La lame faisait à peu près 15 cemels de large, donc comparée à une épée large comme『Muspelm』 de Rionne, elle semblait très fine.
C’était l’arme principale de Filma, la grande épée supérieure de classe Antique『Lune Rouge』.
“C’est l’épée avec laquelle je suis le plus à l’aise après tout… mais attends, elle est plus puissante qu’avant ?” dit Filma
“Eh bien, beaucoup de choses se sont passées pendant que tu n’étais pas là. Je vous en dirai plus plus tard.” répondit Shin
“Très bien alors ! Allons sauver cette pauvre Hermie, d’accord ?”
Comme il fallait s’y attendre, Filma n’appréciait pas du tout les manières de l’ennemi, elle était donc plus qu’impatiente d’agir juste après avoir rejoint le groupe.
“…. Au final, on a plus de puissance de combat maintenant ?” demanda Konig.
Trop de développements inattendus l’avaient rendu incapable de suivre.
Il n’a pas réagi lorsque Filma cria le nom de Schnee, donc il ne l’avait probablement pas entendu ou pas reconnu.
” Je pense qu’il est préférable de ne pas trop y penser. Nous avons fini par utiliser beaucoup de temps pour cet événement inattendu, alors laissons les autres explications pour plus tard.” expliqua Shin en s’éloignant.
“Oui, c’est… exact. Nous devrions penser à secourir Dame Hermie dès maintenant.” acquiesça Konig en le suivant.
“Hé Milt ! Bouge-toi ou on te laisse derrière !!” appela Shin.
“Ouiiii, j’arrive !”
Milt était accroupie là où se trouvait le cristal, se leva et rejoignit le groupe.
“Qu’est-ce que tu faisais ?”
“Je me demandais s’il n’y avait pas un moyen de savoir pourquoi la Goutte d’Erathem était sur un noeud de lignes de Ley… bon, je suis mauvaise en compétences de type Analyse, donc je n’ai pas compris grand chose.”
Le travail de Milt était purement un travail de combat. Elle apprit à peine les compétences de type analyse.
“Ce n’est pas naturel qu’il soit là, en effet.” dit Shin.
“Auraient-ils pu l’amener d’un autre endroit ?” demanda Milt.
“C’est l’explication la plus acceptable, je pense.” confirma le jeune homme.
Les gouttes d’Erathem comme celle qui piégea Filma ne se formaient que comme un produit de la puissance magique naturelle.
Pas même les démons ou les Hauts Humains comme Shin, ne pouvaient créer des Gouttes d’Erathem artificiellement.
Les démons contaminèrent seulement le cristal avec du miasme, à travers le cercle magique dans l’autre pièce, et utilisèrent la puissance magique qu’il contenait.
Shin possédait une machine de création qui lui permettait de créer des matériaux, mais il ne pouvait pas créer un grand cristal comme celui qui emprisonnait Filma.
“Ils ont pu l’utiliser après l’avoir trouvé par hasard. Mais en fin de compte, tout ce qu’ils ont pu en faire, c’est le placer ici.”
La Goutte d’Erathem était si dure que seuls les forgerons ou les alchimistes du plus haut niveau étaient capables de la fabriquer. Le fait qu’ils laissèrent Filma à l’intérieur au lieu de la contrôler par le Collier de Soumission était la preuve que même les démons ne pouvaient rien y faire.
Le numéro des personnages de soutien exprimait l’ordre dans lequel ils furent créés au cours du jeu. Filma était la numéro 2.
Comme elle fut créée à peu près en même temps que Schnee, ses statistiques étaient légèrement supérieures à celles de Girard.
Si elle avait été sous le contrôle de l’ennemi, ils auraient eu à s’en occuper le plus rapidement possible.
“Eh bien, nous devrions demander cela à la personne directement concernée. Nous devrons les rencontrer d’une manière ou d’une autre, après tout.”
Ce n’était rien de plus qu’une intuition, mais Shin sentait qu’elle deviendrait certainement réalité.
◆◆◆◆
Au moment où le groupe de Shin quittait Sigurd, dans la salle de la grotte où Hermie était détenue.
Wilhelm, amené par Adara, et deux des meilleurs soldats de la Faction du Sommet montaient la garde.
Wilhelm se tenait debout avec une expression vide de toute émotion, il n’était pas clair s’il était conscient du tout. Même s’il était conscient de son environnement, il lui était impossible de penser à quelque chose par lui-même.
Ce qu’il était maintenant n’était qu’une poupée qui allait attaquer quiconque s’approchait trop près sans permission.
“….pourquoi cela arrive-t-il… ?” demanda Hermie dans un faible murmure.
