Les jours plus courts et les nuits plus longues étaient une caractéristique de l’hiver. Et si l’on était absorbé par le travail, l’obscurité descendait encore plus tôt.
Max alluma une bougie et regarda vers l’extérieur crépusculaire. Elle avait été occupée toute la journée, un peu fatiguée aussi, mais elle n’épargnait aucune pensée pour elle-même. Alors qu’elle contemplait le ciel tranquille et uniforme, ses pensées allaient directement à Riftan. Il était plus occupé que quiconque dans le château.
Tout au long de la journée, Riftan parcourait le territoire en entraînant ses soldats, et lorsque cela était fait, il faisait le tour des murs pour balayer les monstres et les prédateurs qui pouvaient se cacher. Cependant, ses nombreuses tâches ne s’arrêtaient pas là. De l’aube à la tombée de la nuit, il vérifiait jusqu’au bout des ongles l’état d’avancement des nouveaux bâtiments du village, discutait des taxes avec les collecteurs ou surveillait la ville à la recherche de fauteurs de troubles. Il le faisait sans relâche, et pourtant, il n’a jamais montré une once de fatigue.
Il est fait de fer ou quoi… ?
Petit à petit, Max a commencé à respecter la ténacité de Rifatan et à admirer ses capacités. Il ne fuyait jamais ses responsabilités, aussi lourdes soient-elles. Les gens ordinaires n’auraient pas pu suivre le rythme de sa vie, ils auraient succombé depuis longtemps rien qu’à l’idée de l’épreuve, sans parler du fait de la mener à bien.
Alors qu’elle réfléchissait à la puissance de son mari, elle a repensé aux paroles de Ruth. Riftan Calypse était doté de capacités surhumaines. C’était une brute musclée capable de surmonter n’importe quel défi qui lui était lancé sans même broncher. Elle avait trop réfléchi, s’inquiétant de scénarios qui ne pouvaient pas se produire.
Sur ce, elle s’est calmée, a dîné et s’est reposée.
Tard dans la nuit, elle a entendu Riftan revenir dans la chambre. Il avait décidé d’aller se battre deux jours plus tard. Rien qu’à cette idée, Max a rapidement perdu sa tranquillité d’esprit. Ignorant son anxiété, il enleva ses bottes et son armure et parla calmement.
“La réparation arrivera de Libadon demain. Ensuite, nous pourrons expulser les prisonniers directement d’Anatol. Les nouvelles portes sont presque terminées… et Ruth a dit que les outils défensifs magiques seraient prêts demain. Donc, ce ne sera pas un problème si je quitte le château pour un moment.”
“Où tu iras ?” Elle a humidifié ses lèvres sèches et a à peine maintenu son calme.
“J’ai entendu dire qu’un groupe de gobelins s’est installé sur la montagne. Je vais rester quatre ou cinq jours et les exterminer.” dit-il en désignant l’un des hauts sommets par la fenêtre.
Max le regarde avec anxiété. “C’est pas dangereux ?”
Riftan semble étonné par la question.
“Hé, tu t’inquiètes que je puisse être frappé par des gobelins ?” Il termina par un rire comme si c’était absurde. “Terrassé des gobelins est ennuyeux, pas dangereux. C’est un peu plus ennuyeux que de chasser des lapins.”
“S’ils ne sont pas très d-dangereux, pourquoi ne pas laisser cette tâche à …. ?”
Un regard impatient s’est soudainement installé sur ses traits. “C’est mon devoir de protéger cette terre. Tu me dis de le négliger maintenant ?” Il dit d’un ton durci, faisant inconsciemment tressaillir Max.
Riftan poursuit ensuite : “Les gobelins sont des démons de bas niveau mais ils sont très prolifiques. S’ils ne sont pas exterminer, ils se multiplient énormément et attaquent les vendeurs ou salissent les terrains de chasse. C’est mon travail d’empêcher que cela se produise.”
“Je… je suis désolé. J’étais… pré-présomptueuse.” Max s’est immédiatement excusé.
Riftan a regardé son visage raide, puis a tendu un bras avec un long soupir. Max se rapproche et accepte son étreinte chaleureuse. Il frotta son nez sur son épaule et enroula sa main dans ses épais cheveux tressés en un seul.
“Moi aussi, je n’aime pas dormir sur le sol froid et sale au lieu d’un lit chaud. Mais je dois quand même faire ce que j’ai à faire.” Il l’a gentiment amadouée.
Max caressa ses épais cheveux noirs sans un mot. Cela lui brisait le cœur de penser qu’il allait dormir sous le vent froid et glacial. En tant que femme de chevalier, cela signifie-t-il que je dois toujours être préparée à cette solitude ?
Elle se demandait si les autres couples aristocratiques avaient gardé une distance appropriée l’un par rapport à l’autre parce qu’ils ne voulaient pas ressentir un tel désir pour l’autre.
Et maintenant, elle avait peur qu’il se soit trop rapproché d’elle.
Le lendemain, et fidèle à ses paroles, une nouvelle et immense porte en acier fut érigée aux portes du château. Si solide et imprenable, que même si des ogres frappaient avec un marteau, elle ne bougerait toujours pas. De chaque côté, les outils magiques fabriqués par Ruth étaient installés. Les outils magiques, pour laquelle ils avaient lutté contre la pile de parchemins ces derniers jours se présentaient sous la forme d’un disque rond en ivoire, de la taille d’une citrouille.
Max, qui avait couru jusqu’à la porte pour voir le résultat, regarda les outils magiques installés sur la tour de guet avec des yeux ébahis. Plusieurs langues anciennes étaient inscrites sur le bord du disque et la pierre de mana rouge que Ruth avait montrée se trouvait en plein milieu.
“De quoi est faite cette pierre ?”
Lorsqu’elle a demandé, en lissant la surface du disque avec ses doigts curieux, Ruth a répondu de manière insignifiante.
“C’est fait avec l’os du Basilic.”
Max sursaute et retire instantanément sa main. “Un os ?” s’exclame-t-elle.
“Les sous-espèces de dragons, comme le Basilic, la Wyvern, le Lézard ont un puissant pouvoir anti-magique. La plupart des outils magiques sont fabriqués à partir des os de ces créatures maléfiques.” Il a raconté d’un ton paresseux.
Elle ouvrit les yeux aux fentes et regarda le disque lisse et brillant. Comme elle pensait qu’il s’agissait d’un os maléfique, il avait maintenant l’air sinistre.