le déranger, il continua donc à me foncer dessus, mais sa blessure lui fit perdre l’équilibre et je pus donc le contourner, et le planter à deux reprises dans le dos.
Mais il se releva, cette fois-ci avec un peu plus de difficulté, me regarda et sortit 6 couteaux de ses poches et les lança tous dans ma direction. J’ai réussi à esquiver les trois premiers, mais les trois suivants me touchèrent, un dans la cuisse droite, un autre dans mon bras droit et un à l’épaule droite.
Trois nouvelles sources de douleurs apparurent et me firent lâcher mes couteaux.
Mes deux bras étaient désormais blessés, c’est un des pires scénarios qui pouvaient arriver.
Je commençais à avoir la tête qui tourne, je sens que mes appuis sont de plus en plus chancelants et mes forces s’amenuisent de secondes en secondes.
À ce rythme, je ne pense pas pouvoir continuer de combattre plus de deux minutes c’est pour cela que je dois en terminer le plus rapidement.
Je me dépêche de relever la tête et pour la première fois depuis le début du combat je le vois enfin en difficulté, les blessures que je lui ai infligées lui ont bel et bien fait effet.
Étant en train d’enlever les couteaux que je lui avais plantés dans le dos, son ventre était totalement ouvert. J’ai donc décidé d’enlever le couteau planté dans mon bras et de courir dans sa direction.
En chemin, je réussis à enlever celui qui était dans ma jambe et lui lance dessus, il se plante en plein dans le genou, il perd l’équilibre et je peux lui asséner le coup décisif.
Son cou était enfin à ma portée, je pris le couteau que j’avais dans la main, et le frappa de toutes mes forces avec la garde dans la nuque.
Et d’un coup, comme attendu, il s’écroula à terre, sans bruit, inconscient.
Je suis allé vers lui, pour vérifier son état de santé, son pouls et sa respiration était totalement normale et saignais très peu malgré les différentes blessures que j’ai pu lui infliger.
Je me retourne en direction d’Alia, m’avance vers elle et dit.
« Tu vois, je te l’avais dit que je gagnerais. »
Mais je ne pus rien dire de plus parce que sentait le sol se dérober sous mes pieds, mais je réussis à me réceptionner sur les genoux.
Lorsque j’ai relevé la tête, je l’ai vu devant moi à genou elle aussi, en pleurs me disant.
« Yù, promets-moi que c’est la dernière fois que tu me fais aussi peur. »
« Oui, je te le promets. »