“Parce que vous êtes une Sainte.” répondit Scoruas se tenant proche de Wilhelm.
“Vous êtes…” demanda la Sainte.
“Oh, je m’excuse de ne pas m’être présenté plus tôt. Je m’appelle Scoruas, c’est un honneur de vous rencontrer.” répondit le démon avec une politesse exagérée.
Hermie, sentant une chose indescriptible cachée derrière son sourire, sentit un frisson lui parcourir l’échine.
“Où est cet endroit… ?” demanda-t-elle.
Elle était censée dormir dans ses quartiers de Palmirack, mais lorsqu’elle se réveilla, elle se retrouva dans une pièce complètement différente. La pièce était convenablement meublée et lui permettait de se reposer sans problème. Pourtant, en même temps, elle lui donnait des frissons sévères.
Sachant qu’Eline, le chef des partisans de Bulk, fut vaincu, et que tous les autres collaborateurs furent attrapés les uns après les autres, Hermie pensait que tout danger était écarté. Elle n’aurait jamais imaginé que quelque chose comme la situation actuelle puisse se produire.
“Cela n’aurait aucun sens de vous le dire. Il y a quelque chose que je souhaite vous montrer, alors je vais vous faire venir avec moi.”
En disant cela, Scoruas sortit un collier noir.
Le collier, d’un noir encore plus sombre qu’auparavant, fut gravé dans la mémoire d’Hermie.
“C’est… !!”
“Vous le savez bien, n’est-ce pas ? Je ne sais pas comment vous avez retiré le précédent, mais ce nouveau collier est un peu spécial. Je pense qu’il vous ira à merveille.” dit Scoruas
Puis il équipa le collier sur Hermie sans même lui laisser la possibilité de résister.
“Uuh…aaah…”
A l’instant même où le collier fut attaché à son cou, toute force abandonna le corps d’Hermie. Son corps, qui tentait de résister, devint soudainement devenu immobile ; il n’obéissait plus à sa volonté.
“Par ici, alors.”
“Kh…”
Elle ne put refuser le geste d’invitation du Scoruas à l’air satisfait. Détaché de sa volonté, son corps a suivi Scoruas. D’une certaine manière, il semblait que seule sa bouche était encore sous son contrôle.
Probablement parce qu’ils reçurent l’ordre de la surveiller, Wilhelm et les deux autres gardes suivirent, dans un silence total.
Après avoir marché pendant environ 10 minutes, ils arrivèrent dans une zone plus large et Scoruas s’arrêta.
“Venez, devant moi.”
En faisant un pas en avant, Hermie remarqua quelque chose qui brillait du coin de l’œil. Elle se tenait dans ce qui semblait être une galerie pour les spectateurs, au-dessus d’un grand cercle magique où se tenaient plusieurs personnes.
Ce qu’elle remarqua, c’était le cercle magique dessiné sur le sol de la pièce en dessous.
Les personnes à l’intérieur du cercle magique essayaient de sortir, mais la barrière érigée aux bords du cercle les en empêchait.
“Qu’est-ce que… vous…” tenta de dire la jeune femme.
“Tout ceci est une préparation pour votre tour.” expliqua le démon.
Hermie ne comprenait pas la situation, mais Scoruas l’obligeait à continuer à regarder en bas.
Puis, après moins d’une minute, quelque chose changea. Les personnes à l’intérieur du cercle magique commencèrent à briller, une par une, et disparurent.
Leurs cris résonnèrent dans la pièce, frappant les oreilles d’Hermie.
“Quoi !?”
“N’était-ce pas magnifique ? La lumière qui vacille lorsque la vie humaine expire… les cris qui l’ornent aussi, ils sont si réconfortants.”
Scoruas parlait avec rien d’autre que de la joie sur son visage, avec un ton de voix qui montrait qu’il appréciait vraiment ce qu’ils voyaient.
“Je ne peux pas le croire… ! N’avez-vous aucun respect pour la vie ! ?” demanda la Sainte
“Héhé, ce n’est rien d’autre que du fumier qui augmente tout seul. Ou un bon sol pour faire pousser du miasme. Le saviez-vous ? Les humains sont les êtres vivants qui créent le plus de miasme dans ce monde.” répondit Scoruas qui trouvait agréable même la voix courroucée d’Hermie, sur un ton légèrement ennuyé.
Il attrapa ensuite le visage d’Hermie et le pointa vers les personnes rassemblées en bas.
“Guuh !”
“Regardez !! Tout le monde ici a été rassemblé pour vous, vous savez ?”
“Eh… ?”
