“Ri-riftan !” Elle le coupa dans une exclamation surprise.
“Hé, t-tu, toi, le cheval, tu ne peux pas être vulgaire !”
“Qu’est-ce qu’il y a ?” Riftan rit effrontément : “Il n’y a personne ici.”
“Eh bien, quand même… ce n’est pas approprié !”
A la vue de son visage rougissant, Riftan se contenta de glousser avant d’éclater d’un rire incontrôlé.
“Oh, je ne sais pas de quoi tu as tellement honte. Sur le lit, c’est comme ça que tu…”
“Ri-Riftan !”
Max a levé le bras pour lui fermer la bouche. Mais avant qu’elle ne puisse l’atteindre, elle commença à perdre l’équilibre, manquant de tomber du cheval. Riftan a rapidement tendu ses bras puissants pour l’aider à retrouver sa posture.
“C’est bon, c’est bon. Calme-toi.” l’a-t-il cajolée, les coins de ses lèvres s’agitant sous l’effet du rire réprimé.
Max répliqua par un regard indigné face à ses agissements éhontés. Mais Riftan se contente de sourire et se penche pour déposer un chaste baiser sur son front, la faisant presque trébucher une seconde fois de son cheval. Riftan éclata finalement de rire en l’attrapant à nouveau.
“Ça… je vais devoir te réapprendre à t’asseoir correctement sur un cheval.”
“Vas-y, avance… Je pourrai mieux monter.”
Son sourire s’est approfondi à ses mots maussades. Malgré le fait que Max essayait de maintenir une attitude digne devant lui, elle avait du mal à rester en colère contre un Riftan enjoué, un spectacle qu’il était rare pour elle de voir. Et la vérité était que chaque fois qu’elle entendait le rire insouciant de Riftan, son cœur battait de façon erratique contre sa poitrine. Avec ses joues rougies, elle trouvait que même respirer était une tâche laborieuse.
“Très bien. Je vais vérifier si tu as raison.”
Riftan l’accepta d’un air taquin et fit avancer son cheval. Il avait un contrôle parfait sur le cheval, comme si la force vigoureuse de la crinière s’apparentait à ses longues jambes musclées. Tout au long du trajet, Max remarqua qu’il gardait une allure raisonnable pour qu’elle puisse le rattraper plus facilement.
Sur le chemin, ils frôlaient les prairies comme un vent doux et passager. Cette considération insignifiante lui fit chaud au cœur car personne ne s’était jamais soucié d’elle de la sorte. L’homme devant elle semblait sincère en la voyant comme une jolie dame et une épouse satisfaisante.
“Tu n’aimes pas vraiment monter à cheval, mais tu aimes les animaux ?”
Riftan a soudainement lancé une question à l’improviste. Max cligne des yeux vers lui, comme un hibou.
“Je les aime bien. Comment tu le sais ?”
“Il y a une fois où je t’ai vu assise dans le jardin lors de ma visite au château de Croix. Tu caressais un chat sur tes genoux.”
Max était stupéfaite. Jamais elle n’avait pensé que quelqu’un l’aurait observée. Elle était en train de réfléchir au moment où Rifan l’a vue quand ce dernier a continué à parler d’un ton calme.
“Il semblait s’amuser à se rouler par terre. C’était un spectacle doux et paisible, si bien que je m’en souviens encore aujourd’hui.”
“Oh, peut-être… C’était le chat errant qui avait été élevé dans la cuisine pour chasser les rats. Mais ses capacités de chasse étaient faibles, donc il n’était pas beaucoup nourri. J’avais l’habitude de le nourrir en secret.”
“Pour te remercier, il faisait toutes sortes de choses mignonnes sur tes genoux.”
Un regard pensif s’est installé sur son visage tandis qu’il jetait un coup d’œil par-dessus ses épaules.
“Et qu’est-ce que tu aimes d’autre ?”
Lorsqu’elle lui reprocha cette avalanche de questions, Riftan sourit amèrement : “Comme je l’ai déjà dit, tout en toi est mystérieux. Tu parles rarement de toi.” Il y eut une pause, avant qu’il ne prenne la parole sur un ton doux : “Pourquoi es-tu si réticente à révéler des choses sur toi ?”
Cette question a fait chuter le cœur de Max. Elle s’est seulement rendu compte qu’il posait des questions parce qu’il ignorait vraiment qui elle était. Etait-il capable de demander de telles choses parce qu’elle avait l’air d’une dame qui n’avait aucun problème pour lui ?
Max est soudain frappée par la confusion. L’attitude méprisante de son père à son égard et la façon dont cet homme la traite sont si différentes qu’elle ne sait pas comment gérer la situation.
“Révéler… Je n’ai jamais été réticente.”
“Très bien…” Il s’est alors lancé dans une autre série de questions : “Alors dis-moi ce que tu aimes, ce que tu détestes, ce que tu penses.”
Max s’est soudainement senti grognon.
“T-tu ne me le dis même pas d’abord. Même devant tout le monde, tu… n’es pas bavard.”
“Au moins, je parle plus que toi.” Un froncement de sourcils s’est dessiné sur son front alors qu’il essayait de se souvenir des conversations de Max et lui avec d’autres personnes.
Finalement, il a haussé les épaules et dit : “Bon, d’accord. Essaie de te montrer davantage.” a-t-il acquiescé. “Quant à moi, j’aime les chevaux, l’alcool et la nourriture grasse… En fait, j’aime tout ce qui remplit mon estomac et pique ma langue.”
Il continua à énumérer en déplaçant les branches tombantes qui leur barraient la route.
“Qu’y a-t-il d’autre… L’or et les bijoux, l’honneur, les armes puissantes… C’est normal, j’aime ce que la plupart des hommes aiment.”
Max changea l’allure du cheval alors qu’elle réfléchissait à une question : “Qu’est-ce que tu détestes ?”
“Les mensonges.” répondit-il sans hésiter. “Et les incompétents. J’ai vu trop de gens fiers qui ne le méritent pas. Et encore plus d’humains qui trompent d’autres personnes. J’en ai marre d’eux.”
Max a senti son cœur s’affaisser. Même si cela ne lui était pas destiné, tout son corps se figea d’appréhension. ( Si tu vidait tout ton sac, il comprendrais… )