Le visage toujours souriant, Scoruas maintenait de sa main droite le visage d’Hermie pointé vers le bas et, de sa main gauche, désignait les sources des cris continus.
“Puisque nous avons l’honneur de la présence de son altesse la Sainte parmi nous, nous nous devions de préparer un accueil digne de ce nom, n’est-ce pas ?”.
Derrière son sourire se cachait clairement de la malice.
“Tous les gens qui souffrent devant vous ici… ils souffrent à cause de vous.”
“Qu’est-ce que vous… dites…” demanda Hermie.
“Qu’ils n’auraient pas souffert si vous n’aviez pas été là.” susurra Scoruas à l’oreille de la jeune femme.
Comme en réponse, le collier d’Hermie émit une lueur terne.
“A cause de vous.”
“À cause de… moi…”
Les mots de Scoruas s’imprimaient dans la conscience d’Hermie.
“Ils souffrent.”
“Ces gens… souffrent…”
Les émotions, comme une boue épaisse, coulaient dans le cœur sans défense d’Hermie.
“C’est de votre faute.”
“C’est…ma…faute…”
Les murmures des démons égaraient les cœurs humains. Cet effet était amplifié par le collier, son influence était plus forte que la normale.
“Pensiez-vous que vous auriez pu sauver quelqu’un en devenant une Sainte ? Vous, qui ne pouvez que regarder ces gens souffrir devant vous, sans rien faire ? Pensiez-vous sérieusement pouvoir faire quelque chose ?”
” Je, je l’ai fait… je voulais… être utile à… quelqu’un… “.
“Pourtant, vous ne pouvez rien faire, n’est-ce pas. Manipulés, kidnappés, attendant juste d’être aidés. Je me demande combien se sont sacrifiés pour vous sauver.”
“Ah…”
Après chacune des paroles de Scoruas, le cœur d’Hermie pleurait de désespoir.
Il y avait des gens qui furent blessés, qui souffrirent, pour la sauver.
Hermie savait bien que c’était la vérité, alors elle ne pouvait pas nier les paroles de Scoruas.
“Regardez, ils sont en colère contre vous.”
Les cris étaient causés par le désespoir né de leur situation inéluctable, mais Hermie, sous l’influence du collier et des chuchotements de Scoruas, les entendait comme des voix de ressentiment et d’insultes envers elle-même.
“Je n’ai pas… je n’ai pas, voulu…”
“Vous ne l’avez pas réalisé vous-même ? Oh Sainte Femme, je dois m’incliner devant vous.”
Faisant comme s’il ne pouvait pas croire ce qu’il venait d’entendre, Scoruas posa sa main sur son front dans un geste exagéré.
Hermie avait l’impression que même ces mouvements lui faisaient de la peine.
“St…arrêtez.”
“Qu’est-ce que vous dites. Ils sont en train de mourir pour vous, vous savez ? Leur dire au revoir est votre devoir, n’est-ce pas ?”
“Non, ce n’est pas vrai, je n’ai rien souhaité de tout ça !”
“Peu importe ce que vous souhaitez ou non, toutes les personnes impliquées avec vous finissent par souffrir… ou ai-je tort ?”
“Gh…”
Hermie ne pouvait rien dire aux paroles de Scoruas.
Elle essaya de toutes ses forces d’enchaîner les mots, mais ils se dissolvaient dans la brume avant de prendre forme.
“Apporter un réconfort temporaire afin de provoquer la souffrance autour de soi. C’est le genre d’existence que vous êtes.”
“Ah…aaah…”
La vue d’Hermie trembla.
À cause du collier et des effets du miasme, ses pensées se brisaient et s’éparpillaient en milliers de morceaux, tandis que sa culpabilité envers les personnes devant elle et le dégoût envers sa propre personne grandissaient de plus en plus.
Les sentiments enfouis dans le cœur d’Hermie se renforçaient, tout comme son désespoir.
“Oh là là, on dirait que c’était plus efficace que je ne le pensais. Quel résultat splendide.”
Hermie tomba à genoux en pleurnichant. Elle ne voyait plus Scoruas, qui la regardait de haut. Écrasée par le dégoût de soi et le désespoir, son cœur sombra dans les ténèbres.
“………”
Hermie fut corrompue par la malice de Scoruas, au point d’être incapable de toute réaction, mais Wilhelm restait simplement là, sans bouger d’un pouce.
Comme auparavant, aucune conscience claire n’habitait ses yeux. Son absence totale de signe de vie pouvait la faire passer pour une poupée extrêmement complexe.
Peu à peu, les cris des sacrifices humains s’évanouirent ; même s’il reçut l’ordre de garder Hermie, Wilhelm restait là, immobile.